OBAMACARE: la réforme du secteur santé américain

OBAMACARE: la réforme du secteur santé américain

Recherche menée par Robert Gil

Plus de six ans après son adoption et presque quatre ans après son entrée en fonction, l’Affordable Care Act (ACA) est de plus en plus reconnu comme étant un désastre. Même ses défenseurs remettent ouvertement la viabilité du projet en question. Le fameux «accomplissement» du gouvernement Obama en politique intérieure n’est rien de moins qu’une combine élaborée par et pour les sociétés d’assurances et le patronat américain afin de réduire les coûts et augmenter les profits. La «réforme» du secteur de la santé communément appelée Obamacare érige un système qui permet aux compagnies d’assurances, aux entreprises et au gouvernement de réduire radicalement les prestations de santé offertes aux familles et personnes à faibles revenus.

 Ceci a toujours été le but de la loi. La réduction des prestations et l’augmentation des coûts pour les familles travailleuses ne représentent pas les conséquences malheureuses d’un effort maladroit mais bien intentionné pour offrir à la population «un système presque universel de soins de santé de qualités», tel que le prétendait Obama lors de la création de la loi. Comme l’a admis récemment le New York Times, défenseur de longue date d’Obamacare, faisant référence au programme gouvernemental de santé minimal pour les pauvres, «la vérité est qu’un plan typique Obamacare ressemble plutôt à Medicaid avec des franchises élevées.»

 Selon le «mandat» de l’ACA, quiconque se trouve sans assurance maladie procurée par l’employeur, et sans Medicare ou Medicaid, est obligé de contracter une assurance au privé, sous peine d’une pénalité d’impôt considérable. Aujourd’hui, un nombre important de personnes peinent, si même elles y arrivent, à payer les primes exorbitantes exigées par les compagnies d’assurance privées pour leurs mauvais régimes, pendant que ceux qui en sont capables sont forcés de dépenser d’immenses sommes d’argent sans remboursement pour fournir des soins de santé limités à leurs familles.

 Les régimes les moins coûteux sont accompagnés de franchises dépassant 5.000 $. Les réseaux rapetissent, ce qui force les membres à choisir parmi un éventail de plus en plus limité de médecins et d’hôpitaux. Des formulaires pour requête de médicaments barrent l’accès à des médicaments vitaux. Les assureurs demandent et reçoivent des augmentations de primes importantes pour leurs politiques d’assurances tout à fait inadéquates.

 Le départ récent de la troisième société d’assurance maladie la plus importante, Aetna, d’une majorité des réseaux Obamacare à travers le pays là où elle offrait auparavant des régimes d’assurance a exacerbé cette tendance. Peu après le retrait des assureurs UnitedHealth et Humana du marché Obamacare, les conditions ont été créées pour que 17 % de ceux qui remplissent les conditions pour un plan ACA n’aient que le choix d’une seule compagnie d’assurances. Ce sera le cas dans cinq États au complet.

 Dans un éditorial récent du Times, l’économiste Paul Krugman s’est plaint du fait que les compagnies d’assurances «perdent de l’argent parce que des Américains auparavant sans assurances s’avèrent être plus malades et ont besoin de soins de santé plus chers que prévu». Il a affirmé qu’il fallait «plus d’efforts pour s’assurer que les Américains en santé contractent une assurance, comme le requiert la loi, plutôt qu’attendre d’être malade» – en d’autres mots, augmenter les pénalités d’impôt déjà importantes pour ceux qui ne contractent pas d’assurance.

 La «magie» du marché Obamacare a démontré le degré auquel l’ACA est subordonné aux intérêts de profit des sociétés d’assurances valant des milliards de dollars – au détriment de la vie et du bien-être de la vaste majorité de la population. Ce sont elles qui prennent les décisions. Il n’y a pas de véritable réglementation pour baliser leurs régimes, c’est pourquoi elles augmentent les primes. Si elles ne réussissent pas à générer des profits qu’elles jugent adéquats sur le marché ACA, elles se retirent tout simplement.

 S’appuyant sur Obamacare, un nombre croissant d’employeurs augmente les quotes-parts et les franchises. Certains transfèrent leurs employés vers des marchés individuels basés sur le modèle de l’ACA, pendant que d’autres, incluant certains qui emploient des travailleurs du secteur public, les livrent au marché Obamacare.

 Une étude de 2014 prédisait que l’ACA ferait économiser 3500 milliards $ aux entreprises jusqu’en 2025, largement en mettant fin aux assurances payées par les employeurs et en transférant les coûts d’assurance aux employés.

 De plus, l’ACA établit essentiellement un système de coupons, où des prestations gouvernementales minimes sont fournies aux personnes pour acheter une assurance maladie au privé. Il sert ainsi de modèle pour la privatisation future des programmes gouvernementaux essentiels, Medicare et Medicaid, arrachés à la classe dirigeante à travers les luttes ouvrières acerbes du siècle passé.

 La contre-révolution de la santé Obama et le reste de sa politique intérieure forment un tout. Elle accompagne le sauvetage au coût de milliers de milliards de dollars des banques, l’imposition de mises à pied de masse, la réduction des salaires et des avantages sociaux dans l’industrie de l’automobile, ainsi que l’attaque intensifiée contre l’éducation publique et les enseignants… Tout ce qui existe encore des réformes sociales des années 1930 et 1960 et des gains des générations passées des travailleurs résultant de leur lutte amère doit être effacé.

 L’ Obamacare est une des facettes  des  politiques réactionnaires. Toute réforme progressiste et démocratique du système de la santé doit avoir pour point de départ la fin des entreprises de santé privées et de la médication pour le profit, et la socialisation de la santé, administrée démocratiquement par un gouvernement ouvrier, afin d’offrir des soins de santé de haute qualité gratuits pour tous.

 Transmit par Bill.J.C

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«Si les principes des procès de Nuremberg étaient appliquées, chaque président des États-Unis de l’après guerre aurait été pendu»…

Noam CHOMSKY

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