par Christelle Néant.
Dans une interview accordée à Politnavigator, le chef de la RPD (république Populaire de Donetsk), Denis Pouchiline a déclaré que la République est prête à faire face à toute évolution de la situation, et a assuré que le Donbass a de quoi répondre aux drones turcs (les fameux Bayraktars, qui ont été utilisés par l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh).
« Depuis le début de l’année, nous avons déjà observé une augmentation du nombre de violations du cessez-le-feu par l’Ukraine. L’ennemi a intensifié ses bombardements contre la République, y compris avec des armes interdites par les accords de Minsk. Deux civils ont été blessés. Les infrastructures et les bâtiments résidentiels sont à nouveau détruits.
Hier, à Gorlovka, un attentat terroriste a été perpétré contre l’un de nos commandants de bataillon, Sergueï Popov, à l’aide d’un engin explosif posé sous sa voiture. Une enquête est en cours, et la principale version est qu’il s’agit de l’œuvre d’un groupe de sabotage ukrainien. Ce qui est particulièrement cynique dans ce qui s’est passé, c’est que la fille de douze ans du militaire était dans la voiture avec lui.
On peut s’attendre à des actions offensives et des provocations de la part d’un ennemi ayant aussi peu de scrupules. Je l‘ai déclaré à plusieurs reprises : nous sommes prêts à toute évolution de la situation », a déclaré M. Pouchiline.
L’offensive de l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh ayant donné des idées à l’Ukraine, qui a intensifié ses achats de drones turcs en vue de les utiliser dans le Donbass, la question de savoir si la RPD et la RPL (République Populaire de Lougansk) sont en mesure de repousser une attaque de Bayraktars est plus que jamais d’actualité.
Refusant de rentrer dans les détails, pour des raisons évidentes de secret défense, le chef de la RPD a néanmoins assuré que le Donbass aura de quoi répondre en cas d’utilisation de drones d’attaque.
« La réponse à cette question appartient à la catégorie d’informations qui constituent un secret d’État. Disons que nous n’excluons pas la possibilité que l’Ukraine mette en œuvre un scénario militaire qui implique l’utilisation massive de drones d’attaque, ainsi que d’autres types d’armes modernes. Dans la mise en œuvre de notre doctrine militaire, nous tenons évidemment compte de ce fait. De telles actions ne resteront pas sans réponse », a assuré M. Pouchiline.
Il a également commenté le récent voyage de Volodymyr Zelensky en première ligne, avec des ambassadeurs du G7.
« On ne peut pas retirer à Zelensky son penchant pour les performances théâtrales. L’une d’entre elles était l’invitation des ambassadeurs du G7 en première ligne. Faire appel à la pitié, justifier son incapacité à mettre en œuvre les accords de Minsk, demander de l’argent – voilà les tâches qui ont été fixées par le Président ukrainien. C’est une position de faiblesse évidente. Une fois de plus, la démonstration de la dépendance totale envers les « partenaires principaux » et de l’ingratitude dont ils bénéficient a été faite. Mais ce qu’ils n’ont pas réussi à faire, c’est de montrer l’escalade du conflit de notre côté. Car si les ambassadeurs avaient été sûrs que le fait d’apparaître près de la ligne de contact était dangereux, ils n’auraient jamais accepté l’invitation à ce spectacle », a estimé le chef de la RPD.
Si la RPD se prépare à une nouvelle escalade de la situation, c’est que six ans après la signature des accords de Minsk 2, la volonté claire de l’Ukraine de tout faire pour ne pas les mettre en œuvre devient de plus en plus flagrante.
Ainsi, durant la dernière réunion du groupe de contact trilatéral, sur les 4 heures prévues pour les négociations du sous-groupe chargé des questions politiques, un des représentants ukrainiens, Andreï Kostine, a harcelé le représentant de l’OSCE pendant plus d’une heure, pour savoir « qui a permis à des représentants civiques de la RPL d’être présents à la réunion ».
La réponse du coordinateur selon laquelle leur présence est légitime et légale n’a bien sûr pas satisfait M. Kostine, qui a alors répété sa question au moins une douzaine de fois, avant de menacer le représentant de l’OSCE et d’exiger une déconnexion immédiate. Décidément l’Ukraine a vraiment un problème avec la liberté d’expression…
Les représentants ukrainiens ont aussi refusé de jeter ne serait-ce qu’un œil sur le projet de feuille de route de la RPD et de la RPL, et insisté pour que le projet ukrainien soit pris comme base de discussion, ce qui est impossible puisque ce texte viole les accords de Minsk à 75% !
La proposition de la RPD d’organiser une conférence d’experts internationaux (avec l’Ukraine, la RPD, la RPL, la Russie, la France, l’Allemagne et des représentants des pays membres de l’ONU) pour discuter de la façon de mettre en œuvre de manière concrète les accords de Minsk, a elle aussi été rejetée par l’Ukraine sans arguments justifiant ce refus.
Comme on le voit les seuls « signaux » qu’envoie l’Ukraine au Donbass, ce sont les obus qui pleuvent de manière croissante sur le territoire de la RPD et de la RPL, des projets de loi dictatoriaux, des attentats terroristes, et des déclarations belliqueuses (y compris de la part des négociateurs ukrainiens).
Puisque l’Ukraine ne veut manifestement pas la paix, le Donbass se prépare à la guerre, et les autorités de la RPD et de la RPL sont bien conscientes du fait que Kiev espère réutiliser avec succès la stratégie utilisée par Bakou dans le Haut-Karabakh, avec l’aide des drones turcs Bayraktars. Il reste à espérer que la réponse dont dispose le Donbass suffira à anéantir l’avantage stratégique de ces drones d’attaque turcs.
source : http://www.donbass-insider.com/fr/
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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