par Catherine Avice.
Depuis les premières mesures sanitaires mises en place pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, la communication officielle du gouvernement est organisée par un discours pervers, qui s’est progressivement déployé en quatre étapes essentielles jusqu’à établir une véritable emprise sur une grande partie de la population. Quelles ont été ces étapes, avec quelles conséquences ? C’est ce que les lignes qui suivent vont chercher à éclairer.
Première étape : sadisme et culpabilisation pour frapper un grand coup
Il y a bientôt un an, le président de la République, afin de lutter contre un virus nouveau, a pris deux décisions inédites en proclamant un état d’urgence sanitaire et en confinant le pays tout entier. Du jamais vu ! Les dernières interdictions de circuler en métropole remontaient à la deuxième guerre mondiale, mais justement le président nous annonça que nous étions en guerre contre le SARS- COV2 ! « Nous sommes en guerre » répéta-t-il sept fois dans son intervention télévisée. Intervention inaugurale d’une communication anxiogène, avec pour la première fois, l’usage fait d’une métaphore guerrière. Pour la première fois, car nous le verrons, il y en aura d’autres.
Drôle de guerre tout de même, menée par une armée qui voit ce que l’on pourrait appeler ses « forces spéciales », les médecins hospitaliers, urgentistes et réanimateurs surtout, directement confrontées à un envahisseur que l’État-Major laisse progresser sans lui opposer la moindre résistance de première ligne, puisque le « gros de la troupe », les médecins généralistes, habitués à combattre sur le terrain tous les ans, est priée de rester dans ses casernes l’arme au pied. Quant aux « stratèges » qui seraient à même de fournir le plan d’attaque le plus adapté, les chercheurs, les spécialistes, il s’avère que la solution utilisée par le meilleur d’entre eux, internationalement reconnu, et que le gros de la troupe pourrait facilement mettre en œuvre, partout en France et à moindre coût, est purement et simplement ignorée, aux profits d’armes expérimentales uniquement utilisables par les forces spéciales. Drôle de guerre vraiment.
Cette situation doublement inédite, confinement de toute la population et mise à l’écart des médecins généralistes, des médecins traitants, s’accompagne alors d’un rituel macabre et quotidien : tous les soirs, le directeur général de la santé, tout de noir vêtu, égrène le nombre de morts faits par la maladie.
Or, ce n’est pas au directeur général de la Santé que bon nombre de Français font confiance, pas plus au ministre de la Santé récemment nommé, et pas davantage au docte conseil scientifique, non, bon nombre de Français font confiance à un homme, un professeur, médecin, qui soigne, précocement, sans attendre que la maladie s’aggrave, qui avance des chiffres, des faits, un médecin doublé d’un chercheur dont la compétence est attestée par un CV impressionnant et une reconnaissance internationale. Ces Français-là font confiance à ce médecin parce qu’il soigne et qu’il est rassurant, quand l’homme en noir, avec la bénédiction du ministre, les angoisse voire les sur-angoisse. Mais tout le monde ne vit pas à Marseille…
D’un côté, cette communication faisait de tout un chacun une proie sans défense face à la maladie, puisqu’officiellement aucun traitement n’existait, et d’un autre elle insistait à longueur de journée sur son côté dangereux et létal, relayant inlassablement sur toutes les chaînes d’information grand public des images fortes et des témoignages anxiogènes ; cette communication, ainsi orchestrée, relevait ni plus ni moins du sadisme, donc d’une perversion. En psychanalyse, la perversion vise à abolir le « sujet » chez celui ou celle qui en est la victime. La personne humaine chez qui le « sujet » est ainsi aboli se trouve réduite à une position « d’objet », et devient ainsi l’objet de la jouissance du pervers. Le processus même menant à une telle abolition du sujet, n’est pas moins source de jouissance pour le pervers qui assiste à la dégradation subjective de sa victime, laquelle finit par ne plus pouvoir faire autre chose que se plier aux exigences de son bourreau. C’est une destruction progressive. Un tel phénomène ne se cantonne pas à la relation duelle amoureuse où il est bien connu, il se rencontre également à l’échelle d’une population quelle qu’elle soit (entreprise, nation, …).
Il faut entendre ici « sujet » dans son acception psychanalytique ; le « sujet » est le « sujet du désir », le désir étant cette instance qui au fond de nous cherche la reconnaissance, quand le besoin, lui, cherche la satisfaction immédiate. La construction du sujet pour tout un chacun ne va pas de soi, elle n’est pas innée. Elle se forge dès les premières années de vie dans le cercle familial, se développe lors de l’apprentissage du lien social à l’école, s’affermit à partir de l’adolescence avec le développement de la sexualité. Un tel parcours, chacun le sait, n’est pas exempt d’embûches et tout traumatisme vécu pendant cette période de construction accompagne l’humain à l’âge adulte. Même enfoui, refoulé, il ne demande qu’à ressurgir dès qu’une nouvelle épreuve, traumatique elle aussi, se présentera qui fera écho à ces traumatismes de l’enfance et de la jeunesse. C’est ce que l’on appelle le retour du refoulé.
Nul ne pourra nier que cette crise et plus encore la gestion de cette crise, sont une épreuve traumatique pour la population française. Chacun de nous est donc sollicité dans sa capacité à faire face au trauma, au retour du refoulé car c’est le sujet, sujet de l’inconscient qui est, dans cette crise, gravement menacé d’effondrement pour ce qui concerne les adultes ou mis à mal dans sa construction pour les enfants et les adolescents ; depuis un an, la gestion même de la crise a largement ouvert la porte à l’angoisse, la dépression, voire une forme plus grave encore de décompensation comme le suicide, y compris chez les enfants.
Les différentes mesures sociales prises pour gérer la crise sanitaire nous ont en effet très largement privés depuis le 17 mars 2020 de ce qui en temps normal, permet à tout un chacun de se soutenir au quotidien en tant que sujet, à savoir: le travail surtout quand il répond à une vraie aspiration, et que tant de corps de métier se voient interdits d’exercer ; le lien social, extrêmement dégradé par toutes les mesures « sociales » prises, y compris le télétravail ; les liens familiaux évidemment, mis à mal de multiples façons ; « le beau » enfin sous quelque forme qu’il se présente, et nous sommes privés de musées, de spectacles, de concert et même souvent de nature.
En pleine tempête quand le bateau tangue, subsiste donc de ce qui peut nous soutenir la conscience et la prise en compte des assises plus profondes que chacun peut avoir en soi, en ayant repéré d’où il vient, quelles sont ses valeurs symboliques, quels sont ses points d’ancrage, ce qui fait qu’il (ou elle) n’est pas cet « homme sans gravité » que décrivait Charles Melman dans son livre éponyme, paru en 2002. Psychiatre et psychanalyste, il y soulignait déjà comment le rejet du « réel » au profit du « virtuel », la banalisation de la violence, la perte de légitimité des figures de l’autorité, la multiplication spectaculaire des états dépressifs, les difficultés d’une jeunesse sans perspective,… témoignaient d’une évolution radicale du comportement des individus et de la vie en société, ainsi que de l’émergence d’une nouvelle économie psychique au sein de laquelle l’homme du début du XXIe siècle, sans boussole et sans lest, moins citoyen que consommateur, « produit » d’une société libérale, se retrouvait ainsi être un « homme sans gravité », au sens de la gravitation, donc sans ancrage.
Dès les mois de mars et avril 2020, il fallait justement être bien « ancré » pour résister à cette communication gouvernementale perverse. Ce n’était pourtant qu’un début, une première étape ; elle allait monter en puissance par la suite. Mais d’ores et déjà elle eut pour effet de scinder la population en deux : il y eut ceux qui devinrent instantanément la proie du discours gouvernemental et les autres, qui comptaient entre autres dans leurs rangs ceux qui dès le début avaient fait confiance au professeur marseillais. Un clivage naissant appelé à s’aggraver, car en parallèle se mirent en place des expressions nouvelles : il s’agissait d’adopter des « gestes barrières » et de pratiquer la « distanciation sociale » envers son prochain. Nous fûmes dès lors soumis à un discours particulièrement paranoïsant, dans lequel l’autre, le semblable, devenait un ennemi potentiel contre lequel il s’agissait d’élever des « barrières » et qu’il convenait de tenir à distance. Ceux qui n’ont pas pu alors repérer consciemment la nature paranoïsante de ce discours ne s’en sont pas défendus et y ont adhéré, se fragilisant ainsi un peu plus psychiquement ; d’autres heureusement ont pu y résister. Tels le héros de « Midnight Express » enfermé dans le quartier des fous, ils se sont séparés du groupe qui tournait toujours dans le même sens autour du poteau de leur prison, et ont tourné en sens inverse, afin de ne pas céder à cette paranoïa, cette folie collective, préservant ainsi leur subjectivité.
Cette perversion de la communication gouvernementale se confirma dès le printemps avec une culpabilisation quasiment systématique des Français : leur comportement jugé irresponsable allait mettre à bas tous les efforts faits pour eux par le gouvernement et les soignants. Ainsi le pire leur fut annoncé dès le « déconfinement » du mois de mai par un certain nombre d’épidémiologistes qui affichaient sur les plateaux de télévision des prédictions toutes plus affolantes les unes que les autres, lesquelles ne se réalisèrent pas. Ni le déconfinement, ni les ponts du mois de mai et ses courtes vacances, ni les rassemblements lors de la fête de la musique en juin, ne provoquèrent les « clusters » (le terme français « foyer » existe pourtant…) annoncés et encore moins la deuxième vague dont les médecins de plateaux télé ne cessaient de menacer les Français.
Deuxième étape : le non-sens devient la règle
Alors que les Français aspiraient à souffler, respirer, et reprendre une vie « normale » avec la fin de l’état d’urgence le 10 juillet 2020, un glissement s’opéra dans ce même mois de juillet : le nombre de morts n’étant plus assez important pour frapper les esprits, la communication officielle se fit autour du nombre de « cas », concept suffisamment flou pour permettre toutes les manipulations. On vit ainsi fleurir des schémas sur lesquels étaient reportées, sur une même échelle, la courbe des décès jusqu’au mois de juin et la courbe des cas à partir du mois de juillet. Un visuel trompeur qui ne pouvait qu’affoler la population !
Bien évidemment la courbe des cas fut très vite largement aussi élevée que celle des décès, voire plus, entretenant ainsi la peur au sein de cette population qui se « relâchait » selon la terminologie officielle. Bien que strictement proportionnelle alors au nombre de tests effectués, tests eux-mêmes sujets à caution puisqu’être positif ne signifiait pas forcément être malade, l’augmentation du nombre de « cas » fut prétexte à de nouvelles mesures liberticides et physiquement contraignantes, sans qu’aucune base scientifique n’en attestât réellement l’efficacité. Ces mesures furent prises d’une façon tout à fait étonnante par le président de la République lui- même. Le 14 juillet, celui-ci annonça que le port du masque serait obligatoire dans tous les lieux publics à partir du mois d’août. Mais du jour au lendemain, il décida sur un surprenant ton de caprice que cette mesure prendrait effet dès le 20 juillet ! Et ce ressenti de décision capricieuse fut accentué par le fait que désormais, si porter un masque était une infraction pour le commun des mortels au plus fort de l’épidémie, c’est ne pas le porter qui devenait une infraction à l’été, passible d’une amende de 135 euros ! Le non-sens devint ainsi la règle, une deuxième étape dans le déploiement du processus pervers fut ainsi franchie.
La psychanalyse enseigne qu’un comportement perçu comme capricieux, qui émane d’une personne réelle ou d’une instance en position d’autorité, renvoie immanquablement à une figure très précise de l’inconscient, non seulement synonyme de « toute-puissance » mais de « toute-puissance imprévisible et incontrôlable » puisque capricieuse. C’est une figure de l’inconscient individuel extrêmement dangereuse et délétère, qui se met en place très tôt dans le psychisme, une figure qu’en psychanalyse on qualifie « d’archaïque » pour rendre compte de la profondeur de son ancrage. De par sa construction et dès son plus jeune âge, tout humain a enregistré que cette figure disposait sur lui d’un droit de vie ou de mort. C’est en cela qu’elle est perçue comme particulièrement dangereuse. Ce n’est pas, ce ne doit pas être bien évidemment la figure inconsciente à laquelle renvoient les instances gouvernementales d’un pays et a fortiori le chef de l’État. Par le truchement du transfert, un président de la République se doit de renvoyer à une autre figure très profonde elle aussi de l’inconscient humain, dont la fonction est justement de calmer cette figure archaïque, toute-puissante, incontrôlable et dangereuse, de la tenir à distance en mettant en place cadre et limites. Pourtant, en bafouant ainsi son dire du 14 juillet, jour symbolique s’il en est, le président de la République cessa d’incarner cette figure symbolique, protectrice et rassurante, celle qui pose le cadre et les limites qui sont la condition d’un lien social apaisé, et adopta les traits de la figure archaïque capricieuse et particulièrement angoissante, ouvrant grand la porte à l’arbitraire.
Le deuxième confinement, présenté comme incontournable du fait de l’augmentation du nombre de cas, officiellement inopiné, alors que sa date même avait fuité depuis les grandes entreprises trois semaines auparavant, acheva de confronter les Français au non-sens et à l’arbitraire des décisions gouvernementales, avec la fermeture des salles de sport, de spectacle, des commerces dits « non essentiels », des bars et des restaurants, pointés du doigt comme étant les pires sources de contamination alors que les transports en commun bondés n’étaient pas considérés comme foyers potentiels !
De même, le couvre-feu est instauré, officiellement pour lutter contre l’épidémie : comble de l’absurde, depuis plusieurs mois, les magasins d’alimentation sont pris d’assaut soit juste avant 18h, soit le samedi par une foule qui est empêchée de faire ses achats en semaine. Des confinements ponctuels sont imposés le week-end dans certains départements, l’interdiction de profiter des plages en bord de mer est le reflet d’une doxa sanitaire qui va à l’encontre de la tradition médicale du soin des affections respiratoires. Tout ceci concourt à une perte de repères qui fait dire à beaucoup qu’ils ne savent plus où ils en sont, ni où le gouvernement les emmène ainsi. Beaucoup de Français sont perdus par ces mesures de plus en plus incohérentes, de facto psychotisantes, qui se succèdent et rétrécissent le champ de la vie et de la pensée. Pourtant peu de rébellion, les amendes, très souvent impitoyablement appliquées, sont dissuasives pour les moins fortunés et le masque – muselière, la masque – bâillon remplit sa fonction, il fait taire. Il a fait taire jusqu’aux parents qui sont devenus, malgré eux bien souvent, les courroies de transmission de la maltraitance perverse orchestrée en haut lieu.
Troisième étape : mise à mal des liens familiaux, toi, parent, tu seras maltraitant !
La troisième étape dans le déploiement du processus pervers fut en effet franchie à l’automne, à la rentrée des vacances de la Toussaint, avec la décision abrupte et inique d’imposer le masque aux enfants dès l’âge de 6 ans. Pourtant, les études scientifiques menées de par le monde concluaient toutes de la même façon : les enfants ne sont pas transmetteurs et ne tombent pas malades. Qu’importe ! C’est à ceux-là mêmes qui sont censés protéger leurs enfants, les parents, qu’il fut réclamé alors de s’inscrire dans la maltraitance. Pour certains parents, qu’ils puissent être maltraitants envers leurs enfants est à ce point inconcevable que par déni, ils préfèrent soutenir que leurs enfants supportent très bien le masque ! Des professionnels de santé de plus en plus nombreux alertent sur les dégâts causés par le port du masque sur la santé physique et mentale des enfants : fatigue, maux de tête, développement de TOCs, phobie de l’école, retards d’apprentissage, dépression, voire suicides,… Liste longue, hélas non exhaustive. Pourtant cette décision n’a toujours pas été annulée et les enfants continuent d’être des victimes muettes. Comment jugeront-ils leurs parents, plus tard ?
Le discours culpabilisant a trouvé avec les fêtes de fin d’année un terrain propice à se déployer, et est devenu plus infantilisant que jamais ; « Papi et Mamie » furent priés de manger leur part de bûche dans la cuisine, et les enfants, déjà éprouvés par ce port inique du masque, ont fait l’objet de publicités particulièrement abjectes, pourtant relayées par certains médecins, leur expliquant que pour que ne pas tuer Papi et Mamie ils ne devaient plus les approcher ni les embrasser !
Mais une fois de plus, et malgré les fêtes de fin d’année, l’hécatombe n’a pas été au rendez-vous. Le ton s’est alors durci, et la figure tutélaire de Churchill convoquée. Filant à nouveau la métaphore guerrière, « du sang, de la sueur et des larmes » furent « promis » début février 2021 à une population exténuée. Métaphore bien mal choisie pourtant ! Le 13 mai 1940, Churchill vient de prendre son poste de premier ministre quand il prononce son premier discours devant la Chambre des Communes ; il annonce là le programme de son gouvernement : « Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, de la peine (au sens de labeur), des larmes et de la sueur » dit-il à cette Chambre qui n’a cessé pendant des années de pousser au désarmement et de réduire le budget de l’armée, alors que lui, Churchill, se battait au contraire contre cette politique de désarmement qu’il savait désastreuse à terme face au réarmement de l’Allemagne nazie. Offrir, dit-il. Mais en 2021 en France, ce sont ceux- là mêmes qui ont poursuivi pendant l’épidémie le « désarmement » de l’hôpital, en continuant à fermer des lits, qui « promettent » comme s’ils menaçaient, « sang, sueur et larmes » !
Ce discours systématiquement anxiogène, culpabilisant, déstabilisant, et répétitif de surcroît, a des effets dévastateurs : tel patient me confiait que son petit-fils de cinq ans court spontanément vers lui dès qu’il le voit avant de s’arrêter tout net sans venir jusqu’à lui. Et pourtant, me disait ce patient, l’enfant évolue dans un milieu familial qui n’est pas des plus angoissés, mais l’école est là, devenue courroie de transmission de la peur. Il n’est pas rare non plus d’entendre dans la bouche des adultes : « mais pourquoi nous font-ils ça ? », ou bien « qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça ? », propos qui sont les effets de cette culpabilisation savamment entretenue. Les Français sont maltraités, mais seraient coupables de cette maltraitance. Pire, ce pourrait être du fait de leur comportement irresponsable que pourraient être prises des mesures qui les maltraiteraient encore plus. Ceci est typique du discours pervers, et entretient au sein de la population clivage et réactions désormais agressives.
Quatrième étape : avec l’arrivée des vaccins entre en jeu le chantage, et le clivage s’intensifie
Avec l’arrivée des premiers vaccins, ce clivage, amorcé au printemps 2020 et qui n’a cessé de s’aggraver depuis, a atteint des sommets inquiétants, d’autant que le chantage a renforcé la pression du discours pervers : la mise en place d’un « pass sanitaire », sésame d’entrée au restaurant ou dans une salle de spectacle est envisagée en haut lieu. Pas de pass, pas de loisirs. Pourtant ce concept fut qualifié de complotiste lors de la sortie, au mois de novembre, du documentaire « Hold-Up », décrié et censuré dès sa sortie. Le chantage s’est exercé aussi envers les restaurateurs qui auraient eu l’audace de rouvrir leur restaurant au mois de février : suspension des aides d’État en cas d’ouverture, suppression pure et simple en cas de récidive. Le chantage touche maintenant le personnel soignant, menacé d’une obligation vaccinale. Les mêmes qui se sont dépensés sans compter au plus fort de l’épidémie en mars et avril 2020, qui étaient applaudis et fêtés, sont maintenant pointés du doigt comme vecteurs de l’épidémie. Et ils souffrent, pris en tenaille entre la pression qu’ils subissent venant des autorités, leur peur de servir de cobaye pour des essais cliniques non encore terminés, leur besoin de garder un travail dans lequel ils sont par ailleurs investis, le manque de reconnaissance dont ils font l’objet.
Vaccin ou pas vaccin ? Le clivage s’amplifie. Certains Français, très souvent ceux qui ont dès le début succombé à la peur et qui l’ont désormais chevillée au corps, sont convaincus par le discours gouvernemental qu’aucun traitement n’existe et que le vaccin est la seule solution pour se protéger du virus ; eux sont prêts à se faire vacciner au plus tôt, voire l’ont déjà fait. Certains le feront aussi, de guerre lasse, parce qu’ils ont retenu de ce discours que c’était la seule façon de sortir de la crise et qu’ils espèrent ainsi retrouver une vie normale, retourner au restaurant, voyager et sortir de nouveau. Cliniquement parlant, ce sont les plus fragiles ; ils sont de plus en plus dans l’incapacité de soutenir quoi que ce soit de leur subjectivité, d’où le nombre croissant de troubles psychiques et de dépressions. Envisager que l’État, incarné par le président de la République, puisse ne pas être bienveillant, mais délibérément malveillant, est pour eux strictement impensable, inacceptable. Ils ne peuvent même pas l’entendre ! En démocratie quel chef de l’État pourrait ne pas vouloir le bien de son peuple ? Au plan de l’inconscient, cela remet à ce point en cause la structure même de leur construction « qu’ils n’en veulent rien savoir » comme l’aurait dit Jacques Lacan. Parce que cela signifierait que la figure bienveillante, rassurante et protectrice qui leur a permis de se construire enfant en tant que sujet, les aurait abandonnés et livrés sans défense à la figure archaïque, toute- puissante et capricieuse, qui a sur eux droit de vie et de mort. C’est une trahison. Il vaut mieux dans ce cas clore immédiatement tout débat, et disqualifier toute parole autre en la taxant de complotiste pour mieux l’étouffer.
D’autres Français en revanche, ne voient pas la nécessité de vacciner massivement une population pour une maladie dont les personnes qui en décèdent ont plus de 80 ans, sont presque toutes atteintes de comorbidités, voire de perte d’autonomie, avec des vaccins dont les phases de test ne sont pas terminées. Parmi eux se trouvent ceux qui, depuis le début de l’épidémie, pensent que des traitements existent. Ils se portent psychiquement plutôt mieux que les premiers, malgré les difficultés qu’eux aussi peuvent rencontrer, et en particulier l’ostracisme dont ils sont frappés et l’hostilité à leur égard. Leur conviction a été affermie au fil du temps car le panel des solutions thérapeutiques précoces s’est enrichi et les résultats de certains traitements sont tout à fait remarquables. Voilà un an maintenant qu’ils résistent, « quoiqu’il (leur) en coûte » ! Eux ont très vite transformé en colère leur frustration d’être, au plus fort de l’épidémie du printemps 2020, privés de ce qu’ils considéraient comme un traitement potentiel par décision du ministre. Cette colère leur a permis de maintenir vivante leur dimension subjective car ils ont refusé d’endosser une quelconque position d’objet ; le discours pervers n’a donc pas eu sur eux la prise escomptée, ni à l’époque, ni par la suite. Eux ont donc pu apporter une réponse, personnelle, au revirement capricieux du chef de l’État en juillet, ce qui leur a permis de donner un sens à ce non-sens, une réponse en tout cas, qui s’appuie à la fois sur du réel, des chiffres, et un symbolique fort, des valeurs fortes qui prennent racine aussi bien dans leur propre histoire que dans l’inconscient collectif. Ils ne sont pas « sans gravité » car solidement ancrés. Beaucoup d’ailleurs ont transcendé la colère initiale afin de se réunir et de se battre au sein d’associations ou de collectifs et ont affermi de ce fait leur position subjective.
Qu’il s’agisse de traitement, de masque, de mesure sociale, de vaccin, le discours pervers qui accompagne la gestion de la crise a induit un clivage parfois caricatural entre les « pro » et les « anti ». Ce clivage sévit au sein de la population, dans le milieu professionnel, entre générations, opposant les jeunes « insouciants » et les personnes âgés « qu’il faut protéger», il a séparé des amis, s’est infiltré au sein même des familles où il fait parfois des ravages.
Il est urgent que cela cesse !
Comment mettre fin à cela ?
Comment faire, dans une telle situation de clivage, pour atteindre nos concitoyens sous emprise ? Tel le chat qui peut jouer avec la souris pendant des heures, le pervers ne lâche jamais spontanément sa proie. Il faut qu’il y soit contraint. C’est pourquoi je ne crois pas à un « mea culpa » spontané de nos gouvernants, qui s’il advenait néanmoins, ne serait qu’un lâcher-prise provisoire afin de mieux resserrer les tenailles ensuite. À un moment ou un autre devra nécessairement se présenter un contre-pouvoir, une opposition assez forte pour mettre fin à la dérive totalitaire dans laquelle se sont engagés nos gouvernants. En situation d’état d’urgence sanitaire répétée, ce contre-pouvoir ne peut plus être incarné par nos assemblées; les tribunaux administratifs, quand ils ont été sollicités, ont souvent soutenu les citoyens mais ont été désavoués illico par le Conseil d’État ; dans leur grande majorité, les media ont depuis un an démontré leur soumission totale au pouvoir exécutif. Seules des manifestations de citoyens peuvent donc faire basculer la situation. Elles existent, se multiplient mêmes, et sont, pour l’instant, pacifiques et joyeuses. Pour le bien de tous, il est impératif qu’elles puissent le rester. Pour cela, l’attitude des forces de l’ordre, policiers et gendarmes entre autres, est à mon sens absolument décisive pour la suite.
Si appel je devais lancer, en tant que psychanalyste et en tant que citoyenne, ce serait à eux que je m’adresserais. Eux qui sont aussi citoyens et parents sont souvent tiraillés entre leurs convictions profondes, leur devoir de réserve, et l’obéissance qu’ils doivent à leur autorité de tutelle. Mais se sont-ils vraiment engagés pour ce à quoi cette autorité les contraint aujourd’hui ? Est-ce leur vocation de faire évacuer les quais de la Seine à 17h30 un dimanche de beau temps ? Ou de verbaliser des automobilistes pris dans des embouteillages et empêchés de rentrer chez eux avant 18h ? Ou de signifier une fermeture administrative à un boulanger parce qu’il a servi une baguette de pain à 18h15 ? Je ne le crois pas. En apportant leur soutien à tous ceux qui se battent pour que cesse l’emprise, ils peuvent aujourd’hui incarner pour le peuple Français la figure de l’inconscient, protectrice et rassurante, évoquée plus haut ; ils peuvent, s’ils le décident, protéger les Français d’un gouvernement totalitaire, incarnation de la figure toute-puissante, incontrôlable et mortifère, qui les menace au plus profond d’eux-mêmes.
Alors et alors seulement, nous pourrons tous ensemble, sortir de l’emprise, panser nos plaies et reconstruire.
Catherine Avice est psychanalyste, membre de l’Association Lacanienne Internationale, et exerce en libéral depuis 15 ans. Elle est également ingénieur diplômée de Sup Telecom Paris, et a passé 25 ans en entreprise. Cet article est écrit en son nom propre. Elle déclare n’avoir aucun conflit d’intérêt.
source : https://www.francesoir.fr
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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