Il n’y a pas de liberté sans le courage de la défendre
Vous avez entendu parler de ces profs d’université qui se retrouvent dans l’eau chaude parce que, dans un livre proposé aux étudiants, il y a un mot ou une idée qui heurte les sensibilités de certains jeunes en 2021.
Peu importe que le livre ait été écrit en 1863. L’idée de mise en contexte est malmenée aussi brutalement que l’œuvre et le prof.
Ces cas sont maintenant si nombreux qu’il devient impossible de tenir une liste à jour.
Universités inc.
Les administrations universitaires ne l’avoueront pas, mais elles ont peur.
Quelques-unes des plus grandes universités au monde – Chicago et Cambridge par exemple – ont réagi, réaffirmant avec force que la liberté académique, qui n’est pas la liberté de dire n’importe quoi, n’est pas négociable.
Mais la plupart des directions universitaires courbent le dos.
Quand un cas survient, on met le couvercle sur la marmite, on dira que c’est un cas isolé, et on se croisera les doigts pour que les médias n’en parlent pas.
Y aura-t-il un sursaut collectif du milieu universitaire ?
J’y crois de moins en moins pour trois raisons.
Premièrement, beaucoup de profs travaillent dans des domaines techno-scientifiques où ces questions délicates liées à l’ethnie ou à la religion se posent peu ou pas.
Quand vous leur racontez ce qui se passe hors de leur domaine, ils tombent des nues. Ils n’en savent pour ainsi dire rien.
Un aspect frappant du milieu universitaire est en effet le peu d’intérêt de beaucoup de profs pour l’actualité.
Deuxièmement, pour qu’il y ait un sursaut collectif, il faudrait qu’il y ait un esprit de corps, une solidarité et un courage partagés.
C’est mal connaître l’université moderne.
Le prof typique est devenu une sorte de PDG de sa microentreprise : il a ses subventions, ses projets de recherche, ses articles, ses colloques, ses réseaux de collaborateurs, son petit univers.
Hors de celui-ci, peu de choses lui importent. Tant que son petit monde va, tout va.
Je ne le blâme pas. Il suffit d’examiner les critères de promotion et d’octroi de la reconnaissance pour comprendre que ce comportement est le plus stratégique.
Pire, cette solidarité est d’autant plus inexistante que beaucoup ont déjà intériorisé cette idéologie culpabilisante et font de l’autocensure.
Troisièmement, les universités sont maintenant gérées comme des entreprises.
L’étudiant est considéré comme un client à satisfaire ou comme une statistique justifiant un financement public proportionnel.
Il faut donc éviter qu’il aille ailleurs. Les universités se concurrencent pour les attirer et les retenir.
Forcément, si l’étudiant est traité comme un client, on hésitera à lui donner tort, quand on ne lui donnera pas carrément raison en le confortant dans son ignorance satisfaite.
Trahison
C’est un reniement de la mission des universités telle qu’on la concevait depuis le 13e siècle, qui est de produire des connaissances nouvelles sans plier devant les idéologies dogmatiques.
Mais la majorité des acteurs du milieu s’en foutent, trop occupés par leurs petites affaires.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec