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.L’arrestation de Alexei Navalny à Moscou dimanche, a été saluée, comme on pouvait s’y attendre, par un tonnerre de protestations au sein du bloc atlantique. Le blogueur avait été condamné pour détournement de fonds dans le cadre d’une affaire dans laquelle la société française Yves Rocher, présente en Russie depuis de longues années, était partie prenante. Condamnation à trois ans de prison assortie d’une liberté conditionnelle pour lui permettre de faire campagne aux élections municipales. Son frère, co-accusé, lui, a purgé sa peine.
Suite à un soi-disant empoisonnement, mais un vrai malaise, et après avoir été soigné dans un hôpital d’Omsk, il a été autorisé, suite à une demande faite par son épouse au président russe, à aller se faire soigner en Allemagne. Je ne reviens pas sur la suite rocambolesque de son voyage à Berlin, nous l’avons déjà mentionnée.
Plusieurs mois après sa sortie de l’hôpital berlinois, la justice russe lui a fait savoir qu’il était en infraction et devait se présenter à elle, dans le respect des termes de sa libération conditionnelle. Ce qu’il a fini par faire après que la police allemande se soit elle-même chargée de son enregistrement à l’aéroport de Berlin. Avait-on peur qu’il ne parte pas ? Pourquoi ? Il est vrai que ces mois de « convalescence » l’avaient quelque peu éloigné des feux de l’actualité…
Il est arrivé un dimanche soir à Moscou, a été arrêté à l’aéroport et les messages de protestation ont été envoyés, quasi immédiatement, de diverses chancelleries, dont le quai d’Orsay, protestations reprises par les médias de grand chemin.
On nous parle partout de traiter avec la Russie « sans naïveté » ou d’une « position de force ». Pour « traiter » il faut être deux (au minimum), a-t-on réfléchi à la façon dont ces comportements sont vus par les citoyens russes ? C’est vrai, le monde occidental est entré dans une période « post-vérité » dans laquelle la vérité n’est que l’histoire inventée par celui qui a le plus de puissance pour la diffuser et la répéter. Mais la Russie est toujours dans un monde où les accusations, pour être prises au sérieux, doivent reposer sur des preuves concrètes. C’est vrai, les dirigeants occidentaux n’ont plus beaucoup de considération pour leurs citoyens. Mais ce n’est pas le cas en Russie.
Et on nous parle de « naïveté »…
Il n’y a ici aucune tentative de juger les positions de chacun, je suggère simplement de réfléchir à l’image que tout ceci donne des pays occidentaux en Russie, en Chine aussi, d’ailleurs. Réfléchir à l’état d’esprit des interlocuteurs russes avec qui nous allons négocier. Tous les négociateurs expérimentés vous diront que c’est un élément important à prendre en compte. Quelle crédibilité ces pays peuvent-ils avoir, aujourd’hui ?
D’ailleurs, les pays occidentaux n’ont-ils pas intégré, consciemment ou inconsciemment, ce facteur, eux qui ne parlent plus qu’en termes de sanctions…
Mais aussi, quelle crédibilité peuvent avoir des pays, qui s’élèvent contre l’arrestation d’une personne justement condamnée pour détournements de fonds et escroquerie, mais tolèrent que l’on emprisonne dans des conditions frôlant la torture, un journaliste qui n’a fait que révéler les turpitudes réelles des armées de l’OTAN au Moyen Orient.
source : http://associationfrancorusse.fr
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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