par Alexandre Lemoine.
En février-mars, les affrontements en Syrie ont repris pour le contrôle des champs pétroliers et gaziers et des raffineries.
La situation la plus tendue se déroule à Idlib et au nord de la province d’Alep, où les champs pétroliers et les raffineries sont contrôlés par l’Armée nationale syrienne (ANS) proturque. Cette dernière a organisé un approvisionnement stable et le raffinage du pétrole syrien, qui était ensuite acheminé par camion en Turquie pour être vendu à prix cassés. Cependant, depuis février, les raffineries et les convois de camions citernes subissent régulièrement des attaques massives de l’armée gouvernementale syrienne. L’ampleur des attaques grandissait et, le 11 mars, un bombardement a éliminé en une frappe 200 camions citernes, 20 raffineries et d’autres infrastructures. Dans un village proche de la ville de Jarablous des missiles ont atterri dans un entrepôt de carburant en provoquant un incendie avec des flammes atteignant 300 mètres de haut. Il a fallu plusieurs jours pour maîtriser l’incendie, les dégâts sont estimés à des millions de dollars.
Le jour même a été lancée une frappe contre les raffineries de Tahrin, où un important incendie s’est également déclaré, dont la maîtrise a nécessité des centaines de volontaires et 50 équipes de pompiers. La région d’Alep n’a pas été choisie pour cible par Damas par hasard. C’est ici que se situe le dernier foyer de résistance des djihadistes. Près de 4 millions d’habitants vivent sur les territoires qu’ils contrôlent dans les provinces d’Alep et d’Idlib. La coupure de l’approvisionnement en carburant aggravera la situation dans les communes et entraînera une pénurie d’essence pour les combattants.
D’après l’analyste israélien Seth Frantzman, ces attaques poursuivent également un but politique. Elles sont appelées à montrer que Damas accorde une attention prioritaire à l’évolution de la situation à Idlib et que la présence turque ici ne peut pas durer éternellement. Outre les raffineries, les attaques ont visé des bases et des camps djihadistes.
Début mars 2020, quand les affrontements se sont intensifiés et l’armée gouvernementale a repoussé les djihadistes à Idlib, en occupant pratiquement la moitié de la « zone de désescalade », Vladimir Poutine et Recep Erdogan ont mis au point un cessez-le-feu. Sachant que le président syrien Bachar al-Assad a déclaré que si la Turquie et les États-Unis ne quittaient pas la Syrie, il continuerait d’utiliser la force. Les militaires russes ont projeté à al-Thawrah, près de Racca, des soldats de la 5e division blindée syrienne. Les Syriens ont repris le contrôle de deux champs pétro-gaziers et des raffineries. Ces gisements apportaient auparavant 6 000 barils de pétrole par jour, mais actuellement leur production a diminué jusqu’à 2 000. Cependant, sur fond de pénurie de carburant cette quantité représente tout de même une quantité significative pour la Syrie. Le champ gazier à cet endroit apporte 3 millions de mètres cubes de gaz par jour.
Les provinces de Deir ez-Zor et de Hassaké, contrôlées par les Kurdes, sont les plus riches en gaz et en pétrole en Syrie. Après l’arrivée de l’administration Biden au pouvoir, les États-Unis ont envoyé dans ces régions du matériel et des forces supplémentaires. Un nouveau convoi de 45 camions militaires et de véhicules blindés est entré en Syrie le 13 mars en provenance de Turquie. Selon les représentants du Pentagone, les troupes se consolident afin d’empêcher la capture des champs pétroliers par des terroristes.
Cependant, ces déclarations ne sont pas persuasives, compte tenu de l’aveu de l’ancien secrétaire d’État américain Mike Pompeo que des compagnies pétrolières américaines travaillent au nord-est de la Syrie en coopération avec les Kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS). Cet aveu a indigné Damas, qui le qualifie de pillage des richesses nationales. Des médias ont rapporté que les États-Unis déplaçaient les camps de djihadistes prisonniers à la frontière syrienne, les considérant comme une réserve pour les futures attaques. En mars, selon l’agence de presse syrienne SANA, des convois américains transportant du blé syrien ont commencé à partir de la province de Hassaké en Irak sous la protection des Kurdes des FDS. De plus, les États-Unis ont placé sous leur contrôle l’aide humanitaire de l’Onu en Syrie et la répartissent entre les combattants de l’organisation islamiste radicale Takfiri.
La situation autour du pétrole syrien continue de s’attiser. Apparemment, après l’élimination des terroristes dans la province d’Idlib, Damas fera face à la nécessité de régler le « problème kurde » avec le problème du pillage des richesses nationales syriennes par les patrons américains des Kurdes.
source : https://www.observateurcontinental.fr/
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