Durant toute la présidence Trump, nos Chroniques se sont posé la question : les déraillements de sa politique étrangère, pavée de bonnes intentions, sont-ils des gages donnés à l’État profond, ou l’occupant de la Maison Blanche a-t-il été récupéré corps et âme par celui-ci ?
La question avait d’ailleurs commencé à se poser très vite, dès avril 2017 et le false flag chimique de Khan Cheikhoun :
Par quelle mouche l’administration Trump a-t-elle donc été piquée ? Le poisson pourrit par la tête, dit-on, et le Donald ne fait rien pour faire mentir cette maxime. Témoin, son discours pour le moins crétin d’hier dont il restera désormais prisonnier. Il en remet une couche aujourd’hui, confiant à des membres du Congrès qu’il considère maintenant une action militaire en Syrie ! Comment peut-il ne pas voir qu’il s’agit selon toute probabilité d’un false flag ? A-t-il été croqué par le Deep State ? Le débarquement de Bannon du Conseil de la Sécurité Nationale hier entre-t-il dans le cadre ce revirement étourdissant ? Ou bien joue-t-il un périlleux coup de poker pour se distinguer publiquement des Russes au moment où il marque des points contre la clique néo-con autour d’Obama. Pour une fois, votre serviteur est sans réponse et l’avoue humblement…
Depuis, la question n’a jamais vraiment été réglée même si l’impression générale était que le marais avait gagné la partie. Ce que nous résumions d’une formule lapidaire : Donaldinho est mort, vive Cretinho ?
Tandis qu’il se dirige très vraisemblablement vers la sortie, l’œil scrute la moindre décision pouvant infirmer cet axiome, d’autant qu’il est désormais libéré de toute contrainte et que son dernier mois à la Maison Blanche pourrait être l’occasion de faire un immense bras d’honneur à l’Etat profond. Peine perdue…
Alors que tout le monde attendait avec impatience un pardon présidentiel vis-à-vis d’Assange et de Snowden, la Houppette blonde vient de l’accorder à quatre mercenaires de Blackwater coupables de massacre en Irak. Certes, ce n’est peut-être pas la dernière fournée de grâces m’enfin, le message est assez désastreux.
Quant à la croisade contre le Nord Stream II, elle continue de plus belle, avec un acharnement qui pourrait presque même surprendre les officines les plus russophobes du Washingtonistan. L’administration Trump prépare un énième (on ne les compte plus !) train de sanctions contre le gazoduc, jurant avec morgue de le faire dérailler définitivement.
Certes, il y a un pas entre les promesses impériales et la réalité, mais l’obsession monomaniaque de Cretinho vis-à-vis du tube doit couler comme du miel aux oreilles de Brzezinski, McCain & Co….
Et l’on repense évidemment à ce que nous écrivions en juin :
L’approche jugée trop conciliante de Poutine envers Washington est un vieux serpent de mer qui refait surface à intervalles réguliers, et fait s’arracher les cheveux à une flopée de sites alternatifs depuis fort longtemps. Sans aller jusque là, on peut effectivement s’interroger sur la retenue de Vladimirovitch vis-à-vis d’un empire qui tente pourtant de lui faire subir toutes les avanies et n’a aucune intention de s’accommoder de lui.
Il y a trois mois, Moscou avait une occasion en or de faire payer la monnaie de sa pièce à l’aigle, embourbé dans la dégringolade des cours du pétrole. Pourtant, sans que l’on sache trop pourquoi, Poutine a une nouvelle fois refusé de franchir le Rubicon. Si ce geste de bonne volonté visait à alléger les sanctions, il s’est fourré le doigt dans l’œil. Le Heartland ne peut et ne pourra jamais rien attendre de la thalassocratie impériale.
Errare humanum est, perseverare diabolicum
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