Ignorant les appels en faveur d’Assange, Trump a gracié des mercenaires de Blackwater coupables de crimes de guerre en Irak.
Par Caitlin Johnstone
Source :RT, 23 décembre 2020
Traduction : lecridespeuples.fr
Les partisans de Donald Trump disent qu’il a « drainé le marécage » et mis fin aux guerres. Ses adversaires disent qu’il était une marionnette de Poutine et une réincarnation d’Hitler. Les deux ont tout faux.
Après des semaines de spéculation et d’espoirs désespérés que Donald Trump pourrait se préparer à gracier le lanceur d’alerte de la NSA Edward Snowden et / ou le fondateur de WikiLeaks Julian Assange avant de quitter ses fonctions le 20 janvier, ce que la dernière série de grâces présidentielles a livré est à peu près aussi loin de ces espérances qu’on peut l’imaginer.
« Lors d’une audacieuse série de grâces avant Noël, le Président Trump a accordé sa grâce mardi à deux personnes condamnées dans le cadre de l’enquête du conseil spécial sur la Russie, quatre gardes de Blackwater condamnés pour le meurtre de civils irakiens et trois anciens membres Républicains corrompus du Congrès », rapporte le New York Times.
Comme le rapporte RT, « La décision de Donald Trump de gracier quatre mercenaires de Blackwater impliqués dans le massacre de civils irakiens en 2007 a été accueillie par un tsunami de colère et de ressentiment en ligne de la part de personnes qualifiant cela de parodie de justice.
Le Président Donald Trump a annoncé mardi soir qu’il accordait 15 grâces complètes et commuait les peines de cinq condamnés en peine purgée. Quatre des personnes bénéficiant de la clémence étaient d’anciens employés de la tristement célèbre entreprise militaire privée Blackwater.
Les mercenaires Dustin Heard, Evan Liberty, Nicholas Slatten et Paul Slough
Ils purgeaient de longues peines de prison, y compris une peine à perpétuité dans un cas, pour le massacre de Nisour Square, l’un des épisodes les plus notoires de l’engagement militaire des États-Unis en Irak.
Dix-sept civils irakiens, dont deux femmes et deux enfants, ont été tués sur la place bondée de Bagdad en septembre 2007, après que les entrepreneurs américains ont ouvert le feu sur elles avec des mitrailleuses, des fusils de précision et des lance-grenades. L’enquête a conclu qu’ils avaient été tués sans aucune raison. L’attaque non provoquée a été menée par des gardes de Blackwater qui escortaient un convoi de l’ambassade américaine et qui pensaient (prétendument) avoir été pris dans une embuscade.
Ali Kinani, assassiné par les mercenaires de Blackwater à 9 ans
Après un long processus judiciaire, quatre personnes ont été condamnées à diverses peines de prison. Nicholas Slatten, accusé d’avoir ouvert le feu le premier et d’avoir déclenché l’attaque contre des civils, a été condamné à la réclusion à perpétuité. »
Je n’ai probablement pas besoin de le dire à mes lecteurs réguliers, mais une grâce de Trump pour Assange et Snowden n’est certainement pas envisagée. Trump n’a rien fait d’autre que protéger le statu quo impérial tout au long de son mandat, et une grâce pour l’un de ces héroïques défenseurs de la transparence gouvernementale serait une déviation sans précédent par rapport à ses modèles comportementaux établis depuis qu’il est au pouvoir. Il est bon de faire pression sur les politiciens pour qu’ils agissent correctement, même lorsqu’ils ne le feront probablement pas, mais il y a fort à parier que Trump ne fera jamais rien de tel.
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L’ensemble du mandat de Trump a révélé que pratiquement tout le monde, dans tout le spectre politique américain, avait tort à son sujet. Et c’est un témoignage de la puissance des chambres d’écho des médias qui, pour la plupart, restent aussi fausses à son sujet qu’il y a quatre ans.
À ce jour, même après quatre ans de preuves du contraire, les partisans de Trump croient toujours que leur Président a mis fin aux guerres, drainé le marécage et combattu l’État profond. Ils croient qu’il combat le « Deep State » même après qu’il ait emprisonné Assange. Ils croient qu’il met fin aux guerres alors même qu’il a intensifié les agressions de la guerre froide contre la Russie, tué des dizaines de milliers de Vénézuéliens avec des sanctions visant à la famine, opposé son veto aux tentatives de sauver le Yémen d’un génocide soutenu par les États-Unis, s’efforce de fomenter la guerre civile en Iran en utilisant des sanctions visant à imposer la famine et des opérations de la CIA ayant pour objectif déclaré de pousser à un changement de régime, occupé les champs pétrolifères syriens dans le but d’empêcher la reconstruction de la Syrie, considérablement augmenté le nombre de soldats au Moyen-Orient et ailleurs, considérablement augmenté le nombre de bombes larguées par jour par l’administration précédente, tuant un nombre record de civils, et réduit la responsabilité militaire pour ces frappes aériennes. Ils croient qu’il est en train de drainer le marécage même après avoir rempli son cabinet de monstres des marais du système.
À ce jour, même après quatre ans de preuves du contraire, les libéraux sont toujours convaincus [ou font semblant de l’être] que Trump est un serviteur de la Russie qui a passé son mandat à promouvoir les intérêts de Vladimir Poutine. Ils le croient alors même qu’il déchire les traités avec la Russie, bombarde le gouvernement syrien et arme l’Ukraine (deux choses qu’Obama a refusé de faire), imposant de nombreuses sanctions et de nombreuses autres escalades directement contre les intérêts et la sécurité de la Russie.
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À ce jour, même après quatre ans de preuves du contraire, de nombreux partisans de la gauche continuent d’affirmer fréquemment que Trump est un Président exceptionnellement fasciste ou hitlérien, bien qu’il ait effectué beaucoup moins de déportations qu’Obama. Et ce malgré le fait qu’il quittera avec une certitude absolue ses fonctions le 20 janvier après avoir perdu une élection.
Toutes les parties ont prétendu que Trump constituait un écart radical par rapport à la norme, image cultivée par Trump lui-même, alors que tout ce qu’il a fait tout au long de son mandat a été de protéger le statu quo, tout comme ses prédécesseurs avant lui. Comme l’écrivain et activiste Sam Husseini l’a récemment dit, « Trump est le pouce opposable du système. Il a l’air d’être du côté opposé, mais il l’aide simplement à en saisir toujours davantage. »
Après quatre ans, tout le monde –gauche, droite et centre– s’est trompé sur Trump. Il n’était ni un monstre maléfique unique (il n’était incontestablement même pas aussi malfaisant que Bush), ni un héros populiste drainant le marécage et combattant pour les citoyens ordinaires contre l’État profond.
En réalité, le mandat de Trump a clairement établi ce qu’il était vraiment pendant tout ce temps : il était un Président américain. Mieux que certains, pire que d’autres, mais aussi profondément affreux car il a volontairement servi de visage à la force la plus perverse et destructrice de la terre, à savoir le gouvernement des États-Unis. C’était le même genre de monstre que ses prédécesseurs.
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Trump était un Président américain d’une dépravation assez moyenne, avec une superposition vraiment massive de récits entassés sur lui par des médias partisans de tous les côtés. En réalité, il était à peu près ce que vous obtiendriez si vous preniez n’importe quel baby-boomer américain moyen qui déclame contre Obama à la télévision, si vous le rendiez riche, puis le nommiez Président.
C’est ce que Trump est et a été. Rien de plus extraordinaire que ça. Ce n’est que l’efficacité des chambres d’écho et la tendance humaine à donner la priorité au récit romancé sur les données factuelles qui empêchent plus de gens de voir cela.
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Et maintenant, il s’en va, avec ses crimes imaginaires toujours considérés comme réels et ses crimes réels complètement ignorés. L’humanité ne sera pas en mesure de créer un monde sain tant que nous n’aurons pas trouvé un moyen de transcender notre relation malsaine et délirante avec ces récits mentaux qui obscurcissent si facilement notre perspective sur ce qui se passe réellement.
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