En cette période de l’année où nous nous souhaitons une bonne année et, encore plus cette année que les autres, tous nos vœux de bonne santé, il me revient en mémoire qu’il y a exactement 20 ans, un scandale commença à s’ébruiter concernant des essais cliniques sauvages faits en 1996 au Nigéria.
Il s’agissait d’essais faits dans le dos de la population, qui servit ainsi d’échantillon de cobayes involontaires, d’une molécule le « Trovan » ou « trovafloxacine », antibiotique rapidement interdit en Europe à cause des hépatites médicamenteuses qu’il provoquait.
L’histoire était particulièrement choquante car elle concernait des centaines d’enfants et de nourrissons dont certains décédèrent et d’autres gardèrent des lésions à vie.
L’affaire donna lieu à plusieurs procès où finalement le laboratoire s’engagea à verser des millions de dollars dont 34 millions d’indemnités aux familles des victimes.
17 ans après, non seulement aucune famille n’avait été indemnisée, mais loin de faire amende honorable, le laboratoire s’en prit à « Médecins Sans Frontière » qui avait révélé ce scandale, en calomniant l’association ce que celle-ci dénonça à juste titre.
Je n’ai jamais su quelle somme d’argent pouvait remplacer un enfant mort.
Je ne sais pas non plus où en est l’indemnisation, ce que je sais c’est qu’il a fallu attendre 2015, soit 19 ans de bataille juridique pour que les premières familles commencent à percevoir 122 000€, le prix estimé d’en enfant noir.
Ce laboratoire au centre de toute cette affaire, celui qui a procédé aux essais illégaux, qui a mégoté sur sa responsabilité et une fois celle-ci prouvée, a bataillé ferme pour ne pas payer, c’est le désormais fameux laboratoire Pfizer à qui les pays occidentaux ont commandé des milliards de vaccins, entre 3 et 9 par habitant !!!
Comme quoi les gouvernements capitalistes occidentaux sont moins rancuniers que les familles nigérianes…
Il se dit que le scandale du « Trovan » a inspiré John Le Carré qui en fit un livre adapté plus tard au cinéma sous le titre français de « La constance du jardinier », film dans lequel on entend la chanson ci-dessous de Ayub Ogada, chanteur kényan, Koth biro, Quand la pluie vient…
La pluie source de vie et de renaissance pour la terre d’Afrique brûlée par des mois de soleil. La pluie qui permet d’aller cultiver et puis de récolter à condition d’avoir labouré et soigné la terre avec beaucoup de constance. Comme pour poursuivre pendant 20 ans les assassins de son enfant.
Il m’arrive de me dire que « les militantes et militants du bonheur » que nous sommes comme disait Krasucki, sont comparables à des jardiniers du cœur et de l’esprit, travaillant sans relâche à ce que poussent des fleurs de justice et de paix entre les habitantes et habitants de notre Pachamama si chère aux peuples d’Amérique du sud en lutte obstinée contre l’impérialisme.
Jardinières et jardiniers de la planète, nous avons toutes et tous notre bout de terre à cultiver pour ne pas laisser ce capitalisme capable d’assassinats de masse commettre ces pires actes de cynisme au mépris de la vie de populations entières.
En 2021 il nous appartient d’être encore moins muselés qu’en 2020, de relever le défi de la vie et de l’avenir face au capital qui ne sait que parler de morts et de restrictions des libertés.
Il nous appartient de semer partout les graines de la révolte qui feront pousser les fleurs de la révolution.
Les seules fleurs qui ne poussent pas sont celles que l’on n’a pas semées.
Bonne année de jardinage camarades !
Charles HOAREAU
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir