Texte intégral du discours prononcé le 16 décembre 2020 par l’Ayatollah Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique, lors d’une réunion avec les responsables des cérémonies prévues pour commémorer le martyre du Général de division Hajj Qassem Soleimani et du Commandant adjoint du Hachd al-Cha’bi, Abu Mahdi al-Muhandis, assassinés par les Etats-Unis le 3 janvier 2020, en présence de la famille du martyr Soleimani.
Voir ci-dessous « En Irak, les États-Unis se préparent à des actes de représailles à l’approche de l’anniversaire de l’assassinat de Soleimani »
Source : french.khamenei.ir
Révision : lecridespeuples.fr
Transcription :
Au nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux.
Louange à Dieu, Seigneur de l’univers, et paix et salutations sur notre Maître Muhammad et sur sa Lignée pure, et que Dieu maudisse tous leurs ennemis !
Tout d’abord, je remercie beaucoup les frères et sœurs qui ont organisé ce comité de commémoration du martyre du Général Soleimani, et également organisé des cérémonies en l’honneur d’autres grands martyrs du monde de l’Islam, y compris les martyrs de la défense des sanctuaires sacrés. Nous pourrions également évoquer l’organisation par l’honorable famille de notre estimé martyr, baptisée « L’école de pensée de Soleimani ». Tous ces événements sont très positifs, nécessaires et bénéfiques, et par la faveur de Dieu, ils devront être poursuivis de manière forte, vigilante et prudente. Vous devez tous faire de votre mieux. Comme notre Sardar (Général) [Hussein Salami, Commandant en chef du Corps des Gardiens de la Révolution islamique] l’a mentionné [au début de la réunion], vous devez veiller à ce que les événements organisés en mémoire de notre cher Martyr Soleimani soient des événements publics et populaires. En d’autres termes, c’est le peuple iranien lui-même qui doit coopérer et faire preuve de créativité dans les divers domaines culturels, comme il l’a fait lors de la cérémonie funéraire et d’autres événements similaires. Nous ne devons pas limiter cet événement à des orientations et groupes particuliers.
Ce que je souhaite dire à propos du martyre de notre cher Soleimani —que je n’oublierai jamais, pas plus que je n’oublierai le martyr Abu Mahdi al-Muhandis (que Dieu leur accorde le paradis)— est que le martyre de Soleimani a été un événement historique. Ce n’était pas un évènement ordinaire susceptible d’être oublié dans l’Histoire. Cet événement a été enregistré dans l’Histoire comme un point brillant. Le martyr Soleimani est devenu le héros de la nation iranienne et de l’Ummah islamique. C’est un point fondamental. Les Iraniens sont fiers qu’un homme venu d’un village lointain soit devenu une personnalité brillante et un héros de l’Ummah islamique, grâce à ses efforts et à son exemplarité morale. Plus tard, je soulèverai deux ou trois autres points à cet égard.
Soleimani est un héros pour la nation iranienne parce que le peuple a reconnu en lui ses propres valeurs et ses richesses culturelles, spirituelles et révolutionnaires. Quand il était encore en vie et à la tache, d’une manière très simple et sans aucune ostentation, les gens affichaient ses photos dans la rue et étaient fiers de lui. Quand il est tombé en martyr, ce ne sont pas seulement les révolutionnaires qui ont commémoré son souvenir dans leur esprit ou dans des manifestations réelles. Au contraire, des gens de tous les milieux sociaux ont manifesté leur attachement pour lui, même ceux qui n’étaient pas censés manifester des sentiments pour une figure révolutionnaire. Pourquoi ? C’est parce qu’il était l’incarnation des valeurs culturelles des Iraniens et de l’Iran. Cela est vraiment précieux.
Voir Révélations de Qassem Soleimani sur la guerre de 2006 et sa présence aux côtés de Nasrallah
D’un autre point de vue, il a toujours fait preuve de courage et de résistance, qualités propres aux Iraniens. La soumission, la résignation, la passivité et d’autres comportements négatifs de ce genre sont à l’opposé de nos sentiments nationaux. Ceux qui prétendent être nationalistes, mais agissent avec faiblesse et soumission, renferment en eux-mêmes des contradictions. Lui, il incarnait le courage et la résistance. Tout le monde pouvait le voir et en être témoin.
Nous pouvons également évoquer sa perspicacité et son intelligence. Il était très intelligent. Il y a de nombreux exemples à ce sujet. Bien avant qu’elle apparaisse, il avait prédit l’émergence d’une orientation, soi-disant religieuse, attachée à une certaine secte et opposée à la Résistance, et m’avait dit : « D’après ce que je vois dans le monde de l’Islam —il a mentionné les noms de certains pays—, une orientation est en train de naitre ». Et après un certain temps, Daech est apparu ! C’était une personne perspicace et intelligente. Lorsqu’il s’occupait des affaires des pays où il était, il agissait de manière très sage et judicieuse. Je pouvais le sentir. Nous étions constamment en contact sur différents sujets. Il avait une grande perspicacité, qui est une autre qualité iranienne et une autre caractéristique des richesses culturelles de la nation iranienne.
Voir Nasrallah : Daech est la plus grande distorsion de l’Islam dans l’histoire, Les principales victimes de Daech sont les musulmans sunnites & Daech est avant tout Wahhabite, chaque musulman doit le combattre
Le martyr Soleimani avait également un grand esprit de sacrifice et de bienfaisance. Pour lui, il n’y avait aucune différence entre telle ou telle nation. Il aimait tous les êtres humains et s’est sacrifié pour tout le monde. De plus, c’était un homme d’une grande spiritualité, d’une grande pureté et d’une grande piété. C’était un homme pur et mystique, qui ne cherchait pas à s’afficher. Eh bien, c’est une collection de vertus morales vraiment précieuses. Les gens les voyaient en lui et il les incarnait. Dans les déserts et les montagnes de tel ou tel pays, il a affronté différents ennemis en incarnant et en reflétant les valeurs de la culture iranienne. C’est ainsi qu’il est devenu le héros de la nation iranienne.
Voir le Testament politico-spirituel du martyr Qassem Soleimani
D’un autre côté, nous avons dit qu’il était le héros de l’ensemble de l’Ummah islamique. Pourquoi ? Parce qu’avec son mouvement et finalement, son martyre, qui a été le pinacle de ses actions, il est devenu un code d’inspiration et de mobilisation pour le front de la Résistance, dans le monde de l’Islam. Dans le monde islamique d’aujourd’hui, quand certaines personnes souhaitaient résister aux intimidations des Arrogants (impérialistes), leur modèle et leur référence est le « Martyr Soleimani ». Il est respecté et sa mémoire est commémorée dans différents pays. Ses photos sont affichées ici et là, son nom est scandé dans toutes les langues, et différentes cérémonies sont organisées à sa mémoire. En fait, il a enseigné aux gens les règles de la Résistance et le modèle de combat, et il les a promus parmi les nations. Eh bien, ce sont des rôles très importants et très sensibles. C’est pourquoi il est devenu une personnalité exceptionnelle et un héros au sein du monde de l’Islam.
Il a vaincu le front de l’Arrogance de son vivant et après son martyre. Ce ne sont pas des paroles en l’air mais des faits qui ont été prouvés. Il a vaincu l’Arrogance de son vivant. La raison est que le Président américain [Donald Trump] a dit un jour : « Nous avons dépensé sept mille milliards de dollars en Irak, mais nous n’avons rien obtenu », et a même dû voyager de nuit pour rendre visite à une base américaine en Irak [la base militaire d’Aïn-el Assad, frappée par l’Iran le 8 janvier 2020]. Le monde entier affirme que les États-Unis n’ont pas atteint leurs objectifs en Irak et en Syrie, et en particulier en Irak. Pourquoi ? Qui était derrière leur échec ? C’était Soleimani, qui était le héros de ce combat et les a vaincus de son vivant.
Il les a également vaincus après son martyre. La cérémonie funéraire qui a été organisée en son honneur en Iran était vraiment étonnante et inoubliable. Cela a été la même chose en Irak, avec la présence de millions d’Irakiens qui ont fait leurs adieux à son corps, à Najaf et à Bagdad. Soleimani et le martyr Abu Mahdi al-Muhandis ont été inhumés ensemble. Cette cérémonie et les événements de commémoration qui ont suivi ont étonné les Généraux de la « guerre soft » (idéologique) dans le camp de l’Arrogance. Les Généraux les plus remarquables et les plus influents de ce combat de l’Arrogance ont été étonnés de voir cet événement et ne pouvaient en aucun cas, comprendre le grand mouvement qui les avait vaincus.
Voir Khamenei : nos frappes contre la base d’Al-Assad ont brisé le prestige des Etats-Unis
Bien entendu, ce qui s’est passé après son martyre a été la première gifle sévère infligée aux États-Unis. Ce grand mouvement populaire a été la première gifle aux États-Unis, et après cela, nos frères en ont donné une autre. Cependant, la gifle la plus sévère consiste à vaincre par le soft power le prestige vain et illusoire de l’Arrogance. Cela a été une gifle dure qui devait être infligée aux États-Unis. Notre jeunesse révolutionnaire et nos personnalités religieuses doivent briser cette vaine gloriole des États-Unis grâce à leur détermination et leur infliger une autre gifle sévère. C’était la première gifle. Une autre consistera à expulser les États-Unis de la région. Cela nécessite la détermination des nations et les politiques adoptées par le front de la Résistance qui doit remplir ce devoir, et ce sera une gifle sévère.
Bien sûr, ce sont des choses différentes de la vengeance contre l’assassin. Les mesures que j’ai mentionnées concernent l’Arrogance et les États-Unis dans leur intégralité. L’assassin de Soleimani et ceux qui ont donné l’ordre de ce meurtre devront en payer le prix. C’est une question à part qui a une place spéciale. Bien entendu, selon les mots d’une personnalité chère, « les chaussures de Soleimani valent plus que la tête de son meurtrier, et même si son meurtrier perd sa tête, les chaussures de Soleimani auront toujours plus de valeur ». C’est vrai, mais de toutes façons, ils ont mal agi et nous devons nous venger. Ceux qui ont ordonné son assassinat et les assassins eux-mêmes doivent savoir que nous prendrons notre revanche en temps voulu, et que nous attendons le moment propice.
Référence à ce discours de Nasrallah du 5 janvier 2020 :
« Nous devons tous, à travers notre région et au sein de notre Communauté (arabo-musulmane), œuvrer à obtenir le juste prix du sang. Quel est le juste prix du sang ? Je vais être très clair. Car nous avons déjà une telle expérience (avec nos différentes ripostes contre les agressions israéliennes), et je ne vais pas entrer dans ces détails. La question peut être sujette à débat, et on voit de telles discussions aujourd’hui, dans le cadre de réunions, sur les réseaux sociaux, même en Iran, dans les journaux, dans les médias, etc., où on peut lire que le juste prix du sang doit consister en l’assassinat d’une personnalité de même poids que Qassem Soleimani. Qui pourrait-ce être ? Le chef d’état-major de l’armée américaine ? Le Secrétaire d’Etat américain à la défense ? Des commandants intermédiaires ? En réalité, il n’y a aucune personnalité dont la valeur soit comparable à celle de Qassem Soleimani ou d’Abu Mahdi al-Muhandis. Il n’y en a aucune dans leurs rangs (qui leur arrive à la cheville). Une chaussure de Qassem Soleimani vaut mieux que la tête de Trump et de toute son administration & de son état-major ! Une simple chaussure de Qassem Soleimani ! Il n’y a pas d’équivalent à Qassem Soleimani ou à Abu Mahdi al-Muhandis pour qu’on puisse décider de faire justice en les tuant, obtenant ainsi vengeance. En aucun cas. La juste rétribution, le juste prix du sang est celui-ci, en toute franchise et en toute clarté : la présence militaire américaine dans la région. (Mettre fin à) la présence militaire américaine dans notre région, (voilà la seule vengeance appropriée pour la mort de Soleimani). »
Voir Nasrallah : nous vengerons Soleimani en expulsant les soldats américains de tout le Moyen-Orient & Les larmes de Nasrallah : « J’aurais sacrifié ma vie pour Qassem Soleimani »
Quelques conseils aux responsables et au peuple :
1 : Nous devons nous renforcer dans les domaines économique, scientifique, technologique et militaire
Cette réunion bénie se tient au nom du martyr Soleimani. Par conséquent, je ferai trois ou quatre conseils très importants :
Tout d’abord, je souhaite conseiller aux responsables du pays et à notre cher peuple de se renforcer. Comme l’a dit notre poète du Khorasan : « Si vous voulez jouir du confort de la vie, il faut devenir plus puissants » [vers d’un poème d’Ali Akbar Azadi Torbati]. Vous devez vous renforcer à la fois dans l’économie, la science, la technologie et la défense militaire. Vous devez devenir forts. Tant que vous ne serez pas forts, les ennemis garderont leurs yeux avides sur vous, et transgresseront vos droits. C’est le premier conseil que j’ai toujours fait. Je suivrai moi-même la question aussi longtemps que je serai capable de le faire et tant que Dieu m’en donnera la bénédiction. Les responsables sont également tenus de suivre ce conseil.
2 : Ne faites pas confiance à l’ennemi
Deuxièmement, vous ne devez pas faire confiance à l’ennemi. C’est un conseil absolu. Vous ne devez pas faire confiance à l’ennemi. Vous ne devez pas faire confiance à telle ou telle personne et à ses promesses de faciliter la résolution des problèmes du peuple et de construire l’avenir du pays. Ce conseil s’adresse aux responsables. De telles promesses ne sont pas celles de bonnes personnes mais celles de mauvaises personnes et de personne malveillantes qui n’en respecteront même pas une sur cent.
Vous ne devez pas oublier les inimitiés dont ils ont fait preuve envers nous. Vous avez été témoin de ce que les États-Unis de Trump et d’Obama vous ont fait. Bien sûr, leur inimitié ne s’est pas limitée à Trump pour que nous pensions qu’elle disparaitra avec son départ. Ce n’est pas le cas. Les États-Unis d’Obama se sont également mal comportés envers vous et envers la nation iranienne, ainsi que les trois pays européens [Angleterre, France et Allemagne] qui ont fait preuve d’une malhonnêteté absolue et d’une extrême vilénie et hypocrisie dans leurs relations avec la nation iranienne. C’est le second conseil.
Voir Nucléaire iranien: Londres, Paris et Berlin cèdent au chantage de Trump et renient leurs engagements & Khamenei : les négociations sont une supercherie, l’Europe est notre ennemie au même titre que les Etats-Unis
3 : Préservez l’unité nationale
Le troisième conseil est que vous devez préserver l’unité nationale. Notre pays a besoin d’unité, de l’unité de la nation iranienne. Sur de nombreux sujets, la nation iranienne a une voix unanime et des revendications unanimes. Cependant, les responsables peuvent détruire cette unanimité. Nos responsables ont l’art de briser cette unanimité et de diviser la nation, alors que les responsables du pays devraient tout faire pour renforcer cette unité. Les trois branches du gouvernement devraient travailler et coopérer, en particulier les chefs des trois branches. Si cette solidarité, cette unité et cette coopération se concrétisent, l’unité nationale en sera certainement renforcée. Eh bien, on peut négocier. Il existe ou il pourrait exister certaines divergences que vous devez résoudre par des négociations. Vous parlez de négocier avec le monde. Très bien, comment peut-on négocier avec le monde sans être capable de négocier à l’intérieur ? Vous devez négocier et résoudre les problèmes. Certains commentaires que nous entendons ces jours-ci sont une source de discorde et pas d’unité.
4 : Neutralisez les sanctions
Quatrième et dernier point : je l’ai déjà dit, mais je tiens à le répéter, la levée des sanctions est entre les mains de l’ennemi, mais leur neutralisation est entre les nôtres. N’est-ce pas le cas ? Nous ne pouvons pas nous-mêmes lever les sanctions. C’est l’ennemi qui doit le faire. Cependant, nous sommes nous-mêmes capables de neutraliser les effets de ses sanctions. Par conséquent, cela est prioritaire et c’est le bon chemin à prendre. Nous devons penser davantage à cette dernière solution. Bien entendu, je ne dis pas que nous ne devons pas poursuivre la levée des sanctions. Si nous parvenons à lever les sanctions, nous ne devons pas le retarder ne serait-ce que d’une heure. Bien sûr, il y a un retard de quatre ans. En 2016, toutes les sanctions étaient censées être levées d’un seul coup, mais jusqu’à aujourd’hui, non seulement elles n’ont pas été levées, mais elles se sont même intensifiées. Cependant, si nous pouvons les faire lever de manière correcte, raisonnable, digne, islamique et iranienne, nous devons le faire. Néanmoins, vous ne devez pas trop y penser. Vous devriez plutôt penser à neutraliser les sanctions, chose qui est entre vos mains et que vous êtes capables de le faire. Vous devez suivre la situation et coopérer les uns avec les autres, de manière assidue. C’est le conseil que je vous fais et je soutiendrai les responsables à condition qu’ils restent attachés aux objectifs de la nation.
J’espère que Dieu, le Très-Haut, accordera à tous les responsables du pays la bénédiction de pouvoir accomplir de grands exploits, in-cha-Allah.
Je vous adresse mes salutations. Que la miséricorde de Dieu et Ses bénédictions vous accompagnent !
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En Irak, les États-Unis se préparent à des actes de représailles à l’approche de l’anniversaire de l’assassinat de Soleimani
Les États-Unis vont diminuer le personnel de leur ambassade à Bagdad au milieu de « problèmes de sécurité »
Source : RT, 3 et 10 décembre 2020
Traduction : lecridespeuples.fr
Washington est sur le point de retirer du personnel diplomatique de son ambassade à Bagdad dans un effort pour « minimiser les risques » à l’approche du premier anniversaire de l’attaque meurtrière américaine contre le Général iranien Qassem Soleimani, selon plusieurs rapports.
Le retrait intervient dans un contexte de préoccupations sécuritaires accrues en Irak, à savoir les craintes d’attaques à venir de groupes militants cherchant à venger l’assassinat de Soleimani l’année dernière, ont rapporté mercredi l’AFP, CNN et le Washington Post, citant des responsables américains et irakiens informés de cette décision.
Les responsables ont fourni peu de détails sur le retrait partiel, affirmant seulement qu’il serait « léger » et « temporaire », l’un d’eux indiquant que le personnel ne reviendrait qu’après l’anniversaire du meurtre de Soleimani, le 3 janvier. Sur les centaines de membres du personnel diplomatique en poste à l’ambassade, on ne sait pas combien partiront.
« C’est un retrait mineur basé sur des craintes sécuritaires du côté américain. Ils pourraient revenir –ce n’est qu’un mauvais moment sécuritaire à passer », a déclaré à l’AFP un haut responsable irakien sous couvert d’anonymat, ajoutant que cette décision n’avait pas porté atteinte aux relations entre Bagdad et Washington.
« Nous savions à l’avance que le personnel diplomatique de haut niveau, y compris l’ambassadeur, restait, ce n’est donc pas une rupture des relations diplomatiques. »
Le Département d’État a refusé de confirmer l’opération de « réduction des risques » signalée, déclarant plutôt qu’il « ajuste continuellement sa présence diplomatique dans les ambassades et consulats du monde entier en fonction de sa mission, de l’environnement sécuritaire local, de la situation sanitaire et même des vacances. » Cependant, un porte-parole a ajouté que l’ambassadeur Matthew Tueller restait dans le pays et que l’ambassade continuerait à fonctionner.
Par ailleurs, l’armée de l’air américaine a déployé des bombardiers lourds B-52 au Moyen-Orient dans un mouvement « défensif » pour « dissuader toute agression », a déclaré le Pentagone, alors que les responsables militaires mènent tout un tapage autour d’une « attaque potentielle » par des milices irakiennes soutenues par l’Iran.
Deux B-52H Stratofortress ont été envoyées en « mission à court préavis et sans escale » au Moyen-Orient depuis leur base de Barksdale, en Louisiane, a annoncé jeudi 10 décembre le Commandement central américain, affirmant que le déploiement était « conçu pour dissuader toute agression » et pour « intégrer rapidement » les avions de combat avec « plusieurs partenaires régionaux ».
« Les adversaires potentiels devraient comprendre qu’aucune nation sur Terre n’est plus prête et capable de déployer rapidement une puissance de combat supplémentaire face à une agression », a déclaré le commandant du CENTCOM, le Général Frank McKenzie.
Alors que le CENTCOM a refusé de nommer l’adversaire qu’il espérait « dissuader », ainsi que la zone exacte où les bombardiers opéreraient, le déploiement intervient alors que des rapports affirment que des groupes armés en Irak préparent une attaque contre les forces américaines avec le soutien de Téhéran. Selon un responsable militaire cité par Politico, le Pentagone a vu « des signes inquiétants de préparatifs d’attaques potentielles » par les milices. Le responsable n’a cependant pas précisé ce qui indiquait une attaque imminente et a noté que le déploiement n’était « pas de nature offensive ».
« Il n’y a pas de plan d’action à l’œuvre, il y a un plan pour manifester une posture défensive forte qui ferait réfléchir à deux fois tout adversaire potentiel », ont-ils déclaré.
Le Président américain Donald Trump a supervisé une augmentation dramatique des hostilités avec l’Iran depuis son entrée en fonction en 2017, maintenant un flux constant de sanctions et de discours guerriers qui ont culminé avec l’assassinat de Soleimani il y a un an. Les tensions régionales ont de nouveau augmenté vendredi après le meurtre d’un éminent scientifique nucléaire iranien, Mohsen Fakhrizadeh, qui a été visé dans une embuscade par des assaillants inconnus. Bien que Téhéran n’ait encore officiellement blâmé aucun acteur étranger, des responsables iraniens ont suggéré l’implication américaine et israélienne dans l’attaque. Quelques heures après le meurtre, il a été signalé que le Pentagone envoyait un groupe de porte-avions —une unité navale lourdement armée comprenant des porte-avions et des destroyers à missiles guidés— dans le golfe Persique, bien qu’il ait maintenu que le déploiement n’était pas lié à l’assassinat.
En représailles à la frappe de drones américains qui a tué Soleimani, une personnalité bien-aimée en Iran qui dirigeait la force d’élite Qods du pays, Téhéran a lancé un barrage de missiles sur deux bases abritant des troupes américaines en Irak, infligeant des lésions cérébrales à des dizaines de soldats. Depuis, des responsables iraniens, y compris le Guide suprême Ali Khamenei, ont juré que leur vengeance ne faisait que commencer, tandis que l’armée américaine a averti à plusieurs reprises que les milices irakiennes soutenues par l’Iran pourraient mener des actions représailles.
Washington a menacé de faire ses valises et de fermer l’ambassade de Bagdad à la suite d’une série d’attaques à la roquette près de leur mission plus tôt cette année, attribuant les explosions au groupe de miliciens alignés sur l’Iran Kataib Hezbollah, dont le commandant adjoint a été tué aux côtés de Soleimani lors de la frappe de drone du 3 janvier. Bien que le retrait diplomatique ne se soit jamais produit, l’administration Trump a continué de faire pression sur le gouvernement irakien pour qu’il freine les milices depuis.
Voir notre dossier sur l’assassinat de Soleimani
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Source: Lire l'article complet de Le Cri des Peuples