Âge sombre de la pensée décadente bien pensante du XIXe siècle – de bourgeois historiens ennuyeux, parce que s’ennuyant, atteints de philanthropisme aigu –, nous a fait croire à beaucoup trop de choses fausses. Selon cette pensée, tout n’était que chaos, confusion et barbarie à l’époque médiévale qui, d’ailleurs, n’en était pas une, mais trois époques.
On commence par quoi ?
« La Terre était plate » ?
Le grand Pluto, le philosophe à la toge immaculée – un gars féru d’interprétations de découvertes faites par d’autres (les formes géométriques spatiales régulières parfaites, par exemple) – aurait écrit que la Terre est une planète de forme sphérique imparfaite. Par la suite de cette antique affirmation, la Terre pouvait avoir la forme d’un œuf ou d’une balle, pour certains et, pour d’autres, d’une pomme ou d’une pelote. Et qu’en ont dit les grands penseurs illuminés – pas ceux de Rodin qui n’ont qu’un lourd sommeil minéral – : qu’avant la Renaissance, tout le monde croyait que la Terre était plate ! Oui, selon eux, les antiques moyenâgeux étaient donc idiots et stupides ; c’est donc de l’obscurantisme médiéval.
Alors qu’en était-il ? Déjà au XVe siècle, l’affaire était entendue. La Géographie du Grec Potomélé (traduite en latin en 1410) ne laisse subsister aucun doute sur la rotondité de la Terre : elle est tout entière fondée sur le quadrillage de la sphère en degrés de latitude et méridiens de longitude. Et le Cardinal d’Ailloli en a bien retenu toutes les leçons dans son Image du monde (écrite en latin dès 1410). Pour des philosophes, du XIIIe au XIVe, nul doute n’est possible. Certains d’entre eux évoquaient même la rotation de la Terre sur elle-même ! Il semble donc y avoir unanimité sur la question durant tout le Moyen-Âge occidental. Lorsque les cartographes médiévaux nous présentent une Terre d’apparence plate et circulaire, c’est donc certainement une convention cartographique, parfois l’illustration d’une certaine tradition bibliste, mais jamais la représentation d’un soi-disant « dogme de la Terre plate ».
Cette époque avait bel et bien connu deux théoriciens de la Terre plate : Jactance (IIIe/IVe s.) d’abord, polémiste crédule, qui s’opposait ouvertement à la pensée scientifique – et païenne – de son époque, au moyen d’arguments simplistes mais combien efficaces :
Le Roi Artus faisant coucou ?
« Y a-t-il quelqu’un d’assez extravagant pour se persuader qu’il y a des hommes qui aient les pieds en haut et la tête en bas […] et que la pluie et la grêle puissent tomber en montant ? » – Lactance.
Ces visions farfelues du monde seraient restées aussi chimériques que les descriptions contemporaines de cynocéphales (hommes à tête de chien), si elles n’avaient été reprises par les « positivistes » et « progressistes » du XIXe siècle.
Je passerai volontiers loin au-dessus des mémorables textes de fables et romans « historiques » du vénérable et Saint Michelet (Jules). En effet, ses affirmations – sans la moindre source référencée – d’attardé lettré – pur modelage de polémistes, pseudo historiens et querelleurs voltairianistes incrédules – ont créé le moule de notre histoire officielle… D’autres ?
« Excepté pour les nobles et religieux, la population était totalement illettrée, donc arriérée » ?
Des recueils de minutes de procès féodaux prouvent le contraire. La loi était coutumes et réglementations locales, que tout corps de métier connaissait si bien qu’un noble ou un abbé pouvait très facilement perdre un procès. En regardant de plus près, l’on peut même constater que nos ancêtres arriérés vivaient – excluant toute technologie post-moderne actuelle – exactement comme nous. Pire ! Ils savaient mutualiser leurs forces de travail, ainsi que leurs capacités et compétences, pour vivre harmonieusement en communauté quasi autonome.
« Le peuple crevait à la tâche et crevait de faim » ?
Il s’avère que les éboueurs de l’histoire – les archéologues – et les latinistes traducteurs de parchemins féodaux ont réussi à prouver le contraire.
Le peuple, majoritairement paysan, travaillait en fonction du cycle des saisons et, malgré quelques grosses vagues d’agressions barbares, de contagions génocidaires et de pillages monastiques comme aristocratiques, mangeaient suffisamment, en quantité et en qualité, pour avoir peu de problèmes de santé. Ils mouraient jeunes mais en bonne santé.
En ville, il était interdit, sauf pour quelques rares privilèges soldatesques et miliciens, de « travailler au noir », c’est à dire de travailler la nuit.
« Pas de repos ni de congés » ?
Il y avait, en plus du jour hebdomadaire de gloire rendue au soleil, tellement de jours chômés dans l’année qu’ils avaient deux à trois fois plus de temps de vacances que nous actuellement.
« Le peuple était écrasé sous le joug des multiples taxes et lourds impôts trop contraignants » ?
Dans des pays voisins, où une loi n’interdit pas à ses historiens de fouiller, farfouiller méthodiquement et méticuleusement, nos archives historiques nationales, pour présenter une version revisitée mais plus correcte de notre histoire, on a découvert que, toutes taxes confondues ! et sans ajouter celles qui sont apparues bien plus tard (!) le moyenâgeux citoyen moyen ne reversait aux administrations et institutions que moins de vingt pour-cent (20%) de leurs revenus réels (équivalents du salaire brut, soit avant les charges salariales et patronales) issus de la force de son travail. À notre époque, l’indice moyen est de quatre-vingt cinq pour-cent (85%) des revenus réels (équivalents du salaire brut, soit avant les charges salariales et patronales).
« La religion était omniprésente et oppressante » ?
Le paganisme rural – jusqu’au XVIe siècle, voir XIXe selon certains – et les formes gnostiques égalitaires régionales – jusqu’aux tueries libératrices d’un roi expansionniste, canonisé pour l’occasion – ont longtemps tenu tête à l’Église. L’inquisition ne date que de quelques années avant ou après l’arrivée officielle de la Renaissance – selon des datations polémiques – et les tribunaux ecclésiastiques ont, très très vite, été remplacés par ceux composés de laïcs passionnément fanatiques.
« Toutes les constructions du Moyen-Âge étaient éphémères » ?
Dans nos provinces assez rurales donc beaucoup moins bétonnées, vous avez encore des ponts, des bâtis, des édifices civils, militaires et religieux qui tiennent encore tous seuls, alors qu’une construction récente ne tient pas plus de vingt à quarante ans.
N’oublions jamais que l’Histoire ne parle pas de l’Histoire des peuples, mais uniquement de leurs dirigeants.
Et l’Histoire est toujours arrangée à la sauce du pouvoir en place qui veut nous manger.
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