par Mohamed El Bachir.
À écouter les experts en géopolitique moyen-orientale, le Président J. Biden avec le soutien des dirigeants européens, va remettre de l’ordre dans le Droit international en respectant le multilatéralisme. Mais en faisant un effort, on constate que les éloges adressés à l’actuel président des États-Unis, rappellent étrangement ceux adressés à Obama I et II, après le chaos créé au Moyen-Orient par ses prédécesseurs Bush I et Bush II dont 500 000 enfants irakiens morts de malnutrition, conséquence du blocus économique. Certes, « c’était un choix très difficile, mais le prix… nous pensons que le prix en valait la peine ».
Mais le bras humanitaire est toujours disponible pour armer l’être civilisé d’un supplément d’âme sous la forme de droits de l’homme, responsabilité de protéger. Il s’achète ainsi une bonne conscience qui lui permet de passer à l’étape suivante. C’est ainsi que l’impérialisme états-unien avec ses supplétifs européens et ses vassaux arabes a continué la même stratégie du chaos créateur en Libye, Syrie…Yémen… Quant à la création d’un État palestinien au côté de sa négation, Obama n’a pas fait mieux que ses prédécesseurs. Au contraire, les résolutions de l’ONU dont le droit au retour (Résolution 194) et les accords d’Oslo sont mis aux oubliettes. Quant à l’entité sioniste, elle continue son œuvre coloniale tout en étant au-dessus des lois.
…Palestine
L’ancien vice-président d’Obama, c’est-à-dire l’actuel président a déclaré que l’ambassade « n’aurait pas dû être déplacée » par l’administration Trump sans dresser le cadre d’un accord de paix plus large au Proche-Orient. « Mais maintenant que c’est fait, je ne ramènerais pas l’ambassade à Tel-Aviv ».
Traduction : Faisant fi des résolutions de l’ONU en déplaçant l’Ambassade américaine à Jérusalem (El Quods), le président D. Trump n’a pas pris de gants, son successeur approuve tout en promettant d’écouter les palestiniens. Et en écho, on entend les applaudissements des idiots. Feignant d’ignorer qu’un invariant guide la stratégie de l’impérialisme occidental, à savoir, la suprématie de l’entité sioniste et son expansionnisme et non le droit international.
…Suivre D. Trump au Golan
En affirmant, le 8 février, que le président syrien, Bachar el-Assad, la présence iranienne en Syrie et de milices soutenues par l’Iran sont « une menace pour la sécurité d’Israël », Anthony Blinken considère que « le contrôle du Golan revêt une importance réelle pour la sécurité » de l’entité sioniste. Il va de soi que le même argument vaut pour le territoire libanais entourant les fermes de Cheba’a occupé par l’État sioniste.
Un argument que partagent les dirigeants européens. Et « comme le colonisateur est toujours menacé par le colonisé en Cisjordanie, à Gaza, au Golan au Liban et ailleurs, on ne peut que l’aider à continuer à occuper », pensent, sans le dire, les dirigeants occidentaux. Ceci d’autant plus que cela permet à l’impérialisme d’assurer sa domination. Une domination mise à mal par la Chine, la Russie et l’Iran. Quant à la normalisation des relations entre l’entité sioniste et certains États arabes, elle sert, entre autres, à légitimer et consolider la stratégie de l’impérialisme. Un scénario écrit par les idéologues du mouvement sioniste et mis en scène par les dirigeants arabes.
…Et au Yémen ?
En mars 2015, une coalition arabe sous commandement saoudien lance une opération militaire contre la rébellion yéménite avec le soutien logistique et militaire des principaux membres de l’OTAN, à savoir, États-Unis, Angleterre et France avec le soutien discret de l’État sioniste. Sans oublier les ventes d’armes de ces États pour irradier le soulèvement. Joe Biden était vice-président. Six ans plus tard, devenu président, il martèle le 4 février 2021 : « cette guerre doit cesser… Nous renforçons nos efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre au Yémen, une guerre qui a créé une catastrophe humanitaire et stratégique ».
Sans doute, le supplément d’âme permet d’être sans état d’âme !
En effet, Joe Biden n’ignore pas que, étant la conséquence d’une guerre, cette « catastrophe humanitaire » est un crime de guerre. Et avec la crise sanitaire due à la pandémie du coronavirus, c’est un crime contre l’humanité !
Toujours est-il, cette « prise de conscience » du président Joe Biden est aussitôt balayé par « catastrophe stratégique ». Autrement dit, changer de stratégie mais pas d’objectifs.
…Iran
Le 8 mai 2018, D. Trump dénonce un « épouvantable accord » en retirant la signature américaine de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Une signature soumise au Congrès américain tous les six mois pour ratification. Faut-il le préciser ?
L’actuel président américain n’emboîte pas le pas à son prédécesseur mais suggère sur ce sujet qu’il faut : « respect total pour respect total ».
L’impérialisme ignore ce que signifie respecter un accord ! Et c’est sans doute pour cette raison que l’Ayatollah Khamenei a rappelé à l’ordre Joe Biden en déclarant que : « s’ils veulent que l’Iran retourne à ses engagements… les États-Unis doivent entièrement lever les sanctions, dans la pratique et non sur le papier ». Comme le stipule l’accord.
En acceptant l’invitation du haut représentant de l’Union européenne, les États-Unis acceptent de participer à une réunion du P5 + 1 (États-Unis, Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni et Russie) et de l’Iran. Pour « évoquer la meilleure façon d’avancer concernant le programme nucléaire de l’Iran », selon les dires du porte-parole du département d’État, Ned Price…
Un pas vers l’Iran ? Rien n’est moins sûr car l’intérêt stratégique des États-Unis est de faire traîner la question du nucléaire. Être « ouvert au dialogue tout en n’écoutant pas ». Le ministre des Affaires étrangères français J.Y. Le Drian a commencé à crier dans ce sens en déclarant que : « L’Iran – je le dis clairement – est en train de se doter de la capacité nucléaire… Il y a également une élection présidentielle en Iran à la mi-juin. Il est donc urgent de dire aux Iraniens que cela suffit et de prendre les dispositions pour que l’Iran et les États-Unis reviennent dans l’Accord de Vienne ». Un J-Yves Le Drian jouant à merveille le rôle d’envoyé spécial de J. Biden. Comme hier, L. Fabius a joué le rôle d’espion de l’entité sioniste lors des négociations à Genève sur le nucléaire. Ceci dit, aux propos méprisants de J.Y. Le Drian, son homologue iranien, Mohamad Javad Zarif, a répondu sèchement : « Le Drian a commencé sa carrière ministérielle en vendant des armes aux crimes de guerre saoudiens lorsqu’il était ministre de la Défense entre 2012 et 2017 », tout en lui conseillant d’éviter « de tenir des propos médiocres à l’encontre de l’Iran. Vous déstabilisez la région ».
Et pour finir au Liban
Tout a été fait par des forces politiques internes et externes pour engluer le Liban dans une grave crise politique, financière, économique et sociale aggravée par l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth et la pandémie du coronavirus. Une explosion dont la cause est connue mais non divulguée par les enquêteurs internationaux. Et pour entretenir les hypothèses les plus farfelues, il suffit de garder secrète la cause. À moins que … Pas de complotisme !
Bref, nul besoin d’un expert en géopolitique pour saisir les enjeux stratégiques au Liban, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah résume avec sagesse la situation : « tout appel à une résolution internationale en vertu du chapitre VII (*) est une déclaration de guerre. Il s’agit d’un appel à l’occupation du Liban par des troupes étrangères et à une ingérence du monde entier dans les affaires du Liban. Cette question est très dangereuse pour le Liban, son avenir et sa souveraineté ».
Et la question de la souveraineté concerne également l’Iran, l’Irak, la Syrie, le Yémen… Enfin, sachant que pour l’impérialisme occidental négocier c’est, tout d’abord, ouvrir les « portes de la souveraineté » – invariant stratégique oblige – il est à prévoir que les tensions politiques et militaires vont s’accroître… Jusqu’à la déflagration ?
(*) : Chapitre VII de l’ONU : action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix…
Source: Lire l'article complet de Réseau International