Ottawa imposera des sanctions contre quatre fonctionnaires chinois ainsi qu’un bureau de développement économique chinois en raison de «leur participation à des violations flagrantes et systématiques des droits de la personne» contre les Ouïghours et autres minorités musulmanes.
• À lire aussi: «Génocide» des Ouïgours: des représailles contre le Canada?
• À lire aussi: Ouïgours: peut-on parler de génocide en Chine?
Le Canada fait ainsi front commun avec les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni, qui ont tous trois annoncé des sanctions semblables lundi. La Chine n’a pas tardé à répliquer en édictant des sanctions contre une dizaine de fonctionnaires européens, lundi.
«Aujourd’hui, nous avons pris une action coordonnée concernant des mesures parallèles à celles de l’Union européenne et qui lancent un message clair en réponse aux violations et abus des droits de la personne au Xinjiang. Nous unissons nos voix pour appeler la Chine à mettre fin à ses pratiques répressives contre les musulmans ouïghours et les autres groupes ethniques et religieux minoritaires du Xinjiang, et à libérer les personnes détenues arbitrairement», ont déclaré dans un communiqué conjoint les ministres des Affaires étrangères de la coalition de pays occidentaux.
Ceux-ci ont réitéré leur demande pour un «accès sans entraves au Xinjiang pour la communauté internationale, y compris les enquêteurs indépendants des Nations Unies, les journalistes et les diplomates étrangers».
Les sanctions du Canada imposent «une interdiction de toute transaction (c’est-à-dire, un gel de leurs avoirs), ce qui interdit à toute personne au Canada et à tout Canadien à l’étranger d’effectuer une opération portant sur les biens de ces personnes ou de leur fournir des services financiers ou services connexes», a détaillé le ministère des Affaires étrangères.
L’entité visée en question est le Bureau de la sécurité publique du Corps de production et de construction du Xinjiang, région où ont lieu les violations aux droits de la personne.
«Pas de lien» avec les Michael
Cette nouvelle montée des tensions se déroule alors que s’est terminé lundi le procès de Michael Kovrig, le deuxième Canadien détenu en Chine depuis plus de deux ans. Le procès de Michael Spavor s’est quant à lui terminé vendredi. Les deux Michael attendent actuellement le verdict de leurs procès respectifs.
Le premier ministre Justin Trudeau a toutefois précisé lundi qu’il n’y avait «pas de lien» entre la détention des deux Michael et l’établissement de ces sanctions.
«Ça fait longtemps qu’on déplore la détention arbitraire des deux Michael et qu’on travaille avec nos alliés à travers le monde sur cette question-là», a offert le premier ministre. Questionné à savoir si ces sanctions pourraient mettre davantage en danger les deux Michael, M. Trudeau a préféré ne pas se prononcer.
Trudeau rabroué par l’opposition
Malgré ces sanctions, le premier ministre a été critiqué par les partis d’opposition pour n’avoir toujours pas qualifié de «génocide» les violations de droits humains au Xinjiang. Il a rappelé que le Parlement en avait fait le choix, mais son cabinet et lui n’ont toujours pas franchi ce pas.
Le chef conservateur Erin O’Toole a déclaré que les conservateurs étaient «rassurés» de l’imposition des sanctions, mais qu’«à l’heure où le Parti communiste chinois détient encore illégalement et arbitrairement Michael Kovrig et Michael Spavor, le premier ministre doit abandonner son approche naïve à l’égard du régime communiste chinois. »
Quant à la cheffe des verts, Annamie Paul, le refus de reconnaitre un «génocide» entre en contradiction avec «l’obligation d’agir en vertu du droit international». «Les sanctions qui ont été annoncées sont un début, mais ne doivent pas être la fin. Même si un pays est seulement conscient qu’il existe un risque sérieux qu’un génocide se produise ou puisse se produire, il doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher le génocide de se produire», a ajouté Mme Paul.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec