par Strategika 51.
Ironie du sort, la République populaire de Chine, laquelle fut définitivement exclue par les États-Unis d’Amérique de toute participation à la Station Spatiale Internationale (ISS), est en train de prendre sa revanche en préparant non seulement la mise en orbite de sa propre station spatiale autour de la Terre mais également une station lunaire.
Washington avait exclu la Chine des programmes de l’ISS pour deux motifs officiels : premièrement, la NASA considérait son homologue chinoise comme trop arriérée et incapable d’assurer la moindre mise en orbite d’une charge utile ; en second lieu, le Pentagone ne voulait pas que les Chinois accèdent aux technologies spatiales civiles (très peu différentes des technologies à usage militaire) sur une station spatiale orbitale internationale non conçue pour la confidentialité une fois à bord. En d’autres termes, les Américains craignaient l’espionnage technique chinois.
Cette exclusion fut très mal vécue par les Chinois et est derrière l’élaboration des programmes les plus ambitieux de la nouvelle politique spatiale chinoise.
Deux décennies plus tard, la NASA comptait sur les lanceurs russes pour acheminer le cargo à l’ISS et semblait incapable de trouver une solution alternative fiable. Ce qui a amené l’intrusion dans des initiatives privées comme SpaceX, Virgin et d’autres compagnies à la fois attirées par les immenses potentialités de ce créneau et frustrées de l’extraordinaire retard accusé dans l’exploration spatiale depuis la fin des années 80. La chute de l’ex-URSS avait alors mis fin, faute de ressources financières, à l’aventure spatiale des pionniers pour faire place à une logique économique et de recherche du rendement immédiat ayant bloqué les rêves de l’humanité dans les limites des couches médianes de l’atmosphère terrestre.
Le programme Tiangong ou « Palais céleste ou palais du ciel » vise la création d’une station orbitale modulaire comparable à la défunte station société « Mir » et se caractérise par son indépendance totale de tout programme de coopération internationale. Entamé en 1992-1993 sous le nom de code Projet 921-2 après le refus de la participation chinoise au programme spatial international, le projet mit beaucoup de temps à aboutir. Le 29 septembre 2011, le premier laboratoire modulaire primitif Tiangong-1 fut mis en orbite. Cinq ans plus tard, un second module plus avancé, le Tiangong-2, incluant un module laboratoire et un module cargo, fut lancé en date du 15 septembre 2016.
La troisième phase du projet aboutira à une station modulaire disposant d’un noyau de vingt tonnes, deux modules de recherches et un cargo qui permettra une présence à long terme de trois taïkonautes.
Cependant, ce projet vieux de près de trois décennies ne semble qu’un tremplin pour d’autres bien plus ambitieux dont le projet commun d’une station spatiale lunaire en coopération avec la Russie semble préfigurer. La maîtrise technique russe et les ressources financières chinoises semblent concourir non seulement à une véritable relance de la conquête spatiale telle qu’elle fut pressentie dans les années 30 et 40 ou, disons-le sans ambages et sans craintes de heurter le langage politiquement correct, les rêves les plus fous de l’URSS stalinienne et de l’Allemagne hitlérienne, nonobstant leurs politiques de l’époque. Il est à peu près certain que ces deux entités auraient déjà réussi à explorer les confins du système solaire et envoyer des humains sur Mars, Vénus, Deimos, Phobos, Titan ou Io avant la fin des années 90 dans un monde uchronique au lieu de patauger en orbite basse comme on le fait actuellement. Mais ceci est une autre histoire.
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