Chaque année, Google nous offre en cadeau de Noël son bilan des mots les plus recherchés sur la toile.
Sans surprise, en 2020, c’est « Coronavirus » qui a été couronné (lol), tout juste devant les élections, Kobe Bryant, Zoom et IPL. Analyse des idées qui se cachent derrière ces mots primés.
À l’échelle mondiale ou nationale, on retrouve les mêmes finalistes. Il semble que chez nous, toutefois, le duel Trump-Biden retienne plus l’attention que la pandémie, et que le basketball (Raptors) soit plus populaire que le cricket (Indian Premier League).
Monde
- Coronavirus
- Élection
- Kobe Bryant
- Zoom
- IPL
Canada
- Élection
- Coronavirus
- Kobe Bryant
- Zoom
- Raptors
Ces cinq termes sont un puissant indicateur des tendances socioculturelles de l’heure, mais aussi des questions personnelles qui nous habitent. Car, après tout, ce sont nos « recherches » individuelles qui ont produit ce palmarès universel. Derrière ce pentateuque lexical, on peut découvrir comme en négatif photographique cinq autres paroles révélatrices des craintes et désirs de ce temps.
1. Coronavirus/Peur
Que se cache-t-il derrière nos milliards de recherches sur la pandémie ? Volonté de s’informer et de se protéger ? Envie de tout savoir et prévoir ce qui pourtant échappe à notre contrôle ?
Il semble qu’un grand nombre de ces recherches ont été motivées par la peur : peur de la mort et plus encore de donner la mort ; peur de perdre sa santé physique et financière ; peur que les désordres établis de nos systèmes boursiers et hospitaliers s’écroulent.
C’est toute une culture du projet qui s’est effondrée cette année et c’est probablement la conséquence la plus salutaire de toute cette crise que d’avoir mis la hache dans l’illusion que nous contrôlons quoi que ce soit.
La peur est un vecteur essentiel du désir de connaitre. L’inconnu fait peur (qu’il soit un virus ou un migrant) et 2020 a fait exploser le coefficient d’imprévisibilité, non pas juste dans le monde en général, mais dans chacune de nos vies en particulier. C’est toute une culture du projet qui s’est effondrée cette année et c’est probablement la conséquence la plus salutaire de toute cette crise que d’avoir mis la hache dans l’illusion que nous contrôlons quoi que ce soit.
2. Élection/Polarisation
Élire c’est choisir, et les temps de crise (krisis) sont justement des intersections où un jugement et une décision s’impose : la droite ou la gauche ; l’environnement ou l’argent ; la santé ou la liberté ; les peuples ou l’élite ; les hommes ou les femmes ; les noirs ou les blancs…
On a eu plus d’une fois l’impression que les faux dilemmes ont réussi à nous imposer leur grille de lecture dialectique ; il est toujours plus facile de diaboliser la différence que de l’harmoniser et la synthétiser. Penser en noir et blanc a toujours été le propre des esprits aussi sûrs que faibles.
Gare au grand retour du manichéisme en 2021 ! L’inquisition woke et la croisade alt-right feront tout pour vous obliger à prendre parti, quitte à perdre le sens du tout. Créer des ponts plutôt que polariser sera le grand défi de 2021.
3. Kobe Bryant/Mort
Ce n’est pas tant l’amour du basket que de la vie terrestre qui explique cette médaille de bronze cette année. Kobe Bryant a vécu ce que le virus fait redouter à une majorité tétanisée : une expiration soudaine et imprévue à contrecourant de l’euthanasie bien planifiée. Son décès a sonné la fin de la récré.
La jeunesse, la gloire et l’argent ne sont que des chimères sans force devant la grande faucheuse universelle. La mort, plus que Dieu, semble avoir été le premier moteur de 2020.
4. Zoom/Solitude
Zoomer, c’est créer un effet de rapprochement. Le problème, c’est que c’est juste un effet. Les connexions par écrans interposées se sont révélées de fades succédanées pour pallier le jeûne de relations interpersonnelles.
Plutôt que d’agrandir nos possibilités, la numérisation de toutes nos rencontres les a réduites à des rapports ponctuels et fonctionnels. L’abus de virtuel nous a au moins révélé la convenance du mystère de l’Incarnation et notre besoin de la présence réelle.
5. IPL/Divertissement
IPL n’est que le dernier symptôme d’une culture de l’insouciance et du divertissement.
Cette ligue de cricket indienne a été plus suivie que les feux australiens, l’avion iranien, l’explosion de Beyrouth ou l’implosion de Hong Kong. Seul le roi des tigres Joe Exotic a réussi à talonner les batteurs sur gazon.
Comme quoi, devant l’effondrement du monde, il est toujours plus facile de se divertir que de se convertir.
Pascal avait bien raison de constater que « tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » et qu’« on ne recherche les divertissements des jeux que parce qu’on ne peut demeurer chez soi avec plaisir. »
Deux bonnes nouvelles
Peur, polarisation, mort, solitude et divertissement. Ce top 5 peut avoir quelque chose de décourageant.
Heureusement, Google nous apprend au moins deux bonnes nouvelles sur nos recherches en 2020. Les questions « Comment faire un don ? » et « Comment changer le monde ? » ont fait l’objet de deux fois plus de recherches que « Comment faire des économies ? » et « Comment revenir à une vie normale ? ». Comme quoi le souci des autres prime sur le souci de soi et l’espoir en l’avenir l’emporte sur la nostalgie du passé.
Et vous, en 2021, qu’allez-vous chercher plus que tout ?
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Source: Lire l'article complet de Le Verbe