La séquence qui vient de se produire aux États-Unis, caractérisée par une sidérante pulsion totalitaire, est très intéressante en ce qu’elle révèle que le bloc élitaire et ceux qui le soutiennent sont fermement décidés à la mise en place d’un régime autoritaire pour préserver leur système. Jack London nous l’a bien expliqué dans « Le talon de fer », mais la surprise (pour ceux qui veulent être surpris) est que le fascisme ne vient pas par là où on l’attendait. Depuis le 3 novembre dernier Trump, probablement par une mauvaise évaluation du rapport de force, a fait des choix juridiques et politiques qui se sont révélés perdants. Je renvoie à mes interventions (articles et vidéos) qui l’expliquent.
Le droit a ceci de pratique permet de révéler les contradictions de ceux qui ne supportent pas que l’on puisse ne pas penser comme eux et trouvent normal que l’on réprime brutalement ceux qui osent le faire. À coups de censure, d’interdits professionnels et de procédures judiciaires. Je n’ai pas grand-chose à voir avec les 75 millions d’électeurs américains qui ont choisi Donald Trump, mais comme ma camarade Rosa Luxembourg je pense que « la liberté d’expression est d’abord celle de celui qui ne pense pas comme moi ».
Alors concernant ce qui vient de se produire et en particulier la suppression définitive des comptes Twitter (80 millions de suiveurs !) de Donald Trump assorti de son bannissement de tous les autres réseaux sociaux, bannissement étendu à ce qu’ils soutiennent, je crois nécessaire de faire quelques observations.
Je lis à droite et à gauche un certain nombre d’âneries pour justifier ce qui se passe. Malheureusement les trois quarts du temps elles ne sont pas de bonne foi et simplement le reflet de l’ignorance et du fanatisme.
Beaucoup prétendent que les GAFA sont des entreprises commerciales prestataires de services comme les autres et qu’elles sont tout à fait libres, comme le ferait le site de vente sur catalogue de la Redoute (!!!), de virer les « clients » dont elles considéreraient qu’ils ne respectent pas les règles. C’est simplement faux pour deux raisons :
• Aux États-Unis avec les lois antitrust, et en France avec les règles de l’UE sur la concurrence libre et non faussée, les GAFA sont en situation de « position dominante ». Et tous les actes qu’elles viennent d’accomplir constituent des « abus de position dominante » prohibés. Pire, leur situation de monopole les place en ce que l’on appelle une situation « d’abus de position dominante automatique ». Ce qui veut dire que le seul moyen d’éviter cette illégalité radicale est de les démanteler. C’est ce qu’un certain nombre d’états américains ont demandé et Trump souhaitait le voir engager. Nul doute que le nouveau pouvoir qui a bénéficié de leur soutien massif et aura la reconnaissance du ventre, ne va surtout pas toucher à leur monopole.
• Ensuite, je ne sais pas s’il existe aux États-Unis des lois sanctionnant la discrimination pour raisons politiques mais ce que je sais c’est que le premier amendement de la Constitution américaine fait de la liberté d’expression, un principe absolu et sacré. Mais c’est le cas en France avec l’article 225–1 du code pénal dont il faut reproduire le premier alinéa : « Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques sur le fondement de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de la particulière vulnérabilité résultant de leur situation économique, apparente ou connue de son auteur, de leur patronyme, de leur lieu de résidence, de leur état de santé, de leur perte d’autonomie, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, de leur âge, DE LEURS OPINIONS POLITIQUES, de leurs activités syndicales, de leur capacité à s’exprimer dans une langue autre que le français, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une Nation, une prétendue race ou une religion déterminée ». Il est clair que les mesures qui frappent Donald Trump et ses partisans ont une motivation politique. Rappelons une fois encore que la liberté d’expression est un principe absolu, et que si elle peut être limitée c’est en application de lois régulières le justifiant, le contrôle s’effectuant a posteriori par LE JUGE.
Ce qui se passe autour de l’élection américaine est un étonnant révélateur. Les blocs au pouvoir sont fermement décidés à utiliser la voie autoritaire pour se maintenir. Y compris chez nous où l’on rêve de démocratie « sans démos ». La gestion de la pandémie le démontre suffisamment.
En bon français cela s’appelle un processus de fascisation. Qu’il est assez dramatique de voir les belles âmes « progressistes » l’acclamer.
source : https://www.vududroit.com
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