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Hier soir, Alexeï Navalny a atterri à Moscou et, comme annoncé par le Service fédéral russe d’Exécution des Peines, a été interpellé à l’aéroport pour violations multiples des conditions de son sursis. Immédiatement, les États-Unis et plusieurs de leurs États satellites, dont la France, exigent la libération du « prisonnier politique » – condamné pour escroquerie et détournement de fonds. N’étant plus utile en Allemagne, il a été retourné en Russie, où désormais le seul intérêt qu’il présente pour ses sponsors, vu son incapacité à organiser des mouvements de masse, c’est en qualité de victime. Mort ou vif. En a-t-il seulement conscience ?
Alors que Navalny finit, de mauvaise grâce, par annoncer son retour en Russie (voir notre article ici), l’Allemagne a envoyé son dossier judiciaire à la Russie. En revanche, notre héros « victime d’un empoisonnement par Poutine » n’a pas voulu que son dossier médical soit transmis. Surprenant, il pourrait ainsi sans problème prouver qu’il a été soigné pour empoisonnement au novitvchok. Ou pas … Ensuite, hier après-midi, à Berlin, des policiers ont enregistré Navalny et sa femme pour leur vol en direction de Moscou. Certes, on peut y voir un souci de sécurité … ou la volonté d’être certain du départ. D’autant plus que l’Allemagne déclare en même temps estimer que la Russie fera le nécessaire pour faire le jour sur ce qui s’est passé et que, de toute manière, c’est à la Russie de mener l’enquête.
Rappelons quand même que Navalny n’a pas été condamné pour ses nombreuses activités politiques, mais pour escroquerie et détournement de fonds. Pas très joli pour un « combattant de la liberté » ou le fameux « Premier opposant à Poutine » à 2%.
Les membres et collaborateurs des différents fonds de Navalny se sont dirigés vers l’aéroport de Vnukovo, autant que les forces de l’ordre. S’il y avait du monde, quelques centaines de personnes et beaucoup de passagers, on ne peut pas dire que le retour du grand combattant a déplacé les foules populaires, qui ont d’autres priorités. Pour éviter les dérapages, dans l’après-midi, l’accès à l’aéroport a été limité aux personnes munies d’un billet et plusieurs meneurs ont été interpellés.
Finalement, l’avion de Navalny a été dérouté vers un autre aéroport moscovite, comme d’autres avions, officiellement en raison de problèmes techniques à Vnukovo. Navalny a immédiatement été interpellé dès son approche du contrôle des passeports, après avoir eu le temps de donner une interview sur le mode « trémolo-patriotique ».
Maintenant, nous assistons au cirque habituel du « Libérez le pôv dissident ! », même si parallèlement, le sort disons, au hasard, de Assange, ne dérange absolument pas ces bonnes consciences mondiales. Le Département d’État a publié un communiqué officiel donnant le ton :
« Les États-Unis condamnent fermement la décision de la Russie d’arrêter Alexeï Navalny. Nous notons avec une vive inquiétude que sa détention est la dernière d’une série de tentatives visant à faire taire Navalny et d’autres personnalités de l’opposition et voix indépendantes qui critiquent les autorités russes ».
La suite, sans surprise, il est innocent de tout et doit être libéré, et la démocratie, et les droits de l’homme, etc. C’est quand même dommage d’avoir réussi à discréditer des idées, qui étaient si belles au départ …
L’union faisant la force, autant que la continuité, côté Biden, son conseiller en sécurité se fend d’un tweet, qui semble lui aussi oublier que le système judiciaire existe en Russie et qu’il est souhaitable de remplir ses obligations envers lui. En tout cas, on comprend, au cas où un doute aurait pu encore subsister, que les relations américano-russes ne vont certainement pas s’améliorer.
Les pays européens, parfaitement dociles, ne restent pas en dehors de la danse, comment le pourraient-ils de toute manière ? Les républiques baltes, à la pointe de la russophobie au sein de l’UE, font une déclaration conjointe, par laquelle non seulement elles condamnent l’interpellation de Navalny, mais trouvent que c’est une excellente occasion pour prendre quelques sanctions de plus contre la Russie.
L’UE, par la voix du Parlement européen reprend la litanie et semble émettre un nouveau principe juridique, celui de l’immunité judiciaire des personnes sortant de l’hôpital, pendant que la France se sent très concernée, préoccupée, vigilante. Quelle chance de voir ce que devient le pays des droits de l’homme, enfin de certains.
Suite à ces réactions, qui s’enchaînent comme une machine bien huilée, la porte-parole du Ministère des Affaires étrangères a invité ces pays à respecter le droit international, à ne pas porter atteinte à la législation nationale des pays souverains et à s’occuper … de leurs affaires.
En Allemagne, Navalny a rempli sa fonction : il a permis de lancer une nouvelle vague d’accusations contre la Russie, de tenter de la présenter comme un pays terroriste utilisant des armes chimiques contre les particuliers. Le rôle du dissident expatrié luttant contre le « régime » est certes beaucoup plus confortable, mais déjà pris par Khodorkovsky. Navalny, s’il ne peut organiser des soulèvements de masse (ce qui est le cas), ne présente plus pour ses sponsors qu’un intérêt en Russie et en victime « du régime », en prison.
source : http://associationfrancorusse.fr/
Source: Lire l'article complet de Réseau International