Le capitalisme néolibéral a réussi à accélérer la croissance du PIB et des richesses matérielles. Mais il a provoqué des inégalités de revenu et des richesses, une réalité qui peut mettre en danger la croissance ultérieure de l’économie.
La démocratie libérale a échoué à remplir ses missions d’offrir le bien-être à l’ensemble des peuples à cause de l’incapacité des gouvernements à distribuer équitablement les fruits de la croissance économique.
L’incapacité des gouvernements s’explique par la domination du régime de néolibéralisme économique et de la culture de corruption chez des décideurs des politiques nationales.
Dans le présent article, nous parlerons de la tendance au déclin de la démocratie, de l’évolution des régimes, de l’échec de la démocratie libérale et du modèle de bataille de sauvetage de la démocratie en Corée.
La tendance au déclin de la démocratie
D’après des données récentes, la démocratie est en train de perdre sa force et sa crédibilité. En effet, entre 2005 et 2019, le nombre de pays où la démocratie s’est détériorée a augmenté de 52 à 64, alors que celui de pays où elle s’est améliorée a diminué de 83 à 37.
Quant à la répartition démographique des régimes politiques, voici quelques chiffres: démocratie pure (4,5% de la population mondiale), démocratie déficiente (43,2%), régime hybride (16,7%), régime autoritaire (35,6%).
Ces données indiquent qu’il y a une tendance au déclin de la démocratie. Ainsi, plus de la moitié de l’humanité vit dans des pays non démocratiques.
L’évolution des régimes
La démocratie est un système politique, tandis que, le capitalisme est un système économique. Le bien-être d’un pays se détermine en fonction des rapports entre la démocratie et le capitalisme. Ces rapports sont forcément conflictuels, car la démocratie a la mission de promouvoir le bien-être public de l’ensemble du peuple, tandis que le capitalisme a la fonction de maximiser des intérêts privés.
L’évolution du système politique se classifie selon la structure de pouvoirs politiques déterminant le destin collectif du pays. Quand une seule personne monopolise les pouvoirs politiques, c’est la monarchie absolue ou la dictature. Quand quelques personnes ont tous les pouvoirs, c’est l’oligarchie. Enfin, quand l’ensemble de la population détient les pouvoirs politiques, on parle d’une démocratie.
Par contre, l’évolution des systèmes économiques se dessine en fonction de la possession des capitaux, c’est-à-dire des moyens de production des biens et des services. Dans la mesure où l’État possède des capitaux, on s’approche du capitalisme d’État. Dans la mesure où les capitaux appartiennent aux propriétaires privés libres, c’est le capitalisme libéral. La grande majorité des régimes capitalistes de nos jours sont des capitalismes libéraux. Il y a aussi des capitalismes mixtes qui se distinguent par la coexistence du capitalisme d’État et du capitalisme libéral. La Chine est un grand exemple de capitalisme mixte.
Le défi politique traditionnel a été celui de trouver l’équilibre et de l’appliquer entre les intérêts collectifs poursuivis par la démocratie et les intérêts privés recherchés par le capitalisme. C’est le gouvernement national qui doit assurer un tel équilibre. Or, selon l’étendue et l’intensité des interventions de l’État, on a le régime du «laisser faire», le régime keynésien, le régime de néolibéralisme, l’État providence et le socialisme.
Dans le régime du «laisser-faire» qui était populaire au cours de la révolution industrielle britannique au 19e siècle, l’État n’intervenait que très peu et c’étaient les capitalistes qui déterminaient le sort socio-économique du pays.
Quand la Grande Dépression a frappé dans les années 1930, les capitalistes privés ne voulaient pas faire d’investissements risqués, l’État a donc décidé de prendre des risques en investissant des fonds publics dans de grands projets comme la construction de barrages. Le régime de l’époque était le régime keynésien qui consistait à revitaliser l’économie moyennant l’accroissement des dépenses publiques. Cependant, dans les années 1970, l’État n’était pas en mesure de solutionner les crises pétrolières et le rôle des entreprises privées s’imposait davantage, ce qui a donné le néolibéralisme, un régime dans lequel le rôle de l’État diminuait en importance.
Le néolibéralisme a pris naissance au Royaume-Uni et aux États-Unis et s’est généralisé dans la plupart de pays dont le Japon et la Corée du Sud. C’est ce régime qui a nuit le plus à la démocratie. Ce qui est troublant, c’est que l’impact nocif du néolibéralisme sur la démocratie pourrait s’aggraver davantage à cause de la crise liée à la pandémie de la COVID-19. Voyons donc de quelle façon le capitalisme néolibéral nuit à la démocratie.
D’une manière générale, le capitalisme néolibéral nuit à la démocratie de la manière suivante: l’inégalité de la distribution du revenu et des richesses privant l’État des ressources matérielles qui sont nécessaires à la production des biens publics, la violation de droits de la personne et la violation de l’égalité judiciaire.
L’échec de la démocratie libérale
Le néolibéralisme crée une distribution non équitable du revenu et des richesses à cause de l’évolution de la technologie de production des biens, du développement des régimes de libre échange, du système de compétition illimitée et de la culture de corruption. Au fur et à mesure que les technologies avancent, le profit des entreprises augmente et le PIB s’élargit au détriment des emplois, ce qui se traduit par une distribution du revenu et des richesses au profit des capitalistes privés et au dépend des gens ordinaires. Le développement des régimes de libre échange et des chaînes globales de valeur a eu pour résultats de faire fermer les usines manufacturières menant à la hausse du chômage des travailleurs. En outre, la compétition sans borne crée une situation dans laquelle seuls les plus puissants survivent, tandis que le revenu et les richesses se concentrent chez la petite minorité survivante. C’est une voie sûre de la distribution inéquitable du revenu et des richesses.
Mais la raison la plus importante de la distribution injuste du revenu et des richesses est la culture de corruption. Le capitalisme néolibéral est un beau piège de corruption. Au fur et à mesure que le gouvernement accepte que le néolibéralisme soit à la base de son fonctionnement, il faut qu’il accepte ce que demandent les corporations, mais à la condition de payer des pots-de-vin. Le gouvernement se soumet aux demandes des corporations de privatiser des corporations publiques, de baisser l’impôt des entreprises, de modifier des lois aux profits des corporations ou passer des nouvelles lois avantageuses pour les entreprises. C’est comme ça que la corruption se développe chez les leaders des milieux politiques, des affaires et de la bureaucratie. Si la corruption se répand dans une partie importante de la société, on a une culture de corruption et une communauté corrompue. Il en résulte des inégalités plus poussées dans la distribution du revenu et des richesses.
Aux États-Unis, la concentration des richesses et du revenu est telle qu’en 2019, 10% de la population la plus riche possèdent 70% des richesses nationales. Les 20% les plus riches reçoivent 52% de la masse totale du revenu, alors que les 20% les plus pauvres ne reçoivent que 3,2%.
Dans une telle situation, l’appauvrissement des coffres du gouvernement est inévitable et sa capacité à accomplir ses fonctions démocratiques s’affaiblit. Les fonctions de la démocratie consistent à offrir des services publics essentiels tel que, par exemple, les soins médicaux, l’éducation, la sécurité et des infrastructures sociales et industrielles.
Le capitalisme néolibéral empêche la démocratie libérale d’assurer les droits et libertés de la personne. La politique pro-entreprise amène le gouvernement à mobiliser les autorités policières et à violer la liberté de se rassembler pour critiquer les mesures gouvernementales anti-travail et anti-bien-être du peuple. De même, le gouvernement viole la liberté des médias qui critiquent les politiques pro-capitalistes au détriment des intérêts des travailleurs. La violation des droits et libertés est d’autant plus facile que la culture de corruption domine la vie quotidienne de la société.
Le capitalisme néolibéral compromet d’une autre façon l’une des fonctions de la démocratie libérale, à savoir l’assurance de l’égalité. En principe, chaque personne a droit à l’égalité devant la loi. Mais, dans le régime néolibéral où le gouvernement se fait dominer par les corporations et où le système judiciaire est corrompu, les mieux nantis qui sont souvent membres de la communauté corrompue ne sont pas pénalisés du tout ou le sont moins, tandis que les gens ordinaires sans relation avec la communauté corrompue sont pénalisés pour des crimes qu’ils n’ont pas commis ou pénalisés plus sévèrement pour leurs crimes.
Le 18 janvier, 2021, Lee Jae-yong, héritier du groupe Samsung, a été condamné à deux ans et demi de prison pour avoir donné des pots-de-vin de plusieurs dizaines de millions de dollars à l’ex-présidente, Park Geun-hye. Ceci peut sembler un évènement ordinaire aux yeux des gens qui ne connaissent pas bien la Corée du Sud. En Corée, le groupe Samsung jouit d’une très grande notoriété au niveau national, il est un symbole de puissance et la gloire du capitalisme libéral. Si bien que le groupe a été au-dessus des lois et le père et le grand-père de Lee Jae-yong n’ont jamais été condamnés en dépit de leurs nombreuses violations des lois. Dans un sens, la condamnation de l’héritier de Samsung est une victoire de la démocratie libérale sur le capitalisme néolibéral.
La bataille de sauvetage de la démocratie en Corée
En somme, la démocratie libérale n’a pas réussi à exécuter sa mission d’assurer la réalisation des désirs de l’ensemble de la population, et ce à cause du régime économique de néolibéralisme. En un mot, les dégâts du capitalisme néolibéral se résument en l’effondrement de la classe moyenne dont la survie dépend de la santé des entreprises de petite ou de taille moyenne(PME) et une distribution équitable du revenu et des richesses. Le malheur est que ces dégâts se sont aggravés davantage par la pandémie de la COVID-19.
La pandémie de la COVID-19 a rendu le gouvernement démocratique impuissant devant l’effondrement beaucoup plus poussée de la classe moyenne, la montée du chômage, l’accroissement du nombre de sans-abris, l’intensification de la faim des écoliers et surtout la destruction des PME. C’est la triste réalité des pays néolibéraux, surtout les États-Unis. Un grand nombre des PME ont disparu. Le nombre de sans abris augmente en flèche. Des millions d’Américains doivent compter, pour survivre, sur la nourriture distribuée par les banques alimentaires.
C’est la tragique réalité. La crise liée à la pandémie ne s’arrêtera pas de sitôt, mais, espérons-nous, elle se terminera un jour. Et, ce qui est prioritaire est sûrement la restauration de l’économie qui a perdu même ses fondements, avec notamment, la perte de nombreuses PME. Les gouvernements dont celui des États-Unis vont injecter des milliers de milliards de dollars en fonds de secours dans l’économie. Cependant, il est plus que probable que la plupart de ces fonds soit allouée aux grandes corporations et cela s’explique par deux facteurs. D’une part, ces grandes corporations ont survécu plus facilement grâce à leurs couches financières de sorte qu’elles peuvent soutenir plus facilement la reprise de l’économie. D’autre part, sous le joug du néolibéralisme, les grandes corporations et le gouvernement font partie du même groupe d’élites et de la même communauté corrompue de telle sorte que les grandes corporations vont recevoir la majeure partie des fonds de secours.
Cette situation renforcera davantage la domination des grandes corporations et la marge de manœuvre politique du gouvernement s’affaiblira. Autrement dit, la démocratie libérale se verra obligée de se reculer davantage. Comme porte de sortie, on a un choix. On peut songer aux autres régimes politiques. Il y a le socialisme pur n’est plus plausible. Un régime mixte comme celui de la Chine où la politique est l’affaire du parti communiste chinois (PCC) gérant les affaires nationales, alors que le système économique comprend partiellement le marché libre. Ou bien, il y a la démocratie libérale plus interventionniste. Appelons-le, si on veut, le régime néo-keynésien.
Avant de terminer, il y a lieu peut-être de jeter un coup d’œil sur les stratégies coréennes conçues pour sauvegarder la démocratie de l’ère post-Coronavirus. La démocratie coréenne a été la victime de l’impact nocif du capitalisme néolibéral, de la culture de corruption sous la dictature militaire-policière et de la corruption des gouvernements conservateurs.
Depuis la prise de pouvoir par le gouvernement progressiste, le président Moon Jae-in a choisi des approches différentes pour sauver la démocratie.
Le gouvernement de Moon Jae-in a pris le pouvoir en 2017 et s’est donné comme devoir de sauvegarder la démocratie. Pour ceci, le gouvernement Moon a adopté les orientations politiques suivantes.
Moon Jae-in a été élu grâce à la Révolution des bougies de 2017 portée par 27 millions de citoyennes et de citoyens représentant toutes les couches sociales. En fait, la base politique de Moon Jae-in n’est pas l’establishment politique, mais constituée de gens ordinaires. D’ailleurs, ce qui a permis la Corée de réussir à combattre la pandémie est la confiance du peuple en Moon Jae-in d’une part et, d’autre part, le souci sincère de Moon de servir les gens ordinaires. En fait, sans la collaboration spontanée du peuple, la Corée du Sud n’aurait jamais eu autant de succès dans sa lutte contre le virus.
Il convient de noter que le gouvernement coréen a établi un mécanisme de communication directe entre le peuple et le gouvernement en vertu duquel si plus de 200 000 personnes recommandent l’adoption de nouvelles politiques ou la modification de mesures existantes, la Maison Bleue (l’équivalent de la Maison Blanche aux États-Unis) doit réagir. Il est étonnant de constater la détermination et la sagesse des gens ordinaires. Ils ont souvent des idées beaucoup plus réalistes que les experts. En un mot, la force motrice de la démocratie vient des idées et de la collaboration du peuple. L’histoire politique mondiale nous apprend que des réformes ont rarement été initiées et effectuées par les élites, l’establishment, qui sont souvent corrompus. L’avenir de la démocratie ne dépend que du courage et de la sagesse des gens ordinaires.
Afin de solidifier le fondement de l’économie, le gouvernement Moon a appliqué des mesures incitatives pour renforcer les PME d’une part et d’autre part, pour stabiliser le pouvoir d’achat des gens ordinaires.
Pour la première fois dans l’histoire économique du pays, le gouvernement a créé un ministère des PME qui a comme objectif d’assurer la création d’emploi et le revenu des gens ordinaires. De plus, le gouvernement a adopté une série de mesures afin que les PME puissent recevoir une compensation juste pour leurs produits. De plus, dans certaines provinces, on expérimente «le revenu de base» qui consiste à donner aux citoyens un revenu sans conditions. Le but de cette expérience est d’assurer une demande intérieure de biens et de services, ce qui aura pour effet de soutenir la croissance de l’économie.
La politique la plus difficile est de nettoyer la culture de corruption qui s’est raffinée depuis six décennies sous les gouvernements conservateurs. Il convient de rappeler que sur six présidents conservateurs, cinq ont été condamnés à la prison pour leurs actes de corruption. Ceci montre l’étendue et la profondeur de la culture de corruption dont la source se trouve dans le capitalisme néolibéral.
En outre, la politique de Moon ayant pour but de nettoyer la culture de corruption consiste à punir les actes de corruption d’une part et d’autre part, d’effectuer des réformes institutionnelles. Depuis la prise de pouvoir par Moon, un président et une présidente appartenant à la famille conservatrice ont été condamnés à la prison. De plus, un nombre considérable de politiciens et de hauts fonctionnaires ont été jugés coupable pour des actes de corruption et ont été mis en prison. C’est un résultat impressionnant du gouvernement Moon dans ses efforts pour contrer la culture de corruption. Mais, il est clair que sans des réformes institutionnelles, la culture de corruption se développera.
Pour que la Corée du Sud se débarrasse de la culture de corruption, il lui faut avant tout réformer les médias et le système judiciaire. Les médias coréens sont financés principalement par des grandes corporations. Par conséquent, les médias jouent un rôle publicitaire pour les grandes corporations d’une part et, d’autre part, et protègent les politiques pro-chaebols des gouvernements conservateurs. Il n’y a pas de chiffre permettant de voir la proportion des médias qui font la publicité des chaebols, mais il se peut que plus de 90% des médias soient pro-chaebols et anti-Moon. Tout au moins, on peut identifier les meneurs des médias corrompus. Il s’agit de trois journaux conservateurs, qu’on regroupe sous l’appellation familière de Cho joong dong. Ils ont pour noms Cho-sun Ilbo, Joong-ang Ilbo et Dong-ah Ilbo.
La réforme des médias adoptée par le gouvernement Moon consiste à punir légalement les mensonges, les interprétations biaisées des évènements au détriment du gouvernement Moon et l’absence de reportages sur le succès des politiques du gouvernement progressif. Par exemple, les médias coréens rapportent que le taux de croissance du PIB coréen de 2020 est négatif à -1,8 %, mais ils ne disent pas que c’est la meilleure performance de PIB parmi les pays de l’OCDE. Les médias ne veulent pas admettre que le modèle coréen de la lutte contre la COVID-19est un modèle qu’envie le monde entier, mais, les médias n’en parlent pas.
En fait, la réforme de médias n’a même pas commencé. Il y a lieu de croire que c’est le même défi auxquels sont confrontés les pays démocratiques dont fait partie le Japon. Ce que veulent les médias coréens, c’est le retour du gouvernement conservateur pour qu’ils puissent continuer à bénéficier de richesses amassées par la communauté corrompue.
Enfin, sans la réforme du système judiciaire, il est difficile de nettoyer la corruption. En Corée comme dans d’autres pays démocratiques, le système judiciaire corrompu est la plus grand menace pour la démocratie. La police, les avocats et les procureurs ont le pouvoir énorme d’accuser, d’arrêter et de juger les gens. Si ces individus forment un cartel, ils peuvent jeter facilement en prison quiconque empêcherait la communauté corrompue s’amasser plus de richesses. C’est ce qui arrive en Corée du Sud. Nombreux sont les gens qui se battent pour sauver la démocratie et qui se retrouvent en prison. Heureusement, le gouvernement est en train d’effectuer une réforme majeure du système judiciaire.
Pour conclure, la véritable démocratie s’est dégradée depuis la montée du capitalisme néolibéral. Pire encore, cette tendance s’est accélérée à cause de la pandémie. De plus, la possibilité de sauvegarder la démocratie semble problématique à moins que le gouvernement ne s’éloigne de l’emprise des grandes corporations, et se dote de plus de ressources nécessaires pour assurer le bien-être des gens ordinaires et pour se libérer de la culture de corruption.
Le combat coréen pour la survie de la démocratie peut servir de modèle et donner au monde un point de repère.
Joseph H. Chung
Joseph H. Chung est professeur des sciences économiques et codirecteur de l’observatoire de l’Asie de l’Est (OAE) du Centre d’Études sur l’Intégration et la Mondialisation (CEIM), Université du Québec à Montréal (UQAM).(OAE-CEIM-UQAM)
Il est chercheur associé du Centre de recherche sur la mondialisation (CRM)
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