La Commune de Kronstadt fut une insurrection prolétarienne révolutionnaire contre la dictature anti-communiste du parti bolchevik. Cette véritable manifestation de l’auto-mouvement anti-étatique du prolétariat profondément radicale dans ses aspirations, porte également les limites de son temps et des conditions dans lesquelles elle dut se produire, elle dénonce ses ennemis, les bolchéviks, tels qu’ils sont connus et se dénomment eux-mêmes, bien qu’ils en soient l’anti-thèse, c’est à dire “communistes”. C’est parce que la contre-révolution prend toujours le masque de la révolution véritable, que les bolchéviks se proclament “communistes”, et c’est parce que l’auto-mouvement véridique du prolétariat se produit contre toutes les impostures cheffistes qu’il sait les combattre au nom du communisme véritable.
Préparatifs avant l’assaut
Le 5 mars, Trotsky envoie de son train blindé un télégramme à son adjoint Skliansky, où il lui dit que la situation à Pétrograd serait meilleure s’il n’y avait pas Kronstadt. Un « plan d’action simple a été mis au point. Seule, la prise de Kronstadt mettra fin à la crise politique à Pétrograd. Il est indispensable de réorganiser la région militaire et la Flotte, en instaurant un régime militaire avec une sévère subordination centralisée1 ».
La confrontation semble inévitable et les deux parties prennent leurs dispositions. À Kronstadt, l’assemblée des troïkas du port recommande d’écarter les communistes peu sûrs des responsabilités et de leur interdire l’accès au port sans l’autorisation du Revkom, visée par la troïka de la direction du port, puis de le faire immédiatement savoir à la garnison. Par ailleurs, ces communistes doivent rendre leurs armes et une perquisition régulière doit leur confisquer celles qu’elle trouverait2. Le personnel de l’hôpital élit une troïka pour le diriger ; il en écarte d’abord les anciens directeur, administrateur et intendant, mais, vu leurs bons états de service et selon la directive du Revkom préconisant de conserver à leur poste les responsables ayant donné satisfaction, les réintègre, sauf l’intendant, dans leur fonction. Il est décidé de lutter jusqu’au bout, mais en évitant de faire couler le sang. On comprend cette volonté humanitaire, mais la dernière condition paraît difficile à réaliser s’il faut se défendre. Il est décidé de mettre sur pied une patrouille pour aider la garnison à contrôler la forteresse.
La troïka de l’État-major de la forteresse, que Yakovenko contrôle, adresse un téléphonogramme au bureau des syndicats de l’île et à toutes les organisations qui en dépendent, demandant que tous les revolvers et balles enlevés chez les communistes soient remis à l’État-major, qui en a grand besoin. Le Revkom de l’artillerie informe que des signaux en provenance de Pétrograd, effectués par les marins délégués, peuvent être aperçus et demande à ce qu’on surveille l’horizon dans cette direction. A Peterhoff, quatre marins du Sébastopol, dont l’anarchiste Alexandre Oulanov ayant fait partie de la délégation du navire à Pétrograd, sont interceptés à 6 heures du matin avec 3 000 exemplaires de la Résolution et des exemplaires des Izvestia ; le lendemain, deux autres marins du Sébastopol sont arrêtés au même endroit avec 400 proclamations. Ils sont tous envoyés à la tchéka de Pétrograd et seront fusillés pour le seul fait d’avoir transporté ces textes considérés comme tellement dangereux pour le pouvoir communiste qu’ils sont immédiatement détruits3.
Le 6, le service de renseignements de la Flotte baltique informe les dirigeants du parti communiste sur l’état d’esprit des navires stationnés à Pétrograd : bien que les délégués du Trouvor et de l’Ogogne aient été arrêtés le 3 mars, la plupart semblent malgré tout croire la version du complot propagée par le gouvernement communiste, sans pour autant être prêts à aller combattre leurs camarades matelots. Certains sont très dubitatifs, et il se trouve même, parmi eux, un communiste du Gaïdamak qui s’est procuré en ville la Résolution du Pétropavlovsk et l’a fait circuler parmi l’équipage, sans en avertir le commissaire du bord. Le navire Garibaldi veut organiser une assemblée et invite d’autres équipages pour discuter de la Résolution, mais son commissaire l’interdit tout de suite4.
Le 6 à 14 h 30, le Revkom provisoire de Kronstadt envoie un message radio à partir du Pétropavlovsk :
À tous, À tous, À tous…
Camarades ouvriers, soldats rouges et marins ! Ici, à Kronstadt, nous savons parfaitement comment vos enfants et vos femmes mal protégés du froid souffrent sous le joug de la dictature communiste. Nous avons renversé chez nous le Soviet communiste et le Revkom provisoire procède ces jours-ci à la préparation des élections du nouveau Soviet qui, librement élu, représentera la volonté de sa population laborieuse et de la garnison, et non une clique de communistes insensés.
Notre cause est juste : nous sommes pour le pouvoir des soviets et non des partis, pour une libre représentation des travailleurs. Les soviets, dont le parti communiste s’est emparé par tricherie, ont toujours été sourds à tous nos besoins et demandes, et nous n’en avons obtenu en réponse que la fusillade.
Maintenant, quand la patience des travailleurs a atteint ses limites, on veut vous faire taire avec des aumônes : sur ordre de Zinoviev, les détachements des barrages sont supprimés dans la région de Pétrograd. Moscou assigne dix millions de roubles-or pour l’achat à l’étranger d’approvisionnement et de produits de première nécessité. Nous savons bien qu’avec ces aumônes on ne pourra pas acheter le prolétariat de Pétrograd et la révolutionnaire Kronstadt, nous vous tendons par-dessus la tête des communistes la main pour une aide fraternelle.
Camarades ! Non seulement on vous trompe, mais on vous cache exprès la vérité en recourant à une lâche calomnie. Camarades ! Ne vous y laissez pas prendre. À Kronstadt, tout le pouvoir se trouve aux mains des marins, soldats et ouvriers révolutionnaires, et non pas des gardes blancs et d’un quelconque général Kozlovsky à leur tête, comme vous l’assure la radio calomnieuse de Moscou.
Ne perdez pas de temps, camarades, unissez-vous et joignez-vous fermement à nous, exigez le libre passage vers Kronstadt de vos délégués sans parti qui, seuls, vous diront toute la vérité et dissiperont toutes les rumeurs provocatrices sur le pain finlandais et les intrigues de l’Entente. Vive le prolétariat ouvrier et paysan révolutionnaire !
Vive le pouvoir des soviets librement élus !
Le Comité révolutionnaire provisoire de Kronstadt5.
Une heure plus tard, dans une conversation directe entre le commandant de l’Armée rouge, S. Kaménev, et son subordonné Toukhatchevsky, ce dernier rapporte que Trotsky estime indispensable et urgente l’évacuation des marins de Pétrograd vers Batoum, au bord de la mer Noire. Cela éloignerait un danger potentiel. Un informateur secret, communiste de Kronstadt, fait savoir qu’il ne faut pas s’attendre à un déclenchement d’opérations militaires des rebelles, lesquels tableraient sur le soulèvement des ouvriers et de la population de Pétrograd pour les 6-7 mars, ce pourquoi ils y envoient sans cesse des délégués. Le commandant de la Flotte baltique. I. Kojanov, ordonne qu’un sévère ordre révolutionnaire soit instauré sur les navires, avec l’interdiction formelle de tout rassemblement ou réunion, et d’accès de personnes étrangères au navire sans l’autorisation du commissaire de bord. Le Tribunal révolutionnaire de la Baltique châtiera avec la plus extrême rigueur de l’état de siège tous les contrevenants. Un plan d’attaque et d’assaut est préparé, établissant en même temps l’état des forces réciproques. II estime le nombre des combattants insurgés à 11000, disposant de 30 mitrailleuses, 178 pièces d’artillerie lourde, 111 d’artillerie légère et 85 mitraillleuses antiaériennes, cela sans compter les deux cuirassés Sébastopol et Pétropavlovsk. Une évaluation postérieure du 13 mars fournira, elle, des chiffres plus précis et plus élevés : 12 140-12 240 Kronstadiens, sans compter les équipages des navires Pétropavlovsk, Sébastopol, Riourik, André-premier-nommé, la République et Narov, soit en tout 17 295 soldats et marins, disposant de 134 pièces d’artillerie lourde, 62 d’artillerie légère, 24 mitrailleuses antiaériennes, 126 mitrailleuses, 79 lance-grenades et 12 projecteurs. La population civile et ouvrière est évaluée à 23 734 hommes et femmes.
Les troupes gouvernementales, divisées entre les deux fronts d’attaque sud et nord, comptent 7 440 fantassins, 96 mitrailleuses et 86 pièces d’artillerie légère, d’une part, et 2 633 fantassins, 48 mitrailleuses et 44 pièces d’artillerie légère, d’autre part, cela en attendant l’arrivée des 27e et 56e divisions considérées comme les meilleures de l’Armée rouge6.
Comme on s’en aperçoit, les effectifs des insurgés ont été d’abord sous-évalués et traités avec dédain par l’état-major rouge. Les galonnés ex-tsaristes qui le composent sont si imbus de leur supériorité qu’ils ont sous-estimé la valeur militaire de leurs ennemis. Le dirigeant communiste de Pétrograd N.A. Ouglanov relatera que Trotsky s’était cruellement trompé, lorsqu’il était venu à Sestroretsk et avait recommandé de bien surveiller la réaction des Kronstadiens après la première salve d’artillerie déclenchée contre eux, car ils ne tarderaient pas à arborer immédiatement le drapeau blanc ! Il va vite déchanter7.
A Kronstadt, des patrouilles de marins parcourent la base en permanence et 6 projecteurs balaient l’espace maritime. Des démissions de membres du parti communiste local commencent à pleuvoir et paraître dans les Izvestia. Le 7, un dirigeant du service de renseignements communiste s’informe pour le compte de la Tchéka auprès du commissaire de la Flotte baltique Galkine sur le nombre prévu de matelots de Pétrograd envoyés par convois ferroviaires. On lui répond qu’ils sont accompagnés d’appréciations telles que « calmes, agités, dangereux ». Comble de sécurité, des trains blindés de tchékistes et militants du Parti suivront les convois. Le premier part ce jour à 7 heures du soir en direction du sud et emmène 1195 jeunes matelots avec 57 officiers et 1 commissaire ; le deuxième démarre à 1 h 15 et compte 880 marins, des torpilles et mines, des canonnières et des sous-marins ; il est assez « agité »8 : le troisième part le 8 mars à 14 heures, en direction de Moscou, avec 1 262 marins de divers navires, accompagnés de 15 communistes – le 9 mars, les matelots de l’un des convois, arrivés à la station Yklovka, arrachent toutes les affiches et rouent de coups des tchékistes qui essayaient de s’interposer. Les marins du quatrième convoi organisent un meeting au cours duquel un communiste est pris à parti et roué de coups ; un escadron de cavalerie oblige à monter dans le train les 1 047 jeunes marins “indisciplinés”, avec une garde de 15 communistes.
À la veille d’une nouvelle offensive, Toukhatchevsky s’inquiète de savoir s’il y a encore de nombreux marins à Pétrograd ; aussi, du 12 au 14 mars, deux convois seront encore expédiés à Novorossiisk, puis à Sébastopol : le cinquième de 930 marins, accompagnés de 25 communistes, le sixième de 1325 jeunes marins et de 20 communistes.
En tout, ce sont 6 convois de marins de la base navale de Pétrograd, qui vont être envoyés : à Marioupol, Rostov, Astrakhan (600 marins), Batoum, Poti, Bakou. Lenkoran et sur l’Amour en Sibérie; soit 6639 marins plus un nombre indéterminé qui se retrouveront loin dans le pays, en particulier dans le sud – dont 2 357 en Crimée – pour être “filtrés” en “dix jours”, c’est-à-dire répartis parmi diverses unités militaires, expédiés dans des camps de concentration (Lénine proposera de créer des camps pour 10 à 20 000 marins), ou exécutés. Le commandant de l’Armée rouge S. Kaménev sera inquiet d’apprendre qu’une partie d’entre eux se trouvent à Marioupol, à proximité de la zone d’opérations des détachements makhnovistes toujours actifs.
Toujours le 7, l’ordre secret de l’assaut de Kronstadt pour le lendemain à 5 heures du matin est donné par Toukhatchevsky avec, au préalable, une intense préparation d’artillerie et un bombardement aérien. Les assaillants seront revêtus de manteaux blancs pour être invisibles sur la neige. Dans la base, des Finnois apportent du ravitaillement aux insurgés sur 8 traîneaux tirés par des chevaux. À Pétrograd, plusieurs usines poursuivent la grève : les chantiers navals de Poutilov, les usines Oboukhov, Gvosdilny (fabrique de clous) et Kabelny (celle des câbles), et en partie La Baltique.
V.N. Sévey, dirigeant de la section spéciale de la Tchéka recommande à Trotsky la formation d’une troïka spécialisée pour filtrer les marins avec le droit de condamner à mort sans contrôle. Proposition saisie au vol par Léon Davidovitch, partisan d’une “purge radicale de la Flotte baltique”10. Le Tribunal révolutionnaire de la Flotte baltique commence à prononcer des condamnations à mort : le jeune marin ukrainien Solovey l’est pour refus d’obéissance ; le soldat Egorsky, fils d’ouvrier et ouvrier lui-même, est condamné à la fusillade pour avoir proposé lors d’une assemblée une résolution de solidarité avec les insurgés de Kronstadt”.
Après le déclenchement de la canonnade de Kronstadt par l’artillerie rouge, le marin A. Smirnov écrit une lettre indignée aux Izvestia, non publiée ; aussi la reproduisons-nous :
Nous n’en avons pas envie, mais il le faudra.
Autant que je m’en souvienne, il y a à peu près deux mois, le camarade Lénine et d’autres communistes nous disaient : « Si le peuple veut reprendre le pouvoir, nous le quitterons sans hésiter. » Maintenant, c’est tout le contraire qui se passe. Quand Kronstadt la Rouge a jeté bas le joug du communisme et s’est saisie du pouvoir, ces gens ont commencé à employer un autre langage : nous ne vous rendrons pas le pouvoir sans un seul coup de feu, mais allons le défendre par les armes. C’est ce qu’ils ont fait à l’égard de Kronstadt la révolutionnaire. Nous leur avons dit que nous ne voulions pas verser le sang et que nous ne tirerions pas les premiers contre les ouvriers et paysans. C’est ce que nous avons fait durant six jours, sans tirer un seul coup de feu. Cependant, Trotsky, ne sait pas comment se dépêtrer de cette situation, car Kronstadt et, en particulier, les marins, avaient toujours été du côté du pouvoir soviétique et, soudain, ils se soulevaient contre ce même pouvoir. Comme il ne veut pas connaître la nature de notre affaire, il a décidé de publier ordre sur ordre, appel sur appel, comme il en a pris l’habitude, en ordonnant de nous rendre sinon il nous abattrait comme des perdrix. Comme on le voit, il a eu envie de boire encore une fois le sang des ouvriers, comme s’il n’en avait pas assez bu ; telle cette punaise de Zinoviev, il a envie de devenir aussi gros que lui, mais sans qu’on s’en aperçoive. Voilà comment ils rendent le pouvoir au peuple, voilà comment ils ont du mal à se séparer de l’or du Kremlin et de la boutique marchande du Smolny, où ils vendent en gros et en détail le sang ouvrier.
Trotsky a décidé encore une fois de boire un verre de sang ouvrier et paysan, en ouvrant le feu sur la ville de Kronstadt. Mais ce sera son dernier verre, car il sera brisé. À un seul tir, nous répondrons par trois. En avant pour la victoire sur le communisme ! Vive le pouvoir de tout le peuple ! En avant vers la victoire et une édification pacifique11.
La seule réponse des bolchéviks consistera ce jour à isoler entièrement Kronstadt en coupant tous les moyens de communications téléphoniques, télégraphiques et radio avec la Flotte baltique.
Le Xe Congrès du parti communiste prévu depuis un an pour le début février 1921 a été remis en raison des grèves ouvrières au 6 mars. A cause des événements de Kronstadt, il est encore retardé, au 8 mars, car il lui faut coïncider avec l’assaut victorieux des troupes de Toukhatchevsky.
Lors de son ouverture, Lénine intervient directement à ce sujet :
… Je voudrais dire maintenant quelques mots des événements de Kronstadt. Je n’ai pas encore les dernières nouvelles, mais je ne doute pas que cette insurrection, où l’on a vu rapidement se profiler les généraux blancs que nous connaissons si bien, soit écrasée dans les jours qui viennent, voire même dans les heures qui viennent. Il ne peut y avoir de doutes à ce sujet. Mais nous devons étudier de près les leçons politiques et économiques qui se dégagent de cet événement.
Que signifie-t-il ? Le pouvoir politique détenu par les bolchéviks est passé à un conglomérat mal défini ou à une association d’éléments disparates, légèrement plus à droite que les bolchéviks, semble-t-il, et peut-être même « plus à gauche », on ne sait, tant l’ensemble des groupements politiques qui ont essayé de prendre le pouvoir à Kronstadt est indéterminé. Dans le même temps, il est certain, vous le savez tous, que des généraux blancs ont joué un rôle important. C’est pleinement établi. Deux semaines avant les événements de Kronstadt, les journaux parisiens annonçaient déjà une insurrection dans la ville. Il est absolument évident que c’est l’œuvre des socialistes-révolutionnaires et des gardes blancs de l’étranger et [que], par ailleurs, le mouvement a abouti à une contre-révolution petite-bourgeoise, à un mouvement petit-bourgeois anarchiste. C’est là quelque chose de nouveau. Cet événement, rapproché de toutes les crises, doit être très attentivement pris en considération, très minutieusement analysé, du point de vue politique. Des éléments petits-bourgeois anarchistes, toujours orientés contre la dictature du prolétariat, ont revendiqué la liberté du commerce. Cet état d’esprit s’est largement répercuté sur le prolétariat. Il s’est reflété dans les entreprises de Moscou et dans de nombreuses localités. Cette contre-révolution petite-bourgeoise est sans nul doute plus dangereuse que Dénikine, loudénitch et Koltchak réunis…
Si petit et peu notable que fût au début, comment dirais-je, ce décalage du pouvoir que les marins et ouvriers de Kronstadt proposaient – ils voulaient corriger les bolchéviks sous le rapport de la liberté du commerce, il semblait bien que ce transfert fût peu notable, que les mots d’ordre du « Pouvoir des Soviets » fussent identiques à quelques changements près -, mais en réalité les éléments sans-parti ont fait office de marche-pied, de gradin, de passerelle, pour les gardes blancs. C’est inévitable, du point de vue politique. Nous avons vu les éléments petits-bourgeois, les éléments anarchistes dans la Révolution russe, nous les avons combattus pendant des dizaines d’années. […] Nous devons nous souvenir que la bourgeoisie cherche à dresser les paysans contre les ouvriers, qu’elle cherche à dresser contre ces derniers les éléments petits-bourgeois anarchistes sous le couvert de mots d’ordre ouvriers, ce qui entraînera directement la chute de la dictature du prolétariat, partant la restauration du capitalisme, de l’ancien pouvoir des propriétaires fonciers et des capitalistes. Le danger politique est évident…13
Lénine utilise les accusations proférées déjà par ses subordonnés, mais il ne s’agit plus de « complot de l’étranger », seulement de « généraux blancs », avec la « liberté du commerce », prétendument revendiquée par des « éléments petits-bourgeois anarchistes », « légèrement plus à droite » que les bolchéviks, « semble-t-il, et peut-être même plus à gauche ! », « plus dangereux que Dénikine, loudénitch et Koltchak réunis » ! Il ne sait plus comment démêler le nœud de ses mensonges. Cependant, il attendait pour la fin de la journée l’issue victorieuse de l’offensive de ses troupes. C’était prématuré, car il fallait compter avec la volonté des insurgés de se battre jusqu’au bout.
Les Izvestias (Les nouvelles), journal des marins de Kronstadt.
2ème et 3ème numéro:
Notes
1La tragédie de Kronstadt, op. cit., tome 1″, p. 234.
2Ibid., p. 240.
3Ibid., p. 238.
4Ibid, p. 242 et 251.
5Ibid., p. 254-255.
6Ibid., p. 257-259, et tome 2, p. 404.
7Ibid., tome 1″, p. 432.
8Ibid., p. 263 et 255 ; tome 2, p. 395-396 et 439-440 ; Kronstadt – Documents, op. cit., p. 82.
9La tragédie de Kronstadt, tome 1″, p. 352.
10Ibid., tome 1″, p. 275-276.
11.Ibid., p. 279-280.
12ttd,p. 281-282.
13Lénine, Œuvres, Éditions sociales, Moscou, 1962, tome 32 (traduction sous la responsabilité de Roger Garaudy), p. 190, 191 et 192.
CEC: Comité exécutif central;
Sovnarkom: Soviets des commissaires du peuple;
CRP ou Revkom: Comité révolutionnaire provisoire ;
SR: Socialistes-révolutionnaires;
SD ou menchéviks: sociaux-démocrates;
Koursantis: élèves officiers des académies militaires de l’Armée Rouge;
Komintern: Internationale Communiste;
Extrait tiré de Kronstadt 1921 : Soviets libres contre dictature de parti – Alexandre Skirda.
Source: Lire l'article complet de Guerre de Classe