Par John Kiriakou – Le 11 janvier 2021 – Source Consortium News
Le président élu Joe Biden a finalement nommé un nouveau directeur pour la CIA, l’un des derniers hauts responsables choisi pour sa nouvelle administration. À la grande surprise de beaucoup d’entre nous qui suivons ces événements, il a nommé le diplomate de haut niveau Williams Burns à ce poste. Burns est l’un des diplomates américains les plus respectés de ces trente dernières années. Il a habilement servi les présidents des deux partis et est connu à la fois comme un réformateur et un défenseur des droits de l’homme.
Burns est actuellement président de la Carnegie Endowment for International Peace, un important groupe de réflexion sur les affaires internationales basé à Washington. Il a été secrétaire d’État adjoint sous le président Barack Obama, ambassadeur en Russie sous le président George W. Bush et ambassadeur en Jordanie sous le président Bill Clinton. Il a joué un rôle essentiel dans les négociations qui ont conduit à l’accord nucléaire avec l’Iran et a consacré une grande partie de sa carrière au processus de paix au Moyen-Orient. Burns a rejoint le Foreign Service en 1982.
Lorsqu’il a annoncé la nomination de Burns, M. Biden a déclaré :
Bill Burns est un diplomate exemplaire qui a des décennies d’expérience sur la scène mondiale pour assurer la sécurité de notre peuple et de notre pays. Il partage ma conviction profonde que le renseignement doit être apolitique et que les professionnels dévoués du renseignement qui servent notre nation méritent notre gratitude et notre respect. Le peuple américain dormira à poings fermés avec lui en tant que prochain directeur de la CIA.
Le message de Biden est clair : la CIA ne sera pas dirigée par un pirate politique comme Mike Pompeo, un initié de la CIA comme John Brennan, ou quelqu’un associé aux crimes de torture, aux prisons secrètes ou aux restitutions internationales de la CIA comme Gina Haspel. L’organisation sera plutôt dirigée par quelqu’un qui a l’expérience des négociations avec les ennemis de l’Amérique, qui a l’habitude de résoudre les problèmes plutôt que d’en créer de nouveaux, qui a consacré une grande partie de sa carrière à promouvoir la paix plutôt qu’à créer la guerre.
Quelle réponse dans les rangs ?
Mais la question est de savoir quelle sera la réponse du personnel de la CIA à la nomination de Burns ? Je peux vous dire, sur la base de mes 15 années d’expérience à la CIA, qu’il y aura deux réactions. Au niveau opérationnel, les analystes, les opérateurs et les autres continueront leur travail de la même façon, quel que soit le directeur. La plupart des agents de niveau opérationnel ne se soucient même pas de savoir qui est le directeur. Cela n’a pas d’importance pour eux. Ils ne rencontrent jamais le directeur et les politiques élaborées à ce niveau supérieur n’ont généralement pas d’impact sur eux au quotidien.
Aux niveaux supérieurs, ceux des dirigeants, les agents de la CIA auront deux états d’esprit. Certains accueilleront Burns et son professionnalisme. Ils accueilleront un directeur qui n’attire pas la mauvaise presse en raison d’un passé de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. (Même s’ils ont soutenu ces crimes au moment où ils ont été commis, l’attention de la presse est toujours malvenue). Ils accueilleront un directeur qui n’a pas dirigé de prisons secrètes à l’étranger. Ils accueilleront un directeur qui n’a pas été pas en charge de Guantanamo. Ils accueilleront un directeur qui n’a pas été chargé de maintenir une « liste de gens à abattre » secrète.
D’autres en voudront à Burns, cependant, comme ils en voulaient à l’amiral Stansfield Turner, parce qu’il venait de l’extérieur. Turner avait été nommé par le président Jimmy Carter pour « nettoyer » la CIA. Turner a ensuite licencié un tiers des officiers opérationnels de la CIA, dont certains n’étaient qu’à quelques mois de leur retraite. Il a ensuite été unanimement décrié, et n’a jamais retrouvé la confiance du personnel de l’agence.
Ce n’est pas le style de Burns. Ce n’est pas un officier militaire qui exige la fidélité. C’est un diplomate, un négociateur. La CIA doit être nettoyée. Sa politique doit être réformée. S’il doit y avoir une CIA, je me sens mieux avec Bill Burns à sa tête. Nous devrions juste lui laisser suffisamment de temps pour qu’il puisse au moins commencer.
John Kiriakou
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone
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