Ils ont beau être considérés comme étant le chien de garde de la démocratie, les médias demeurent un lieu de pouvoir, un lien d’influence, un lieu de privilèges. Ils peuvent d’ailleurs être très proches d’autres cercles décisionnels qui ont une influence sur la société. D’où leurs grandes responsabilités.
Peu de personnalités l’avouent, mais plusieurs aiment cette place privilégiée, la convoitent, même. Et elles désirent y accéder soit en devenant des personnalités influentes – mine de rien, passer tous les jours à la télévision ou avoir son visage quotidiennement dans un journal produit encore son effet –, ou en devenant proches de la classe politique, financière ou artistique.
De plus en plus de journalistes jouent la carte de la personnalité publique. Certain-e-s le font pour suivre le mouvement ou la tendance des réseaux sociaux, sans nécessairement vouloir devenir une vedette – être repartagé-e-s ou être retweeté-e-s fait maintenant partie du métier –, mais d’autres le font davantage en fonction d’un calcul marketing qui vise à promouvoir leur propre « marque de commerce ». Ces personnes souhaitent devenir populaires, devenir des têtes d’affiche.
Il y a une époque où l’on ne connaissait pas le visage des artisans de la radio, sauf celui de quelques animateurs ou animatrices vedettes, et encore. Cette époque paraît aujourd’hui lointaine. Terminé, ce temps où les faisaient de la radio décoiffés et habillés comme si le studio était leur salon. Il faut maintenant produire des selfies, des Facebook live, des stories. Se mettre en valeur partout, tout le temps.
Il fut une époque où les journalistes qui se la jouaient mondains étaient moins crédibles. Aujourd’hui, au contraire, les salles de nouvelles veulent des journalistes vedettes, toujours prêt-e-s à passer à la télévision. Faut être bubbly.
Parfois, la manière dont les journalistes alimentent leurs différents comptes sur les réseaux sociaux me rappelle des politicien-ne-s en campagne électorale. C’est troublant.
Tous et toutes ne visent pas cet élitisme ou ce vedettariat, mais plusieurs nourrissent leur ego en se vantant d’avoir dans leur carnet d’adresses le numéro de cellulaire de tel ministre, de pouvoir interviewer telle vedette, de profiter d’une grosse tribune, d’être populaire sur Twitter ou Instagram. Parfois au point de perdre leur mission première : informer le public.
Comme partout, l’égo peut faire des ravages. Il y en a beaucoup dans les médias.
Comme en politique, il y a le risque de finir par se servir plutôt que de servir le public. L’ego et le pouvoir, c’est rarement un bon mélange.
Extrait de Tombée médiatique, le livre de Mickaël Bergeron (Éditions Somme Toute, 2020)
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