par Liliane Held-Khawam.
Canada. 81% des décès survenus au Canada pendant la « pandémie » de Covid-19 ont eu lieu dans les résidences de soins pour personnes âgées, soit près du double de la moyenne observée dans les pays de l’OCDE. C’est ce que révèle le rapport d’une institution réputée, très critique des soins de santé dans le pays.
Le 30 mars 2020 nous publiions un papier qui a beaucoup interpellé. On se demandait alors quelle corrélation il existait entre le taux de mortalité par pays et le niveau de l’épargne. Nous avions alors constaté que parmi les 15 pays qui présentaient le plus fort taux de mortalité par million d’habitants se trouvaient 12 appartenant à l’Eurozone (y compris Suisse qui en fait de facto partie), la Grande-Bretagne, et les États-Unis.
Nous avions aussi constaté que 14 des 15 pays qui sont les plus durement frappés par la mortalité au COVID-19 sont parmi ceux qui présentent aussi un niveau d’épargne parmi les plus élevés ! Quand nous savons que le taux de mortalité pénalise le plus les personnes âgées au bénéfice d’une pension de retraite, nous ne pouvons que conclure que les plus grands bénéficiaires de la pandémie sont les décideurs gestionnaires des actifs des caisses de pension !
Chaque décès de retraité réduit d’autant le poids de la charge.
Grâce à Covid-19, les comptes des États vont retrouver des couleurs qui se chiffreront au minimum en milliards
C’est un article publié hier en Suisse qui commence à faire les comptes et présente les économies substantielles réalisées grâce aux morts du Covid-19 : l’AVS économisera un milliard. Près de 8600 personnes ayant contracté le coronavirus ont déjà perdu la vie en Suisse. L’espérance de vie, en baisse, a des effets directs sur les assurances sociales.
L’effet sera le même du côté français. M Le Maire annonçait récemment que la réforme des retraites sera traitée après la crise.
Ce mercredi 27 janvier, Bruno Le Maire a confirmé l’intention du gouvernement de maintenir le projet de réforme des retraites une fois la crise sanitaire passée.
M Le Maire a raison d’attendre le recensement de la population âgée avant de s’embarquer dans la réforme. Plus l’hécatombe sera importante et moins la réforme sera pesante. Voilà donc une bonne nouvelle pour ceux qui auront réussi à survivre jusque-là…
C’est qu’entretemps, il y a le vaccin qui viendra remettre une couche sur l’hécatombe.
Car côté vaccin, les populations âgées n’ont pas été intégrées dans le protocole de validation dans nombre de produits, et pour d’autres comme Pfizer, elles l’ont été de manière non représentative. Contrairement à la Norvège qui l’a admis et a revu sa politique de vaccination.
La Suisse a commencé sa campagne par les personnes âgées et vulnérables. On a transformé en quelque sorte la population des personnes âgées en cobayes. Et si elles décèdent, la collectivité les remerciera pour service rendu en lui permettant d’économiser des milliards. À l’heure actuelle nous parlons de 1 milliard de francs (euros).
Attendons fin 2021 pour savoir à quel point l’affaire aura été juteuse. L’article ne dit pas qu’en plus du milliard d’épargne de l’AVS, il y a toutes les assurances complémentaires (LPP, assurance-vie d’un conjoint décédé, etc.)
*
Pour rappel, voici ce que nous avions publié ici en 2013…
L’avenir des peuples européens en question
Avec tout ce qui précède, on voit bien que l’État central est en voie de dissolution. Il laisse la place à un marché économique et financier qui impose ses impératifs et ses outils de gestion. La segmentation des territoires correspond à la segmentation d’une grande entreprise en plus petites unités d’affaires. C’est ainsi que l’émergence des régions est accompagnée d’une mise en place de structures et de contrôles financiers « indépendants » à tous les niveaux dignes des plus grandes multinationales. La région est gérée, cartographiée et analysée telle une entreprise privée.
Les outils de gestion à disposition actuellement permettraient facilement d’établir un hit-parade des régions rentables. Une politique de concurrence pourrait être mise en place entre les régions pour « stimuler » la compétitivité. On verrait alors toutes sortes d’incitations économiques, financières et politiques qui viendraient récompenser les régions « stars » et des sanctions tomber sur les derniers de classe. Les dirigeants des régions pourraient se voir offrir des bonus en fonction de leurs aptitudes à faire fructifier les revenus.
Le système de gouvernance que l’on a vu à ce jour basé sur une croissance par les dettes publiques pourrait s’intensifier. Cela mettrait encore plus – si c’est possible – la haute finance au cœur d’une recherche de rendement. Une baisse des dépenses et une austérité accrue pourraient être exigées par les créanciers faute de quoi des sanctions économiques pourraient tomber…
Au niveau du facteur humain, qu’adviendra-t-il de la solidarité qui a fondé les républiques, confédération et fédérations démocratiques ? Quel sera le statut de l’habitant de ces « NUTS » ? Sera-t-il toujours citoyen ou deviendra-t-il un centre de coûts et de profits ? Devra-t-il rendre des comptes de sa « productivité », de ses incapacités… ?
… et en 2016
La performance économique des foyers au cœur des statistiques suisses
Bien que nous l’ayons déjà présenté en 2013 dans la « La rentabilité au cœur de l’Europe des régions » vous trouverez (ici) ceci qui est absolument révolutionnaire en matière de statistiques suisses :
Indicateurs régionaux – Office fédéral de la statistique
Produit intérieur brut par canton
L’Office fédéral de la Statistique (OFS) publie annuellement des informations sur l’activité économique régionale en Suisse. Le produit intérieur brut (PIB) par canton et grande région permet de mesurer la croissance économique de chaque canton et grande région, tandis que la valeur ajoutée brute (VAB) par regroupements de branches d’activité donne des indications sur la structure des économies cantonales et régionales.
PIB par canton et grande région (stats 2016)
Un document publié par l’office fédéral des statistiques intègre définitivement plusieurs choses :
- Le PIB par canton puis
- La Valeur Ajoutée Brute par canton
- Le calcul de ces PERFORMANCES économiques par grande région.
Voici la nouvelle structure de référence qui permet de faire les calculs de la Valeur Ajoutée Brute (VAB) !
La définition de la VAB pourrait être celle-ci :
La valeur ajoutée [Value added] est le concept que l’on utilise pour mesurer la production d’un agent économique (c’est-à-dire d’une firme, d’une administration publique, d’une organisation non-gouvernementale ou d’un ménage) pendant une période donnée (généralement le trimestre ou l’année). On définit la valeur ajoutée comme étant la différence entre la production et la consommation intermédiaire. (source)
Le foyer privé est donc un agent économique de production !
Ce modèle est disons le très « performant » quand nous parlons d’une organisation économique et que nous désirons cartographier les centres de profit et ceux qui génèrent des pertes. On peut admettre techniquement que l’individu soit considéré comme agent économique de production sur son lieu de travail.
Mais nous ne pouvons nous taire lorsque le lieu où se déroule la vie privée de l’individu est abordé avec une philosophie de centre de production, qui selon le résultat de la VAB est soit profitable, soit déficitaire.
En orange, le secteur des ménages en tant que PRODUCTEURS !!!
Alors les questions pleuvent à ce stade parce que les mots utilisés ici ne sont pas anodins, nous n’en retiendrons qu’une seule : Que va faire cette société des foyers dont la VAB sont déficitaires ? Quant aux foyers profitables, ils seront une source de financement captive…
Chômeurs et rentiers sous le chapeau de l’administration publique !
Les comptes « coûts » des chômeurs et des rentiers sont agrégés dans les administrations publiques. Pourquoi donc ? Nous rappelons que ces groupes de personnes ont cotisé et épargné dans des caisses qui sont soit privées, soit gérées par des privées et des financiers du marché (Compenswiss entre autres).
Le fait d’avoir agrégé dans l’administration publique les assurances sociales alors que ce sont des entités autogérées par des banquiers et des financiers laisse songeur sur l’avenir de ces prestations… Seront-elles assimilées à l’aide sociale publique ?
Cet agrégat signifie aussi que lorsqu’un État est sommé par les marchés – via l’UE – d’appliquer des mesures d’austérité, les premiers comptes qui risquent de passer à la trappe sont ceux des administrations publiques. Donc les prestations des chômeurs, des retraités ainsi que les allocations maternité (LAMAT).
Les prestations de l’AVS sont prévues à la baisse. Au vu du graphique on peut comprendre le pourquoi… Le nombre de bénéficiaires de rentes AI a été divisé par 2 entre 2003 et 2012 et ce malgré l’augmentation de la population de 1 million…
Une approche statistique qui quantifie la valeur de l’humain
Nous pouvons craindre le pire avec cette cartographie comptable transposée à l’humain. Elle est critiquable de bout en bout puisqu’elle considère l’humain comme un outil de production et de valeur ajoutée.
Allons plus loin. La comptabilité analytique qui structure ce système – habituellement utilisée en entreprise – débouche soit sur des licenciements, soit sur un abandon de l’activité « non rentable » car à faible VAT. Mais quand le modèle ne parle plus d’entreprises mais d’humains avec des chômeurs de longue durée, des retraités ou des handicapés ces mots comptables deviennent cinglants et violents.
Un Régime dont l’idéologie comptable extrémiste semble avoir mis en place tous ses outils pour les appliquer à la gouvernance publique.
Pourquoi se donnerait-on autant de mal si le projet n’est pas de basculer d’une gouvernance publique étatique vers une gouvernance régionale privée ?
Et que fera-t-on des plus démunis ? Seront-ils considérés comme inutiles ? Le risque de dérapage de nature fascisante n’est pas loin…
source : https://lilianeheldkhawam.com/
Source : Lire l'article complet par Réseau International
Source: Lire l'article complet de Réseau International