Condamné en son absence à dix ans de prison pour le viol d’une octogénaire à Saint-Etienne, François Di Pasquali a été interpellé mercredi 20 janvier à proximité de Barcelone.
Quelques jours avant son procès à Saint-Etienne en 2016, François Di Pasquali avait pris la fuite. Europol
Par Vincent Gautronneau
Son visage rond et son crâne dégarni, s’étaient affichés en octobre dernier sur le site d’Europol. Au-dessus trônaient alors ces deux mots : « Most Wanted ». Fugitif le plus recherché de France, François Di Pasquali, 48 ans, a été interpellé mercredi soir dans la banlieue de Barcelone lors d’une opération coordonnée par la Brigade nationale de recherche des fugitifs (BNRF). Il s’agit du premier Français inscrit sur la liste des « Most Wanted » d’Europol à être interpellé.
Le viol d’une octogénaire en 2009
En 2009, une femme âgée de 84 ans et atteinte de la maladie d’Alzheimer, se perd dans les rues de Saint-Etienne. François Di Pasquali l’aborde et lui propose de la raccompagner chez elle, à quelques kilomètres du centre-ville. Une fois chez elle, l’octogénaire est violée, mais elle n’a aucun souvenir précis permettant d’identifier son agresseur. Du sperme est toutefois trouvé sur une serviette, mais l’ADN récolté n’est pas dans le fichier national des empreintes génétiques (FNAEG).
Trois ans plus tard, Français Di Pasquali est rattrapé par la justice. En avril 2012, il tente d’écraser sa femme avec sa voiture et est condamné à 18 mois de prison avec sursis. Son ADN est alors prélevé et matche avec celui extrait de la serviette trouvée chez l’octogénaire. Di Pasquali, mis en examen pour viol et placé en détention, nie les faits et explique avoir simplement répondu aux avances de la femme âgée.
Absent de son procès
Après six mois en prison, le quadragénaire retrouve la liberté en janvier 2013. Il travaille dans un restaurant stéphanois, respecte à la lettre son contrôle judiciaire et ne fait pas parler de lui malgré « son profil très inquiétant ». En juin 2016, Di Pasquali doit enfin être jugé par la cour d’assises de Saint-Etienne. Quelques jours avant le procès, il prend la fuite et est condamné à 10 ans de prison.
Pendant des années, les recherches ne sont pas franchement actives et le quadragénaire coule des jours tranquilles. « Il n’avait pas l’ancrage traditionnel des voyous en cavale ce qui rendait sa traque moins conventionnelle », note le patron de la BNRF, le commissaire Jacques Croly-Labourdette. Faute d’indics prêts à le balancer dans le milieu, d’anciens associés bafoués, les enquêteurs de la BNRF, saisis en début d’année 2020, décident donc de se concentrer sur les proches du quadragénaire.
Les policiers ont ainsi la conviction que Di Pasquali a conservé des contacts dans la région de Saint-Etienne. L’enquête est difficile, les proches du fugitif très discrets et prudents. Les spécialistes de la traque apprennent toutefois quelques détails intéressants. D’origine sicilienne, Di Pasquali a des relations capables de l’héberger en Italie. Autre indice : sa compagne est d’origine espagnole et pourrait avoir fourni divers points de chute au fugitif de l’autre côté des Pyrénées.
Une fausse identité
Pendant des semaines, les proches de François Di Pasquali sont surveillés en France, en Italie et en Espagne. Mais le quadragénaire reste introuvable. Finalement, mercredi 20 janvier au matin, les policiers de la BNRF passent à l’action et perquisitionnent quatre points de chute potentiels du fugitif dans la région de Saint-Etienne. Di Pasquali n’est pas là, mais les perquisitions sont fructueuses. Des traces d’échanges entre le fugitif et un de ses proches sont découvertes. L’examen de cette correspondance laisse penser que le quadragénaire a récemment séjourné dans un appartement de la banlieue de Barcelone.
Il faut aller vite et éviter que le fugitif ne s’envole une nouvelle fois. La collaboration européenne est efficace, et quelques minutes après la découverte des policiers français, leurs homologues espagnols se mettent en planque devant un immeuble de la banlieue de Barcelone. Les heures passent et rien ne bouge.
Vers 20 heures finalement, un homme sort du bâtiment. Di Pasquali porte un masque contre le Covid, a pris quelques kilos, mais n’a presque pas changé. Il présente un passeport italien avec une fausse identité, puis reconnaît rapidement être le fugitif recherché par la France. François Di Pasquali doit être présenté ce jeudi devant la justice espagnole à Madrid et devrait rapidement être extradé en vue d’un nouveau procès.
Source : Le Parisien
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