RENÉ NABA — Ce texte est publié en partenariat avec www.madaniya.info.
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Ce papier est publié à l’occasion du 58ème anniversaire de l’abolition de l’Imamat et la proclamation de la République du Yémen, le 26 septembre 1962, alors que les rebelles houthistes taillent des croupières à l’Arabie saoudite, l’ancien tuteur du pays, lequel livre depuis six ans à la tête d’une coalition pétro monarchique une guerre sans répit contre le plus pauvre pays arabe
L’Arabie Saoudite, vraisemblablement l’un des plus grands corrupteurs et l’un des plus corrompus de la planète, le pays concepteurs des «rétrocommissions et des sponsors parasitaires» a décroché haut la main le «Prix de l’humour du Millénaire» pour ses rodomontades courroucées contre des responsables yéménites, coupables de crime de lèse majesté, en s’octroyant la liberté d’imiter leurs parrains saoudiens en soudoyant des officiels du Royaume en charge du Yémen.
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1- De la mainmise saoudienne sur le Yémen.
Vieux remake d’un comique de répétition de la fable de «l’arroseur arrosé», ou, dans le cas d’espèce, du corrupteur corrompu: Cette histoire quelque peu surréaliste, pour être pleinement savourée se doit d’être replacée dans le contexte des rapports saoudo-yéménites.
Le Yémen sert habituellement de balise de sécurité à l’Arabie saoudite sur son flanc sud, une fonction identique à celle que remplit Bahreïn sur le flanc Nord du Royaume, au point que la dynastie pour sécuriser son trône est intervenue militairement dans ces deux pays aux premières lueurs du printemps arabe, pour mater, en Février 2011, le soulèvement populaire de Manama et faire refluer le soulèvement populaire arabe vers les pays à structure républicaine de la rive méditerranéenne (Libye, Syrie), puis contre le Yémen afin de terrasser l’hydre houthiste du Yémen à l’aide de son syndicat pétro monarchique et des ses pays satellites.
Pendant trente cinq ans de 1960 à 1995, l’Arabie saoudite a ainsi exercé une emprise totale sur la vie politique du Yémen, aussi bien sous la mandature d’Ali Abdallah Saleh que de ses prédécesseurs, notamment le colonel Ibrahim Al Hamdi, qu’elle fera assassiner, au point de s’opposer à la constitution d’un ministère de la défense pour pouvoir effectuer des subventions directes tant aux forces armées yéménites qu’aux grandes confédérations tribales
Ali Abdallah Saleh était d’ailleurs en possession d’un document adressé par le Roi Khaled d’Arabie (1976-1982) à Ibrahim Al Hamidi déconseillant au président yéménite de l’époque (1974-1977) de doter le Yémen d’une armée moderne, lui enjoignant de se contenter d’une force de police, afin de maintenir sous sa coupe le Yémen, dont il avait annexé trois provinces (Assir, Jazane Najrane), dans la décennie 1930, afin d’élargir la superficie déjà considérable du Royaume.
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2- Mohamad Ben Salman au général yéménite Ali Mohsen Al Ahmar: «Cesse de corrompre mes officiers».
On croit rêver. Dans un message acerbe adressé par Mohamad Ben Salman, en sa qualité de ministre de la défense, au Général Ali Mohen Al Ahmar, vice président du président fantoche pro saoudien Abed Rabbo Hadi, le prince héritier saoudien intime l’ordre au responsable militaire chargé de mener les opérations de guerre du côté yéménite de «cesser de corrompre» les officiers saoudiens.
A la faveur de la nouvelle guerre du Yémen, déclenchée, -indice c’un grand panache- par une coalition de cinq pétromonarchies du Golfe contre le plus pauvre pays arabe, un «Comité spécial» a été mis sur pied par le Royaume saoudien en vue de canaliser le flux financier déversé par les pétromonarchies en faveur de leurs partisans yéménites.
Quelle ne fut la surprise des Saoudiens de constater que la corruption se faisait à double sens. Qui plus est par l’un de leurs meilleurs alliés yéménites: Le Général Ali Mohsen Al Ahmar, chef d’une puissante confédération tribale et responsable de la conduite de la guerre du côté yéménite.
Une découverte qui a plongé dans la consternation l’héritier wahhabite et suscité un rappel à l’ordre énergique à l’encontre du vieux chef de guerre. Le récit de cette scène surréaliste se trouve sur ce lien pour le locuteur arabophone, sur le site du quotidien libanais Al Akhbar.
Précédé de la mention laconique «ultra secret»: A propos des offres et des cadeaux», le message de Mohamad Ben Salman, en date du 23 septembre 2017, reproche au général Ali Mohsen Al Ahmar le fait d’avoir soudoyé des officiers saoudiens «non seulement dans la région frontalière saoudo-yéménite mais aussi à Riyad même».
En langage fleuri, qui masque mal le courroux saoudien d’avoir été doublé sur leur propre terrain, le prince héritier saoudien commence par vanter «les traditions de générosité et d’hospitalité des yéménites» avant de tancer son interlocuteur:
«Nous n’ignorons pas la générosité et l’hospitalité qui caractérisent les Yéménites. Comme vous n’ignorez pas que les traditions et les usages différents selon les pays en ce qui concerne les dons et cadeaux, particulièrement dans les circonstances présentes, notamment en ce qui concerne de telles sommes aux militaires saoudiens dans l’exercice de leur fonction.
«Les cas mentionnés dans ce message ne sont pas de cas orphelins. Il a été constaté la répétition de tels cas et les bénéficiaires de cette attention nous en ont aussi saisi.
«La totalité des sommes offertes aux officiers saoudiens a été récupérée et affectée aux martyrs qui servaient tant dans l’armée qu’au sein de la résistance.
Le prince saoudien recommande alors au généreux donateur yéménite de «s’abstenir de faire don de quelque nature que ce soit au personnel des forces armées saoudiennes et de veiller à ce que ces recommandations soient respectées par ses subordonnés tant dans la région frontière saoudo yéménite qu’à Riyad même.
Le message mentionne le cas d’un officier saoudien, dont l’identité n’est pas précisée, d’avoir reçu, à la date du 9 septembre 2017, une gratification de 26.000 dollars «en compensation de la fatigue de son déplacement». Le bénéficiaire décrit précisément la scène à ses supérieurs. Chargé de remettre une somme de 2 millions de dollars au général yéménite, l’officier d’ordonnance d’Ali Mohsen Al Ahmar, «à réception de la valise, l’a ouverte et dégagé la somme de 100.000 ryals saoudiens (26.000 dollars) et l’a remise au convoyeur saoudien en lui précisant «en guise de compensation pour la fatigue occasionnée par votre déplacement».
Récidiviste, Ali Sleimane, Directeur du cabinet du général yéménite a pris contact, neuf jours plus tard, 18 septembre 2017 avec un autre général saoudien, Falahi Ben Mohamad Al Chahrani, demandant à le rencontrer. La rencontre a eu lieu au quartier Al Nakeel (Palmiers) à Riyad, au cours de laquelle le yéménite a remis au saoudien un «cadeau» de 300.000 RS (79.000 dollars).
Le message ne donne pas de précisions sur l’identité de M. Chahrani. Mais, selon toute vraisemblance, il s’agirait de l’officier en charge du dossier Yémen, ancien Consul d’Arabie Saoudite à Sana’a, alors colonel de l’armée saoudienne, cible d’un attentat lorsqu’il était en poste au Yémen.
Pour mémoire, l’Arabie Saoudite est passée à la postérité pour la participation de 14 de ses ressortissants sur 19 pirates au raid apocalyptique du 11 septembre 2001 contre les symboles de l’hyperpuissance américaine, entretenant une horde de mercenaires terroristes pour les besoins de sa cause: Le combat aux quatre coins de la planète en vue de faire triompher, son la liberté, le progrès et la démocratie, mais sa conception rigoriste wahhabite de la religion musulmane, indifférente au risque de provoquer un effacement durable du Monde arabe de la scène internationale.
Elle s’est distinguée dans le passé par une rétrocommission d’un milliard de livres sterling perçues par le Prince Bandar Ben Sultan, ancien ambassadeur saoudien à Washington, au titre de sa rétribution pour son intervention dans la vente de 110 Tornado britanniques à l’Arabie.
Pour aller plus loin sur cette affaire, ce lien https://www.lemonde.fr/international/article/2007/06/07/bae-systems-aurait-verse-un-milliard-de-livres-de-pots-de-vin-a-un-prince-saoudien_919926_3210.html
Son frère, le prince Khaled Ben Sultan, interface du Général Norman Schwarzkof, commandant en chef de la coalition internationale dans la 1 er guerre contre l’Irak (1990-1991), a eu l’ingénieuse idée, lui, de prélever une dîme de 4 milliards de dollars sur l’intendance du corps expéditionnaire, alors que près 500.000 soldats de la coalition occidentale volaient au secours de l’Arabie au péril de leur vie pour sauver ce «Royaume des ténèbres» et sa dynastie obscurantiste.
Cocasse le spectrale d’un prince irascible drapé dans sa dignité bafouée et sa vertu outragée, au palmarès légendaire, gauleiter de facto de Bahreïn depuis 2011 afin d’entraver la reconnaissance des libertés fondamentales à son peuple, preneur d’otage d’un premier ministre en exercice Saad Hariri (Liban), en novembre 2017, ordonnateur d’une exécution extra judiciaire d’un journaliste critique saoudien dans l’enceinte même de la mission saoudienne en Turquie Jamal Khashoogi (octobre 2018) et de la séquestration arbitraire de plus de deux cents dignitaires du régime saoudien qu’il rackettera de plusieurs centaines de milliards de dollars avant de leur rendre une liberté surveillée…
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Épilogue de cette risible affaire: l’arroseur arrosé
Plus d’un an après la révélation de cette affaire, le Roi Salmane, sur suggestion de son fils, Mohamad Ben Salmane, prince héritier mais néanmoins ministre de la défense, signait un décret plaçant d’office à la retraite le commandant en chef des forces coalisées pétro monarchiques dans l’expédition du Yémen, le prince Fahd Ben Turki Ben Abdel Aziz et sa comparution devant une commission d’enquête de la lutte contre la corruption.
Une dizaine d’autres officiers supérieurs et leurs proches collaborateurs ont été relevés de leurs fonctions et déférés devant cette commission d’enquête, notamment le propre fils du commandant en chef du front du Yémen, le prince Abdel Aziz Ben fahd Ben Turki, vice gouverneur de la région d’Al Jauf, théâtre d’une retentissante défaite militaire saoudienne face aux Houthistes l’été 2020.
Une épuration militaire sous couvert de lutte contre la corruption en somme, sur le modèle de l’incarcération du Ritz Carlton de 2018, dont avaient été victime le prince Walid Ben Talal et l’ancien premier ministre libanais, Saad Hariri.
Signe d’insécurité permanente au sein des cercles dirigeants de la famille royale, ce limogeage est le 5eme du genre, depuis la nomination de MBS comme prince héritier.
Ce royaume aux mœurs florentines pratique, en fait, une sorte de nettoyage par le vide, la version bédouine des Borgia au XXI me siècle, s’offusquant d’un bakchich de quelques rials. Sans doute pour ne pas brader les barèmes en vigueur chez ces madrés bédouins. Une obole face aux mirobolantes rétrocommissions perçues par la dynastie wahhabite. Une peccadille.
A se tordre de rire. Impayable les Saoudiens au propre comme au figuré. A conserver au «Pavillon de Sèvres à Breteuil» en guise de mètre étalon de l’humour …….. noir … comme l’or noir dont ils sont les Rois.
Pour le locuteur arabophone, la destitution du haut commandement commandement des forces coalisées pétro monarchiques au Yémen, sur ce lien
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POUR ALLER PLUS LOIN SUR CE THÈME
L’Arabie Saoudite face au double défi du sunnite Oussama Ben Laden (Al Qaida) et du chiite Hassan
Yémen-AN III: La guerre à huis clos d’un rogue state.
La guerre du Yémen: La guerre la plus idiote
Yémen: Le testament du Roi Abdel Aziz
Pour le locuteur arabophone, sur ce lien le récit du site en ligne «Ar Rai al Yom»: Arrestation d’un haut fonctionnaire du ministère saoudien de la Défense pour corruption, pot de vin de 297.000 dollars. Les transactions avec les milliardaires arrêtés lors du coup de filet du 4 novembre 2017 ont rapporté 1,2 milliards de dollars.
Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec