Entrevue avec Fabien Bouglé, qui combat avec ardeur l’implantation tous azimuts d’aérogénérateurs industriels dans les campagnes et en mer.
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Les signatures de contrat pour l’ouverture de parcs éoliens se multiplient en Bretagne ces derniers mois. L’éolien ne connaîtrait donc pas la crise ?
Étant Breton d’origine – natif de Saint Brieuc – je suis attristé de voir la multiplication des projets de centrales éoliennes sur terre et en mer sur le territoire de mon pays natal. Les éoliennes au large de Saint Brieuc sont une imposture et les élus qui soutiennent ces dernières sont des traîtres qui auront à rendre des comptes vis-à-vis des générations futures.
Et je ne peux que louer la détermination et la ténacité de nos vaillants marins qui luttent avec honneur et courage pour la préservation de leur activité noble et écologique. Je suis effectivement avec beaucoup d’intérêt ce qu’il se passe en Bretagne et vois avec beaucoup de satisfaction des élus locaux et des personnalités s’impliquer dans la dénonciation des réseaux industrialo-mafieux qui sont derrière cette pollution de nos territoires. Et je ne peux que les encourager dans cette voie, c’est le bon combat !
Concernant les promoteurs, il n’y a aucune raison pour qu’ils s’arrêtent. Le gouvernement continue à subventionner massivement cette industrie avec des subventions estimées à entre 100 et 150 milliards sans compter les travaux de raccordements pour les éoliennes en particulier pour lesquels RTE a évalué à 100 milliards d’euros le coût total (Les Échos 22 décembre 2020). Cet argent est prélevé sur les taxes sur l’essence via la taxe carbone (la taxe dont l’augmentation est à l’origine de la crise des Gilets jaunes) ou au travers du TURPE payé par les consommateurs sur leur facture d’électricité. En fait, ce sont les bénéfices gigantesques des promoteurs éoliens qui sont payés par les consommateurs et le contribuable. Il n’y a aucune raison que cela s’arrête tant que les subventions aux éoliennes existeront.
Parallèlement, le prix de l’électricité ne cesse de grimper. Comment les communes peuvent-elles justifier l’arrivée de l’éolien alors que les factures des Français explosent ? Les éoliennes imposées à côté de chez nous ne profitent donc pas aux locaux ?
En fait le mécanisme est simple : la facture des consommateurs permet de prélever des petites sommes au début indolores au profit des promoteurs éoliens. Comme on a ouvert les subventions aux promoteurs éoliens, plus on installe d’éoliennes plus on a besoin d’argent frais pour payer le tarif subventionné des premières éoliennes plus celles nouvellement installées. Le résultat est simple : plus les éoliennes sont installées plus la facture d’électricité explose. C’est purement mécanique et d’une redoutable efficacité. Nous avions une électricité parmi les moins chères au monde et nos gouvernants soumis au diktat des lobbies cèdent lâchement en achetant la paix écologique, mais derrière c’est le consommateur qui trinque.
Les mairies qui s’illusionnaient en croyant toucher le pactole des éoliennes aujourd’hui déchantent car les règles d’attribution des taxes ont changé. Il faut dire que la baisse des dotations de l’État contraint les municipalités à trouver de nouveaux modes de financement. Les commerciaux éoliens qui vendent aux élus monts et merveilles apparaissent à leurs yeux comme des sauveurs. Mais partout en France l’installation d’éoliennes s’accompagne inexorablement de désertification. Voilà le résultat de l’irresponsabilité coupable de ceux qui cèdent aux sirènes de l’industrie éolienne.
Vous dites que la politique énergétique de la France fait l’objet de discussions politiques. N’est-ce pas éminemment grave dans un domaine qui touche au quotidien chaque citoyen ?
Tout à fait. Le mécanisme est simple, une grande partie des associations dites environnementales sont financées ou ont des partenariats avec les promoteurs éoliens (Greenpeace, WWF, FNE, LPO, ADEME, etc… ). Ces associations qui apparaissent comme des associations écologiques fonctionnent comme caisse de résonance des industriels éoliens et diffusent des éléments de langages favorables aux éoliennes. Le parti EELV et ses élus finissent le travail en appuyant à l’assemblée toutes les lois favorables aux éoliennes. Je l’explique dans mon livre et tout cela n’a jamais été contesté par quiconque.
Comme le principal promoteur indépendant français est membre d’EELV (il était candidat aux élections européennes), on comprend parfaitement les liens étroits qui unissent le parti EELV avec l’industrie éolienne. La montée en puissance politique d’EELV permet ainsi de faire du chantage au président Macron, qui est contraint ainsi de lâcher du lest à l’industrie éolienne par peur de perdre l’électorat écologique lors des prochaines élections. Cela étant je ne minimise pas non plus la proximité du président Macron avec le très puissant gestionnaire de fonds BlackRock (6000 milliards d’actifs en gestion) également très investi en France et en Europe dans le domaine des éoliennes.
Qui sont les grands gagnants de ces implantations d’éoliennes ?
Nous assistons avec les éoliennes à un immense hold-up planétaire. C’est incroyable mais vrai.
En réalité, les centaines de milliards d’euros versés aux promoteurs éoliens passent de la poche des contribuables et consommateurs à celle des investisseurs et des fonds de pensions propriétaires des centrales éoliennes sous couvert du pseudo-sauvetage de la planète, qui n’est qu’un prétexte. Ce n’est pas un business classique, c’est un business basé sur le transfert de fonds gigantesques entre les citoyens et les promoteurs éoliens. Warren Buffet célèbre financier l’a lui-même reconnu dans une interview dans laquelle il précisait que sans les subventions de l’État et les réductions d’impôt les éoliennes n’avaient aucun intérêt.
Si bien que les opérateurs d’électricité classique et nucléaire perdent énormément d’argent au profit de nouveaux opérateurs qui investissent massivement dans les éoliennes, en particulier les opérateurs pétroliers qui savent qu’ils pourront ainsi vendre leur gaz ou leur pétrole lorsque les éoliennes ne tournent pas. L’incroyable contradiction est que plus on développe l’installation d’éoliennes, plus on est contraint de consommer du gaz ou du charbon lorsque que le vent ne souffle pas et plus on augmente les émissions de gaz à effet de serre.
Les bénéficiaires des éoliennes sont donc les fonds de pension, les sociétés gazières et pétrolières, souvent étrangères. En France presque toutes les centrales éoliennes en mer sont sous contrôle d’opérateurs étrangers chinois, japonais, canadiens ou espagnols. Les centrales éoliennes terrestres sont pour plus de la moitié contrôlées par des opérateurs allemands. Nous perdons progressivement notre indépendance électrique et notre souveraineté énergétique. Cela est extrêmement grave et inquiétant.
Les opposants aux projets éoliens semblent inaudibles tant les promoteurs sont puissants. Quelles sont les solutions que vous préconisez en la matière ? Y a-t-il des offensives juridiques ?
Il y a un peu plus d’un an, la sortie de mon livre, qui a eu un important retentissement, et les résultats de la commission d’enquête parlementaire ont contribué à une prise de conscience que le sujet devenait brûlant. Le président Macron lui-même a précisé en janvier 2020 que « le consensus autour de l’éolien est en train de nettement s’affaiblir dans notre pays ». Nous avions à l’époque une importante dynamique qui a permis aux opposants de se faire entendre comme jamais.
La crise du Covid a eu un effet terrible. D’une part la préoccupation populaire a été détournée vers les enjeux sanitaires, d’autre part les lobbyistes du vent en ont profité pour faire changer les lois sur les éoliennes en limitant les recours des citoyens. C’est ainsi que l’Assemblée nationale a voté la loi qui a supprimé le second degré de juridiction pour les éoliennes en mer. La loi de programmation pluriannuelle de l’énergie a demandé l’installation de 18 000 éoliennes d’ici quelques années. Nous sommes confrontés à une véritable mainmise des lobbyistes du vent qui contribue à un véritable coup d’État juridique pour supprimer les recours des citoyens et n’hésitent pas à mettre en place des tentatives d’infiltration de nos organisations associatives et militantes. La bataille est rude et sévère. Mais nous luttons sans relâche pour médiatiser le danger des éoliennes et je sais la détermination des acteurs de terrains comme les pêcheurs pour ne rien lâcher. Actuellement, un documentaire réalisé par l’association Documentaire et vérité est cours de réalisation pour alerter l’opinion publique. Je suis donc très optimiste. Oui nous finirons par gagner cette bataille. Car c’est inéluctable, c’est le sens de l’Histoire.
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Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation