Ravachol (1859-1892) se fit connaître en France par une série d’attentats qui déclenchèrent un vif émoi au sein de la population. Ces attentats se produisirent dans une période marquée par un profond ressentiment des milieux anarchistes contre le pouvoir central, coupable d’un certain nombre de répressions sanglantes. Ainsi, le 1er mai 1891, des troupes avaient ouverts le feu sur la foule, faisant neuf morts, dont des femmes et des enfants ; dans le prolongement, à Clichy, des incidents graves avaient opposé les forces de l’ordre à un rassemblement d’anarchistes, lors d’un défilé. Des militants traînés au tribunal furent passés à tabac. Envoyés aux assises, l’avocat général réclama même la peine capitale contre eux, mais ils s’en tirèrent avec de simples peines de prison (et l’un d’eux fut acquitté).
C’est en réaction à l’attitude des magistrats que Ravachol (de son vrai nom François-Claudius Koeningstein – Ravachol était le nom de sa mère) décida de venger ses trois compagnons. Le 11 mars 1892, une bombe explose dans un immeuble où habite l’homme qui présidait les assises pendant le procès. Deux semaines plus tard, c’est la maison de l’avocat général qui sera la proie des flammes. Les attentats feront de nombreux blessés. Ravachol finira par être arrêté, dénoncé par un employé de restaurant ; et c’est ce même restaurant, qui, la veille du procès de l’anarchiste, sautera à son tour, en représailles, faisant deux morts. Le procès lui-même, on s’en doute, se déroulera dans des conditions de terreur indescriptibles, tant on craignait la perspective de nouvelles explosions. Cette période marquera durablement l’opinion publique et connaîtra un retentissement médiatique considérable.
Ravachol fut condamné aux travaux forcés à perpétuité, tout comme son compagnon de lutte, Biscuit. Ce dernier sera tué au bagne au cours d’une révolte anarchiste menée par les prisonniers. Ravachol, lui, finira condamné à mort pour la profanation de la sépulture de la baronne de Rochetaillé. Il aura incarné à son époque, en France, l’image même de l’anarchiste révolutionnaire, idéaliste, violent et intransigeant. Paradoxalement, malgré la cruauté de ses actions, on le disait d’un tempérament doux et bienveillant dans ses relations privées. Il eut toujours au tribunal une attitude que chacun se sentait tenu de qualifier d’exemplaire, et impressionna par sa gentillesse et sa retenue…
Thibault Isabel pour le Rébellion numéro 43.
La Ravachole, chant révolutionnaire.
L’Almanach du Père Peinard rédige une chanson en hommage à l’activiste en 1894. Sur l’air de La Carmagnole et du Ça ira, il pourrait être l’hymne de la revue Rébellion …
« Dans la grand’ville de Paris, (bis) Il y a des bourgeois bien nourris. (bis) Il y a les miséreux Qui ont le ventre creux Ceux-là ont les dents longues, Vive le son, vive le son, Ceux-là ont les dents longues, Vive le son D’l’explosion !
REFRAIN
Dansons la Ravachole, Vive le son, vive le son, Dansons la Ravachole, Vive le son D’l’explosion! Ah, ça ira, ça ira, ça ira, Tous les bourgeois goût’ront d’la bombe, Ah, ça ira, ça ira, ça ira, Tous les bourgeois on les saut’ra … On les saut’ra!
Il y a les magistrats vendus, (bis) Il y a les financiers ventrus, (bis) Il y a les argousins. Mais pour tous ces coquins Il y a d’la dynamite, Vive le son, vive le son, Il y a d’la dynamite, Vive le son D’l’explosion !
(AU REFRAIN)
II y a les sénateurs gâteux, (bis) Il y a les députés véreux, (bis) II y a les généraux, Assassins et bourreaux, Bouchers en uniforme, Vive le son, vive le son, Bouchers en uniforme, Vive le son D’l’explosion !
(AU REFRAIN)
Il y a les hôtels des richards, (bis) Tandis que les pauvres dèchards, (bis) A demi-morts de froid Et soufflant dans leurs doigts, Refilent la comète, Vive le son, vive le son, Refilent la comète, Vive le son D’l’explosion !
(AU REFRAIN)
Ah, nom de dieu, faut en finir ! (bis) Assez longtemps geindre et souffrir! (bis) Pas de guerre à moitié! Plus de lâche pitié! Mort à la bourgeoisie, Vive le son, vive le son, Mort à la bourgeoisie, Vive le son D’l’explosion !
(AU REFRAIN)
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