Été 2016. Il fait chaud. Nous nous attablons dehors pour tenter de trouver l’air frais du crépuscule. Belle soirée pour fêter un de nos amis, entourés de ses amis à lui. Nous ne connaissons presque personne, mais nous, tout le monde nous connait. Nous sommes les cathos. Les moutons noirs.
Notre voisin de table est plutôt sympathique. James, qu’il s’appelle. En parlant avec lui, nous apprenons que sa mère est très malade. Cancer, phase terminale. Il nous confie qu’il trouve cela très difficile de la voir souffrir. Qu’il en vient à se demander le sens de la souffrance, de la mort, voire de la vie.
« Je pense aussi souvent à Dieu… S’il existe, pourquoi est-ce que de telles souffrances existent ? »
Je comprends son questionnement. Et même si je suis loin de saisir ce grand mystère de la souffrance dans le monde, je me risque quand même à quelques pistes de réponses.
« Le genre de souffrance que ta mère vit n’est certainement pas facile à comprendre. Et pourtant, ce n’est pas la faute de Dieu. C’est celle de notre condition d’humain, de mortel. La mort nous rattrape tous un jour ; certains ont le destin de devoir l’affronter de manière plus lente et difficile que d’autres.
« Mais ultimement, Dieu nous appelle tous à la même chose : son Royaume. La mort, et la souffrance physique ne sont donc que des moyens de s’y rendre. »
Dieu avec nous pour traverser les épreuves
L’écrivain français Paul Claudel disait : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance ; il n’est même pas venu l’expliquer. Il est venu pour la remplir de sa présence. » Ce qui est en soi une très bonne nouvelle. Dieu nous donne de traverser les épreuves avec lui, et de les transformer en croix glorieuses. Il nous fournit une espérance, l’espérance de la foi qui nous sauve en nous donnant d’affronter notre présent.
Et cela est essentiel, puisque nous ne pouvons « éliminer complètement du monde la souffrance », pour reprendre les mots de Benoît XVI.
Il y a plus. Dieu a un plan pour nous bien plus grand que la souffrance. Un plan qui lui donne un sens, qui permet de grandir par elle. Benoît XVI écrivait aussi, dans l’encyclique Spe salvi, que « la capacité d’accepter les tribulations et de murir par elles » guérit l’homme.
« Je sais que c’est difficile à croire, quand on voit quelqu’un qu’on aime se rendre durement vers la mort. Pourtant, il y a tellement d’histoires de parents qui se réconcilient enfin avec leurs enfants, de femmes et d’hommes qui trouvent finalement la paix avec leur histoire. Des fois, cette approche de la mort donne de la force à ceux qui traversent l’épreuve. Et c’est ce qui leur permet de s’éteindre en paix. »
La guerre, la guerre…
Et qu’en est-il de la guerre ? De la pauvreté ? De toutes ces atrocités qui affligent le monde ?
Dieu donne à l’humain la chance d’être libre. Nous pouvons en tout temps prendre les décisions en tentant de discerner ce qui est bon pour notre vie. Dans nos conditions, selon nos valeurs, selon notre situation…
Il nous aime tellement qu’il nous laisse entièrement libres de nos choix. Il agit en plaçant des évènements, des personnes, des situations. Mais il ne contrôle pas nos vies. Il ne nous oblige à rien.
« Pourtant, il est bien intervenu en faisant le déluge au début de la Bible. Pourquoi il n’en ferait pas un autre ? », me lance une des convives.
Je reprends : « Il a promis à Noé qu’il laisserait l’homme libre. Il a établi son alliance avec les hommes en promettant que “tout ce qui est ne sera plus détruit par les eaux du déluge, qu’il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre” (Gn 9,11). »
Le don de la liberté et la souffrance
Il nous a donc faits libres. Libres de le suivre ou de le renier. Libres de vivre dans ses commandements ou non. Cette liberté, peu importe comment elle est utilisée, inclut la possibilité de pécher.
« Et ce sont nos péchés qui se trouvent à l’origine de tout ce que tu m’as nommé : la faim dans le monde, les sans-abris… Dieu ne désire pas la souffrance de ses créatures. Au contraire. C’est l’homme, dans sa liberté, qui crée toutes ces situations de souffrance. »
N’est-ce pas notre égoïsme qui cause la faim dans le monde, par exemple ?
« C’est l’homme qui tue, qui ignore le pauvre. Même si sa mission divine est d’aimer l’autre. » Son égoïsme, particulièrement, le pousse à prendre des décisions qui, de fil en aiguille, entrainent des situations terribles telles que l’exploitation humaine et la sous-alimentation.
Sachant cela, il est plus difficile de rendre Dieu responsable de tous les maux de la planète.
Je me retourne pour voir tous les yeux rivés sur moi. Je sens mon visage tourner au rouge. On dirait bien que plus de gens qu’on le pense se questionnent sur le sens de la souffrance.
La version originale de cet article est parue dans le numéro spécial Cinéma du magazine Le Verbe. Cliquez ici pour la consulter.
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Source: Lire l'article complet de Le Verbe