En 1956, le FLN (Front de Libération Nationale) algérien appelait les juifs d’Algérie à rejoindre la lutte pour l’indépendance du pays. Une minorité d’entre eux a répondu favorablement à cet appel, la majorité préférant soutenir le colonialisme français. Parmi cette minorité se trouvait Henri Alleg, un juif communiste algérien connu pour son livre « La Question » ou il raconte les séances de torture qu’il a subit de la part des parachutistes français à cause de son soutien à la cause indépendantiste algérienne.
Ci-dessous, l’appel du FLN:
Appel du FLN à nos compatriotes israélites
Le Front de libération nationale, qui mène la révolution anticolonialiste depuis deux ans, estime que le moment est venu où chaque Algérien d’origine israélite, à la lumière de sa propre expérience, doit sans aucune ambiguïté choisir son camp dans cette grande bataille historique. Le FLN, représentant authentique et exclusif du peuple algérien, considère qu’il est de son devoir de s’adresser directement à la communauté israélite et de lui demander d’affirmer solennellement son appartenance à la nation algérienne. Ce choix clairement affirmé, il dissipera tous les malentendus et extirpera les germes de la haine entretenus par le colonialisme français. Il contribuera également à recréer la fraternité algérienne, brisée par l’arrivée du colonialisme français.
Depuis la révolution du 1er novembre 1954, la communauté israélite d’Algérie, inquiète pour son sort et son avenir, a été soumise à diverses fluctuations politiques. Lors de la dernière réunion du Congrès juif mondial, les délégués algériens, contrairement à leurs camarades de Tunisie et du Maroc, se sont prononcés, à notre grand regret, pour la citoyenneté française. Ce n’est qu’après les troubles colonialistes-fascistes du 6 février, au cours desquels des slogans anti-juifs sont réapparus, que la communauté israélite a adopté une attitude neutraliste. Suite à cela, un groupe d’Israélites de toutes conditions, notamment d’Alger, a eu le courage d’entreprendre une action clairement anticolonialiste en affirmant son choix raisonné et définitif pour la nationalité algérienne.
Sans remonter trop loin dans l’histoire, il nous semble utile de rappeler le temps où les juifs, moins respectés que les animaux, n’avaient même pas le droit d’enterrer leurs morts, ces derniers étant secrètement enterrés pendant la nuit où que ce soit, en raison de l’interdiction absolue des Juifs d’avoir des cimetières. A cette époque précisément, l’Algérie était le refuge et la terre de liberté des Israélites qui fuyaient les persécutions inhumaines de l’Inquisition. C’est précisément à cette époque que la communauté israélite était fière d’offrir à sa patrie algérienne non seulement des poètes, mais des consuls et des ministres.
C’est parce que le FLN considère les Israélites algériens comme les fils de notre patrie qu’il espère que les dirigeants de la communauté juive auront la sagesse de contribuer à la construction d’une Algérie libre et véritablement fraternelle. Le FLN est convaincu que les dirigeants comprendront qu’il est de leur devoir et de l’intérêt de toute la communauté israélite de ne plus rester au-dessus de la mêlée, de condamner sans compromis le régime colonialiste français mourant et de proclamer leur choix pour la citoyenneté algérienne.
Salutations patriotiques. Quelque part en Algérie le 1er octobre 1956.
Source: Benjamin Stora, Les Trois Exils Juifs d’Algérie, Paris, Hachette, 2006;
Traduit: pour marxists.org par Mitchell Abidor
Lien de l’article en anglais:https://www.marxists.org/history/algeria/1956/israelites.htm
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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