Le Québec aurait avantage à augmenter son intégration aux pays francophones pour son développement et la protection de sa langue. Cela pourrait être particulièrement important en Afrique dont la démographie et le développement sont en forte croissance.
Selon le rapport du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone publié en début janvier, il aurait atteint 524 millions de locuteurs, une hausse de près de 2,3 % par rapport à l’année dernière. Cela confirme la tendance qui en fait le groupe linguistique croissant le plus rapidement dans le monde. Il devance désormais celui des arabophones ayant 454 millions de locuteurs et en augmentation annuelle de 2 %. Les hispanophones, au nombre de 470 millions, croitraient de 1 % annuellement. Cette plus grande utilisation du français dans le monde peut aussi être constatée dans les statistiques des visites sur Wikipédia. Environ 9 milliards de pages francophones y auraient été consultées en 2020, une augmentation de 5 % en un an.
Le pays où vivent le plus de francophones, n’est plus la France, où ils sont 67,9 millions, mais la RDC avec ses 91,1 millions. L’Algérie les suit avec 44,8 millions. Pour leur part, le Maroc en aurait 36,8 millions et Madagascar 28,1 millions. Avec ses 25 pays francophones, le continent africain cumule donc 430 millions de personnes pouvant lire ce texte sans le traduire. C’est plus de 82 % de la population francophone totale. Les villes africaines occupent maintenant huit des 10 premières places du classement mondial des métropoles francophones.
L’Afrique francophone a aussi le plus haut taux de croissance de sa population de tous les autres continents. Il tourne aux environs de 2,7 %. Si on ne prend que la partie subsaharienne, cette croissance monte à 3 % et il reste beaucoup de territoire disponible pour loger les nouveaux habitants. L’espace francophone africain est considéré comme étant sous-peuplé avec une densité quatre fois moins forte que l’Union européenne (avant le Brexit). Il a aussi une population jeune.
Selon les Nations unies, les Africains ont un âge médian de 19,7 ans, soit près de la moitié de celle des Nord-Américains qui est de 38,6 ans. Cet essor démographique vient avec une embellie économique dans les pays composant l’Afrique francophone subsaharienne, devenu le moteur de la croissance africaine. De 2012 à 2019, ces pays ont enregistré une croissance moyenne annuelle de 4,4 % en comparaison à 2,8 % pour le reste de l’Afrique subsaharienne.
Nous vivons donc en ce XXIe siècle l’émergence démographique et économique des francophones, et ce, plus particulièrement en Afrique. Or, le magazine Les Affaires publiait sur son site web le 9 décembre dernier un dossier intitulé « Les promesses africaines ». Jean-François Venne commençait son texte avec cette phrase assassine, si on la compare à ce qui a été dit plus haut : « Le continent africain demeure largement inexploré par les exportateurs québécois. » Environ 779 millions de dollars de marchandises québécoises y auraient été envoyés en 2018.
La présidente de la Chambre de commerce Québec-Afrique (CHAQUA), Catherine Frenette, affirme dans ce texte qu’« Il y a 1,2 milliard d’habitants sur ce continent et pourtant il ne compte que pour à peine 1 % des exportations québécoises. C’est bien trop peu ». Elle y constate aussi le grand marché de consommateurs à conquérir. Les entrepreneurs de la belle province y seraient actuellement présents dans le domaine minier, des services professionnels, de la formation, de l’environnement, juridique et financier.
Compte tenu des dernières statistiques du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone, ne serait-il pas temps pour le gouvernement du Québec de passer à la vitesse supérieure dans ses relations avec le moteur démographique de la francophonie? Les Québécois peuvent encore plus fournir de quoi éduquer la population africaine et la faire prospérer. En contrepartie, les Africains pourraient aider les Québécois à conserver et même faire croitre leur langue en Amérique.
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