Amérique Latine: misère des laissés pour compte et luttes spontanées (1ère partie)

Amérique Latine: misère des laissés pour compte et luttes spontanées (1ère partie)

Par Gérard Bad

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Que o Silêncio dos Justos não Mate Inocentes: América Latina: a miséria dos deixados por sua conta e as lutas espontâneas (1ª parte) (queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com)

« Vous voulez les misérables secourus, moi je veux la misère supprimée. » Victor Hugo

 “Pour des millions de gens ordinaires, il est de plus en plus difficile de vivre mieux grâce au travail.» Guy Ryder, Directeur général de l’OIT

La pandémie a en définitive révélé ce qui était encore sous-jacent dans de nombreux pays de ce monde. Il s’ agit de l’ expansion des surnuméraires, cette population dont le capital n’ a plus besoin et qui est contrainte de crever sur place, d’immigrer ou de se battre sur place.

L’OIT elle même est obligée de constater cette poussée des surnuméraires: 

« En outre, le rapport Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances 2020  montre que le nombre de chômeurs devrait augmenter d’environ 2,5 millions en 2020. Le chômage mondial est resté relativement stable au cours des neuf dernières années, mais le ralentissement de la croissance économique signifie qu’à mesure que la main-d’œuvre augmente à l’échelle mondiale, les emplois créés ne sont pas suffisamment nombreux pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail. » 

Nous voyons très bien que ce qui se profil à l’horizon, ce n’ est pas la « relance verte » ni le « New deal numérique » mais bien la relance de la lutte de masse, telle qu’elle se déroule depuis quelques années et où le prolétariat bien que présent n’ arrive pas à s’affirmer en tant que classe révolutionnaire. Actuellement nous entendons souvent le mot « liberté » mais de quelle liberté s’agit-il ? et liberté pour qui ? Ce mot d’ ordre aujourd’hui manque de contenu et concerne essentiellement le confinement. Nous devons au final le considérer comme un éveil à double tranchant car venant de couches sociales s’ éveillant à la lutte, mais qui pourraient très bien se chercher un sauveur suprême.

Les mesures mondiales contre la pandémie ont déclenché ce besoin de respirer d’une grande majorité de citoyens, c’ est à dire d’individus isolés dans leur bulle, arborant chacun sa revendication ou sa haine des États et des flics. Ceci concerne principalement le monde occidental qui prend conscience qu’il ne dirige déjà plus le monde et que la division internationale du travail en pays riches et pays pauvres sur laquelle ont joué « les non alignés » et les « tiers-mondistes » est en passe de s’ effondrer, comme s’est effondré le pan-arabisme laïc du proche et moyen orient.

Ne sachant plus quoi faire, sauf de faire marcher « la planche à billet », le capitalisme essaye depuis 2008, de gérer tant bien que mal une situation de plus en plus chaotique et ce n’ est pas le repli sur l’ État national et le protectionnisme qui va arranger, même provisoirement la situation ( voir le Brexit). Les initiatives pour des relocalisations de l’emploi sont de la poudre aux yeux car pour concurrencer la main d’œuvre à bas prix, il faut des machines capables de remplacer cette main d’œuvre. Cette main d’œuvre est trop abondante dans le monde et la marchandise force de travail est toujours très concurrentielle surtout dans la production manufacturière (textile, appareils ménager…),comme le relève l’ OIT.

«Pour des millions de gens ordinaires, il est de plus en plus difficile de vivre mieux grâce au travail», a déclaré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder. «La persistance et l’ampleur de l’exclusion et des inégalités professionnelles les empêchent de trouver un emploi décent et d’accéder à un avenir meilleur. C’est un constat extrêmement préoccupant qui a des répercussions lourdes et inquiétantes sur la cohésion sociale.»

En effet, fin 2019 nous avons assisté à la frayeur que le réveil populaire de cinq pays d’Amérique latine a engendré. Ce n’ est certes pas la première ni la dernière fois que des révoltes éclatent en Amérique latine ( se souvenir de « ique se vayan todos »il faut qu’ils s’en aille tout de suite)   de la crise Argentine de 2001.

Mais de nouveau plusieurs pays (1)  de la zone sud américaine reprennent le chemin de la lutte des manifestations plus ou moins violentes vont s’ étendre au Chili, en Équateur, au Pérou, en Argentine, en Colombie , en Bolivie, au Guatemala au Venezuela…

Sont dans le viseur des manifestants , la pauvreté et la corruption, mais aussi les parlements et depuis la pandémie l’insécurité sanitaire.

Depuis plus de cinq ans, 17 millions de latino-américains sont montés sur le podium des personnes vivant dans l’ extrême pauvreté (2).  En réalité cela équivaut à 63 millions d’ individus touchés. Quant aux salariés 42% (chiffre officiel) gagnent moins que le salaire minimum, les retraités touchent des pensions ridicules, surtout les femmes. Tout est devenu sensible en Amérique Latine et la moindre bavure policière déclenche des émeutes, une règle de solidarité non écrite au niveau planétaire.

Ces manifestations se produisent dans un contexte plus général d’essor de mouvement d’ampleur à l’échelle internationale depuis la fin de l’année 2018.Tous ces mouvements éclatent sur des revendications existentielles (la famine, la hausse du prix du ticket de métro au Chili, le prix de l’essence en France ou en Équateur…), pour se muter au cours des actions à des revendications touchant les pouvoirs en place.

La contestation féministe au Mexique de septembre 2020 sera suivi de manifestations en Équateur (en réaction à des mesures d’austérité), en Bolivie (à la suite de la réélection contestée d’Evo Morales), au Honduras (contre les liens entre le narcotrafic et le gouvernement) en Argentine (contre la politique économique et sociale du gouvernement) au Venezuela ( la population affamée victime de l’ embargo des États-Unis).  

  Le jour d’après = inflation, famine, émeutes, dictature  Au Chili l’ombre de la dictature refait surface.

Depuis la mi octobre 2019, le Chili se trouve ébranlé dans ses fondements. Le régime politique et économique néolibéral hérité de la dictature de Pinochet et des Chicago Boys est de nouveau en crise globale. Le gouvernement du président Sebastián Piñera comme ses prédécesseurs n’ a pas fait autre chose que de répliquer par la force aux manifestations. Le bilan répressif de l’ après 18 octobre est lourd, on compte environ 30 morts, plus de 25 000 arrestations et détention provisoire et 3649 blessés selon l’Institut national des droits humains (INDH) ce même organisme affirme avoir recensé 405 blessures oculaires (33 éborgnements), 842 cas de violences en détention, 191 cas de violences sexuelles et 45 de tortures.

Comme c’est souvent le cas les grands mouvements spontanés prennent naissance sur des questions existentielles. Au Chili ce fut l’ augmentation du prix du métro et les actions de fraudes par les lycéens qui aura engendré un soulèvement massif de la population. C ‘est quand il fut décidé de mettre en action la « loi de sécurité intérieure de l’ État » un mauvais souvenir de la dictature, que le mouvement va s’étendre en périphérie, suivi de la mise en place de piquets de grèves et d’ affrontements avec la police . La réponse de Piñera ne s’est pas fait attendre il décrète « l’Etat d’urgence constitutionnel » contre le soulèvement dit le « santiagazo ».

Il aura fallu que la rue se déchaîne (bus incendiés,pillages de grandes surfaces, attaque des postes de police, incendie des bâtiments publics et que Piñera déclare « nous sommes en guerre » pour que la classe ouvrière entre en action aux côtés de la jeunesse. Le blocage des secteurs stratégiques va faire plier le pouvoir . En effet 90% des ports sont bloqués, les mineurs d’ Escondida qui avaient en 2017 fait 44 jours de gréve se sont de nouveau mis en grève menaçant de paralyser la plus grande mine de cuivre du monde. Pour qu’enfin le pouvoir recul et abandonne l’ augmentation des transports publics et autres.

https://www.youtube.com/watch?v=muaVFq2DouU

https://information.tv5monde.com/video/coronavirus-au-chili-des-emeutes-de-la-faim-santiago
https://information.tv5monde.com/video/chili-nouvelle-manifestation-santiago-pour-la-6e-semaine-de-crise

En Colombie

le 9 septembre 2020 de violentes émeutes ont éclaté contre l’ assassina par la police d’un avocat de 46 ans comme l’indique ce communiqué:

« De violentes émeutes ont éclaté mercredi à Bogotá et dans d’autres régions de Colombie, après la mort d’un homme qui avait reçu des décharges électriques répétées administrées par des policiers qui l’immobilisaient au sol. La scène de l’arrestation, diffusée sur les réseaux sociaux et dans laquelle l’homme au sol et des témoins supplient les policiers d’arrêter d’administrer les décharges, a choqué le pays. »

Ce type de violence en Colombie n’ est pas une exception mais plutôt la règle depuis les années quatre-vingt, ce n’ est pas moins de 25 000 à 30 000 morts par an, faisant de la Colombie un des pays les plus dangereux au monde. Entre 1985 et 1996, le nombre d’assassinats était de 250 000 à comparer avec la décennie précédente 85 000 morts. Ce pays est en définitive en permanence au bord de la guerre civile, comme durant les années 1947-1943. L’assassinat par la police de l’ avocat s’inscrit malheureusement dans dans ce cadre. Javier Ordoñez est décédé à la suite de longues décharges de pistolets électriques. Cette description de violences policières dites « bavures » n’est que la gestion répressive d’ une insécurité sociale permanente.

Comme elle se manifeste aussi aux États-Unis par l’ assassinat de  George Floyd, et quelque temps après de Keith Scott , De l’éborgnage de gilets jaunes en France, du nord au sud le citoyen est victime de l’égalité de répression et de la fraternité des corps d’ états, police justice ; quant à la liberté c’est celle qui «interdit aux riches comme aux pauvres de coucher sous les ponts» Anatole France (sic). N’oublions jamais que c’ est au nom de la liberté du travail que les forces de l’ordre du monde entier délogent régulièrement les grévistes.

Fin septembre 2020 révolte étudiante à Bogota

Des jeunes et plus particulièrement les étudiants de cinq établissements d’enseignement supérieur de Bogotá, sont descendus dans la rue pour dénoncer des cas présumés de corruption dans le système administratif de ces écoles et rappeler, par la même occasion, au conservateur Ivan Duque qu’il n’investit pas dans l’éducation comme il l’avait pourtant promis. Pour rappel, après les manifestations de novembre 2018, les étudiants ont reçu une promesse de budget, qui n’ est finalement pas allouer et exigent les 4,5 milliards de dollars promis. D’ abord pacifistes, les manifestations vont vite se terminer par des affrontements violents. Le bilan matériel de ces manifestions est de 300 bus vandalisés, par des « gens en capuche » inconnus des associations étudiantes.

En Équateur

En octobre 2019, les parlements deviennent la cible des manifestants où plusieurs manifestants ont envahi le Parlement contraignant le gouvernement à se réfugier dans la capitale économique du pays Guayaquil tout en imposant l’ État d’urgence pendant 60 jours.

Ce sont les mesures d’ austérité (3)  que le FMI exigeait, et que Moreno à peine au pouvoir a voulu appliquer qui ont déclenché la réplique populaire. Pendant plus de 10 jours l’État sera confronté à des barrages routiers et d’imposantes manifestations avec des affrontements contre la police et l’armée dans les rues à Quito.

La hausse du prix de l’ essence +123% , va mettre le feu aux poudres, comme ce fut le cas pour les gilets jaunes en France. Tout le secteur des transports fut paralysé par la grève, bloquant le pays, des manifestations plus ou moins violentes finiront par déclencher l’ État d’urgence. Selon les autorités, le bilan était d’un mort, 73 blessés et 477 arrestations tandis que 19 des 24 provinces équatoriennes étaient encore bloquées.

Le mouvement indien allait prendre le relais des mobilisations en occupant trois installations pétrolières en Amazonie. L’organisation indigène a aussi appelé ses troupes à marcher sur Quito pour se joindre à la grande manifestation et à la grève générale convoquée par la plupart des syndicats. Le président de la Conaie, Jaime Vargas,4 a ainsi décrété «une mobilisation nationale indéfinie». Des milliers d’Indiens sont arrivés dans la capitale pendant que l’armée faisait évacuer le palais présidentiel de Carondelet.

Le 12 octobre 2019 a été le point culminant du soulèvement à Quito, où la population de la capitale est descendue en masse dans les rues, ce n’est pas un hasard si c’est ce jour-là qu’a eu lieu la répression la plus importante, avec des armes à feu et des snipers.

Seulement Moreno a habilement désamorcé le mouvement social en reculant sur le décret 883 avant que le mouvement de CONAIE ne vienne renforcer celui des villes. Ces événements se déroulent dans un contexte économique engendré par la chute de la manne pétrolière depuis 2014. Cette rente représentait 40% des recettes publiques elle à de ce fait laissé la place à une augmentation de la dette publique.

Pérou: une crise à la tête de l’État bourgeois

Vizcarra président de la République du 23 mars 2018 au 9 novembre 2020,

Le Pérou est en ébullition autour des élections législatives. Il s’agit sur le fond d’un combat de coqs entre le Président Vizcarra et les Fujimoristas et leurs alliés majoritaires au parlement. Vizcarra pas plus que son opposition sont en mesure de trouver une solution aux problèmes sociaux, Vizcarra botte en touche.  La plupart des manifestations de ces derniers jours sont organisées en soutien à Vizcarra. Ses supporteurs pensent que leur leader essaie de mettre en place une série de plans anti-corruption, ou des réformes sur lesquelles les partisans de Fujimori ont essayé de mettre leur veto.

 
C’ est le scandale de corruption Odebrecht qui à éclaboussé la classe politique latino-américaine et c’ est soldée par le suicide de l’ ex-président Alan Garcia qui est au centre de l’ anti-corruption. C ‘est finalement les mesures de confinement ordonnées par Vizcarra le 16 mars 2020 qui vont radicalisées les manifestations, et ce d’ autant que policiers et militaires sont couverts par la loi s’ils blessent ou tuent dans ce cadre5 .

Le 10 novembre 2020, Martin Vizcarra est destitué par le parlement , après une première tentative en septembre. Le parlement avait visiblement utilisé un artifice juridique pour faire tomber le Président. Manuel Merino (président du parlement) s’ est imposé comme président par intérim à la tète de l’ État .Ce coup d’ État parlementaire des partisans de Alberto Fujimori de triste renom (6).

Dans la nuit du 14 au 15 novembre 2020, une imposante manifestation va se dérouler à Lima. Alors que les manifestants voulaient s’ en prendre au parlement, les forces de l’ ordre ont répliqué de manière très violente. Deux jeunes manifestants seront tués, la situation devient critique et le chef du Congrès péruvien, Luis Valdez exige la démission immédiate de Merino. Le 16 novembre le parlement , sous pression, élit Francisco Sagasti président. Dix ministres sur dix-huit de l’ ex président Merino démissionnent dont le ministre de l’ intérieur. F Sagasti fraîchement élu évince quinze généraux et change le dirigeant de la police.

En Bolivie

Les incendies en Amazonie sont à l’origine des marches massives sur Santa Cruz, elles voulaient dénoncer l’inaction du gouvernement du président Evo Morales en place depuis 2006.

Les agriculteurs de la régions reprochent à Morales de ne pas avoir été responsable et d’ avoir tardé de déclarer l’ État de catastrophe naturelle nationale, en effet la Colombie comme le Brésil sont maintenant à la merci de l’ aide internationale, aide pouvant menacer leur souveraineté respective sur cette foret. Pour contrer Emmanuel Macron qui prétendait vouloir convertir cette forêt en « patrimoine mondial » Sept des neuf pays qui se partagent l’Amazonie ont décidés de signer un pacte pour contrer Macron et….Seuls manquaient le Venezuela, qui n’avait pas été invité, et la France, dont le territoire d’outre-mer de Guyane compte aussi une vaste superficie amazonienne.

«Nous signons un pacte, le Pacte de Leticia, pour nous organiser, travailler de façon harmonieuse sur des objectifs communs (…) qui nous engagent et nous poussent à protéger notre Amazonie», a déclaré le président colombien Ivan Duque, qui avait convoqué cette réunion en urgence avec son homologue péruvien Martin Vizcarra.

Voila le contexte devenu international dans lequel se déroule, les manifestations soutenues par Carlos Mesa qui vise la présidence. Morales ne devait pas pouvoir se présenter en 2019 pour un quatrième mandat. Mais le tribunal suprême électoral en a décidé autrement, voilà comment Evo Morales président depuis 2006, fut réélu pour un quatrième mandat jusqu’en 2025.

Evo Morales venait pour la quatrième fois d’affilée, de remporter le 1er tour des élections avec 47,06% des voix contre son opposant Carlos Mesa qui en avait 36,52%. Comme l’ écart entre les deux candidats était un peu plus de 10% , Morales sera de justesse légalement élu (selon la constitution) . Comme souvent dans les élections quand l’ écart est juste, l’élection est entachée de fraude réelle ou pas. L’opposition de Carlos Mesa allait non seulement contester ce vote mais en appeler à la rue.

Dés le début les bureaux du MAS, parti d’ Evo Morales, furent incendiés de même que les tribunaux électoraux.

Les forces de l’ordre et les troupes de sécurité vont soutenir Carlos Mesa et lancer l’insurrection. Des attaques à caractère raciste et punitive contre les sièges d’ organisations de paysans et de femmes sont perpétuées par des bandes masquées, avec menace de mort contre les dirigeants de mouvements sociaux. Les sièges des radios et télévisions seront occupés, les habitations de ministres et de dirigeants du MAD et d’organisations amérindiennes et syndicales seront incendiées.

Ces violentes campagnes d’intimidation vont se concrétiser par la démission de plusieurs membres du MAS . Evo Morales va être lâché par le police et l’ armée, et sera l’objet d’un mandat d’ arrêt. Réfugié en Argentine il est visé par des enquêtes pour sédition et terrorisme.

 Le meneur du coup d’État, Fernando Camacho (7), a immédiatement appelé à poursuivre encore les violences jusqu’ à la formation d’ un gouvernement de transition. Toute la réaction veut la démission d’Evo Morales. Il n’y a donc aucun doute : ce n’est pas juste une démission d’un président, mais bel et bien un coup d’État contre l’aile prolétarienne du peuple bolivien (sic).

Le retour de Morales d’exil

Il est curieux de voir que finalement, c’est Luis Arce un intime de Morales qui va remporter l’ élection présidentielle du 18 octobre avec 53% des suffrages et devenir des le 8 novembre 2020 le nouveau président de la Bolivie. La victoire du dauphin d’Evo Morales a été saluée par de nombreux dirigeants de gauche d’Amérique latine, de Cuba au Nicaragua, en passant par le Venezuela, l’Argentine et le Mexique. C’est dans ce contexte que l’ancien chef d’ état est revenu après un an d’exil au pays.

Cette victoire du MAS est celle de David Choquehuanca (8)  le leader des organisations sociales et indigènes des hauts plateaux et des vallées, sans cet appui de l’ arrière pays indigène le MAS n’ aurait pas gagné les élections. David Choquehuanca est un idéaliste au discours voulant revenir aux traditions du communisme primitif de l’Inca comme le montre la vidéo ci dessous.

La Bolivie bien qu’ayant d’importantes ressources minières, n’ échappera pas à la récession mondiale, ses revenus sont en bernes suite à la chute des exportations de gaz et des investissements pétroliers. La pandémie va frapper les plus pauvres et le gouvernement Arce, a immédiatement initié la distribution de « Bon contre la faim ». Ce bon, n’ est qu’un palliatif pour maintenir la paix sociale Il représente environ 122 euros et sera remis à plus de 4 millions de nécessiteux.).

Le malheur du peuple bolivien est de posséder l’une des plus grandes réserve de lithium au monde (un des composants indispensable pour les batteries devant équiper les voitures électriques). Une telle réserve ne va pas laisser les multinationales américaines sur le bas de la porte.

https://youtu.be/xLnTJ7WoI10
https://youtu.be/DsFdntu7F9U

 

Argentine

De nouveau la population pauvre en Argentine est confrontée à la famine, famine dans un pays considéré comme une puissance agricole majeure. Actuellement et depuis plusieurs mois l’inflation frise les 53% faisant bondir le taux de pauvreté. Sous la pression de la rue, les députés argentins ont fait voter le 12 septembre 2019 une proposition de loi d’ « urgence alimentaire » visant à doubler les fonds des programmes sociaux contre la famine. Selon les données officielles, prés d’un argentin sur trois vit sous le seuil de pauvreté et pour ces pauvres et nouveaux pauvres ce n’ est pas le coronavirus qui les préoccupent mais bien la famine. Ce qui pousse à se chercher un emploi sur le marché du travail informel (plus d’ un tiers de l’ économie) mais la renégociation de la dette colossale exigé par le FMI va même toucher ce secteur des « petits boulots » non déclarés.

Il nous faut souligner que l’ Afrique n’ est plus le seul continent touché par la famine et l’économie informelle, la Colombie, le Panama, le Chili… en passant par le Liban et la seine saint Denis en France. La misère se répand avec ses scènes de violence, ses supermarchés pillés.

Guatemala

Au Guatemala des centaines de personnes ont mis le feu, le 21 novembre 2020, au Parlement pour protester contre le budget 2021. Des flammes gigantesques ravageaient l’intérieur du bâtiment, dont la façade était constellée de graffitis antigouvernementaux. Une porte-parole de l’hôpital général San-Juan-de-Dios a annoncé que 14 personnes étaient soignées pour des blessures et des intoxications aux gaz lacrymogènes après des affrontements entre manifestants et forces de police.

 Au Venezuela

 Ce pays ayant les plus importantes réserves de pétrole au monde, il n’ est pas étonnant que les grandes puissances se disputent le contrôle de l’ exploitation pétrolière. Les américains « défenseurs des droits de l’ homme » sous l’ angle de la doctrine Monroe « l’ Amérique aux américains » considèrent que l’ Amérique Latine est une chasse gardée pour eux ; une arrière cours stratégique qu’ils ne veulent à aucun prix partager avec le russe et le chinois.

Telle est la situation qui va amener le peuple vénézuelien à la famine et à l’exil, plus de 5 millions vont quitter un pays mis en coupe réglée par les rivalités des grandes puissances. Le « droit des peuples à disposer » d’ eux même revendication nationaliste est ici foulé au pied par les USA qui n’hésitent pas à prendre en otage toute une population en appliquant l’arme redoutable de la famine pour créer un climat de révolte contre le régime de Maduro légalement élu selon les préceptes des dits « droits de l’ homme ». C’est ce qui déterminera Mélenchon leader de la France insoumise à soutenir Maduro et à condamner les « putschistes ».

Les États-Unis, la France, et l’ UE ont reconnu Juan Guaido comme président par intérim. Sur l’ autre rive, nous trouvons Cuba, la Corée du Nord, la Bolivie, la Turquie, et ceux « les neutres » qui ne veulent pas reconnaître Juan Guaido, l’Irlande, la Bulgarie, la Slovaquie. Cette situation vise comme c’est souvent le cas à nous obliger à être dans un camp contre l’autre, à savoir qui est l’agresseur et l’agressé. L’ enjeu  nous le connaissons c’est le pétrole, l’agresseur, celui qui affame tout un peuple le poussant à l’exode, lui enlevant toute possibilité de survie, lui coupant l’approvisionnement en électricité, l’obligeant à boire de l’eau polluée.

Voici une statistique qui présente le nombre de morts violentes ayant lieu au Venezuela en 2018. En tout, il y a eu plus de 23.000 morts à caractère violent dans le pays sud-américain, dont 10.422 meurtres.

En résumé 

Nous voyons que toute l’ Amérique latine et centrale est en effervescence, les peuples et les prolétaires de ces pays se trouvent régulièrement confrontés, à la corruption, au narco-trafic, à la criminalité, aux rivalités des grandes puissances pour s’approprier les matières premières. Ces population dont une partie est maintenant surnuméraire ( sans aucun espoir de trouver du travail) est contrainte à l’immigration, prise en otage comme au Venezuela par les États-Unis. Nous pouvons de loin constater que les États d’Amérique du sud sont de plus en plus la cible des manifestants qui vont jusqu’à s’attaquer au parlement comme instrument de duperie. Nous voyons aussi poindre et s’affirmer les organisations indigènes avec des programmes sociaux égalitaires, dont il faudra suivre l’évolution.

Le Brésil anciennement dirigé par le Parti du travail de Lula est lui aussi sujet à une poussée sociale que le réactionnaire Bolsonaro incapable de gérer la pandémie. Avec un bilan de 250 000 morts chiffre de février 2021, Bolsonaro ne parviendra pas à se maintenir au pouvoir.

G.Bad le 1er mars 2021

A suivre


Notes

1 -Se souvenir de l’occupation de terres agricoles ou urbaines (Brésil, Venezuela) aux soulèvements populaires (Oaxaca, Mexique 2006), en passant par des barrages de routes (Équateur, Pérou) et des manifestations de masse (Bolivie, Chili) se transformant souvent en de véritables crises sociales .
2- Selon la Commission économique pour l’ Amérique latine et le Caraibes
3Tout a commencé avec l’annonce par le gouvernement de plusieurs mesures d’ajustement   économique permettant d’obtenir un crédit du Fonds monétaire international (FMI) et consistant notamment à supprimer les subventions sur les carburants et à réduire les congés payés des fonctionnaires (qui passent de 30 à 15 jours).
4-Jaime Vargas est président de la CONAIE-Equateur, l’organisation des peuples autochtones qui a conduit les mobilisations en Equateur en octobre 2019. Vargas a dénoncé le président Lenín Moreno pour être venu à Madrid « dire de belles choses » alors qu’il n’écoute pas les organisations indigènes et sociales dans son pays.
5-les organisations de défense des droits de l’homme demandent l’abrogation du texte, estimant qu’il ouvre la voix à l’impunité. « Au Pérou, dénonciations d’abus policiers sur des personnes transgenres », le monde.fr,‎ 8 avril 2020
6- Celui ci ayant fait procéder à des stérilisations forcées des populations indigènes:330 000 femmes et 25 000 hommes en seront les victimes, le but étant de liquider une population ayant trop de sympathie pour le guérilla du Sentier lumineux.
7-À la tête de ce coup d’État, il y a Fernando Camacho, un riche entrepreneur de Santa Cruz actif dans l’agrobusiness, ultra-religieux et réactionnaire. Question profil, il ressemble très fort à l’actuel président du Brésil, Jair Bolsonaro.
8-D’origine aymara, David Choquehuanca, 59 ans, est né dans une communauté du bord du lac Titicaca, le lac le plus haut du monde et se définit lui-même comme anticapitaliste et anti-impérialiste. Dirigeant indigène et paysan, il a travaillé coude à coude avec Evo Morales pendant presque 30 ans dans le mouvement populaire et au Gouvernement.

Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec

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