Le 26 mars prochain aura lieu la vingt-quatrième Journée nationale des cuisines collectives. Cette année, partout au Québec, les cuisines collectives soulignent cette journée autour du thème : « Essentielles! » À travers la province, les 1400 groupes et organismes de cuisine collective et leurs 10 000 participantes et participants célébreront cette journée en soulignant le rôle essentiel des cuisines collectives, dans leurs vies personnelles et pour la collectivité.
Dans le contexte actuel, on peut se demander ce qu’il advient des cuisines collectives au Québec, cette activité demandant proximité, manipulation d’aliments et rassemblement. Quand la pandémie s’est abattue, entrainant avec elle la possibilité de nous rassembler, les demandes d’aide alimentaire ont aussi explosé. De nombreuses familles se sont tournées pour la première fois vers les banques alimentaires, et d’autres ont dû s’y résigner, se retrouvant privées de leurs activités de cuisine collective. Dans la foulée des nouvelles consignes de santé publique, et voyant les demandes de distribution alimentaire augmenter, les organismes qui offraient alors des cuisines collectives se sont tournés vers le dépannage alimentaire, la livraison de repas et d’aliments, ou se sont joints à d’autres organismes pour unir leurs forces face à la situation inhabituelle.
Pour les personnes participantes aux cuisines ainsi que les acteurs et actrices du mouvement, le dépannage est une réponse à l’urgence de nourrir une personne pour les jours à venir. Toutefois, il ne solutionne pas le problème d’insécurité alimentaire. Les cuisines collectives sont des milieux de vie. On ne s’y rend pas que pour des portions à rapporter à la maison, car le contact humain, le partage et les apprentissages, sont aussi des bienfaits essentiels, autant pour la santé physique que mentale des personnes.
Les membres du Regroupement des cuisines collectives du Québec sont unanimes à ce sujet. Ce qui manque le plus aux personnes, c’est le milieu de vie que leur offre la cuisine collective, cet espace de solidarité, d’entraide et de développement du pouvoir d’agir individuel et collectif. Au-delà de la nourriture, elles ont envie de reprendre les cuisines pour retrouver les liens qu’elles ont créés, découvrir des recettes, développer leurs habiletés, échanger avec les autres et bien plus. Voilà pourquoi une boite de denrées livrées sur le perron ne remplacera jamais une activité de cuisine collective.
« Les cuisines collectives sont essentielles, parce qu’au menu il n’y a pas que de la nourriture. On s’y retrouve pour alimenter le partage, des liens amitiés, et on y reprend le pouvoir sur notre alimentation. », déclare Sylvie Sarrasin, Présidente du Regroupement des cuisines collectives du Québec.
La plupart des organismes maintiennent le contact par téléphone, offrent des ateliers de cuisine via Zoom, du soutien individuel et de multiples initiatives visant à garder les contacts humains ainsi que la participation des personnes à cuisiner elles-mêmes le plus possible. Proactives et imaginatives, certaines cuisines qui bénéficiaient d’un assez grand local pour maintenir la distanciation physique ont repris leurs activités, non sans compromis, mais avec une débrouillardise et une créativité à l’image de la force des travailleuses et travailleurs du milieu communautaire.
Depuis 1997, la Journée nationale des cuisines collectives est célébrée afin de souligner l’importance des cuisines collectives comme solution alimentaire et comme alternative à l’individualisme et à la solitude. C’est aussi une occasion de rappeler annuellement à l’opinion publique, à la presse et au gouvernement la nécessité de garantir, pour toutes et pour tous, le droit à l’alimentation.
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