Par Dmitry Orlov – Le 18 février 2021 – Source Club Orlov
La société américaine est à ce stade si polarisée que la grande majorité des gens ne voit pas les choses comme elles sont. Ils ne peuvent voir chaque chose que de la droite ou de la gauche, et donc tout ce qu’ils peuvent voir, c’est ce à quoi quelque chose semble être, vu de droite ou de gauche, et non ce qu’elle est réellement, parce que pour voir cela, il faudrait qu’ils s’élèvent au-dessus d’elle, c’est-à-dire au-dessus de la politique. Mais si je vous disais que je peux planer au-dessus de la politique et vous donner une vue d’ensemble de la présidence de Donald Trump, vous seriez raisonnablement méfiant de mes propres préjugés politiques, qu’ils soient conscients ou non. Pour contourner ce problème, je vais vous présenter une vue de la présidence de Donald Trump du point de vue de l’un des ennemis de l’Amérique – de ceux que l’Amérique a publiquement désignés comme ses ennemis, à savoir la Russie. Les analystes russes – ceux que je respecte particulièrement, étant des connaisseurs très pointilleux parmi les analystes russes – ont tendance à considérer Trump comme un idiot utile. Ils sont quelque peu déçus que Trump se soit avéré être insuffisamment utile et un peu trop idiot.
C’est intéressant mais pas trop important ; la présidence de Trump est terminée, le procès de mise en accusation de Trump (le deuxième !) est terminé, et attendre l’issue de futures affaires pénales alléguant que Trump a mené une insurrection, c’est comme attendre que le chat attrape la dernière souris. Mais le mouvement Trump, ses partisans et ses sympathisants sont toujours là, et étant donné la probabilité non négligeable que l’administration Biden s’avère être un désastre bien plus important que celle de Trump, nous pourrions voir de notre vivant un mandat Trump 2.0 et même 3.0 et ainsi de suite, dont aucun, selon mon analyste russe préféré, ne fonctionnera mieux pour tout un ensemble de raisons bien comprises. Voulez-vous savoir quelles sont ces raisons ? Alors, continuez à lire !
Commençons par planter le décor. Au XXIe siècle, les États-Unis sont passés d’une ère de capitalisme à une ère de parasitisme. Au cours du XXe siècle, les États-Unis sont devenus un centre mondial de production industrielle et de découverte scientifique et ont atteint une supériorité militaire écrasante. Cela leur a permis d’améliorer considérablement leur niveau de vie, tout en engendrant un énorme fardeau de parasites sociaux et économiques de toutes sortes. La production industrielle a été délocalisée vers des pays où la main-d’œuvre est moins chère et à sa place, une économie de services parasitaire s’est développée. Alimentée par un crédit à la consommation facile, elle a entraîné une orgie de divertissement consumériste et un gaspillage général, ne produisant rien de durable. Imperceptiblement pour la plupart des gens, l’Amérique est passée d’une puissance industrielle à une friche industrielle délabrée avec des infrastructures décrépites, de mauvaises manières, une discipline médiocre et un moral déliquescent axé sur les bulles du marché, le blanchiment d’argent, les jeux d’argent et le vice.
Sa puissance militaire et financière résiduelle lui a permis de continuer à percevoir une sorte de taxe coloniale sur le reste du monde en imprimant des dollars et en les échangeant contre des produits et des marchandises de valeur. Mais si une ère de capitalisme peut durer aussi longtemps qu’il y a des ressources à exploiter et des marchés à vendre, les périodes de parasitisme ont tendance à être courtes, ne durant que le temps que les pays qui accueillent le parasite trouvent les moyens de s’en purger. Lorsque des pays ont essayé de le faire, les États-Unis les ont mis sur la liste de leurs ennemis. Cela n’a été que bien peu utile même dans le cas des petites nations faibles et non nucléaires (Irak, Libye, etc.) qui n’ont pas d’amis puissants (Venezuela, Syrie). Ces pays, les États-Unis peuvent les bombarder et les envahir, mais les résultats restent mitigés. Dans le cas des grandes nations nucléaires puissantes (Russie, Chine), c’est impensable, et les États-Unis ne peuvent rien faire pour empêcher ces deux pays de conspirer pour tuer le parasite, l’Iran étant désormais une recrue enthousiaste pour cette cause.
À la charnière de deux époques, comme la transition actuelle du capitalisme au parasitisme, il est normal qu’un grand pourcentage de la population autrefois productive et prospère soit laissé pour compte. D’énormes masses de personnes ne parviennent pas à trouver une place pour elles-mêmes au sein de la nouvelle formation sociale ; beaucoup d’entre elles ne veulent même pas essayer par amertume et par dépit. Beaucoup d’entre eux vivent cela comme une tragédie personnelle qui se répercute sur la politique, donnant naissance à une source de mécontentement public.
Dans les États-Unis d’aujourd’hui, il s’agit des personnes de l’ère du capitalisme : ouvriers industriels, ingénieurs, mineurs, agriculteurs, scientifiques et entrepreneurs (dans le bon sens du terme, des personnes entreprenantes qui étaient actives dans l’économie physique, et non la culture actuelle de ceux qui prennent la pose sur Internet). Il y a seulement trois ou quatre décennies, ces personnes étaient considérées comme la richesse et la fierté de la nation. Aujourd’hui, ils sont souvent considérés comme des ploucs arriérés qui nourrissent des idées hérétiques sur la suprématie blanche et des inadaptés qui n’ont pas réussi à trouver leur place dans l’économie numérique du futur. La dérive progressive de l’Amérique vers un parasitisme total progresse depuis un demi-siècle maintenant, mais même maintenant, une décennie ou plus après la victoire complète du parasitisme sur le capitalisme, ces personnes constituent toujours une grande partie de la population.
À l’heure actuelle, beaucoup d’entre eux, ayant perdu leur emploi, leur entreprise et le sens de leur vie, ressentent de l’envie, de la colère, de l’indignation et de la dépression lorsqu’ils voient un jeune soi-disant progressiste gagner des milliards grâce à une start-up qui distribue de la nourriture pour chats ou du cannabis, installe des éoliennes et des panneaux solaires inutiles aux frais de l’État, ou jette un peu d’argent dans l’une des bulles financières sans fin que mance de faire exploser la presse à billets de la Réserve fédérale en pleine accélération. Même les rares personnes qui ont réussi à trouver un semblant d’emploi rémunéré dans le cadre d’un des programmes subventionnés par le gouvernement ne peuvent s’empêcher de se sentir déprimées, réalisant qu’elles sont engagées dans quelque chose de futile.
Aucune personne normale ne peut se contenter d’une telle vie, et beaucoup d’entre elles se languissent d’une époque capitaliste révolue. Ce sont ces douleurs fantômes qui rendent le slogan « Make America Great Again » si puissant. Les gens souhaitent ardemment revenir à une époque où l’Amérique n’était pas le centre mondial de l’escroquerie et des opérations pyramidales. Ils veulent qu’elle redevienne le centre mondial de la production industrielle, à la pointe de la science, et la force militaire la plus formidable du monde. De tels rêves sont beaux et, à leur manière, nobles : les gens veulent que leur pays cesse d’être un parasite et leur donne une chance de travailler à nouveau normalement. Cependant, là où il y a de l’espoir, il faut aussi avoir peur : ils doivent avoir peur de ce qu’ils souhaitent… car ils n’ont aucune idée de ce à quoi cela ressemblerait réellement.
Le sondage d’opinion n’a pas encore été réalisé, mais nous pouvons déjà prédire le résultat avec une certaine confiance. Si on leur demandait s’ils souhaitent que l’industrie revienne aux États-Unis, créant ainsi de nombreux emplois, et s’ils souhaitent que les États-Unis redeviennent un centre de production industrielle compétitif au niveau mondial, la plupart des gens répondraient « oui ». Mais si on leur demandait s’ils aimeraient gagner trois fois moins que le salaire minimum actuel, partager une bannette chaude avec quelqu’un qui travaille dans l’équipe de nuit, prendre un repas par jour à la cafétéria de l’entreprise, se rendre au travail en marchant quelques kilomètres, puis rester debout pendant une heure dans un bus surchargé, et n’avoir aucune chance d’économiser de l’argent et pas de pension, la plupart des gens répondraient « Non ». Ces réponses sont prévisibles ; ce qu’il serait intéressant de savoir, c’est si on leur indiquait qu’il s’agit d’un forfait, combien d’entre eux choisiraient « Ni l’un ni l’autre » plutôt que « Les deux ».
Il s’agit d’un accord tout où rien : le niveau de vie élevé aux États-Unis a résulté de la forte productivité du travail pendant l’ère capitaliste, depuis longtemps révolue. Après sa disparition, il a été maintenu grâce à l’accumulation de dettes, au système des pétrodollars et au flux de ressources non payées du reste du monde vers les États-Unis. Une réduction massive du niveau de vie de la plupart des Américains serait nécessaire avant que les États-Unis ne soient en mesure d’offrir quoi que ce soit au reste du monde au-delà des créances douteuses, de l’ingérence politique et des menaces militaires. En outre, cette réduction massive du niveau de vie de la plupart des Américains est inévitable parce que ceux que les États-Unis ont appelés sans ménagement leurs ennemis complotent activement pour neutraliser l’empreinte monétaire, l’ingérence politique et les manœuvres militaires des Américains. Ce qu’ils ont planifié est la plus grande démolition contrôlée que la planète ait jamais connue – une démolition qui fera passer celle du 11 septembre 2001 pour un incident de bac à sable sur un terrain de jeu pour enfants en bas âge.
Pour en revenir à ces nombreux Américains, si bons, durs au mal, le sel de la terre, patriotes, sans méfiance aucune, qui voudraient encore du « Make America Great Again » : la grande majorité d’entre eux ont une éducation étroitement spécialisée, si tant est qu’ils en aient une, ce qui conduit la plupart d’entre eux à croire que l’économie a à voir avec la finance plutôt qu’avec la physique et la politique. Cela les rend mal équipés pour comprendre que leur rêve est impossible.
Aucun d’entre eux n’est prêt à renoncer à son niveau de vie élevé et immérité, qui comprend le logement individuel et les véhicules privés. Le pays dans son ensemble est incapable de s’empêcher d’émettre toujours plus de dette, le ratio dette/PIB étant désormais bien supérieur à 130 % (100 % étant généralement considéré comme fatal). Aucun d’entre eux n’a la moindre idée que ce qui est en jeu ici n’est pas un quelconque sentiment de bien-être économique individuel mais la survie de la nation dans son ensemble. À ce stade, toute perturbation significative du flux de ressources non rémunérées en provenance de l’extérieur vers les États-Unis lancera ce pays dans une spirale descendante de chaos et d’autodestruction.
En résumé : dans la situation actuelle, environ la moitié du pays se sent frustrée et déprimée et s’est fixée sur un rêve impossible. Ils veulent que tout redevienne comme avant mais cela ne le sera plus jamais et ils ne veulent pas payer pour tout cela par des privations, la souffrance ou le martyre pur et simple. La prévalence de cette position est révélatrice de leur nature infantile et de leur niveau d’éducation et de développement intellectuel généralement faible. Il est impossible de leur donner ce qu’ils demandent parce qu’ils veulent deux choses diamétralement opposées.
Mais voilà qu’arrive Donny ! On l’a traité de beaucoup de choses : de populiste, d’escroc et pire encore, mais ce qu’il n’est pas, c’est politicien à Washington. Les politiciens de Washington ne sont pas bons pour grand-chose. Ils ne rédigent pas de lois (les lobbyistes des entreprises le font à leur place) ; ils ne les lisent même pas avant de les signer (ils deviendraient aveugles s’ils essayaient). Ils ne sont bons qu’à gagner des élections. Mais voici un détail important : ils ne sont bons à gagner des élections que lorsqu’ils se présentent les uns contre les autres. Lorsqu’ils sont confrontés à un étranger comme Donny, ils se liquéfient rapidement et se couchent sur le ventre. En ce qui concerne ses principaux adversaires Républicains, Trump les a tous assommés d’un coup de plume. Puis il s’est attaqué à la sauvage Hillary Clinton. Quatre ans plus tard, Biden n’a réussi à s’imposer qu’en utilisant des dépenses de campagne vraiment exorbitantes et records et en injectant massivement des bulletins de vote par correspondance très douteux. S’il n’y avait pas eu de nombreuses manigances évidentes dans les États en balance, Trump aurait facilement gagné à nouveau, malgré le marécage de Washington, les médias oligarchique, les sociétés détenant les réseaux sociaux, Hollywood et environ la moitié de l’électorat qui était contre lui à mort.
La technique de Donald consiste à ne poser que des questions auxquelles la réponse est un « Oui » exubérant ! Voulez-vous que l’Amérique redevienne géniale ? « Oui ! » Voulez-vous que les entreprises redonnent des emplois aux États-Unis ? « Oui ! » Voulez-vous que je force les Chinois à acheter des produits américains au lieu que nous achetions des produits chinois ? « Oui ! » Détestez-vous que des étrangers vous privent de vos emplois ? « Oui ! » Voulez-vous de la bière fraîche au robinet chez vous ? « Oui ! » N’ayant aucun intérêt pour l’économie, la politique, la diplomatie, la finance ou tout ce qui demande de la concentration, Donny sait comment jouer sur les frustrations des masses américaines dégradées par le passage du capitalisme au parasitisme.
Peu importe qu’il ait fait des promesses que personne – ni lui, ni personne d’autre – ne pourra jamais tenir. Les masses frustrées auraient été trompées de toute façon, alors pourquoi ne préféreraient-elles pas être trompées par quelqu’un qu’elles aiment – quelqu’un qui dit des choses qu’elles aiment entendre, plutôt que par ceux qu’elles détestent, et qui les déteste et en parle en utilisant des épithètes laides telles que « déplorables » comme l’a fait Hillary Clinton ? Les masses privées de leurs droits ont vu en Trump un véritable leader qui les ramènerait à une glorieuse époque d’exploitation capitaliste. Trump était impatient de s’imposer en jouant ce rôle pendant quatre ans dans la plus grande émission de télé-réalité au monde. Pendant ce temps, les mains malicieuses des membres de sa grande famille étaient occupées à faire les poches du public et du privé.
Il ne sert à rien de blâmer les Démocrates, les globalistes, le Deep State ou les ennemis divers et variés de Trump, qu’ils soient étrangers ou nationaux. Trump n’aurait pas pu tenir ses promesses, quoi qu’il arrive. Pour ce faire, il aurait fallu une thérapie de choc : réduire la consommation américaine à un niveau inférieur à la production américaine, afin qu’elle ait quelque chose à exporter, pour récupérer une position de producteur compétitif au niveau mondial. Non seulement une telle réduction spectaculaire du niveau de vie serait extrêmement impopulaire, mais la société américaine, rendue molle et faible par des décennies de vie facile et maintenue par la corruption, ne survivrait probablement pas à une telle thérapie de choc. Elle ne nécessiterait rien de moins qu’une restauration de la vieille et vénérable institution américaine de l’esclavage – qui existe toujours, plus que jamais, dans les prisons privatisées d’Amérique et qui est parfaitement légale grâce à une énorme lacune du 13e amendement – et cela pourrait encore se produire (comme je l’expliquerai dans un prochain article) mais cela n’aurait jamais fait partie du projet de Trump.
Pendant les quatre années d’inter-règne de la série télévisée Trump, ce sont surtout les bureaucrates de carrière du Deep State-Washington qui ont fait tout leur possible pour éviter que la situation ne dégénère. Ils ont réussi à bloquer, saboter, annuler et pervertir la plupart des initiatives de Trump. Ce faisant, ils se sont fait connaître en faisant clairement comprendre qui dirige réellement l’Amérique et comment le cliché du « gouvernement de/pour/par le peuple » est une propagande des plus éhontées. Les Démocrates ont également fait leur part en empêchant Trump de prolonger de quatre ans son émission de télé-réalité présidentielle, discréditant ainsi complètement la démocratie fictive des États-Unis devant les yeux ébahis du monde entier. Les médias de masse et les sociétés de médias sociaux ont été obligés de détruire toute illusion de liberté d’expression qui subsistait. Et maintenant, avec tous les voiles qui se déchirent, le parasite américain nu et morbidement obèse est laissé sous les feux de la rampe, se gavant pathétiquement de corruption, de sa décrépitude, de sa perversité et de sa gloutonnerie aux yeux du monde entier. C’est une position des moins enviables !
Ces développements ont donné à l’Amérique un aspect assez horrible aux yeux du monde, neutralisant ce qui restait de son « soft power ». Paradoxalement, ils n’ont fait que rendre Trump et son mouvement plus populaires aux yeux de ses partisans, donnant au Trumpisme une durabilité qui pourrait perdurer plus longtemps que sa carrière politique. Une vision de la grandeur retrouvée, aussi irréaliste soit-elle, est infiniment plus séduisante que la réalité d’un système qui tente de se perpétuer par la fraude électorale, le cafouillage bureaucratique et le traînage des pieds, le totalitarisme numérique et l’accumulation de fraude par poignées entières et de corruption à tous les niveaux. La lutte contre le Trumpisme est compliquée par le fait qu’aucun appel à la raison n’est susceptible d’être efficace, ce qui se traduit par des mesures répressives de plus en plus dures et de moins en moins efficaces.
Il n’est pas trop difficile de démontrer la nature délirante des idées de Trump en utilisant les faits et la logique d’une manière que la plupart des Américains pourraient saisir. Mais en poussant cette explication un peu plus loin, on se rend compte que pour la plupart des Américains, ce serait beaucoup trop désagréable ; que la nation américaine est une tumeur cancéreuse sur le corps de notre planète, et que le mieux qu’elle puisse faire pour le bien de l’humanité est de commettre rapidement un suicide collectif. Comme les hommes politiques américains ne peuvent pas transmettre cette simple pensée aux masses américaines sans mettre rapidement fin à leur carrière politique, ils ne peuvent pas lutter contre Trump en utilisant la raison mais doivent plutôt faire appel à l’émotion. Trump n’a pas tort parce que ses promesses sont impossibles à tenir ; il a tort parce qu’il est un raciste-sexiste-misogyne-homophobe-fasciste. C’est un homme mauvais qui a tripoté une femme dans un ascenseur il y a quarante ans. Et maintenant que la police a laissé un troupeau de bétail se ruer à l’intérieur du Capitole, il peut aussi être qualifié d’insurgé qui veut renverser la démocratie.
Il est évident que l’establishment américain, après avoir expulsé le corps étranger qu’est Trump, a maintenant une peur mortelle du populisme en tout genre et du Trumpisme en particulier. Tous les efforts sont faits pour bouder ses partisans, les exclure des médias sociaux, les virer de tous les postes possibles, les poursuivre dans toute l’étendue de la loi – comme le bétail qui a fait le tour du Capitole – et intimider les autres en les qualifiant de terroristes domestiques. Washington a été transformé en une zone verte de style Bagdad, entourée de clôtures d’acier surmontées de barbelés et gardée par des milliers de soldats.
Une telle hystérie paranoïaque semble bizarre, étant donné que le règne de terreur de Trump est terminé. Dans le cadre du statu quo, son mouvement n’a aucune chance. Il manque de leadership organisé, ses membres ont tendance à être trop individualistes pour former une force cohésive, son idéologie est une chimère qui revient à se complaire dans la nostalgie, il a peu de représentants au sein des élites bicôtières qui dirigent le pays et il est sous-représenté dans les domaines de la science, de l’éducation, des finances et du gouvernement. Il n’a aucun accès aux médias de masse et son accès aux médias sociaux est restreint. Il peut organiser certaines manifestations, qui, qu’elles soient pacifiques ou « essentiellement pacifiques » (nouvel euphémisme pour « violentes »), ne seront d’aucune utilité. Compte tenu de tout ce qui précède, la force excessive de la réaction montre à quel point l’establishment américain est allé loin et combien le statu quo est devenu précaire.
C’est là que réside le plus grand danger. Étant donné le choix malheureux entre un effondrement rapide et un effondrement un peu plus lent, les membres de l’establishment américain peuvent commettre n’importe quel crime, tant dans leur pays qu’à l’étranger, afin de retarder l’inévitable. S’ils échouent et que l’Amérique s’effondre rapidement, les ennemis de l’Amérique inscriront Trump dans l’histoire comme un idiot des plus utiles ; mais s’ils réussissent à prolonger le processus ou à causer beaucoup de dégâts sur leur chemin, Trump restera dans les mémoires comme un idiot tout à fait inutile.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Source : Lire l'article complet par Le Saker Francophone
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