par Strategika 51.
Les trois quarts des groupes d’études ayant préconisé le maintien des forces américaines en Afghanistan en violation flagrante d’un Accord de retrait initié par l’administration Trump sont liés et financés par les grosses compagnies du complexe militaro-industriel et le Pentagone.
La décision de maintenir la présence militaire américaine en Afghanistan était attendue pour l’administration Biden même si les médias ont tenté de faire passer ce dernier comme un des critiques de la stratégie US dans ce pays enclavé d’Asie où se déroule la plus longue guerre de l’histoire des États-Unis.
Un retrait même fortement ralenti des forces US d’Afghanistan aura comme conséquence inéluctable la reprise du pouvoir par le puissant mouvement des Talibans, dont la guérilla est l’une des plus déterminées de la planète. Cette éventualité que confirment les rapports de force actuels sur le terrain est de nature à radicaliser le gouvernement de Kaboul. En dépit de la mise sur pied d’une armée afghane pléthorique à coup de dizaines de milliards de dollars US (dont des milliards se sont perdus dans les méandres des circuits de la corruption) et la résurrection de services secrets calquées sur le fonctionnement de la CIA (avec une sous-traitance locale de la torture à « des experts » en basses œuvres empruntés à des pays arabes et d’Europe de l’Est inféodés à Washington), le gouvernement afghan a les plus grandes peines du monde à défendre la région adjacente à la capitale et n’a aucune emprise sur les zones rurales. Il a fallu l’intervention massive des 82e et 101e divisions aéroportées US et des campagnes de bombardements massifs pour « sauver » les Chefs-lieu de district d’un assaut des Talibans.
L’un des principaux chefs de ces derniers, le Mollah Baradar a même écrit à Joe Biden sur la nécessité de respecter le processus de paix initié il y a une année à Doha, Qatar en soulignant que le problème afghan ne peut être résolu par l’usage de la force ou par des stratégies militaires alternatives établies par des généraux.
Le conflit afghan dure depuis près de deux décennies sans aucune issue en vue. Au total, ce pays est en guerre depuis quatre décennies si l’on prend en compte l’intervention soviétique (1979-1989) et la guerre civile (1989-1992) qui a suivi le retrait des forces soviétiques, la prise du pouvoir par les Mudjahdines, puis par les Talibans. Ces derniers seront évincés du pouvoir suite à l’intervention militaire US d’octobre 2001, laquelle dure jusqu’à aujourd’hui (2021).
La population afghane en a plus qu’assez de la guerre puisque c’est la principale victime des tueries et des bombardements. Contrairement aux vœux du gouvernement afghan, la majorité des populations afghanes réclament le départ des forces étrangères de leur pays.
Cependant une partie des Talibans ne voit pas d’un mauvais œil le maintien des forces étrangères en Afghanistan car cela est perçu à la fois comme une motivation, un facteur de cohésion interne, une source de légitimité mais également d’armes et matériels. Pour une partie des Talibans, c’est grâce à la présence militaire étrangères qu’ils ont appris les tactiques de guerre, à s’équiper de nouvelles armes et à améliorer leurs revenus.
Cette guerre sans fin a accéléré le déclin de l’Empire. Sa persistance dans un contexte géostratégique instable marqué par des relents de guerre froide 2.0 signera sa fin.
source : https://strategika51.org/
illustration : Un instituteur et ses élèves dans une zone rurale reculée portant des pancartes portant l’inscription « Get Out of Afghanistan » (Partez d’Afghanistan ! ) à l’adresse des forces militaires US.
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