Sauvegarde de nos églises: l’effort de nos ancêtres nous impose le respect

Sauvegarde de nos églises: l’effort de nos ancêtres nous impose le respect

Il garde l’avenir celui qui garde l’histoire

La question de la conservation du patrimoine religieux au Québec semble être de plus en plus discutée dans les médias. Ne passe pas une semaine sans qu’une église soit mise à vendre, qu’on nous annonce que la Basilique Notre-Dame de Montréal vit des difficultés financières ou bien carrément que la destruction d’une église est à venir.

Récemment, le maire de Saint-Michel de Bellechasse, Monsieur Éric Tessier, avait même affirmé, concernant la destruction possible du presbytère de la ville datant de 1739 : « Actuellement, c’est tendance de parler de patrimoine, mais dans 20 ans, on ne se posera plus la question parce que les tenants de ce discours ne seront plus là ou auront perdu la mémoire. » 

Une langue et une culture en héritage

Le maire s’est ensuite excusé, mais devant tant d’indifférence, de part et d’autre, nous oublions ceux qui, à force de courage, ont bâti notre patrimoine religieux. 

Peu nombreux que nous sommes et avons été, les Québécois n’ont jamais cessé de parler français, même devant les adversités politiques, ou du quotidien. 

Ceux qui sont passés nous ont légué en héritage une langue et une culture. Cette même culture, et cette même langue s’érigent, symboliquement, dans la pierre de nos églises. Elles en sont les témoins matériels. D’autant plus que ce sont les efforts de cette somme d’individus, loin de la grande histoire et des grandes choses, qui les ont construites. 

Bien sûr, certains vous diront que les églises ont été construites par les grands messeigneurs et nos belles éminences. Rien de plus faux ! Ce sont nos ancêtres, bien trop souvent sans grands moyens, qui ont payé leur dîme et donné à la quête.

Il existe pourtant une tendance, dans l’opinion publique, à croire que nous ne devons rien au clergé québécois, que nous nous en sommes détachés dans les années soixante et que, maintenant, tout ce qui lui est lié n’a plus d’importance. Cette logique s’applique trop souvent aux enjeux patrimoniaux. Pourtant, ce n’est pas au clergé que nous devons de sauvegarder nos églises et la mémoire qu’elle renferme, mais bien à ceux qui sont passés.

Indifférence collective

Voilà le nœud du problème. Au Québec, nous vivons une profonde indifférence collective face aux efforts de ceux qui sont passés. Cela s’exprime de plusieurs manières, certes, mais la question des églises est révélatrice. Elles tiennent debout et nous rappellent un passé que certains qualifieront d’obscurantiste et que d’autres glorifieront. Là n’est pas la question. 

Si nous n’agissons pas, demain, viendront se dégrader les traces des efforts de nos aïeuls. Ils sont peut-être anonymes, aujourd’hui, de par leur condition d’agriculteurs et de journaliers, mais leurs efforts nous imposent le respect.

L’histoire du Québec ne commence pas en 1960. La Révolution tranquille aura été la libération socio-économique de ceux qui se désignaient comme des Canadiens français, c’est vrai. Toujours est-il, l’édifice du Québec moderne a ses racines dans les efforts tranquilles de ceux qui ont construit ces mêmes églises que nous nous apprêtons, si rien n’est fait, à être obligés de démolir dans 5, 10, 20, 50 ou 100 ans.

Ceux qui sont passés nous ont légué la langue et la foi. Le monde a changé et la foi est bien plus ponctuelle et folklorique, c’est entendu. Pourtant, nous devons à ceux qui sont passés et nous ont transmis nos églises de nous rappeler leur contribution. Tâchons de nous en souvenir pour, je l’espère, dénouer le nœud de notre problème : notre indifférence. 

Félix Ouellet, étudiant au baccalauréat en histoire à l’Université de Montréal

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