Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 17 août 2020, à la veille des cérémonies de ‘Achoura commémorant le martyre de l’Imam Hussein, largement annulées du fait de l’épidémie de Covid-19.
Voir également, ci-dessous, une réflexion de Poutine sur les sceptiques du Covid-19.
Source : https://video.moqawama.org/details.php?cid=1&linkid=2150
Traduction : lecridespeuples.fr
Dans ce discours, Nasrallah a expliqué de quelle manière se tiendraient ces commémorations au Liban —habituellement massives et culminant en des marches rassemblant des centaines de milliers de personnes— au vu de l’épidémie de coronavirus, aggravée par le vide institutionnel causé par la démission du gouvernement Diab. A la date du 17 août, le Liban comptait 9 337 cas de Covid-19 et 105 décès, soit 1 369 cas par million d’habitants et 15 décès par million d’habitants ; pour sa part, la France comptait 219 029 cas et 30 429 décès, soit 3 355 cas par million d’habitants et 466 cas par million d’habitants.
Au 25 décembre 2020, le Liban compte 165 933 cas et 1 353 décès, soit 24 364 cas par million d’habitants et 199 morts par million d’habitants ; pour sa part, la France compte 2 527 509 cas et 62 268 décès, soit 38 680 cas par million d’habitants et 953 décès par million d’habitants. La situation sanitaire au Liban reste idyllique par rapport à celle de la France, mais les moyens engagés & les mesures prises par le Hezbollah pour lutter contre l’épidémie —sans aucune forme de coercition, le Hezbollah ne faisant valoir que son autorité morale auprès de ses partisans— sont bien supérieurs à ceux du gouvernement français. Voir en particulier Lutte contre le coronavirus : le Hezbollah ridiculise l’armée française.
Cette vidéo ne sous-titre que l’extrait en gras de la transcription ci-dessous
Transcription :
[…] Chaque personne, chaque individu, chaque homme et chaque femme a le devoir religieux de commémorer cet événement. […] En ce qui concerne les rassemblements, chaque année, par exemple, nous commémorons notamment ‘Achoura au complexe du Maître des martyrs (grande salle dans la banlieue sud de Beyrouth), et y organisons des veillées spirituelles (majlis, tenus chaque soir des 10 premiers jours du mois de Muharram). Nos frères du mouvement (chiite) Amal font de même. Dans d’autres endroits, à Tyr, à Saïda, à Nabatiyeh, à Baalbeck, à Hermel, dans différents endroits, de grands rassemblements se tiennent, des villages (entiers) organisent des majlis, de même que le Haut Conseil Chiite, les différentes organisations musulmanes (chiites), les savants, etc., tous organisent des veillées auxquelles participent les fidèles. Les années précédentes, en règle générale, nos principaux majlis tenus ici et là pouvaient rassembler 10 000 ou 15 000 personnes chacun, allant jusqu’à 20 000 pour certaines nuits. On compte également des majlis rassemblant des centaines et des milliers de personnes. Mais il n’y a pas de majlis à public restreint. Tous nos majlis sont importants voire massifs, et pour le moins des centaines de personnes, et la plupart du temps des milliers de personnes y participent. Chaque année, je suis cela de près : toutes les 24 heures, les chiffres me sont communiqués, indiquant le nombre de majlis tenus au Liban, la participation approximative avec le nombre d’hommes et de femmes, de jeunes et de personnes âgées, etc.
La question suivante s’est donc posée à nous et à nos frères du mouvement (chiite) Amal, puis nous l’avons transmise aux autres instances et personnalités parmi les savants islamiques concernées : comment allons-nous faire (pour commémorer ‘Achoura cette année) ? Car si nous organisons de grands rassemblements à l’ombre du coronavirus et de sa propagation, serons-nous capables d’assurer le respect des mesures sanitaires ? Pourrons-nous faire respecter la distanciation sociale ? Quels lieux le permettraient-ils ? S’il vient plus de participants que le nombre de chaises que nous aurons préparé, ou que le lieu choisi peut accueillir en respectant la distance sociale, que ferons-nous ? Sera-t-il faisable de leur interdire l’accès à la porte (sans tensions ni exceptions) ? Nous avons beaucoup discuté de ces questions, en interne au sein de chaque mouvement (Amal et Hezbollah) et les uns avec les autres, consultant les régions, les villes et les villages, pour savoir si nous serions capables de faire une telle chose.
A cet égard, comme je l’ai dit au début de mon discours, nous avons envisagé deux hypothèses. Nous nous sommes sérieusement préparés à l’hypothèse selon laquelle nous allions diminuer le nombre de majlis rassemblant des gens : par exemple, dans chaque village, nous ne tiendrions qu’une seule veillée spirituelle, tous ensemble, et elle aurait lieu en plein air, dans des espaces ouverts, et non dans des husseiniyas, mosquées ou salles. Nous avions prévu de rester à ciel ouvert, de préparer des chaises installées de sorte à faire respecter la distance sociale, d’apporter des masques, d’œuvrer à ce que tout soit prêt pour accueillir les gens dans les meilleurs conditions sanitaires, notamment en veillant à ce que la veillée ne soit pas longue, etc. Nous avons discuté de tous ces détails. Et en toute franchise, nous étions disposés à faire cela, et si nous en étions capables, cela nous paraissait le meilleur choix. Car en fin de compte, cela nous aurait permis de commémorer cet événement de la même manière que nous l’avons toujours fait dans l’histoire, c’est-à-dire par la participation populaire directe. Mais nous avons convenu d’attendre avant de prendre notre décision, jusqu’à la mi-Dhul-Hijja (mois précédent Muharram), c’est-à-dire 10 ou 15 jours avant le début des commémorations, pour voir quelle est la situation du pays. Si la situation (sanitaire) est raisonnable et sous contrôle, alors nous ferions ce choix, à savoir organiser les majlis en plein air. Et concrètement, dans certaines régions, des lieux dédiés ont été préparés pour cela, des tentes ont été installées, ou plutôt tout ce qui est requis (pour accueillir du public) dans ces lieux, de même que les mesures (sanitaires) qui pouvaient être prises, etc. Nous nous dirigions avec force dans cette direction.
Mais il y a quelques jours, lorsque notre communiqué conjoint Hezbollah-Amal a été publié, (annonçant l’annulation pure et simple des cérémonies collectives de ‘Achoura cette année), nous avons fait une réévaluation de la situation, comme nous le faisions déjà à intervalles réguliers, jusqu’à ce que nous parvenions à cette conclusion : la situation sanitaire actuelle —et je vais profiter de cette partie du discours pour parler de la situation du pays— est que le coronavirus est hors de contrôle. Aujourd’hui, le nombre de nouveaux cas a dépassé les 450. Pour un (petit) pays comme le Liban, c’est un très gros chiffre. Et bien sûr, il ne s’agit pas que d’aujourd’hui. Depuis plusieurs jours, le nombre de nouveaux cas quotidien est de 340, 350, 370, etc., toujours dans les 300. Avant cela, on atteignait les 270, 280. Aujourd’hui, le ministre de la santé [membre du Hezbollah] a fait entendre son cri (d’alarme), et ce qu’il disait était très clair. Toutes les responsables des questions sanitaires et médicales se sont exprimés, et en ce qui nous concerne, nos informations nous confirment qu’il n’y a nulle exagération dans ces déclarations (alarmistes), au contraire, il semblerait qu’ils soient très mesurés dans leurs propos pour ne pas susciter de panique. Mais la vérité est que l’épidémie de Covid-19 au Liban est hors de contrôle. Je ne parle pas de cette question seulement en rapport avec nos commémorations religieuses. L’épidémie de Covid-19 au Liban est hors de contrôle ; nos hôpitaux sont incapables de faire face à la situation, c’est clair, et il est très difficile pour les nouveaux cas d’accéder aux hôpitaux ; il y a des pénuries de médicaments et de matériel médical ; bien sûr, le fait que le gouvernement ait démissionné constitue également un problème, une faille. Et par-dessus tout, les Libanais ne respectent pas (les mesures sanitaires). Nous l’avons tous constaté. Il y a encore des mariages (célébrés avec pompe), des fêtes, les plages sont bondées, les gens se baignent (en masse et sans précautions), il y a des manifestations, et tout cela sans le moindre respect des mesures médicales et sanitaires. Par conséquent, le coronavirus s’est largement propagé. Aujourd’hui, dans toutes les régions, dans toutes les provinces, des villages sont confinés, des quartiers sont isolés, des immeubles sont évacués. Nous avons commencé à entrer dans la catastrophe (sanitaire). Nous avons toujours exhorté les gens à être vigilants et prudents pour éviter la catastrophe, mais maintenant, nous y sommes, nous sommes en plein dedans. Lorsque les responsables déclarent qu’ils n’ont plus la capacité de maîtriser (la circulation) du virus, cela signifie que la situation est difficile, très difficile. Personne n’essaie d’effrayer qui que ce soit, en aucun cas. (Ce ne sont pas des exagérations.) La situation véritable est bien pire que ce que moi ou quiconque pouvons dire.
Quelle est la solution ? C’est de revenir au respect des mesures sanitaires. Le monde entier fait respecter la distanciation sociale, même des pays qui ont des systèmes de santé bien plus solides que nous, des hôpitaux plus grands et plus développés que les nôtres et des médecins et spécialistes plus nombreux & compétents que les nôtres. Malgré tout cela, ils n’ont pas pu parvenir à maîtriser la situation, ils ont un grand nombre de cas et de décès, et ils continuent à souffrir car ils ne parviennent pas à faire respecter (suffisamment) la distanciation sociale, le port du masque et la désinfection (des mains et des surfaces). Telles sont les trois mesures (phares) : la distanciation, le masque, la désinfection. Mais lorsque les gens ne respectent pas (ces mesures sanitaires, c’est la catastrophe assurée). Imaginons que nous ayons un gouvernement, et que l’appareil d’État tout entier, tout le Ministère de la Santé, tous les hôpitaux, tous les médecins, infirmiers et infirmières du Liban, tous les centres et institutions de santé, si toutes ces instances coopéraient et appliquaient scrupuleusement toutes les mesures requises, mais que le peuple ne les respectait pas et continuait à vivre normalement et à n’en faire qu’à sa tête, comme si le pays ne faisait pas face à une catastrophe, la catastrophe ne ferait que persister, croître et empirer toujours davantage, jour après jour.
Je veux répéter ce que j’ai dit aux premiers jours du coronavirus : ô Libanais, votre devoir humanitaire et moral, sans même parler de l’obligation religieuse, car certains peuvent dire qu’ils se moquent bien de tout ce qui concerne la religion, les obligations religieuses et le Jour du Jugement. Pas de problème. Il suffit de parler de ton devoir humanitaire, de ton devoir moral ! O mon frère, si tu ne veux pas te faire miséricorde à toi-même, fais au moins miséricorde aux gens ! Ta famille, ton épouse, ton père, ta mère, tes enfants, tes collègues de travail, tes camarades à l’université, les gens que tu croises dans la rue, que tu rencontres !… Je tiens à répéter que l’insouciance est une forme de meurtre, pour le moins ! Si tu veux être touché par le coronavirus, pas de problème, sois insouciant ! Isole-toi, monte sur une montagne ! Va dans un endroit éloigné des gens ! Mais quant à aller se mêler aux gens, à leurs cérémonies de mariage, de deuil, dans leurs restaurants, leurs maisons, leurs magasins, leurs rues, (sans respecter aucune mesure sanitaire), c’est scandaleux (et criminel) ! C’est contraire à la morale et à l’humanité ! Mais malheureusement, cela existe. L’insouciance, la négligence, l’indifférence (sont malheureusement très répandues)… Mais c’est injustifiable et intolérable, même du seul point de vue humanitaire et moral.
Et en ce qui concerne le point de vue de l’obligation religieuse, c’est encore plus clair ! L’insouciance est interdite ! C’est une désobéissance (à Dieu) ! C’est un des plus grands péchés ! Je le répète : c’est un des plus grands péchés ! Qu’on s’expose (sinon) à la mort, (du moins) à de graves maux et séquelles, et ensuite qu’on expose les autres à la mort… Et pourquoi ? Parce qu’on est sceptique (face à la réalité du danger du Covid-19), parce qu’on n’est pas d’humeur, qu’on veut vivre à la légère… Il n’est pas tolérable que quiconque vienne détruire notre peuple, notre environnement, notre pays et notre société pour une question d’humeur, parce qu’on n’est pas convaincu, ou qu’on est négligent face aux responsabilités.
Voir également Nasrallah sur le Coronavirus : respecter toutes les consignes sanitaires est une obligation religieuse impérieuse
Face à cette situation, nous avons pris conscience du fait que nous étions incapables (de commémorer ‘Achoura comme les années précédentes en faisant respecter les mesures sanitaires). C’est aussi simple que ça. Je le dis très clairement. Que personne ne s’y méprenne, que personne ne prétende faussement que les autorités religieuses (chiites) ont interdit les rassemblements pour commémorer le martyre de l’Imam Hussein, que la paix soit sur lui. Les autorités religieuses n’ont ni interdit, ni permis (ces commémorations). Les autorités religieuses ont prescrit la célébration de cette commémoration, de toutes les manières qui ne contreviennent pas aux mesures sanitaires requises. Faire respecter ces mesures est une obligation impérieuse. Dans les pays ou le coronavirus n’est pas présent (ou reste sous contrôle), des rassemblements de 100 000 personnes peuvent se tenir, aucun problème. Les autorités religieuses n’ont pas interdit cela. Mais pour les pays où le coronavirus circule (beaucoup), quiconque veut organiser un majlis auquel il invitera des centaines et des milliers de personnes doit en assumer toute la responsabilité religieuse. Je parle maintenant uniquement de religion. (L’organisateur) doit assumer toute la responsabilité religieuse.
En ce qui nous concerne, ô mon frère, ô ma sœur, nous le Hezbollah et le mouvement Amal, après discussion avec le Haut Conseil Chiite, avec nos savants influents et respectés du Liban, et avec les instances (religieuses) respectées, il nous est apparu que nous sommes incapables d’assumer cette responsabilité. Nous organisons des majlis, des centaines de majlis, de même que le mouvement Amal. Et il nous est apparu que si nous invitons les gens à participer (physiquement) à ces majlis, nous serons incapables de garantir le respect des règles sanitaires. Nous sommes incapables de garantir le respect de la distanciation sociale, nous sommes incapables de garantir le respect du port du masque. Sans parler du fait que (durant ces commémorations), les gens éclatent en sanglots, etc. Vous connaissez les fortes émotions et réactions qui caractérisent ces commémorations. Nous ne pouvons pas nous tenir aux portes d’entrée et interdire aux nouveaux arrivants d’accéder en leur disant de bien vouloir rentrer chez eux parce que nous sommes au complet. Il nous est apparu que concrètement, pratiquement, de manière réaliste, nous étions incapables de garantir tout cela. Et puisque en tant qu’organisateur du majlis, c’est moi qui, au Jour du Jugement, devra rendre des comptes devant Dieu le Très-Haut et l’Exalté, lorsqu’Il me dira « Ton obligation religieuse était de tenir un majlis (seulement si tu pouvais faire respecter) ces garanties sanitaires, et tu étais incapable de les faire respecter. Pourquoi as-tu (quand même) organisé ce majlis ? » Que Lui dirai-je ? Je ne saurai pas quoi Lui répondre. Tous les propos enthousiastes et passionnés (au sujet de la nécessité de commémorer le martyre de l’Imam Hussein), de la (nécessaire) fidélité à l’Imam Hussein (sont hors de propos)… Nous sommes tous fidèles à Hussein, que la paix soit sur lui. Ce qui importe, c’est ce que disent les autorités religieuses, et les limites qu’elles imposent. Cela concerne la vie des gens, le comportement (prévisible) des gens, la santé des gens… Il ne s’agit pas d’autre chose. Je ne veux pas m’engager dans un débat à ce sujet.
O mon frère, nous sommes des gens qui respectons le Taqlid [adhésion aux édits d’une autorité religieuse choisie pour sa science et sa justice ; par opposition au muqallid, le mujtahid est pour sa part capable de légiférer lui-même dans tous les domaines de la jurisprudence et n’a pas besoin de se référer à une autorité ; les sunnites doivent adhérer à l’une des 4 écoles de jurisprudence historiques —hanafisme, chaféisme, malikisme ou hanbalisme—, tandis que les chiites, en majorité, doivent se référer à une autorité vivante] dans les questions de jurisprudence et de règles religieuses. Nous avons nos autorités bien connues. Une grande partie d’entre nous a pour autorité Son Eminence l’Imam Khamenei, que Dieu lui accorde une longue vie. Une grande partie des Libanais a pour autorité le Grand Ayatollah Sayed al-Sistani, que Dieu lui accorde une longue vie. D’autres suivent des autorités présentes à Qom, à Najaf ou ailleurs. Mais la majorité (écrasante) des (musulmans chiites) sont muqallid et (suivent Khamenei ou Sistani). En tant que muqallid, nous devons voir ce que disent nos autorités et faire ce qu’ils disent. Pour (tous les détails de) la prière, du jeûne, du Hajj, etc., je n’en fais pas qu’à ma tête : je me réfère aux règles énoncées par mon autorité. Dans toutes les choses pour lesquelles il y a des règles religieuses, je dois me référer aux autorités religieuses (pour vérifier la conformité de mes actes à la sunna prophétique et à la charia).
Lorsque nos autorités religieuses déclarent que nous avons le devoir de faire respecter les mesures médicales et sanitaires, qui est-ce qui détermine ces mesures ? Les autorités religieuses ? Non ! Ce sont les spécialistes, les autorités médicales et sanitaires qui les édictent. Et tous les spécialistes du monde entier déclarent qu’il faut respecter la distanciation, le port du masque et la désinfection, pour le moins. Il y a un consensus sur ces trois points. Si, pour notre part, nous sommes dans l’incapacité d’organiser un majlis dans lequel nous pouvons garantir le respect scrupuleux de ces mesures sanitaires, comment pourrions-nous organiser le moindre majlis ? Alors même qu’il y a d’autres moyens (que la présence physique) de commémorer cette occasion [comme le fait de porter des vêtements de deuil, de mettre des drapeaux noirs dans les rues, magasins & maisons, et des affiches comportant des slogans, de faire des commémorations privés dans la cellule familiale, d’utiliser les médias et les réseaux sociaux, etc., etc., etc. ; ces points ont été abordés dans la première partie du discours] ? Si les majlis étaient le seul moyen de commémorer Karbala et le souvenir d’Aba Abdillah al-Hussein, que la paix soit sur lui, et qu’il n’existait pas d’autres moyens de le faire, peut-être qu’il y aurait matière à discussion. Mais dans tous les cas, il faudrait discuter avec les autorités religieuses, pas avec moi, ou avec le mouvement Amal ou tel ou tel savant ! Il faudrait en débattre avec les (grandes) autorités ! Alors ils diraient peut-être « Puisque le seul moyen de commémorer cet événement est les rassemblements massifs, alors faites-le, même si cela doit mener à votre mort à tous ! ». Et nous répondrions à vos ordres, et avec plaisir, nous serions prêts à cela ! Mais sur de telles questions, ça ne peut pas être chacun fait comme bon lui semble.
Je considère que mon explication est suffisamment claire, et qu’il n’est pas nécessaire que j’en rajoute. Du fait de ce que je viens d’expliquer, cette année, nous nous sommes mis d’accord sur cela : toutes les manières de commémorer ‘Achoura qui ne requièrent pas de rassemblements physiques sont permises et recommandées, aucun problème. C’est pourquoi il n’est pas acceptable que quiconque prétende que le Hezbollah et Amal ont annulé la commémoration de ‘Achoura. Ce serait un acte d’oppression, une calomnie ! Toutes les autres manières de commémoration (que j’ai évoquées), dont mon discours est un exemple, nous les ferons, car cela ne contrevient pas aux obligations sanitaires. Mais en ce qui concerne la tenue de majlis où il y a des rassemblements physiques, tous les majlis qu’organisaient le Hezbollah, Amal et les autres groupes, nous nous sommes mis d’accord pour les annuler cette année. Nous nous sommes mis d’accord pour tenir des majlis avec discours, chants funèbres ou autres exclusivement à distance, et les gens les suivront depuis chez eux (à la télévision, sur Internet, à la radio, etc.).
Voir un des exemples de ces discours prononcés par Nasrallah pendant ‘Achoura : Pourquoi l’Imam Hussein a-t-il mené sa famille et ses partisans à une mort certaine ?
Mieux encore, je veux proposer une image différente. J’appelle aujourd’hui tous les gens, partout au Liban, qu’ils aient l’habitude d’assister aux majlis du Hezbollah, à ceux du mouvement Amal ou de toute autre instance… Nous avons tous des chaines de télévision, et nous allons diffuser des majlis funèbres sur nos chaînes de télévision. Aux heures déterminées (par chaque instance), j’appelle les pères, les mères et les enfants, le père avant tout dont c’est la responsabilité, à réunir la famille à l’heure déterminée, que ce soit 20h30, 21h, 19h, ils doivent se mettre d’accord pour assister à tel majlis retransmis, et à faire ainsi un majlis physique à la maison, car l’unité familiale est toujours rassemblée, et il n’y a pas de mesure sanitaire à faire respecter dans un foyer —sauf si quelqu’un est contaminé, auquel cas il doit être isolé, etc. Au cœur de la maison, à l’heure dite, le père et la mère doivent rassembler les enfants, et ils doivent tous s’assoir devant la télévision, et écouter le majlis retransmis (avec la même attitude) que s’ils étaient physiquement présents dans la mosquée, la husseiniya ou la salle où il est filmé, du début à la fin. Il faut écouter le récit funèbre du martyre de Hussein avec attention et émotion, pleurer sur la mort de Hussein, paix soit sur lui, et sur les martyrs tombés à ses côtés. Si nous faisons tous cela, en fin de compte, nous aurons remplacé les 300, 400 ou 500 majalis qui se tiennent habituellement partout au Liban, dans les villes, villages et quartiers, par 300 000 ou 400 000 majalis (un par foyer chiite), dans ce petit pays. N’est-ce pas ? Quel est le problème ? C’est toujours un majlis, mais au lieu qu’il rassemble des centaines, des milliers ou des dizaines de milliers de personnes, il rassemble 6, 8 ou 10 membres d’un foyer qui vivent ensemble. Cela reste un majlis, et c’est une manière de commémorer ‘Achoura. A travers l’histoire, la plupart du temps, les chiites n’avaient pas le droit de faire des commémorations publiques comme c’est le cas aujourd’hui. Ils le faisaient dans leurs maisons, et se cachaient (de peur de la répression).
En faisant cela, en limitant le majlis à la cellule familiale, nous respectons le devoir de célébration, et nous respectons le devoir de respect des mesures sanitaires. Et nous obtenons la récompense (divine) d’avoir participé au majlis et (commémoré) la calamité du Maître des Martyrs. Et il ne s’agit pas seulement de dire que nous avons ainsi protégé les chiites (du coronavirus). Les chiites sont une composante (majeure) du pays. Si, pendant 10 jours et 10 nuits, nous commémorions ‘Achoura dans des centres rassemblant des milliers et des dizaines de milliers de personnes, et que le coronavirus se propageait parmi nous de manière fulgurante et dangereuse, nous détruirions les chiites et le reste des Libanais avec nous. (Protéger notre pays) est également une responsabilité humanitaire, morale et religieuse. C’est pour cela que nous avons pris cette décision (d’annuler tous les rassemblements commémoratifs). Certains ont dit que c’était une décision courageuse et audacieuse, mais il n’y a ni courage ni audace là-dedans. La responsabilité religieuse de chacun est claire, chacun doit déterminer son devoir en fonction de ses capacités, et le faire ! Car nous devrons en répondre devant Dieu au Jour du Jugement.
Certains pourront ne pas être d’accord avec nous, et faire autrement. Cela doit être débattu (pour arriver à une issue acceptable pour tous). Mais quoi qu’il en soit, ce à quoi je veux appeler, c’est que personne ne fasse de cette question un sujet de dispute. Chaque année, malheureusement, au lieu de consacrer leurs majlis, leurs discours et leurs interventions sur les réseaux sociaux au récit de Karbala, de ses conséquences et de ses leçons, une grande partie des chiites se laisse entraîner sur une question interne sujette à dissension, et se lancent pendant 10 jours et 10 nuits sur une dispute acharnée autour de ce point contentieux. Et à mon avis, ce sont les services secrets étrangers qui entrainent les chiites sur ces questions, en particulier les services secrets britanniques, qui sont très efficaces sur ces questions [notamment via leur pion Yasser al-Habib]. Les Américains ne comprennent pas grand-chose à ces questions, mais les Britanniques une expérience de plusieurs centaines d’années. Cette année, je vous en prie, ne lancez pas de disputes internes sur les questions « Faut-il ou non se rassembler physiquement pour célébrer ‘Achoura cette année », « Qui sert l’Imam Hussein et qui a abandonné l’Imam Hussein », etc., ni à la télévision, ni dans les débats, ni sur les réseaux sociaux. Ce débat serait stérile et contre-productif. Que chacun détermine quelle est sa responsabilité en fonction de la situation sanitaire de son pays et de ses capacités, et fasse ce qu’il considère son devoir (sans s’en prendre aux autres ni faire le jeu de l’ennemi). En ce qui nous concerne, c’est ce que nous faisons, et nous avons expliqué notre point de vue (en espérant que nous avons pris la bonne décision). Voilà ce que je voulais vous dire ce soir. […]
Pour un récit détaillé du massacre de Hussein d’après une source commune aux sunnites & aux chiites, voir La Tragédie de Karbala.
***
Conférence de presse annuelle de Vladimir Poutine, 17 décembre 2020.
Voir Covid-19, guerre biologique, vaccination, passeport sanitaire : les réponses de Vladimir Poutine
Source : kremlin.ru
Traduction : lecridespeuples.fr
[…] Question : Combien de temps durera la pandémie, Monsieur le Président ?
Vladimir Poutine : Personne ne le sait. Cela dépendra de la réalisation de l’immunité collective et de l’efficacité du vaccin. J’ai dit plus tôt que certains partenaires occidentaux se sont déclarés prêts à travailler en commun [le laboratoire européen AstraZeneca a signé un accord de coopération avec Gamaleya, laboratoire ayant créé le vaccin russe Spoutnik V]. C’est très bien. Cela montre que les professionnels peuvent trouver la résolution de dépasser les limites politiques. Je ne suis pas sûr des développements politiques, mais j’aimerais beaucoup que le travail se fasse au niveau professionnel.
Nous avons également une option : concevoir un vaccin léger, comme l’appellent les spécialistes, par le Centre Gamaleya. Il s’agirait d’une seule injection [contre deux pour le Spoutnik V] qui ne sera pas efficace aussi longtemps, le niveau de protection sera inférieur mais l’efficacité sera de toute façon de 85%. Et nous pourrions produire des dizaines de millions de doses de vaccin tout de suite. C’est aussi une option. Et nous pouvons le concevoir nous-mêmes ou nous pouvons le faire avec nos partenaires. Il existe de nombreuses options ici.
Quant à savoir quand cela se terminera, personne ne donne de réponse directe à cette question. Certains producteurs de vaccins, Dieu merci, ont dit franchement que les choses ne vont pas très bien, ils ont eu des échecs. Mais je ne vois rien de terrible ici non plus. Je ne pense pas que nous devrions pointer du doigt en disant : « Hé, ils ne peuvent rien faire » et jubiler. Non, ce n’est pas notre style.
Voir Covid-19 : pourquoi le vaccin russe est plus fiable que ses concurrents occidentaux
Question : Comment la Chine a-t-elle réussi à vaincre la pandémie si rapidement ?
Vladimir Poutine : Ils avaient des mesures restrictives sévères et les autorités ont pu les mettre en œuvre.
Question : Craignez-vous que les gens deviennent fous maintenant ? Les cafés et les restaurants sont fermés avant le réveillon du Nouvel An, peut-être que les gens ne pourront tout simplement pas le supporter ?
Vladimir Poutine : Je ne pense pas que la fermeture des cafés et des restaurants soit une question critique pour ceux qui les fréquentent. Cependant, du point de vue des entreprises, nous devons réfléchir et regarder les pertes qui émergent ici. Car évidemment, les business plans incluaient l’exploitation et les revenus accrus pendant la période des fêtes mais cela ne s’est pas concrétisé. C’est ce qu’il faut considérer.
Pendant ce temps, la plupart des gens célèbrent la nouvelle année avec leur famille. Bien que la fatigue augmente, naturellement. Mais les gens voient et comprennent ce qui se passe. On peut être un dissident COVID ou autre jusqu’à ce qu’on contracte soi-même la maladie.
Question : Mais il n’y aura pas de confinement ?
Vladimir Poutine : Nous ne prévoyons pas de confinement.
Voir Russie : comment les Moscovites réagissent aux restrictions drastiques dues au Covid-19
Question : En tant que personne qui a été vaccinée, je veux vous demander ceci. J’ai participé à la troisième étape des essais post-enregistrement du vaccin Gamaleya, j’ai reçu le vaccin, mais j’ai fait face au fait que beaucoup de mes amis et même des membres de ma famille ne comprenaient pas pourquoi je l’avais fait. Beaucoup de gens ne se feront pas vacciner…
Vladimir Poutine : Nous devons le leur expliquer, ils ont besoin de clarifications.
Remarque : Je le fais, par l’exemple. Aurons-nous un moyen de persuader les gens de se faire vacciner ? Parce que beaucoup de gens refuseront si cela continue d’être administré sur la base du volontariat. Et la période de récupération sera plus longue.
Vladimir Poutine : Cela ne peut être fait que volontairement. Quant à l’explication et à la persuasion, elle doit se faire avec votre aide et l’aide de vos collègues, représentants des médias, blogueurs et spécialistes qui doivent donner les informations nécessaires aux personnes dans un langage clair et simple pour susciter leur confiance. […]
Voir A Moscou, le port du masque et de gants est obligatoire, et les amendes pleuvent
Question : Monsieur le Président, pouvez-vous garantir que de telles restrictions…
Vladimir Poutine : Allez, évitons un tel mot. (Rires)
Question : Pouvez-vous promettre qu’il n’y aura plus de restrictions comme les plus sévères au printemps avec de nombreux jours chômés, des restrictions sur les centres commerciaux et des fermetures d’entreprises ?
Vladimir Poutine : Je peux dire que cela ne fait pas partie de nos plans. Il n’y en a pas besoin. L’incidence de la maladie est assez élevée mais selon les spécialistes, elle a atteint un plateau, ce qui signifie que nous ne constatons pas une forte augmentation.
Nous partons de l’hypothèse qu’étant donné le nombre de lits spécialisés dont nous disposons, à condition d’augmenter la production de médicaments, j’espère que nous n’aurons pas les développements négatifs que vous avez mentionnés. Nous surveillerons cela de plus près afin que les gens obtiennent les médicaments nécessaires et soient hospitalisés en cas de besoin.
Voici ce que vous dites : certaines personnes ne croient pas aux vaccins et ne veulent pas se faire vacciner, ou elles ne croient en rien du tout ; d’autres sont malheureux s’ils n’ont pas été transportés immédiatement à l’hôpital ; d’autres encore sont mécontents parce qu’ils n’ont pas reçu de médicaments. Tout cela doit être examiné attentivement, calmement, à temps, et nous devons donner une réponse rapide. Si nous faisons cela, si nous suivons les règles et si nous nous conformons aux exigences des médecins hygiénistes, nous n’aurons pas besoin de confinement. […]
Voir également Coronavirus : Khamenei appelle à la vigilance et au port du masque et notre dossier sur le Covid-19
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Source: Lire l'article complet de Le Cri des Peuples