Peu de jours après le retour sur terre de la capsule japonaise Hayabusa 2 avec des échantillons d’astéroïde, la capsule de la mission lunaire chinoise Chang’e 5 atterrit en Mongolie intérieure.
Le site d’atterrissage de la capsule contenant 1731 grammes de sol lunaire offrait une vision surréaliste où se mêlaient indistinctement des éléments anachroniques : d’un côté, la capsule à demi-carbonisée rappelant des éléments visuels propres aux années 50, de l’autre, un petit poste de commandement monté à la hâte par des soldats de l’armée chinoise équipés du nec plus ultra en matière de communication 5G et assistés par deux spécialistes portant des exo-squelettes militaires, les mêmes que ceux équipant certains gardes-frontières chinois déployés à la frontière sino-indienne face à l’armée indienne.
La mission Chang’e 5 est une réussite qui confirme l’avancée de la technologie chinoise en dépit d’une vaste campagne de dénigrement systématique. La juxtaposition d’une capsule au design ancien remontant au début de l’âge spatial avec des dispositifs techniques au design futuristes permettant à des humains de soulever avec aisance des charges comprises entre 50 et 100 kilogrammes dans un environnement glacial où la température atteint – 30 degrés celsius (- 22 Fahrenheit) offrait un contraste saisissant rappelant les éléments visuels de l’univers Marvel.
La Chine confirme lentement mais sûrement son statut de grande puissance spatiale. Elle est désormais le troisième pays au monde après les États-Unis et l’ex-Union Soviétique à ramener des roches lunaires sur terre. Une prouesse réalisée pour la dernière fois en 1976 et jamais renouvelée depuis jusqu’en 2020. Beijing s’est dit prêt à coopérer avec les autres pays pour l’analyse et l’exploitation des échantillons lunaires mais la politique spatiale des États-Unis pourrait interdire aux institutions US de participer à une telle coopération. La prochaine étape est de lancer une mission similaire vers Mars avec pour objectif la collecte de roches martiennes. Entre-temps, la réussite de la mission Chang’e 5 prépare la première mission habitée chinoise en direction de la lune où la Chine prévoit d’y installer une base de recherche permanente. En ligne de mire, l’exploitation automatique des ressources minières lunaires et notamment de l’hélium 3, une source possible d’énergie pour des entreprises interplanétaires plus audacieuses en direction de Céres, de Mars et ses deux satellites Phobos et Deimos. Paradoxalement, c’est la Chine qui vient de faire revivre la conquête de l’espace après une hibernation totale de plus de 40 ans durant lesquelles la Russie, héritière de l’ex-empire soviétique avait le savoir faire et les idées mais pas d’argent tandis que les États-Unis détournaient toutes leurs ressources dans des guerres sans fin et la corruption. Un immense gâchis ayant occasionné un retard d’un demi-siècle.
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