Le tribunal a anéanti le jugement de 2018 qui avait condamné Hervé Ryssen à un an d’emprisonnement ferme. Ne restent que des amendes. La XVIIe chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris a rendu hier vendredi 5 février 2021 ce jugement dans les deux affaires plaidées à l’audience du 2 décembre 2020. Le substitut Debarre avait requis non pas les deux ans fermes qu’il disait souhaiter grâce à la récidive, mais à regret huit mois fermes à cause de la confusion obligatoire des peines (croyait-il, de manière erronée).
Ce n’est évidemment qu’un début. Nous attendons pour la semaine prochaine le délibéré de la chambre 7 du pôle 2 de la cour d’appel de Paris, afin de savoir si seront enlevés de l’écrou huit mois qui ne sont pas définitifs et qui seront rejugés en mars. Nous avons fait appel d’une autre peine d’un an ferme pour laquelle nous avons formé une demande similaire. Enfin, concernant ce qu’il resterait de peine à exécuter, nous avons travaillé tant à une demande de confusion qu’à la solidité du dossier d’Hervé Ryssen dans le cadre d’un aménagement de peine ou d’une libération sous contrainte.
Compte rendu de mon activité de défense d’Hervé Ryssen
Hervé Ryssen ne disposait pas de moyens financiers. Il m’était tout simplement impossible de dégager le temps, l’énergie, d’engager les frais nécessaires, en bref de travailler sans ces moyens. Grâce à vous qui les lui avez offerts, grâce à la confiance que vous avez placée en moi, j’ai pu mobiliser quasiment tout mon temps et toutes les ressources de mon cabinet. Cette décision en est le premier bon résultat.
Dès septembre il a fallu d’abord travailler à reconstituer le « dossier Ryssen », qui n’existait pas, soit dix ans de procédures complexes liées à des livres, des vidéos, des faits et des gestes. C’était retrouver les informations, les analyser, ce qui suppose la mobilisation de beaucoup de temps et de matériel. Toute une série d’actes de procédure étaient urgents, comme des demandes de mise en liberté (trois ont été formulées, et deux par moi discrètement plaidées), une demande de grâce, un appel, la préparation des audiences futures, etc. Nous avons ainsi pu élaborer la stratégie qui vise à la libération d’Hervé Ryssen au plus tôt, sachant que dans le pire des cas il pourrait rester plus de cinq ans en prison.
J’ai employé les grands moyens, sans lésiner. J’ai pu, grâce à votre aide, engager les services de Pierre-Marie Bonneau, son défenseur historique, qui m’a secondé. J’ai également pris à la charge de mon cabinet certains frais de communication. À mes frais personnels, j’ai même pu apporter ma contribution aux moyens du vaste comité de soutien qui s’est informellement constitué, mobilisation qui a en particulier permis de commencer à payer les dommages et intérêts dus aux parties civiles et les amendes dues au Trésor public (condition absolument indispensable à l’allègement de la peine d’Hervé Ryssen).
Je n’ai pas ménagé mes efforts pour briser l’isolement et faire le lien entre Hervé Ryssen et sa famille, entre lui et vous, qui formez la frange vive de l’Opinion. D’où ce travail de communication et d’information, que j’estime crucial en matière politique, en lien avec la presse (la presse honorable, pas l’autre) : Médias-Presse-Info et Civitas, Rivarol, avec Jérôme Bourbon, et surtout le site internet d’Égalité & Réconciliation, grâce au travail de toute sa rédaction, que je remercie. Pardon à ceux que j’oublie. Salut aux amis de Twitter, en particulier à l’excellent @Kylecopain.
Grâce aux moyens que vous m’avez fournis, j’ai donc pu, exprès pour les dossiers Ryssen, renforcer l’équipe qui m’assiste habituellement pour les procès Soral. Outre mes assistants (deux personnes, dont un avocat) et Bonneau (ce qui avec moi fait trois avocats), il faut que je vous mentionne F., un très bon spécialiste de l’exécution des peines dont les conseils stratégiques et la maîtrise tactique ont été décisives, Éric Delcroix, mon conseiller pour les opérations spéciales, un pôle artistique de communication composé de Karlo et de Bruce Le Goy, et finalement une équipe d’une douzaine d’assistants pris en stage pour les besoins de la préparation et du bon déroulement de l’audience du 2 décembre. C’est ainsi que nous étions quatre à siéger sur les bancs de la défense, comme ont pu l’observer ceux qui s’étaient déplacés et qui ont pu, malgré l’afflux, pénétrer dans la salle. La LICRA se souviendra du 2 décembre 2020 comme d’un de ses jours noirs.
Remerciements pour le temps et pour l’argent
L’excellent résultat que nous venons d’obtenir n’est donc pas dû au hasard ou à un coup de chance, mais à un effort de soutien collectif. Une mention spéciale à Éric Sancery. Merci à Monsieur l’abbé Olivier Rioult qui sauve l’honneur de l’Église catholique et qui nous atteste de ce que le Christ est ressuscité et que l’Esprit saint continue de souffler. Merci à la rédaction de Faits & Documents. Merci aux scribes courageux et patients qui ont pris en sténo ma plaidoirie dont vous trouverez ci-dessous le verbatim. Merci enfin, last but not least, aux généreuses personnes dont le nombre doit se monter à plusieurs centaines. Je n’ai pas pu les remercier personnellement. Lorsque vous avez des centaines et des centaines de personnes qui prêtent, qui 5 euros, parfois moins, qui 10 ou 20 euros, ce sont autant de minces filets d’eau qui à la fin, avec l’ajout des pluies torrentielles du bénévolat, font de grands fleuves de moyens.
À ce sujet, la LICRA a bien étudié la possibilité de me poursuivre pénalement à cause de « l’appel aux dons » (en réalité un emprunt sollicité par Hervé Ryssen, sans intérêt et avec d’éventuelles remises de dettes) qui a été relayé sur le site d’Égalité & Réconciliation. Vous savez que la cagnotte Leetchi du Gilet jaune boxeur a été supprimée… C’est pourquoi, de mon côté, j’ai mis un point d’honneur à faire les choses dans les règles, d’une part pour que vous puissiez aider Hervé Ryssen, et d’autre part pour que l’on ne puisse rien me reprocher. L’entièreté des sommes reçues a été facturée directement à mon client (soit en tant que frais, soit en tant qu’honoraires, avec détail exact du temps passé et précision des taux horaires). Cela a un coût conséquent, puisque, comme vous le savez peut-être, un libéral est ponctionné par l’État de la moitié des sommes qu’il encaisse et dans la mesure de son chiffre d’affaire (TVA, URSSAF, cotisations ordinales, CNBF, assurances obligatoires, IR, etc.). C’était le prix fort à payer pour être inattaquable.
À l’heure où je passe le relais, rien n’est encore gagné, mais les choses sont maintenant bien sur les rails. Mission accomplie. Étant pris par d’autres affaires urgentes je suis rassuré de pouvoir confier les dossiers d’Hervé Ryssen au confrère qui m’a secondé depuis septembre et qui maintenant me succède.
Le 6 février 2021
Damien VIGUIER
VERBATIM DE LA PLAIDOIRIE PRONONCÉE LE 2 DÉCEMBRE 2020 PAR ME DAMIEN VIGUIER devant la XVIIe chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris composée de mesdames Sophie Combe et Roïa Palti et de monsieur David Mayel, monsieur le Substitut Étienne Debarre étant au Parquet, les diverses associations parties civiles étant représentées par Me Jean-Louis Lagarde (MRAP), Marie Mercier (SOS Racisme), Ilana Soskin (LICRA) et Stéphane Lilti (UEJF et J’accuse).
Hervé Ryssen faisait opposition de deux jugements respectivement en date de 2019 et 2018 qui l’avaient condamné à 120 jours-amende à cinquante euros et à un an d’emprisonnement ferme, respectivement pour contestation de crime contre l’humanité et diffamation raciale à cause du retweet accompagné d’un commentaire d’un photomontage juxtaposant l’affiche du film La Vérité si je mens 3 avec le portail du camp d’Auschwitz, et pour diffamation raciale et provocation raciale à cause de propos qu’il tenait dans une vidéo intitulée Les juifs veulent me faire taire, vidéo datant de 2015 mais dont il avait en 2017 retweeté le lien, lui aussi accompagné d’un commentaire.
La salle est comble. Une petite troupe d’agents de la police nationale en uniforme quadrille la salle et surveille l’assistance. Après déjà plusieurs heures d’audience, le parquet vient de terminer de prendre ses réquisitions.
***
Prologue
SOPHIE COMBE, présidente. — La parole est à la défense.
DAMIEN VIGUIER, avocat, se levant du banc des avocats de la défense. — Madame le Président, vous souhaitez que je plaide maintenant ou vous préférez faire une pause ?
SOPHIE COMBE, présidente. — Je pense qu’il faut plaider maintenant.
DAMIEN VIGUIER, avocat. — D’accord… (Se dirige au centre de la salle, face aux magistrats.) Puisque nous avons le masque je préfère parler au micro. (Sur les bancs des parties civiles, on commence à s’agiter et à chuchoter.)
Alors que j’entends déjà les premiers murmures, je voulais commencer, Madame le président, justement, au sujet du fait que — j’ai une certaine expérience des audiences — je suis systématiquement coupé. J’ai fini par comprendre pourquoi. Parfois je suis aussi coupé par le président, d’ailleurs. J’ai une prétention, qui est peut-être de la naïveté. Je crois foncièrement à l’innocence de mon client, et j’ai la naïveté de penser que je peux vous convaincre. Je pourrais vous convaincre, à condition que, chaque fois que la partie civile sent que j’ai là un argument qui peut-être pourrait porter, elle ne s’amuse pas à me couper, à faire des scandales, à demander que ce soit porté au plumitif, parce que ça, c’est une stratégie qu’ils utilisent systématiquement. Et de même, vous, Madame la présidente, je vous demande juste… je vous fais cette prière : si à l’audition de mes propos vous sentez d’un seul coup que votre conviction peut basculer et que vous pouvez vous dire « mais, finalement, il n’y a peut-être pas infraction », je vous demande de ne pas avoir cette réaction de défense qu’ont bien des présidents, qui consiste à me couper, à me demander de revenir au sujet, alors que tout ce que je vais articuler devant vous n’a qu’un but… n’a qu’un but, c’est d’obtenir effectivement la relaxe, principalement, de monsieur Ryssen.
SOPHIE COMBE, présidente. — Allez-y.
DAMIEN VIGUIER, avocat. — Donc je vous demande de… J’en appelle à votre rôle, de police.
SOPHIE COMBE, présidente (coupant la parole à maître Viguier) — Personne ne…
DAMIEN VIGUIER, Avocat. — Oui… Non, mais on a des murmures, je connais l’histoire. Ça arrive souvent…
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Présentation
Mon propos sera en deux temps. J’ai deux dossiers différents, justement parce que j’ai un propos principal qui consiste effectivement à soutenir que monsieur Lalin peut être relaxé… Pour moi les qualifications ne sont pas réunies, ce n’est pas possible…. Et subsidiairement, si, comme on dit, « par extraordinaire » vous veniez à entrer en voie de condamnation, j’ai un propos sur la condamnation et les peines. Voilà un plan en deux parties qui devrait toucher les juristes que nous sommes. Ah ! peut-être pas ?… Parce que de nos jours…
Alors, si vous voulez, il y a une idée générale. C’est que vous avez quelqu’un, avec Hervé Ryssen… vous avez quelqu’un qui est de bonne foi et de bonne volonté. Il est de bonne volonté sur la peine, j’y reviendrai tout à l’heure, et il est de bonne volonté sur les qualifications. Regardez : il vous a fait le cadeau d’un aveu. Il n’était pas obligé de le faire. Il savait, on le lui avait dit, qu’il n’y avait pas d’élément qui attestait le lien entre ce compte Twitter, un parmi des dizaines qui s’appellent Hervé Ryssen, et lui. Il n’y avait pas de preuve. Revoyez le rapport d’enquête dans le dossier 328 et dans le dossier 425, page 1 pour le dossier 328 et page 2 pour le dossier 425. On nous dit : « on n’a pas établi la relation entre Hervé Ryssen et le compte » : voilà. « On a interrogé Twitter, on n’a pas de preuve. » Il le savait, il aurait pu vous donner cette pierre sur le chemin, il ne l’a pas fait. Est-ce que ça, ce n’est pas de la bonne volonté, déjà ?
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PREMIÈRE PARTIE : RYSSEN EST-IL COUPABLE ?
J’aborde le fond, et uniquement le fond d’ailleurs, je ne vais pas m’attarder trop sur les qualifications, d’abord parce que iura novit curia, c’est votre rôle, le droit, et puis la loi a un peu changé et maintenant si on arrive à vous convaincre que ce n’est pas de la provocation vous pouvez vous rabattre sur l’injure, ou sur la diffamation, ou sur la contestation de crime contre l’humanité. Je vais essayer de répondre aux légitimes questions que vous vous êtes posées. Notamment votre assesseur. Madame Palti ! lorsque vous avez interrogé monsieur Ryssen, vous lui posiez des questions, questions d’ailleurs qui me rassurent, qui montrent l’objectivité et la sincérité, la curiosité avec laquelle vous abordez le dossier. Et je vais essayer simplement de vous apporter quelques éléments qui sont susceptibles, je l’espère, de vous éclairer.
Dossier I – Le Tweet « La Vérité si je mens »
Nous avons deux dossiers. Je commence — comme Monsieur le Procureur — par le dossier 328, qui est donc ce tweet avec le propos…
Putain de sa mère ! C’est Camus qu’a raison. On est les premières victimes de l’immigration, sa race.
Et
La vérité si je mens 3.
Avec ces quatre personnes – je pense que l’instruction l’a montré – ces quatre personnes qui sont les personnes auxquelles Hervé Ryssen, qui ne parle pas ce langage, prête le propos qui est dans son Tweet. Je pense que ça, ça a été établi. Il prête, de manière fictive donc, ce propos, aux personnages de La vérité si je mens : « on est les premières victimes de l’immigration ». Et d’ailleurs, quand il a fait ce message, il pensait effectivement – il vous l’a dit – au débat qu’il avait vu sur un plateau de télévision entre Édouard Valdman. qui se plaignait de l’immigration, en présence de Monsieur Finkielkraut qui se plaignait également de l’immigration…
Alors c’est compliqué d’analyser, de commenter un dessin, comme un photomontage. On pourrait y passer des heures. — D’ailleurs, à propos du temps que je vais mettre… Je ne crois pas avoir l’habitude de parler très longtemps, mais il y a quand même des années en cause. Ce n’est pas léger non plus. Il faut faire les choses sérieusement. — Je ne peux pas parler à sa place, il l’a fait très bien, je ne peux pas penser à votre place, mais je peux avoir mon avis. Cinq juifs séfarades disent « on est les premières victimes de l’immigration ». Est-ce que Hervé Ryssen a vu l’arrière-plan ? En tous cas, moi, quand je vois l’arrière-plan, à la lumière des propos qui vous ont été rapportés, des explications qui vous ont été données, ce que je comprends c’est : « voilà, on est encore des victimes, on est des victimes, on se plaint, on se plaint, de l’immigration, encore une fois ». Franchement je ne crois pas qu’il y ait eu, dans le regard de l’internaute moyen et chez Hervé Ryssen, l’idée qu’on est en train de nous dire en dessous d’Arbeit macht frei : « on a menti sur la Shoah, Y a pas eu six millions, Y a pas eu de chambres à gaz. Y a pas eu d’ordre. Y a rien eu. On a menti. » Je ne le crois pas.
Et il ne faut pas oublier que les gens qui voient le tweet d’Hervé Ryssen doivent être en petit nombre. Parce que – a-t-il vu ambiguïté et le danger de ce tweet ? – en tous cas vous noterez (c’est dans le rapport d’enquête page 1) qu’au moment de l’enquête le tweet n’était plus accessible au public. Donc ça c’est un tweet qui a été retiré par Hervé Ryssen. Il nous arrive tous de faire des Tweets parfois au mauvais moment, et on réfléchit, on voit les réactions, on les retire. C’est quelque chose qui est commun sur Twitter. D’ailleurs, il l’a dit, vous en tiendrez compte évidemment, on doit le plaider systématiquement devant vous je suppose : le fait qu’on est quand même sur Twitter ! On n’est pas dans la presse, on n’est pas à la télévision. Ce n’est pas un discours vidéo, c’est un tweet. C’est la loi du genre.
J’ai juste une remarque sur les qualifications. C’est que je soulève très formellement – je n’ai pas pris de conclusions, mais je le dis souvent – l’impossibilité de cumuler les qualifications. Je sais que c’est discuté, c’est une question technique difficile…
SOPHIE COMBE, présidente, interrompant l’orateur en s’adressant d’abord au greffier. — Monsieur le greffier, notez. (Puis s’adressant à Maître Viguier) Puisque ça n’apparaissait pas comme tel dans vos écritures.
DAMIEN VIGUIER, avocat. — Absolument. Non bis in idem.
SOPHIE COMBE, présidente. — Donc impossibilité de cumuler les deux qualifications.
DAMIEN VIGUIER, avocat. — Voilà. On choisit. On ne peut pas punir… pour un même fait on ne peut pas appliquer deux qualifications, deux infractions. Je sais que c’est une règle technique compliquée, mais c’est pour ça que justement je tiens très formellement à la soulever dès maintenant.
Encore une fois, je ne rentre pas dans le détail des qualifications, mais je ne crois pas que la loi Gayssot ait été faite – la loi Gayssot, qui incrimine la contestation de l’existence de crime contre l’humanité et qui est si contestée par des juristes, par des historiens et par quantité de personnes – ait été faite pour lutter contre de petites blagues sur Twitter. Il faut aussi ramener les choses à leur niveau… On a dit tout à l’heure qu’on ne le jugeait pas pour son œuvre, j’ai des doutes. Quand on voit que c’est pour un tweet, qui est resté je ne sais pas combien de minutes sur Twitter, c’est pour un tweet qu’il est poursuivi. Voilà. C’est le premier dossier. Je passe au second dossier qui est plus conséquent.
Dossier II – La vidéo Les juifs veulent me faire taire
Second dossier, le dossier 425. Je rappelle le contexte. c’est Hervé Ryssen qui tweete à nouveau le 16 octobre 2017… Le début de l’histoire, ce sont des propos, tenus le 4 avril 2015 [deux tweets], qui sont condamnés par un jugement le 13 octobre 2017. Il est condamné à deux mois. Le tweet [de 2017] fait le rappel d’une vidéo [de 2015] qui est postérieure au jugement. Les propos qui étaient condamnés effectivement déjà à l’époque c’était
Les juifs sont les premiers responsables du massacre de trente millions de chrétiens, en URSS entre 1917 et 1947.
Je reprends les propos.
D’abord il est important de noter le contexte des propos. Je me contente de ce qui figure dans le jugement – n’est-ce pas ? – et qui est poursuivi, dans l’incrimination. On aurait pu demander la projection de la vidéo en entier. Je ne parle que de ce qui est là, comme si j’étais à votre place, simplement connaisseur du dossier — et ne connaissant pas Hervé Ryssen.
Il faut noter déjà que la première phrase c’est :
Comme vous l’avez peut-être appris, j’ai pris deux mois de prison ferme, cette semaine, pour deux tweets.
C’est important parce que ça nous donne d’emblée le contexte dans lequel tout le reste du propos doit être compris. Il s’agit de quelqu’un qui vient d’être condamné et qui en informe le public. Il existe d’ailleurs dans la loi de 1881 une immunité journalistique pour celui qui rend compte d’un jugement. Là nous avons quelqu’un qui vient d’être condamné. Je sais que les parties civiles n’aiment pas que l’on communique sur ces affaires. Elles préféreraient que les choses se passent en secret. Qu’il n’y ait pas de publicité. Peut-être parce qu’elles ne veulent pas que les propos soient à nouveau rendus publics sous l’angle de l’information. Des procédures secrètes, peut-être même sans juges, seraient du goût de certains. Ça c’est sûr. En attendant on n’y est pas. On est devant les juges. Il y a un procureur, il y a des juges du siège, il y a des avocats… Et c’est public ! Et il me semble du droit le plus élémentaire d’un condamné qui a été déclaré coupable de communiquer sur ce qui lui est arrivé. D’ailleurs, bien souvent, c’est même ce que les magistrats réclament, de crainte que le condamné ait honte et veuille se cacher, voyez-vous ? Et on ordonne la publication dans la presse. Là, vous avez le condamné qui fait lui-même ce travail. Donc c’est très important, parce qu’il ne va faire que rappeler ce qu’il a dit et pourquoi il a été condamné. Moi je trouve que dans le fait de condamner quelqu’un qui rappelle pourquoi il a été condamné, il y a quelque chose de la cascade que je trouve tout de même un peu difficile à soutenir. Et y compris ce qui clôt à mon sens le sens de son propos, c’est quand il vous parle de la LICRA, d’Alain Jakubowicz qui poursuit. Voilà. C’est la première chose qui est importante.
Ensuite il nous dit
Deux malheureux tweets…
Comme il peut nous le dire aujourd’hui…
Le massacre de trente millions de chrétiens
Les juifs sont les premiers responsables…
Je vais faire l’exégèse du texte. Madame Palti, vous reprochiez à monsieur Ryssen d’avoir tout mis sur le dos des juifs. Non, les premiers responsables ça ne veut pas dire les premiers et les derniers. Il y a beaucoup de responsables, il vous l’a dit tout à l’heure. Moi je prends le terme qu’il a employé. Il dit
… les premiers responsables des trente millions de chrétiens…
Et j’ai toujours entendu dire qu’il y avait eu trente millions de morts en Russie [l’avocat de la LICRA n’était pas au courant]. Nous n’étions peut-être pas dans les mêmes écoles, mais moi j’ai toujours entendu ça. Mais ce n’est pas le fond du problème, évidemment.
… les premiers responsables des trente millions de chrétiens qui ont été exterminés…
Le terme ne me gêne pas…
qui ont été massacrés durant la révolution « russe », entre guillemets, entre 1917 et 1947. Cela correspond à une réalité puisque évidemment tous ceux qui connaissent le sujet savent très bien que la révolution n’a de russe que le nom.
Tout dans cette révolution bolchevique…
Là on approche du fond de l’affaire.
(La) révolution bolchevique correspond en fait à l’application terrestre de l’eschatologie juive, de leur manière de voir le monde, de cet idéal de paix, de monde sans frontières.
Là on est sur le propos d’un intellectuel, de quelqu’un qui a fait des recherches – on peut dire même que c’est l’œuvre de sa vie – qui a passé des décennies à travailler, à lire, à écrire. Et je sais que pour des juristes qui ne sont passés que par les facs de droit, qui ont quelque chose d’un peu asséchant culturellement, il peut être difficile de mesurer le sens de pareils propos : l’implication terrestre de l’eschatologie juive. Le mot, si on ne le comprend pas, peut faire peur. Mais Ryssen nous le rend bien. Lui, quand nous parlons « juridique » il ne comprend pas et il a peur, comme le commun des mortels. C’est ça qui est difficile avec votre chambre, parce que nous sommes sur l’expression, nous sommes sur la presse et vous êtes confrontés à des gens qui sont des écrivains, des intellectuels, des auteurs qui ne raisonnent pas de la même façon que vous, qui n’ont pas le même vocabulaire. Je passe rapidement en revue les propos. Mais je veux insister sur cette question.
La théologie de l’histoire
En fait, quand Hervé Ryssen vous parle d’eschatologie juive, c’est à ce moment-là qu’il se comporte en savant auteur d’une dizaine d’ouvrages et de centaines et de centaines de pages. Alors peut-être que ça vous dépasse, ça nous dépasse tous, le commun des mortels est dépassé, mais c’est quelqu’un qui a pris les choses avec sa formation, c’est-à-dire sa formation d’historien — il a une maîtrise d’histoire, — avec son expérience — il a enseigné l’histoire pendant trois ans dans des collèges et dans des lycées, il a passé des années à lire et à réfléchir, à travailler… Quand il commence à écrire, on est en 2005. La dernière année d’enseignement au collège, il la passe en 2002. Quand il arrive et qu’il vous parle de l’eschatologie juive, son propos se situe — je le situe — dans le cadre de ce que l’on appelle la philosophie de l’histoire, la théologie de l’histoire. Aujourd’hui nous ne comprenons plus ce que veut dire l’eschatologie. Nous n’avons pas la formation pour ce faire. Si je parle de sécularisation non plus. Et pourtant c’est le contexte qu’il est indispensable de comprendre pour lire clairement les propos que tient Hervé Ryssen au sujet de la révolution russe.
Le dernier qui a parlé de ces choses-là, c’est Emmanuel Todd. Lorsqu’il a parlé des catholiques zombies. En fait, c’est pas du tout une thèse d’Emmanuel Todd. C’est une vieille thèse. C’est qu’effectivement les croyances religieuses ne sont pas aériennes, elles ne sont pas dans le ciel. Les croyances religieuses ont des effets politiques. Ne serait-ce que par les idées, les actes qu’elles génèrent chez les croyants. Il y a ce que l’on appelle une théologie politique. La théologie n’est pas éloignée de la politique. Et ce que Todd et d’autres ont remarqué c’est qu’il y a un encadrement religieux de la théologie, mais il y a un phénomène – ce que l’on appelle de la sécularisation, c’est-à-dire quand les gens s’éloignent de l’Église, des rabbins, des évêques – un phénomène que Todd appelle « zombie ». C’est-à-dire : il y a des schèmes, il y a des schémas. Justement ,par exemple, un autre auteur – c’est embêtant parce que, si vous voulez, le propos de Ryssen se situe à un niveau qu’on a du mal, que vous aurez du mal à toucher – Marcel Gauchet, parle pour la catastrophe du vingtième siècle de schème eschatologique. Il ne s’agit pas d’une invention !
Le propos d’Hervé Ryssen se situe dans le cadre d’une science, avec des auteurs, avec des penseurs, avec des écrits. C’est une recherche. C’est une recherche qui remonte à loin. On pourrait citer Bonald, Donoso Cortès, Carl Schmitt — qui est le premier à avoir dit que nous ne comprenons rien aux idées politiques modernes, comme la démocratie par exemple, si on ne tient pas compte de ce concept de sécularisation. — C’est-à-dire que ces idées politiques, qui nous semblent… On nous enfonce dans le crâne que c’est de la laïcité et qu’il y a une séparation radicale entre le temporel et le spirituel. C’est faux ! La démocratie a des origines théologiques. Comme la monarchie. À l’origine, tout est mélangé. Théologie, politique, tout est mélangé. Écoutez (il rit) : les premières religions, c’est du droit constitutionnel. Vous avez l’assemblée des dieux qui délibère, qui juge. Comme vous aujourd’hui, Madame. L’idée, il y a trois mille ans, l’idée du juge c’est l’idée d’un dieu. Vous comprenez ?
Je ne prétends pas vous faire une conférence de deux heures sur la théologie politique, mais simplement essayer d’instiller dans votre esprit l’idée du continent… du continent de pensée qui se dessine derrière des propos comme celui-là. Sur ces questions on a des noms qui sont connus. Notamment Karl Löwitz — c’était un juif allemand — qui a fait toute une étude justement pour repérer, chez Saint Augustin, dans la Bible et chez Hegel, le processus, l’histoire de cette eschatologie. Et comment elle aboutit, effectivement, oui, au bolchevisme. Et au communisme. Et l’une des sources les plus repérées du bolchevisme, effectivement, il est dans la sécularisation du judaïsme. Ce que certains appellent le judaïsme politique. Je ne vous apprendrai pas que Karl Marx était le fils ou le petit-fils d’un rabbin quand même ? Bon.
Il y a quelque chose de sérieux dans ces écrits, et de réel. Il y a des idées qui se discutent. Vous comprenez ? Il y a des idées qui se discutent. Il y a une pensée. On n’est pas dans le propos qui est là pour dire du mal, pour diffamer, pour mettre sur le dos de quelqu’un des choses qui sont fausses et qui sont néfastes. On n’est pas là pour injurier. D’ailleurs au passage, quand on vous dit que les juifs en sont à l’origine et que la révolution bolchevique est juive, mais il y a beaucoup de juifs qui en sont très fiers. Très fiers. Ils le revendiquent. Ils en sont très flattés. « Merci de nous imputer le bolchevisme. Le communisme. Qui sont des idéaux extraordinaires. » Là c’est un point important, n’est-ce pas ? C’est que lorsqu’on dit quelque chose comme ça, d’un auditeur à l’autre, et puis aussi, il faut dire la vérité, d’un locuteur à l’autre, selon que ce soit Hervé Ryssen qui l’écrit ou quelqu’un d’autre, vous n’aurez pas la même lecture. Mais ne vous penchez pas sur qui est le rédacteur, qui est le locuteur, quelles sont ses intentions ? Mais sur l’auditeur neutre. Bon, Très bien. Il apprend que le bolchevisme ça vient du judaïsme. Très bien. Voilà une information intéressante à creuser. Moi, c’est comme ça que je le lis.
La science des schèmes eschatologiques
On n’étudie plus l’eschatologie. Je vous en parle en quelques minutes. Vous avez effectivement une opposition entre l’eschatologie chrétienne et l’eschatologie juive. Pour comprendre il faut lire Saint Augustin. Je sais que vous n’en avez pas le temps ; avec les dossiers que vous avez à traiter, c’est difficile. Dans l’eschatologie telle qu’elle bout dans les trois premiers siècles avant Jésus-Christ vous avez l’idée que le monde est mauvais. Ce monde est mauvais parce qu’il est la création d’un dieu mauvais. Mais un autre dieu va venir et le monde va être transformé. Il va être transformé et nous allons avoir un monde qui sera un monde de paix. Il s’agit très exactement des choses dont parle Hervé Ryssen. Il a d’ailleurs consacré un livre entier à cette question, qui est l’un de ses derniers, qui s’intitule La guerre eschatologique, en 2013 : Étude sur la manière dont est perçue la fin des temps dans les grandes religions. Texte fondamental qui permet de comprendre le triomphe de l’idéologie mondialiste, le déclin de l’Eglise catholique et la crise morale que traverse l’Occident. Voilà qui est fondamental pour comprendre le texte aujourd’hui en cause. Parce que, si vous ne comprenez pas en quoi l’eschatologie juive se distingue de l’eschatologie chrétienne, vous ne pouvez pas comprendre le lien entre l’eschatologie juive et le rêve communiste, la révolution communiste et donc la révolution bolchevique. Si vous êtes… Si vous devenez communiste deux secondes, je vous garantis que vous allez vous dire « écoutez, franchement, trente millions de morts, c’est pas grand-chose, vu ce qu’on va gagner derrière. Des millions de morts, c’est vraiment… De toute façon ils seront morts un jour. Aujourd’hui ils seraient morts. Et on aura un monde de paix. Donc étranglons le dernier cochon de bourgeois avec les boyaux du dernier prêtre, et ensuite ce sera la paix éternelle. » C’est ça le communisme, c’est ça le bolchevisme. N’est-ce pas ?
Le schéma est très simple. Avec les religions gnostiques dont est le judaïsme vous avez cette idée : le présent est mauvais, le monde est mauvais, il va y avoir un bouleversement et le monde d’après sera extraordinaire. C’est là le schème eschatologique. Je ne vous parle pas de croyances stupides. Je vous parle d’un schème qui permet de lire l’histoire. Et d’agir dans l’histoire. Le schéma catholique, le schéma chrétien — autant que j’ai pu le comprendre à la lecture de Saint Augustin et de certains auteurs du XIe siècle, — il part de l’idée que le bouleversement a eu lieu. Il a eu lieu. Dieu s’est incarné, il a été crucifié, il est descendu aux Enfers. Le monde de paix, il est maintenant. Nous sommes dans ce second monde. Et des mondes il n’y en a pas deux, trois, quatre, cinq, six, il y en a deux. Dans ces eschatologies, disons, chrétiennes ou judaïques, il n’y en a que deux. Donc le monde à construire avec l’aide du bon dieu, c’est maintenant. Comprenez-vous que là nous sommes dans une eschatologie qui est différente ? Vous allez comprendre. Parce que pour un chrétien la fin des temps ce n’est pas un nouveau monde après, la révolution ce n’est pas un nouveau monde après, la fin des temps c’est la fin des fins. C’est-à-dire qu’ensuite c’est terminé, c’est l’enfer ou c’est le paradis, il n’y a plus de terre. Je sens que vous me suivez, Madame le Président. Il n’y a plus d’univers, c’est terminé, le monde s’éteint. Vous comprenez ? Bon.
Voilà ce qu’on appelle des schèmes eschatologiques. Et c’est très important. Au XIe siècle par exemple on est persuadé que cette fin des fins arrive, elle est proche. Elle est proche et le signe qu’elle est proche c’est par exemple que l’Antéchrist est là. Je ne suis pas du tout hors de propos. Parce que chez certains chrétiens russes, quand ils voient arriver la révolution russe, de même que quand ils voyaient arriver Napoléon, pour eux c’était l’Antéchrist. C’était celui qui allait livrer la toute dernière bataille. Mais simplement l’Antéchrist il faut lutter contre lui. Si nous luttons correctement contre l’Antéchrist nous obtenons un répit, un sursis, pour ce monde bon. C’est la perspective — enfin, de ce que j’en ai compris — de l’eschatologie chrétienne.
Sur ces questions-là il y a peu de monde. Très peu de monde. Mais il y a des gens. Dont est Hervé Ryssen. Vous avez un auteur comme Hervé Ryssen qui est important sur ces questions-là. Je pense que beaucoup d’intellectuels ont pu être influencés par lui, par la lecture de ses ouvrages. Il est un peu comme l’a été au début du XXe siècle René Guénon. On apprend après que cette œuvre qui circulait quasiment sous le manteau a eu du poids, a eu une portée. Pourquoi ? Parce que pour moi Hervé Ryssen c’est l’exemple-même de l’écrivain. C’est une plaque sensible. Il est là pour ressentir les choses, et pour les exprimer, pour nous les faire comprendre. Ces dix livres qu’il a écrit c’est un témoignage qui est indispensable à notre temps. Dans des propos grandiloquents on disait sous la Révolution que l’écrivain devait être un mage ou un prêtre pour expliquer à ses contemporains ce qui arrive. Et la loi de 1881, qui est applicable aujourd’hui, elle a été faite, elle est là justement pour protéger des gens comme Hervé Ryssen. Voilà qui est extrêmement important.
Donc le judaïsme. C’est-à-dire les juifs. Nous ne pouvons pas refaire toute l’histoire du XXe siècle. Mais il y a effectivement eu un phénomène, avec les guerres napoléoniennes, d’émancipation. On a sorti… Les juifs sont sortis des ghettos. Et donc au lieu de travailler le Talmud ils sont entrés dans les universités. En Russie notamment. Et c’est ça qui a donné les premiers révolutionnaires « russes ». Et ça, tout ça Hervé Ryssen l’explique très bien. Il démontre exactement les choses. Je vous lirai un passage tout à l’heure.
La force têtue du fait
Quand il vous dit, ensuite, propos numéro 3 — j’ai numéroté, j’ai recensé huit propos :
Les intellectuels juifs ont vaguement conscience d’avoir commis une très grosse erreur avec le communisme. Mais rares sont ceux qui avouent l’écrasante responsabilité…
Madame Palti ! Il n’a pas dit la responsabilité exclusive (brouhaha sur les bancs des parties civiles).
SOPHIE COMBE, Présidente. — Maître ! « Madame le conseiller », ça serait bien.
DAMIEN VIGUIER, Avocat. — Madame le conseiller ! Il n’a pas dit l’exclusive responsabilité il a dit l’écrasante responsabilité. C’est une responsabilité qui est écrasante.
…de leurs congénères dans les atrocités et leur participation aux massacres de millions de chrétiens.
Quand je dis…
Propos numéro 4.
…Quand je dis que les juifs sont responsables de la révolution, des trente millions de chrétiens qui ont été tués entre 1917 et 1947, ça correspond réellement à une réalité, c’est une réalité.
Il y a des faits. Après il y a l’interprétation qu’on en fait. Lorsque je vous parle d’eschatologie, c’est tout le travail, toute la méditation, toute la réflexion d’Hervé Ryssen. Mais après il y a quand même des faits ! Enfin ! il serait quand même invraisemblable que devant la XVIIe chambre correctionnelle, qui a l’habitude de sanctionner la contestation de l’existence de crimes contre l’humanité quand il s’agit des évènements de 42 à 45 — parce qu’on n’a pas le droit de discuter de ces questions, — inversement, quand on commence à dire qu’il y a eu un génocide de chrétiens en Russie, on soit maintenant également condamné. Est-ce que nous allons avoir une nouvelle loi qui interdira de dire qu’il y a eu un génocide ? Alors là, c’est vraiment pas la concurrence mémorielle ! D’un côté vous avez un génocide qu’on n’a pas le droit de contester, et de l’autre vous en avez un qu’on n’a pas le droit d’établir, et dans un négationnisme qui est absurde ! Moi c’est la première fois que j’entends dire qu’on ne savait pas qu’il y avait eu des millions de morts en Russie. Et effectivement, Hervé Ryssen — avec qui je n’en avais pas parlé avant — vous a cité le nom qui vient à l’esprit. Il s’agit du grand auteur sur ces questions. C’est Ernst Nolte. Historien Allemand. Avec cette Querelle des historiens, dans les années 80 ou 90 je crois. Et lui dit que l’on ne peut pas comprendre le vingtième siècle si l’on continue d’isoler les événements qui ont eu lieu en Allemagne ou en Pologne après les années 30… Il faut forcément tenir compte de ce qui s’est passé : la Première guerre mondiale, 1917 etc. Donc là nous sommes sur des faits, sur des réalités. On vous a dit [l’une des parties civiles] « vous n’êtes pas le tribunal de l’Histoire ». Non, ne devenez pas sur ces questions le tribunal de l’Histoire. Enfin ! Quel sens aurait un jugement qui viendrait nous dire qu’on n’a pas le droit de dire qu’il y a eu trente millions de morts en URSS ? Ça ne tient pas debout.
Ensuite nous avons la couverture, l’image de la couverture du livre intitulé Les milliard d’Israël. Escrocs juifs et financiers internationaux. Bon. Ça fait référence à une autre affaire, parce que j’ai un arrêt d’appel effectivement où la couverture est condamnée. Mais là je n’ai pas noté que c’était particulièrement visé par la provocation ou la diffamation…
Nous avons le dernier propos qui porte sur le bolchevisme :
Les juifs sont les principaux responsables des atrocités commises en Russie entre 1917 et 1947…
Là c’est toujours la même idée.
Destruction des nations et du catholicisme
Puis nous avons ce propos qui dit :
Tout le monde y passera,
Effectivement, ce qu’explique Hervé Ryssen, c’est que toute cette population anarchisante, bolchévique, elle a été chassée des terres de l’Est. Elle est partie pour une bonne part aux Etats-Unis et pour une autre part en France… (Depuis le début de l’audience les policiers se croient permis d’intervenir ici ou là auprès des avocats ou auprès du public sans en référer à la présidence. Un agent vient de secouer brutalement un camarade qui s’était assoupi.) Mais, l’audience se déroule dans une atmosphère… C’est incroyable ! On ne peut rien faire, rien dire…
SOPHIE COMBE, Présidente. — On est dans une audience, on vous écoute.
DAMIEN VIGUIER, Avocat. — Oui mais on est sans arrêt interrompu par la police.
SOPHIE COMBE, Présidente. — Ah mais personne ne vous a interrompu.
DAMIEN VIGUIER, Avocat. — Non, mais tout à l’heure il y a eu un incident, je voulais soulever quelque chose mais le policier m’a demandé de sortir. Bref, je passe.
SOPHIE COMBE, Présidente. — S’il y avait quelque chose que vous vouliez soulever c’était auprès du tribunal.
DAMIEN VIGUIER, Avocat. — Oui, mais oui, c’est ce que je lui ai dit. Qu’il dise à la Présidente de voir ça. Mais vous savez, moi, devant les forces de l’ordre… Je suis un partisan de l’ordre.
SOPHIE COMBE, Présidente. — Poursuivez Maître.
DAMIEN VIGUIER, Avocat. — Bien. Alors donc c’est l’idée effectivement que toute cette population — Madame le conseiller, je ne dis pas cette engeance — toute cette population s’est retrouvée… (Les magistrats se parlent) Est arrivée en France où elle a continué sa révolution dans les années 20, 30, 40 etc. Regardez l’origine par exemple de Badinter. Regardez d’où viennent leurs parents, leurs grands-parents, c’est intéressant. D’où viennent certains philosophes du droit. Michel Troper. Il le dit lui-même — il a été mon Professeur de droit constitutionnel, — il dit : « moi, je viens de… mes parents ont été exterminés à Auschwitz… Je viens de l’Est ». Donc il y a beaucoup de gens comme ça. Et si ils ont ce projet messianique qui a pris forme, ce schème eschatologique qui s’est concrétisé sous la forme du communisme en 1917, il est vrai qu’il faudrait s’interroger sur ce que ce même schème eschatologique est susceptible de donner. Et il donne… Ça s’exprime très ouvertement.
Tout le monde y passera, c’est dans leurs gênes, c’est programmé si vous voulez, leur projet c’est un projet de destruction de toutes les nations…
Mais moi je n’ai jamais vu qu’une nation puisse pêcher ou qu’elle puisse être baptisée. La nation c’est un universel. Moi je ne suis pas une nation, vous non plus ni personne ici. Donc quand on dit la destruction des nations, c’est la destruction du système politique des nations. On n’est pas en train d’accuser les juifs de détruire, d’exterminer toutes les nations, enfin ! C’est invraisemblable ! En revanche, il y a dans l’idéologie dominante actuellement… Enfin ! il est tout de même incroyable d’être obligé de l’articuler. Mais je le fais. Il y a quand même une vision péjorative du nationalisme, et même de l’inter-étatisme. Enfin ! il y a quand même un rêve mondialiste. Rêve qui est partagé par beaucoup de gens normaux. Rêve qu’il n’y aurait plus de nationalité, plus de nation, plus de nationalisme. Et qu’effectivement la Terre serait organisée de manière hiérarchique avec des régions etc. Là, ce propos, « la destruction des nations », mais vous avez quatre-vingt pour cent des gens qui vont applaudir ! Je ne sais pas comment vous pouvez condamner ce propos comme de la provocation à la haine raciale. Chez l’auditeur lambda le projet de destruction des nations, s’il vient du judaïsme sécularisé, beaucoup vont vous dire « merci le judaïsme sécularisé. Heureusement qu’on a eu le judaïsme ». Vous comprenez ?
Ce sont des points importants. Parce que je trouve que l’on a tourné les choses d’une façon qui n’est fidèle ni à la pensée d’Hervé Ryssen, ni à ce qu’un lecteur neutre est susceptible de lire. Et c’est toujours à ce lecteur-là que vous devez penser. Vous ne devez penser — ça je l’ai déjà dit et c’est une idée importante, — quand vous analysez les propos vous ne devez pas penser à l’antisémite obsessionnel, parce que lui de toutes façons quoi que vous disiez il va tout de suite être dans quelque chose qui est antisémite… Bon, ça le regarde, d’ailleurs en soi ce n’est pas non plus une infraction. On est en train de se demander si les propos sont des provocations à la haine. Mais celui qui lit ça et qui est déjà antisémite, il peut très bien surinterpréter comme il le veut. Et ne vous fiez pas non plus à ce qu’il y a dans la tête de mes excellents confrères. Parce que vous savez, c’est la loi du genre, les avocats s’amusent à en rajouter, à se contredire. Mais c’est la loi du genre. Eux ils sont là pour vous dire, pour vous faire croire qu’ici on est dans une provocation à la haine raciale, et on veut vous faire croire qu’ici il y a… Quoi ? La volonté d’exterminer les juifs, peut-être ? Je pense que c’est ça. Quand on dit qu’il y a un projet politique et théologique de destruction des nations, moi je ne vois pas la provocation à la haine raciale.
Donc ils poursuivent leur projet, essentiellement en Europe, puisque c’est là qu’ils sont les mieux implantés, en Europe et dans les pays occidentaux, et leur projet en l’occurrence c’est d’abord de détruire la religion, le catholicisme…
Bon. N’avez-vous pas remarqué que le catholicisme subit quand même un certain nombre d’assauts, et assez réguliers ? C’est une thèse comme une autre de se dire que si le catholicisme est si mal en point c’est peut-être parce qu’il y a une idéologie qui serait du judaïsme sécularisé, il y a un schème eschatologique, peut-être, qui ne convient… Auquel le catholicisme pourrait ne pas convenir. Détruire la religion. La religion ! La religion non plus elle n’a jamais été baptisée. La religion elle n’a jamais pêché. C’est une idée complètement aérienne. On est dans l’aérien plus encore qu’avec la nation. Vous comprenez ? Donc, sur ces quelques lignes : voilà ce qu’elles disent ces quelques lignes. Après, encore une fois, le Droit ça vous regarde.
Alors on nous dit :
Cent pour cent du trafic d’ecstasy dans le monde est le fait de mafieux juifs, c’est la mafia juive…
Là pour ce fait comme pour tous les autres. Je le dis une bonne fois, mais je ne veux pas faire trop de Droit. C’est la bonne foi. C’est l’enquête sérieuse. Vous avez un livre, là, qui s’appelle La mafia juive, qui est de 2008. Racket, meurtre, trafic d’arme, trafic international de drogue, proxénétisme, blanchiment… Tout un livre là-dessus. Trafic d’œuvres d’art, traite des blanches, traite des noirs… Je ne vois pas… Et puis j’aurais tendance à dire « Et alors ? » Peut-être qu’il y a des gens qui apprécient l’ecstasy après tout. Le mot fait rêver. Je ne sais donc pas ce que ce propos vient faire là puisqu’il perturbe l’ensemble du message.
Les médias, le pouvoir et les juges
Mais en tous cas, pour revenir à la révolution de 17 et de 47, Monsieur Ryssen écrit et dit, c’est écrit dans le texte :
Si vous en avez pas entendu parler, c’est précisément parce que les médias aujourd’hui dans tout le monde occidental sont tenus par les cousins ou arrières petits cousins des bolcheviks de 1917, tout simplement, CQFD…
Là, je crains que si l’un d’entre vous, d’entre nous, se met effectivement en lisant le journal à regarder où étaient les grands-parents de tel patron de presse, celui qui vient de décéder récemment… Eh bien s’il n’est pas préparé, s’il n’est pas quelqu’un de cultivé, s’il n’est pas quelqu’un comme Hervé Ryssen, il risque fort d’être pris d’une sorte de délire. Vous savez, c’est arrivé à quelqu’un de très bien dans les années 10. Qui s’est mis à regarder les noms de tous les signataires dans les journaux, à Vienne. Il a fini par se dire « mais mon Dieu, il y a un complot ! » Donc dire que les médias sont tenus par les cousins et arrières-petits-cousins des bolcheviques de 17 me semble relever encore une fois du propos… Ah ! Voyez, c’est peut-être signe que là j’ai un argument, j’ai entendu un brouhaha…
SOPHIE COMBE, Présidente. — Plus que léger parce que…
DAMIEN VIGUIER, Avocat. — Oui mais moi ça me suffit, j’ai l’oreille fine.
SOPHIE COMBE, Présidente. — Nous étions concentrés sur vos propos…
DAMIEN VIGUIER, Avocat. — Ah… Vous me flattez.
Nous avons finalement un propos qui est important, parce qu’il vous concerne. Et j’espère que vous allez le faire mentir. C’est le grand propos qui est poursuivi pour provocation à la haine raciale, et qui conclut, qui revient sur le sujet. Il a été condamné, il parle de ça, il a été condamné pour ses propos sur 17 et 47, et pour lui c’est complètement aberrant et il finit par dire :
Tous ceux qui connaissent le judaïsme le savent, les juifs sont d’abord et avant tout des juifs….
Bon. Ça, ma foi…
Je vous parle des vrais juifs, pas des juifs déjudaïsés qui ont un arrière-grand-père juif et qui s’en foutent, Je vous parle des vrais juifs, ceux qui y croient. Alain Jakubowicz par exemple, le président de la LICRA ; lui il croit…
Il y a d’ailleurs ici présent des avocats qui une fois m’ont crié qu’ils étaient juifs, devant les magistrats.
… il sait qu’il est juif avant d’être français…
Bon. C’est un propos au sujet d’Alain Jakubowicz. Je ne pense pas que ce soit diffamant ni injurieux à son égard. Alain Jakubowicz… Ou alors il ne s’est pas plaint en tous cas.
parce qu’il ferait le même boulot de dénonciation,
Alors, ça c’est important. « Le même boulot. » Plus loin il va dire « que s’il était en Angleterre, en Allemagne ou aux Etats-Unis ». C’est vrai que si les parents ou grands-parents d’Alain Jakubowicz étaient allés aux Etats-Unis sans doute il serait membre de la… Comment on appelle cet organisme de lutte contre la discrimination ? L’Anti-Defamation League ! Et en Suisse il serait membre de la CICAD. Il ferait son travail comme il le fait. Bon ben voilà. Ce n’est pas… C’est un constat. Là encore qui ira reprocher ? Je suis désolé, mais je me mets dans la tête de quelqu’un qui se dit : « attendez, ces gens ils ont quand même été exterminés au vingtième siècle, on en a tué six millions, c’est quand même normal que leurs survivants qui ont vu tous leurs parents, leurs grand-mères passer dans les chambres à gaz, c’est quand même normal que ces gens luttent contre l’antisémitisme dès qu’ils en voient quelque part. Donc là je ne vois pas non plus ce que ce propos peut avoir de négatif. Hervé Ryssen ne fait qu’expliquer au public ce qui se passe. Alain Jakubowicz il porte plainte. Voilà. C’est tout. Et aujourd’hui ils portent plainte, tous.
parce que leur boulot c’est de porter plainte systématiquement contre ceux qui les dérangent, ils le font bien volontiers…
Alors voilà :
… parce qu’ils sont certains de gagner leur procès…
Alors ils ne les gagnent pas toujours. Il faut reconnaître qu’il arrive qu’ils perdent. D’ailleurs ils en font des colères. On a des articles dans Le Monde, on a des tribunes, on a le président du CRIF qui monte au créneau, qui fait des communiqués, les juges qui sont menacés, on l’a vu, dans des articles, les juges qui sont contestés dans leur travail, les juges du parquet, les juges du siège. Ça c’est vrai… Mais ! Comme je sais que vous êtes au-dessus de tout ça je ne me fait aucun souci.
… quasiment certains de les gagner, parce que le pouvoir en place leur est acquis…
Ça peut se comprendre différemment, toujours. Si vous êtes antisémite, ou si vous êtes membre de la LICRA, vous allez vous dire « ah oui, ça y est ! Le Protocole des Sages de Sion ! Ils tiennent le pouvoir etc. » Alors qu’en réalité c’est d’une banalité… Allez demander au Président de la République s’il n’a pas l’intention de défendre les juifs de France… Enfin franchement ! Il va vous dire « ah mais non, surtout pas, il n’est pas question de les défendre, et surtout en France on peut dire tout le mal qu’on veut, on peut crier mort aux juifs il n’y aura aucun problème ». Non. Il faut être sérieux. Evidemment que le pouvoir en place leur est acquis.
et puis les juges sont des juges serviles…
Oh non ! Alors ça vous allez le faire mentir, n’est-ce pas ?
… les juges sont des juges serviles, dociles, qui font exactement ce qu’on leur dit.
Je vous rappelle que nous sommes… Nous avons tous fait des études de droit et que c’est vrai que nous sommes dans un autre monde et ceux qui ne sont pas juristes ont du mal à se rendre compte du monde dans lequel nous, nous évoluons.
Donc ils portent plainte, c’est leur boulot, ils dénoncent sans arrêt. Et Alain Jakubowicz, le président de la LICRA, ben il dénonce à tour de bras, et il ferait le même boulot s’il était en Allemagne, en Angleterre, aux Etats-Unis. Bon en Pologne et en Hongrie en ce moment il aurait peut-être un peu plus de difficultés, en Russie aussi peut-être, mais là il est en France, il sait que pour le moment tout va bien… Enfin, pour le moment tout va bien. Oui et non. S’ils sont aussi vindicatifs, s’ils sont aussi énervés contre ceux qui s’opposent à leur pouvoir, c’est qu’ils sentent que le vent commence à tourner, et ils savent très bien que s’il y a un changement de régime, ça ne se passera pas de manière pacifique, ils le savent très bien de toute manière ils ont prévu leurs arrières, ils peuvent toujours prendre un avions billet pour Israël, avec tout ce qui leur appartient, j’allais dire avec leurs milliards, il y a aussi un petit peu de vrai là-dedans…
Épilogue pour la première partie
Je tenais à articuler posément chacun des propos qui ont été reprochés parce que bien souvent on passe trop vite, en réalité, sur le texte. Et juste, pour… Toujours pour essayer de faire gagner des mois, peut-être des années de prison à mon client, je me crois le devoir de vous lire quelques lignes de ses livres. Alors j’ai pris Le fanatisme juif, page 30. Il est question du judéo-bolchevisme. Le judéo-bolchevisme. Je ne vais pas vous lire trois pages. Je vais vous lire quelques lignes. Le nouveau régime issu de la révolution de février 1917 avait supprimé sans attendre la zone de résidence (je ne fais pas de commentaire) et proclamé l’égalité des droits. Immédiatement, de nombreux juifs investirent l’administration russe. Arkadi Vaksberg écrit, par exemple, dans son livre Staline et les juifs : « Signe des temps, le Juifs Heinrich Schreider devint maire de Petrograd, et un autre Juif, Oscar Minor, maire de Moscou. » Il n’y eut certes pas un seul ministre juif dans les trois gouvernements provisoires qui se sont alors succédés. « Abraham Gotz, leader des socialistes-révolutionnaires et vice-président du Comité exécutif central de Russie, et le menchevik Fédor Dan, membre du praesidium de ce Comité, refusèrent d’entrer au gouvernement, par crainte, justement, de provoquer une flambée d’antisémitisme… Toutefois, on nomma plusieurs vice-ministres juifs pour exercer des fonctions techniques, hors de toutes représentations publiques. » Voilà, à peine dix lignes. Et vous avez des notes avec la référence, les pages etc.
Moi qui suis docteur en droit, je sais ce que c’est un travail de fond. Je dois vous confier… Je le fais sans que même… À l’époque je ne connaissais pas Hervé Ryssen. La lecture de ses livres m’a beaucoup appris. Elle m’a appris notamment sur une chose qui restera quand même comme sa découverte, comme sa grande découverte. C’est cette question de l’inceste. Nous en parlerons peut-être une autre fois parce qu’il a été condamné pour des vidéos sur l’inceste. Mais là, lui-même, il n’a eu son attention attirée par cette question que parce qu’il a lu et qu’il s’est laissé imprégner, sans jugement et sans a priori, par des centaines et des centaines de pages lues. Dans la littérature juive, chez des auteurs juifs. Il a fini par percer quelque chose, quelque chose qui est fondamental. Je suis juriste, comme vous Madame le président, nous n’avons pas fait d’anthropologie. Mais la lecture des livres d’Hervé Ryssen m’a introduit à l’anthropologie. Parce qu’en réalité, ce qu’il a compris, c’est quelque chose de fondamental. Nous, Occidentaux, nous sommes dans une exogamie absolue, qui a quelque chose d’absurde, une exogamie exagérée. Mais les peuples orientaux, Juifs, Chrétiens orientaux, Musulmans, sont dans l’endogamie. Là vous pouvez lire Emmanuel Todd, entre autres. Ils sont dans une endogamie… Si vous saviez ! Le mariage avec la cousine, avec la fille du frère du père, c’est le mariage idéal dans une société endogame. Pour nous, toute cousine c’est de l’inceste. Donc Hervé Ryssen a vraiment les qualités du chercheur. Et c’est le chercheur — comme disait quelqu’un : « et vous trouvez ? » — c’est le chercheur qui trouve. Oui. Quand on a écrit dix livres, de dizaines et de dizaines de pages… Et nous ne désespérons pas qu’il obtienne quelque chose comme un doctorat honoris causa. Je pense que ça viendra. Et pour ce qui est de la reconnaissance de ses pairs, il l’a déjà. Elle est acquise.
Alors voilà, c’était, écoutez, Madame le président, c’était sur la question de la culpabilité. Peut-être que mon confrère insistera, enfoncera deux trois clous, sur la question des incriminations. J’ai parlé effectivement de la diffamation…
SOPHIE COMBE, Présidente (coupant la parole). — Je pensais que vous seriez le seul à plaider, Maître.
PIERRE-MARIE BONNEAU, Avocat (intervenant). — Je serai très bref Madame le président, je serai très bref rassurez-vous.
DAMIEN VIGUIER, Avocat. — Nous avons accordé nos violons. Et voilà.
SOPHIE COMBE, Présidente. — Merci…
DAMIEN VIGUIER, Avocat. — Donc là, pour résumer, nous sommes vraiment dans le domaine historique, nous sommes vraiment dans le domaine scientifique, nous sommes dans la recherche. Donc ça c’est pour l’aspect culpabilité. Vous allez évidemment le relaxer, je n’en ai aucun doute. Mais si par extraordinaire, comme on dit, il vous arrivait de reconnaître la culpabilité d’Hervé Ryssen, je voudrais donc vous parler de la peine.
***
SECONDE PARTIE : LA PEINE
Sur la négligence qu’il a pu avoir par rapport à ses précédentes condamnations — parce que ça rentre en ligne de compte — il vous a très bien dit que l’on ne peut pas être à la fois un chercheur et un écrivain et en même temps s’occuper de procédures, surtout quand on n’est pas de formation juridique et quand on n’a pas non plus les moyens de payer des avocats et d’entrer dans le cycle infernal des audiences et des procès. C’est un métier en soi. Par exemple, il vous en a donné une illustration avec l’acte qu’il a reçu récemment, qui était effectivement l’ordonnance de non-admission d’appel, pour un précédent appel qui avait été fait, et qui est illisible pour un non-juriste et qui se termine par « rappelons que notre ordonnance n’est pas susceptible de recours ». On a vraiment l’impression que là, avec les infractions, là on va être condamné, que l’appel est fini, que c’est terminé.
ÉTIENNE DEBARRE, Substitut (coupant la parole). — Et c’est bien ça…
DAMIEN VIGUIER, Avocat (répondant au Parquet). — Oui ? Mais ce n’est pas le cas parce que le jugement est contradictoire à signifier, il n’a pas été signifié…
ÉTIENNE DEBARRE, Substitut. — Si.
DAMIEN VIGUIER, Avocat. — Non. Il a été signifié à Parquet, et donc l’appel restait recevable. Et je l’ai fait ce matin.
ÉTIENNE DEBARRE, Substitut. — Il y a un appel…
DAMIEN VIGUIER, Avocat (coupant le substitut). — Nous verrons. Nous verrons.
SOPHIE COMBE, Présidente. — Est-ce que…
DAMIEN VIGUIER, Avocat). — Nous verrons parce que cette question-là regarde la cour d’appel évidemment.
SOPHIE COMBE, Présidente. — Voilà…
DAMIEN VIGUIER, Avocat). — Vous avez noté qu’Hervé Ryssen est en prison depuis plus de soixante-dix jours, on ne doit pas être loin de quatre-vingt-dix aujourd’hui.
Ça commence effectivement, il vous l’a dit, par une convocation en 2018 chez le juge d’application des peines. Il donne a priori son accord pour des travaux d’intérêt général. Puis pour faire quelques mois dans un établissement pénitentiaire non loin de chez lui, il dit : « écoutez, moi, j’accepte la prison ». C’était en janvier 2019. Et, comme il vous l’a dit, il attend une lettre qu’il ne reçoit jamais. Alors évidemment, c’est avec une parfaite mauvaise foi que l’on dit qu’il n’est pas joignable. Qu’il n’est pas atteignable. C’est très suspect cette façon de procéder. On fait semblant de ne pas savoir le localiser. Ça c’est vraiment quelque chose qui ne sera pas oublié.
Ce que je remarque c’est que — vous avez ce dossier, là — le 13 décembre 2019, donc un an après, on a un Soit-transmis qui parle de l’exécution d’une condamnation à de l’emprisonnement. Bien. Et puis c’est tout. Les mois passent. Et le 6 juillet 2020, récemment. Comme par hasard c’est le jour — c’est une coïncidence, hein ? — où Éric Dupond-Moretti est nommé premier min… Euh, pardon (rires) c’est un lapsus parce que dans certains pays le ministre de la justice c’est le chancelier, c’est le vrai premier ministre. Éric Dupond-Moretti est nommé ministre de la justice. Le jour-même on a un procès-verbal qui nous dit qu’il y a un téléphone du Parquet pour essayer de trouver Hervé Ryssen, il y a une autre enquête qui se déclenche. Le 10 juillet on a un second Soit-transmis pour huit mois. Vous regarderez les PV, c’est extraordinaire. Le 29 juillet, au passage, il y a l’arrestation d’Alain Soral, en pleine rue. Il est placé en garde-à-vue. Il y a la tentative de le placer en détention provisoire. Et effectivement le 2 septembre on a quatre nouveau Soit-Transmis — bizarrement tout le monde se bouge d’un seul coup. Ça traînait depuis des années, lui était prêt à faire deux/trois mois et d’un seul coup toute la machine se met en place. Et finalement, donc, le 17 septembre, il va directement en prison, non pas comme il le croyait pour deux mois, mais pour des condamnations définitives, cinq plus quatre, parce qu’il y a des absorptions, neufs mois. Et puis un jugement, dont il a fait appel, mais (c’est l’article 498-1 du code de procédure pénale) comme il était contradictoire à signifier, après l’expiration du délai d’appel le jugement devient exécutoire, donc cette peine a été portée à l’écrou comme les autres condamnations. Ce qui nous fait potentiellement neuf plus huit, dix-sept mois. La dernière affaire est en appel et par ailleurs on a déposé une demande de mise en liberté. Ce qui ferait que ces huit mois seraient sortis de l’écrou et à sa sortie il serait aménageable, et d’ailleurs il changerait de statut.
Parce que le fait qu’il soit à la fois détenu pour des condamnations définitives et condamné provisoirement, c’est-à-dire à la fois condamné et prévenu, entre les deux statuts, quand vous êtes à la fois condamné et prévenu, c’est le statut de prévenu, dans un établissement pénitentiaire, qui l’emporte. Ça a une portée extraordinaire. Par exemple, son père est décédé, il y a quelques jours. S’il avait été simplement condamné, il aurait eu une permission de sortir. Mais en tant que prévenu, il faut une autorisation de sortie sous escorte. Cette autorisation de sortie sous escorte a été accordée par le Parquet, quelques jours avant les funérailles. Le soir, la veille c’est sa famille qui est avertie qu’il ne sortira pas. J’ai fait les recours auprès du Parquet pour essayer d’obtenir la mobilisation de la gendarmerie ou de quelqu’un, parce que l’ARPEJE, c’est-à-dire l’autorité pénitentiaire qui s’occupe des sorties sous escorte n’avait pas suffisamment d’hommes, ni de moyens. J’ai formé également un recours hiérarchique auprès des services interrégionaux de l’administration pénitentiaire. Le résultat ? Eh bien ! c’est que Hervé Ryssen n’a pas pu aller aux funérailles de son père.
Il croyait être à Evreux, il est à Fleury-Mérogis, très loin de sa famille. Il est en maison d’arrêt. Ce qui est une gare de triage, avec du bruit constant. Avec des gens qui deviennent fous, avec des hurlements : voilà l’univers dans lequel il est. Et il est à l’isolement. Parce que quand on a vu la masse de courrier qu’il recevait on s’est dit « lui c’est quelqu’un, on ne peut pas le laisser avec tout le monde, quelqu’un de spécial ». Donc on l’a mis à l’isolement, ce qui en soi n’est pas mauvais. Mais quand vous avez l’isolement en période de confinement, en plus. Là vous avez quelqu’un, il est devant nous… mais j’admire sa résistance, parce qu’il a passé 70 jours isolé, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il a deux heures de sortie par jour, dans une courette, qui n’est pas la cour de promenade. Voilà sa situation. Sa peine, il la déguste. Il n’en rate pas une miette. Les autres ils tiennent en se gavant de calmants. Voilà, voilà comment on obtient la paix dans les prisons. Bravo la réinsertion. Le calmant, et puis le haschisch.
Les garanties de réinsertion
Son comportement à lui est absolument exemplaire. Exemplaire. Nous n’avons pas encore les rapports du SPIP [service pénitentiaire d’insertion et de probation]. Et surtout c’est le jeu de vous dire qu’il présente toute les garanties de « réinsertion »… Il est inséré dans la société, donc c’est un peu un non-sens de parler de réinsertion. Quand il sortira il aura évidemment son domicile, sa domiciliation, sa résidence, il a sa famille, il a sa femme, il a ses deux enfants en bas âge. Donc un logement. Et il a du travail. Il a le travail qu’on lui propose, qu’on lui proposera. Croyez-moi, il y a quantité de gens qui sont prêts à embaucher Hervé Ryssen à sa sortie. Ça ne va pas être difficile à trouver. Là j’avais un contrat de travail, je ne vous le donne pas. Je vous le montre de loin. C’est un contrat de travail. Un contrat à durée indéterminée. Je vous le montre pas, je vous dis pourquoi. Parce que tout à l’heure quand je l’ai présenté aux parties civiles elles ont voulu tout de suite prendre une photo. Et je sais très bien ce que ça veut dire. Ça veut dire que l’employeur aura des problèmes. Voilà. De même, pourquoi je ne vous donne pas le Livret de famille d’Hervé Ryssen ? Parce que… je préfère ne pas en dire plus.
Il y a une dernière chose qui est importante. On a dit « on n’a pas trace de paiements etc. » Ça arrive. J’ai un compte CARPA, comme tous les avocats. J’ai de l’argent sur ce compte CARPA qui est destiné au paiement des amendes d’Hervé Ryssen, pour commencer. (Remuements du substitut) Laissez-nous le temps de mettre en place les choses ! Il y a des virements qui se font, il y en a un qui a dû être fait encore hier matin. J’ai écrit à la trésorerie générale des Finances publiques — Monsieur le Procureur ! — pour le paiement des amendes : « C’est en tant que conseil de Monsieur Hervé Lalin que je m’adresse à vous. Mon client a fait l’objet de condamnations à des amendes, dont certaines restent peut-être impayées. A sa demande et en son nom je prends l’initiative de vous demander d’abord… » Et puis là je détaille les différents dossiers. J’ai l’accusé de réception. Ça c’est une pièce par contre que j’ai communiquée. Et je ne peux pas faire mieux qu’un bordereau de mouvement — c’est-à-dire que l’avocat doit justifier de l’argent qui rentre sur son compte et de sa sortie. — Donc là par exemple j’ai, qui sont entrés, 1.660 euros… J’ai fait un chèque à la LICRA. J’ai des bordereaux qui sont en préparation pour SOS Racisme, le MRAP, Avocats sans frontières, J’accuse, l’Union des étudiants juifs du France, et je vais ajouter les articles 475-1 du code de procédure pénale. Pour faire les choses bien. Comme il se doit. J’aurais bien aimé pouvoir vous donner la trace du chèque envoyé à la LICRA, qui est la première à laquelle j’ai pensé, mais j’ai pas pu parce que les fonds sont bloqués vingt-et-un jours. J’ai demandé la dispense à mon Bâtonnier. Je lui ai dit « écoutez, moi c’est pour la défense de quelqu’un qui est en prison ». Il m’a dit « je n’autorise pas ». J’ai la lettre comme quoi il n’autorise pas, j’ai le tampon de la CARPA qui montre que c’est sérieux. Je vais vous confier ces pièces, que je récupérerai, parce que ce sont des originaux.
Madame le Président, je vous remercie de votre attention.
SOPHIE COMBE, Présidente. — Merci Maître (etc.).
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Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation