17 février 1940
Un cocktail sauve le plan Manstein
L’invasion de la Hollande, de la Belgique et de la France en mai-juin 1940 est le fruit d’un plan téméraire concocté par Hitler suite à sa rencontre inopinée avec un obscur général d’infanterie, Erich von Manstein, le 17 février 1940…
Des reports à n’en plus finir
Le 10 octobre 1939, alors que l’Allemagne nazie est depuis déjà six semaines officiellement en guerre contre l’Angleterre et la France, Adolf Hitler surprend ses généraux en leur proposant d’attaquer l’ennemi à travers la Belgique, comme en 1914, mais aussi à travers la Hollande et le Luxembourg.
Son projet est d’attirer les armées franco-anglaises en Belgique pour mieux les détruire, selon les grandes lignes du plan Schlieffen, appliqué avec un certain succès en août 1914. L’offensive est prévue pour le 12 novembre 1939 mais elle sera reportée… 14 fois, jusqu’au 10 mai 1940.
Dans un premier temps, les généraux allemands convainquent Hitler de reporter l’offensive du 12 novembre 1939 au 14 janvier 1940 en raison d’une météo défavorable ! Le Führer obtempère non sans maugréer sur la mollesse de son état-major. Le plan Schlieffen est toujours à l’ordre du jour.
Les ordres sont transmis par la route de Berlin au quartier général de l’armée de l’Air, la Luftwaffe, en Rhénanie. Mais les officiers en charge de cette mission perdent quelques journées en libations et soirées enchanteresses. Quand ils se rendent compte de leur retard, il montent dans un petit avion civil pour rattraper le temps perdu. Pris dans une purée de pois, l’appareil est dans l’obligation de faire un atterrissage forcé à Mechelen-sur-Meuse, en Belgique.
Les officiers sont arrêtés par les douaniers belges, lesquels s’emparent de leurs précieux documents. Le plan d’invasion du 14 janvier ayant été ainsi éventé, le projet d’attaque est reporté sine die.
C’est alors que survient un événement improbable… Le 17 février 1940, au cours d’un dîner, Hitler est abordé sans avertissement par un général d’infanterie récemment promu à ce grade, Erich von Manstein (53 ans).
Manstein lui soumet son plan à brûle-pourpoint, par-dessus la voie hiérarchique. Il fait valoir le risque d’une attaque frontale en Belgique et l’absence d’effet de surprise depuis la mise en oeuvre du plan Schlieffen en août 1914.
Il propose de piéger l’ennemi en simulant la réédition de l’offensive d’août 1914 par une attaque sur la Belgique puis de lancer des divisions blindées dans les Ardennes, mal défendues, et de profiter de l’effet de surprise pour prendre les armées alliées à revers sur la Somme.
C’est finalement ce plan que va retenir le Führer pour son offensive du 10 mai 1940 avec une première attaque de parachutistes sur Liège, au coeur de la Belgique, puis l’invasion de celle-ci par le groupe d’armées B du général colonel Fedor von Bock (l’« enclume »).
Le généralissime français Gamelin, un incompétent notoire, va tomber dans le panneau en envoyant le gros de ses troupes au secours des Belges. Pendant ce temps, le groupe d’armées A du général Erd von Runstedt, fort de ses divisions blindées commandées notamment par le général Guderian et Rommel, franchissent en trombe les Ardennes. Comme prévu, elles prennent à revers les armées franco-anglaises (le « marteau »).
La première phase du plan Manstein, le « Fall Gelb » (« Plan Jaune »), entraîne l’enfermement des troupes alliées dans la nasse de Dunkerque, par un mouvement tournant de la Wehrmacht. Après quoi, le 5 juin, celle-ci applique le « Fall Rot » (« Plan Rouge »), autrement dit l’invasion de la France…
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