… mais c’est nous qui en déterminerons le moment
Grande interview annuelle du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 27 décembre 2020, sur la chaîne libanaise panarabe Al-Mayadeen. Cet entretien a duré près de 4 heures.
Transcription :
Journaliste : […] Y a-t-il des informations indiquant un risque d’attaque américaine et/ou israélienne avant le départ de Trump ?
Hassan Nasrallah : Personne ne possède de données précises, d’informations sûres et fiables selon lesquelles Trump ou l’ennemi israélien vont lancer une opération quelconque dans les jours qui nous séparent du 20 janvier, si le type [Trump] finit par se soumettre au résultat des élections [Rires] et quitte la Maison Blanche. Mais il y a des analyses en ce sens, surtout avec une personnalité de ce calibre, atteint de tant de folies : l’arrogance, l’imprudence, l’effronterie… Surtout que ce fou est maintenant dans une grande colère : c’est un fou en colère. Tout le monde s’attend à un tel acte (de folie) et à une telle éventualité, qu’il s’agisse des acteurs extérieurs aux Etats-Unis comme l’Iran, le Liban ou la Palestine, ou ailleurs : même à l’intérieur des Etats-Unis, de grands dirigeants des deux partis, Démocrate et Républicain, sont inquiets quant à ce que pourrait faire ce Président en colère et fou durant les prochains jours, [redoutant le pire]. Nous ne pouvons donc pas nier cette possibilité. Mais je considère que tout ce qui a été dit (à ce sujet) n’est qu’analyse, et ne se base pas sur des informations claires et avérées. Même les rapports sur l’envoi d’un sous-marin israélien nucléaire dans le Golfe persique, via le canal de Suez, ne sont pas vrais, (Israël n’oserait jamais faire une telle chose). Vont-ils faire quelque chose (de stupide) ou pas ? N’est-ce qu’une guerre psychologique pour dissuader d’éventuelles actions armées contre les soldats & intérêts américains avec l’approche du premier anniversaire de l’assassinat de Soleimani et al-Muhandis ? Tout cela est possible.
Bien sûr, l’Axe de la Résistance [Iran, Syrie, Hezbollah, Irak, Yémen, Palestine] est très vigilant et attentif durant cette période, et doit veiller scrupuleusement à ne pas être entraîné dans une escalade, dans le moindre point de cet Axe, à une confrontation (de grande ampleur) non mesurée, à une guerre (totale) dont le timing serait celui choisi par nos ennemis. Bien sûr, la guerre (ouverte contre les Etats-Unis et Israël) adviendra (inévitablement) un jour ou l’autre, mais nous parlons de ce timing actuel (qui n’est pas celui que nous souhaitons ; c’est nous qui choisirons le moment de la Grande Guerre de Libération du Moyen-Orient).
Journaliste : Mais ne pensez-vous pas que les menaces sont particulièrement pressantes ? Netanyahou menace, le chef d’état-major israélien menace…
Hassan Nasrallah : Lorsque les Israéliens menacent ouvertement et élèvent publiquement la voix, sache que ces menaces ne recèlent rien de concret. C’est ainsi que je comprends les choses : (plus Israël menace, moins il y a de risque de guerre). Nous restons vigilants et prêts à tout, 24h/24, sur tous les terrains, mais c’est notre analyse : le tapage médiatique énorme est un indice qu’il n’y a rien de sérieux à craindre, que ce n’est que de la guerre psychologique, qu’ils essayent seulement de dissuader des membres de l’Axe de la Résistance de faire quoi que ce soit contre eux (c’est une posture défensive).
Voir Pour mettre fin à une guerre des nerfs insoutenable, Israël implore le Hezbollah de riposter
Journaliste : Que pensez-vous de la visite du chef d’état-major américain Mark Milley en Israël ? Dans quel cadre ?
Hassan Nasrallah : Notre analyse à ce sujet, et c’est une analyse et non une information, est que cela a à voir avec les mois et années à venir. L’administration Trump va partir, et une nouvelle administration va prendre sa place. Il se dit qu’elle aura une approche différente vis-à-vis de la question palestinienne, de la résolution du conflit israélo-palestinien et israélo-arabe : par exemple, peut-être qu’elle soutiendra la solution à deux États, rejetée par Trump & Netanyahou, ils ont une vision différente des détails de l’Accord du Siècle que souhaitait imposer Trump. Avec l’Iran, il est question du retour de l’administration Biden à l’accord sur le nucléaire, ce qui inquiète énormément les Israéliens et d’autres (pays du Golfe), etc. Ainsi, le gouvernement israélien est inquiet face à la nouvelle administration US. Remarque que ce n’est pas le Secrétaire d’État à la Défense ou le Secrétaire d’État qui sont venus : ces personnalités ne seront plus à leur poste avec la nouvelle administration. Mais concernant l’État-major, en règle générale, il ne change pas fondamentalement avec la nouvelle administration, sauf exception. Je pense que ce n’est pas Trump qui a envoyé Mark Milley, mais l’administration Biden, avec un message visant à rassurer Israël quant à l’étape à venir. […]
Voir également : Nasrallah : ‘Il faut célébrer la défaite de Trump sans se faire d’illusions sur Biden’
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