par François Jeanne-Beylot.
Il suffit d’ouvrir les grands titres de presse économique ou de pousser la porte d’un centre de conférence ou de congrès pour s’en convaincre : l’Afrique est aujourd’hui un centre de d’intérêt ou de préoccupation dans le monde des affaires. S’agit-il simplement d’un phénomène de mode ou d’un réveil du continent ?
Les chiffres sont là
Tout d’abord l’émergence de l’Afrique est un sujet récurrent depuis plus de vingt ans. Mais les chiffres sur l’évolution du continent tendent à rapprocher ce sujet de l’actualité : En 2018, 6 des 10 pays présentant la plus forte croissance sont africains. Si de nos jours, le continent compte un peu moins de 1,5 milliard d’habitants, il devrait passer à 2,5 milliards en 2050 et 4,4 milliards en 2100 soit 40% de la population mondiale. Aujourd’hui, la moitié de la population africaine a moins de 18 ans et en 2050, 50% des 2,5 milliards d’africains auront moins de 25 ans.
Une représentation géographique trompeuse
Le contient de plus de 30 millions de kilomètres carrés représente soit 6% de la surface terrestre ou 20% de la surface des terres émergées. Mais les représentations cartographiques les plus fréquentes de la planète utilisent la projection Mercator. Cette dernière a le défaut de ne pas respecter la surface réelle de certaines zones grossissant celles les plus éloignées de l’équateur. Cette représentation occidentale ne facilite pas la prise en compte de la taille réelle d’un pays, et plus encore d’un continent. Une autre représentation, celle du graphiste allemand Kai KRAUSE montre le continent africain façon puzzle réalisé avec les plus grands pays de la planète, à l’exception de la Russie. Ainsi, on réalise que le continent équivaut à la Chine, l’Inde, les États-Unis, le Japon et l’Europe réunis.
Afrique ou Afriques ?
On peut (doit) en effet parler de plusieurs Afriques. Le contient compte 54 pays souverains, près de 2 000 groupes ethniques, 4 fuseaux horaires et 27 langues principales. On peut donc évoquer l’Afrique par langues principales : francophone, anglophone, hispanophone, lusophone et bien sûr arabophone. Au niveau géographique, on peut regrouper 5 Afriques au delà des découpages politiques issus de la fin de la période coloniale : Afrique du Nord, de l’Ouest, Centrale, de l’Est et Australe.
Le continent des paradoxes
L’Afrique, bien que continent le plus pauvre de la planète est le plus riche au monde en termes de ressources naturelles. Ainsi l’Afrique regorge d’or, de diamants, d’uranium, de phosphore, de pétrole, de charbon, de coton, de cacao, de gaz, de coltan, de cuivre, de cobalt, etc. L’Afrique est le premier fournisseur des pays occidentaux en matières premières et beaucoup d’entreprises européennes ou asiatiques ne fonctionneraient pas sans ces ressources. Le continent exporte mais n’exploite pas … Ainsi, le Niger dispose de la quatrième réserve mondiale d’uranium dont une partie permet de produire l’électricité nucléaire française ; Mais le Niger est un des pays les moins électrifiés du monde … L’Afrique concentre entre 13 et 15% des réserves mondiales de pétrole, mais les états africains importent des produits raffinés. Ils sont contraints à vendre du pétrole brut car il n’existe pas de grande raffinerie pétrolière en Afrique, ailleurs qu’en Afrique du Sud. Autre paradoxe, la croissance économique ces dernières années est impressionnante dans un grand nombre de pays africains mais elle s’accompagne de très peu de création d’emplois.
Des Africains aux commandes des institutions internationales
Un signe qui peut être interprété comme celui d’un changement est celui de la présence de personnalités africaines à la têtes d’institutions internationales. Le cas du ghanéen Kofi ANNAN, Secrétaire général des Nations unies de 1997 à 2006 ne fait plus figure d’exceptions : La nigériane, ayant également la nationalité états-unienne, Ngozi OKONJO IWEALA vient de prendre ses fonctions de Directrice générale de l’Organisation mondiale du Commerce, après avoir été Directrice générale de la Banque mondiale. La rwandaise Louise MUSHIKIWABO, occupe le poste de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie. Le Kenyan Mukhisa KITUYI est secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (Cnuced). Le sénégalais Makhtar DIOP, est directeur général et vice-président exécutif de la Société financière internationale (IFC), une filiale de la Banque Mondiale. Et même la FIFA, l’instance internationale du football à pour secrétaire générale une sénégalaise, Fatma SAMOURA.
L’avenir nous dira si le continent africain confirme son essor mais plusieurs indicateurs sont d’ores et déjà au vert. La plus grosse incertitude reste la place que les pays occidentaux et asiatiques, organisations et multinationales, sont prêts à laisser aux africains.
source : https://www.ege.fr/infoguerre
Source : Lire l'article complet par Réseau International
Source: Lire l'article complet de Réseau International