À la suite de l’opinion de Patrick Moreau intitulée Vive la critique, et à bas la censure ! et publiée dans Le Devoir du 8 mars (https://www.ledevoir.com/opinion/idees/596489/point-de-vue-vive-la-critique-et-a-bas-la-censure), des lecteurs ont écrit des commentaires relativement aux modérateurs du journal, qui, selon eux, ont pratiqué la censure en refusant certains de leurs commentaires dans le passé. Une dizaine de commentaires ont été publiés sur le sujet le même jour, mais, le lendemain, ils avaient mystérieusement disparu. J’ai pu en récupérer deux.
Voici le premier, écrit par François Poitras : « La censure est aujourd’hui omniprésente. Le forum des lecteurs du Devoir n’y échappe pas. Extrait d’un texte refusé la semaine dernière : « Le relativisme abscons du wokisme réduit les savoirs au savoir d’une culture dominante, blanche, mâle et hétérosexuelle – vous connaissez la chanson ! – dans un bouillon d’a priori aussi interchangeables qu’irréfutables. Un eugénisme inversé donc, générant son lot de non-sens et de contradictions flagrantes, telles la stigmatisation racialiste des minorités, l’infantilisation féministe des femmes, le déni de l’en-soi face au boursouflage politique du ressenti, sinon la création et l’exaltation populiste d’ennemis imaginaires propres aux régimes fascisants. Ainsi, la dénégation des dimensions ontologiques de l’homme génère inévitablement une nouvelle ontologie, une néo-ontologie appauvrie, dénuée de regard humaniste, dénuée de regard sur la quête de transcendance de chacun. Welcome le reformatage de l’Être, le bruit de bottes des milices de la pensée et le ‘construit social’ enrégimenté. » »
Voici le deuxième, écrit par le soussigné : « Vous avez raison M. Poitras, les modérateurs du Devoir sont de plus en plus des censeurs. J’ai subi plusieurs fois depuis un an leurs décisions arbitraires. Je ne sais pas ce qui se passe au sein de ce journal. »
J’ai relevé qu’une certaine Nadia Alexan avait écrit au moins un commentaire sur le sujet (en appuyant les deux commentateurs précédents), mais qui avait aussi disparu le lendemain.
Ce 9 mars au matin (10 h 15), il est toujours possible de lire ce commentaire de Loyola Leroux : « Bravo au Devoir. Bien que les critères pour censurer ne soient pas clairs, il n’en demeure pas moins que le fait de publier des commentaires critiques est un bon signe d’ouverture. » Le hic, c’est que M. Leroux a écrit ce commentaire le 8 mars à 20 h 43, soit avant que lesdits « commentaires critiques » soient biffés par la direction. Je ne suis pas sûr que M. Leroux récrirait la même chose.
De quoi Le Devoir a-t-il peur ? L’opinion de M. Moreau nous entretenait notamment de censure. C’était la place idéale pour parler de celle, alléguée, du Devoir. Je souligne que plusieurs de ces commentaires ont été appréciés par des lecteurs, signe qu’il y a un malaise.
Pour finir, je demande que les commentaires censurés soient rétablis. Merci.
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Bonne nouvelle !
Les commentaires (13 au total) ont été rétablis en fin d’avant-midi. J’ai envoyé une lettre au Devoir à 10 heures pour le demander. A-t-elle porté fruit ? Je l’espère.
Avant, nous recevions un message nous informant d’un commentaire refusé. Je conserve comme une relique ce courriel du Devoir datant du 17 août 2020 : « Votre commentaire n’a pas été retenu puisqu’il ne respecte pas un ou plusieurs éléments de notre politique de participation aux commentaires. Nous vous invitons à la consulter et à nous soumettre votre commentaire à nouveau si vous le désirez. » Personne au Devoir ne nous a informés que cette politique d’aviser l’abonné d’un refus de publier un commentaire avait pris fin. J’ai réalisé le changement de politique au mois de décembre seulement. Je me suis aussi rendu compte que certains de mes commentaires avaient d’abord été acceptés, puis retirés une fois la période de 48 heures passée.
Voici ce que m’a répondu quelqu’un de la direction du Devoir le 3 décembre dernier : « Bonjour à vous, Je tiens à vous rassurer – nous n’appliquons pas de censure sur les commentaires, mais nous effectuons bel et bien un travail de modération. Par rapport aux commentaires particuliers dont vous parlez, ils comportent des éléments s’éloignant du débat en s’attaquant directement à notre chroniqueuse (ce qui est faux : note de Sylvio Le Blanc), c’est pourquoi nous les avons cachés. À la suite de nos observations et de plusieurs commentaires d’autres participants, nous avons décidé que les propos s’attaquant à une personne plutôt qu’à ses idées n’étaient pas acceptables sur nos plateformes. Nous voulons privilégier le débat d’idées plutôt que la critique personnelle. Ça vaut pour les commentateurs entre eux, mais aussi pour nos auteurs et autrices. Maintenant, si vous voulez vous replonger dans notre politique de participation aux commentaires, disponible sur notre site web, vous verrez que nous n’avertissons plus lorsqu’un commentaire est refusé, et que nous n’expliquons pas nos refus. Il s’agirait d’une tâche supplémentaire pour notre équipe numérique qui doit veiller d’abord au respect dans les commentaires. Bonne fin de journée à vous. »
Voici un autre échange avec quelqu’un de la direction du Devoir le 5 février dernier : « Bonjour M. Le Blanc, Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes toujours les pleins détenteurs de notre politique de gestion des commentaires et de la manière avec laquelle nous l’administrons. Bonne journée. » Autrement dit, paie ton abonnement et ferme ta gueule !
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Ce 9 mars, à 14 h 38, j’ai envoyé ce courriel au journal Le Devoir :
Pourquoi est-il impossible d’écrire un commentaire à la suite de cette opinion :
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/596489/point-de-vue-vive-la-critique-et-a-bas-la-censure ?
Les 48 heures ne sont pourtant pas écoulées.
Par exemple, cette opinion suivante a été publiée en même temps que la précédente, le lundi 8 mars.
Or il est encore possible d’écrire un commentaire. Merci.
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À 14 h 50, j’ai obtenu cette réponse du Devoir :
Bonjour,
Nous avons fermé la section commentaires parce que notre équipe de modération n’arrivait plus à modérer les commentaires, la quantité étant trop grande et la plupart contrevenant à notre politique de participation aux commentaires, dont un grand nombre des vôtres.
C’est bien dommage pour ceux qui souhaitent contribuer au débat, fort important, mis de l’avant par M. Moreau.
Monsieur Le Blanc, peu importe le nombre de fois où vous tentez de publier un commentaire où vous vous attaquez à notre politique et aux modérateurs, il ne sera pas publié, même si vous le reformuler.
Nous allons devoir prendre des mesures pour que cessent les abus contre notre équipe. Vous êtes plusieurs commentateurs à vous éloigner du sujet du texte pour vous en prendre à elle, souvent en renchérissant l’un après l’autre.
Et vous continuez à laisser entendre que nous avons un agenda secret dans notre modération. Je vous rassure : ça n’est pas le cas. En réalité, c’est impossible, nous n’avons pas le temps. Nous n’avons pas le temps d’évaluer la teneur des opinions de tout un chacun à travers ce que vous croyez être le prisme des valeurs personnelles des personnes chargées de faire la modération, nous nous demandons si elles sont exprimées dans le respect, tout simplement, et si elles sont en lien avec le texte. C’est tout.
Je vous prie de rester respectueux, même quand vous voudrez publier ce message dans les commentaires pour illustrer tous les écueils de notre modération.
Valérie Duhaime
Directrice adjointe de l’information
Responsable du laboratoire numérique et de l’info en continu
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Ma réponse à Mme Valérie Duhaime :
Madame,
Je vous invite à relire ce passage d’un précédent courriel que j’ai adressé au Devoir : « L’opinion de M. Moreau nous entretenait notamment de censure. C’était la place idéale pour parler de celle, alléguée, du Devoir. Je souligne que plusieurs de ces commentaires ont été appréciés par des lecteurs, signe qu’il y a un malaise. »
Si parfois je reformule mes commentaires, c’est pour qu’ils passent, et cela réussit très souvent. Vous n’allez quand même pas me reprocher d’essayer d’entrer dans votre moule.
De grâce, arrêtez de refuser nos commentaires. Il faut revenir aux années de l’ancien directeur à ce chapitre. Les chroniqueurs du Devoir ne sont pas faits en chocolat, ils sont capables d’en prendre.
Sylvio Le Blanc
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec