Sans motivation juridique et en violation du droit national, la CEDH vient d’exiger la libération immédiate de Navalny, simplement parce qu’il le demande, simplement parce que c’est Navalny et que le droit n’a ici rien à faire. Il est le nouveau héros du « monde libre », à chaque époque ses héros. Mais les héros ne se jugent pas à l’aune des lois humaines, la Russie a commis un crime de lèse-majesté. Il était quand même difficile pour cette instance de régulation idéologique à prétention juridictionnelle de se discréditer encore plus, mais il faut bien lui reconnaître, et la persévérance, et la constance en ce sens
La condamnation de Navalny par la justice russe, à voir son sursis transformé en peine de privation de liberté réelle (voir notre texte ici), ne passe pas dans le « monde libre ». Tout d’abord, parce que ce « monde libre » l’a choisi pour égérie, que les médias l’ont érigé en « opposant numéro un à Poutine », donc il doit en être ainsi. Peu importe l’état de droit, l’impératif politique doit primer. Peu importe la volonté de la population, le choix du « monde libre » est par définition libre, quand la population russe, c’est bien connu, est opprimée par le vilain tyran. Bref, ça ne se discute pas. Silence, on obéit.
Mais la Russie ne plie pas. Malgré les menaces de nouvelles sanctions, malgré la piteuse visite du représentant de l’UE pour les Affaires étrangères (voir notre texte ici). Reste encore la CEDH. Le 20 janvier, Navalny s’est adressé à la CEDH en demandant sa libération, car toute détention serait incompatible avec son état de santé, sa vie est en jeu dans les geôles russes … En effet, aller en prison pour un héros … Non, on veut bien jouer à Mandela, mais sans l’incarcération, juste avec les honneurs. Les temps changent, les héros aussi.
Et la CEDH est particulièrement fidèle à la voix de son maître. De manière tout à fait politique et exceptionnelle, elle vient d’adopter des mesures provisoires, en raison de l’état de santé de Navalny, et d’exiger sa libération immédiate.
Il est vrai que la CEDH choisit particulièrement bien ses héros, pour exiger leur libération immédiate : en 2007 dans l’affaire Yukos pour son vice-président, en 2012 pour Yulia Timochenko (entre les deux révolutions), en 2015 pour Savchenko (mais uniquement lorsqu’elle était jugée en Russie pour terrorisme, car lorsqu’elle fut incarcérée par la suite en Ukraine, son état de santé devait le permettre …). Bref, Navalny est en bonne compagnie : des escrocs, des terroristes, des révolutionnaires dorés. Cela lui va à merveille, la CEDH ne s’est pas trompée.
La Russie estime à juste titre qu’il s’agit d’une ingérence dans les affaires intérieures. Rappelons, que justement le 20 février, le tribunal moscovite doit examiner l’appel de la décision de transformation de sa peine de sursis en privation de liberté. Et le 17 février, la CEDH adopte une déclaration, plus qu’une décision, exigeant la libération immédiate de Navalny.
Comme le déclare le Ministère russe de la Justice :
« L’exigence de libération de Navalny que nous avons reçu aujourd’hui de la CEDH est sans précédent à plusieurs égards. Tout d’abord, c’est une ingérence flagrante dans l’activité du pouvoir judiciaire d’un État souverain. Ensuite, c’est une exigence sans fondement et abusive, puisqu’elle ne repose sur l’indication d’aucun fait, ni d’aucune norme, qui aurait pu autoriser la Cour à adopter une telle décision. Enfin, cette exigence est objectivement inexécutable, puisque selon la législation russe, il n’y a pas de fondement pour libérer conditionnellement cette personne ».
La dérive politique naturelle et irréversible de cette agence de régulation idéologique qu’est la CEDH ne fait que poser avec de plus en plus d’insistance l’intérêt pour la Russie, et pour les pays européens, de se soumettre à une telle gouvernance.
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