Chacune des pages de ce livre s’articule autour de l’idée suivante : la transition écologique passe par l’abandon de l’automobile individuelle dans les villes et banlieues. Longtemps perçue comme symbole de progrès et de liberté, l’automobile est devenue un piège dont nous sommes toutes et tous victimes.
« L’homme est né libre, et partout il est dans les fers », notait Jean-Jacques Rousseau dès la première ligne du Contrat social. L’automobile est maintenant l’un de ces fers qui limitent la liberté de chacun et chacune d’entre nous. Le XXe siècle a sacrifié le territoire urbain à l’automobile ; l’un des objectifs de la transition écologique est de reprendre possession de ce territoire pour en faire un lieu plus habitable.
Lorsqu’on a décidé, à la suite de la Seconde Guerre mondiale, de reconstruire les villes pour faire place à la circulation automobile, on ignorait les conséquences d’une telle décision. Un bel exemple de ce que le philosophe autrichien Günther Anders a nommé le « décalage prométhéen ». Par ce concept, Anders cherchait à décrire l’impossibilité pour la conscience humaine de concevoir et de comprendre toutes les conséquences possibles d’une nouvelle technologie. Nous connaissons aujourd’hui les conséquences néfastes de l’automobile, il est temps maintenant de reprendre le contrôle de notre propre destinée. (…)
La transition écologique doit devenir le symbole d’une libération. Prisonniers d’une technologie qui en est venue à nous dicter ses propres conditions d’existence, une seule solution se présente à nous : s’en débarrasser. Mais pour pouvoir nous libérer de ce piège, il faut en connaître le mécanisme. Ce livre cherche à décrire ce mécanisme et à savoir comment on peut d’en défaire.
À la fin des années 1960 et au début des années 1970, des voix contraires ont commencé à se faire entendre pour dénoncer les effets néfastes de l’automobile. Ces voix provenaient, pour la plupart, des comités citoyens (tout nouvellement formés) des quartiers centraux des grandes villes qui subissaient les contrecoups des « rénovations urbaines ». Plusieurs de ces personnes et familles de ces quartiers, majoritairement pauvres, étaient évincées de leur logement pour faire place à des voies rapides ou à des bretelles d’autoroutes (…) Se remémorer leurs critiques est donc on ne peut plus pertinent pour s’opposer, à notre tour, aux effets néfastes de l’automobile sur le tissu urbain.
Olivier Ducharme, Ville contre automobiles, Écosociété, 2021
Source: Lire l'article complet de L'aut'journal