Le FSB a révélé une vidéo qui daterait de 2012 et dans laquelle on entend un proche collaborateur de l’opposant russe réclamer des « millions » et des renseignements à un diplomate britannique présenté comme étant en réalité un agent du MI6.
Vladimir Achourkov, directeur exécutif de la Fondation anti-corruption, l’ONG créée par Alexeï Navalny, a-t-il été en contact étroit avec les services de renseignement britanniques ? C’est ce que laisse entendre une vidéo des services de contre-espionnage russes datant de 2012 et révélée ce 1er février par le FSB.
« Si quelqu’un dépensait […] 10, 20 millions de dollars par an »…
Filmées dans un restaurant moscovite, les images montrent le militant politique, réfugié depuis 2014 au Royaume-Uni, attablé en compagnie de James William Thomas Ford, l’ancien deuxième secrétaire chargé des affaires politiques de l’ambassade du Royaume-Uni en Russie, présenté comme un agent du MI6 par les services de renseignement russes et surveillé à ce titre par le contre-espionnage.
« Si nous avions plus d’argent, nous agrandirions, bien sûr, notre équipe », déclare Vladimir Achourkov à son interlocuteur attentif, avant d’avancer une somme en millions de dollars : « Un peu d’argent… si quelqu’un dépensait, je ne sais pas… 10, 20 millions de dollars par an pour soutenir cela, nous verrions les choses différemment ».
Et au collaborateur de Alexeï Navalny d’estimer : « Et ce n’est pas une grosse somme d’argent pour des gens qui ont des milliards en jeu », sans préciser à qui il fait référence.
« Nous devons jouer sur des tableaux différents. Manifestations de masse, initiatives civiles, propagande, établir des contacts avec l’élite et lui expliquer que nous sommes des gens raisonnables qui ne vont pas tout démolir et ne vont pas leur retirer leurs biens », déclare à un autre moment Vladimir Achourkov, semblant détailler une stratégie politique.
Les précieuses informations du renseignement britannique
Dans un autre extrait, Vladimir Achourkov déclare placer beaucoup d’espoir dans les tensions politiques entre le Royaume-Uni et la Russie, et demande des informations du renseignement britannique sur des hommes d’affaire russes ou des membres du gouvernement : « Dans certains cas, nous n’avons pas de preuves directes, nos preuves sont indirectes […] Et si, vous savez… Je suis certain que les services secrets britanniques possèdent des informations reliant [Roman] Abramovitch, [Alicher] Ousmanov, des gens au gouvernement russe… Je pense que la Grande-Bretagne est un pays européen clé qui a un poids à jouer et qui durcit déjà sa position envers la Russie ».
Et au militant anti-corruption de faire valoir auprès du diplomate que l’ONG qu’il dirige est soucieuse d’agir dans l’intérêt des concurrents britanniques de la banque russe VTB : « Nous allons publier un rapport sur la banque VTB, en collaboration avec la société Henry Jackson [un think tank libéral et atlantiste] à Londres. Ce qui permettra de comprendre que VTB [Vladimir Achourkov se tait quand une serveuse passe] que VTB est impliquée dans la corruption, que la gestion des risques ne fonctionne pas, et nous faisons valoir qu’elle représente une menace pour les marchés financiers européens et leur intégrité parce qu’elle y est un acteur important ».
« Et cette banque rend la concurrence plus difficile pour des entreprises britanniques comme Lloyds, RBS ou Barclay’s », enchaîne-t-il visiblement soucieux de mettre en avant les intérêts britanniques dans les actions de l’ONG crée par Alexeï Navalny.
Au cours de cette rencontre, James William Thomas Ford a conseillé à son interlocuteur de collaborer avec l’ONG Transparency International, bénéficiant déjà de fonds britanniques.
« Je pense que la législation sur les agents étrangers sera bien sûr très importante pour cet automne », déclare-t-il au sujet d’une loi approuvée en juillet 2012 par le parlement russe obligeant les ONG bénéficiaires d’un financement étranger et engagées dans une « activité politique » sur le territoire russe à s’enregistrer comme « agents de l’étranger ».
« Nous apportons notre soutien à diverses ONG, comme beaucoup d’autres ambassades. Une fois que cette nouvelle législation entrera en vigueur en novembre, je pense qu’on y accordera beaucoup d’attention. Ils devront faire valoir qu’ils ne sont ni des agents politiques et ni agents étrangers », prévient-il.
« Nous finançons un projet qu’ils dirigent, principalement en Ukraine, mais aussi dans d’autres pays, sur le thème du gouvernement d’ouverture, ce partenariat de gouvernement d’ouverture. Nous élaborons un plan d’action pour la Russie », précise encore l’espion présumé.
« Nous sommes ouverts à la coopération mais nous ne pensons pas que ce sera efficace », déclare plus loin Vladimir Achourkov, en référence à un partenariat avec Transparency International.
Vladimir Achourkov, qui a quitté la Russie en 2014, y est recherché pour des allégations de fraudes au financement de la campagne d’Alexeï Navalny à l’élection du maire de Moscou en 2013.
En 2012, année lors de laquelle la vidéo aurait été enregistrée selon le FSB, un responsable du gouvernement britannique avait fini par reconnaître l’existence d’une affaire d’espionnage impliquant les services secrets britanniques en Russie, baptisée « Spy rock ». Des diplomates britanniques avaient en effet utilisé, en 2006, un dispositif wifi caché dans une fausse pierre, dans le cadre de missions d’espionnage en Russie.
« Le spy rock était embarrassant », avait reconnu, auprès de la BBC Jonathan Powell, ancien chef de cabinet du premier ministre de l’époque, Tony Blair. Il avait accusé Moscou d’avoir mis ce scandale sur la place publique afin de justifier le passage de sa loi sur les agents étrangers.
RT a contacté Vladimir Achourkov, James William Thomas Ford, ainsi que le Ministère britannique des Affaires étrangères et l’Ambassade britannique à Moscou, mais aucun n’ont donné suite pour l’heure.
source : https://francais.rt.com/international/
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