Eugène d’Estimauville de Beaumouchel >
Je dois m’en confesser : j’aime Éric Duhaime.
J’ai accueilli la nouvelle de son retour en politique avec beaucoup d’enthousiasme, et ce pour deux raisons.
D’une part, s’il devient chef du Parti conservateur du Québec en avril prochain, il sera le seul candidat à offrir une réelle alternative au totalitarisme sanitaire que nous subissons depuis des mois.
D’autre part, le PCQ qui était une formation ultra-fédéraliste et anglolâtre sous Adrien Pouliot, devrait prendre un virage patriotique grâce à Éric Duhaime. En effet, ce dernier a milité pour le OUI lors du référendum de 1995, il a servi comme conseiller de Gilles Duceppe et il est connu pour ses opinions tranchées sur le multiculturalisme et l’islamisation de la société.
Il sera peut-être en mesure de radicaliser la CAQ sur certaines questions identitaires. On doit l’espérer parce que le vernis bleu de ce parti commence à s’écailler dangereusement.
Toutefois, le positionnement nationaliste de notre aspirant dirigeant a ses limites. Bien qu’il se désole du déclin du français à Montréal, il semble réticent à proposer des actions concrètes pour répondre à l’urgence linguistique.
Cela est en partie compréhensible : Éric est un libéral intégral, au sens noble du terme. Ainsi, rendre la loi 101 plus contraignante n’est pas vraiment une idée réjouissante de son point de vue.
Je suis convaincu qu’il ne demande qu’à inclure des propositions visant à protéger notre langue dans son programme, d’autant que ce serait populaire. Mais on doit lui proposer des solutions compatibles avec ses convictions morales.
Dix propositions identitaires et libertariennes
Voici donc, sans ordre précis, 10 engagements visant à protéger le français que Duhaime pourrait adopter sans renier ses valeurs libertariennes (I) :
- Baisser les seuils d’immigration (II) ;
- Prioriser les immigrants originaires d’Europe francophone par rapport aux autres immigrants (III) ;
- Encourager les échanges économiques avec la francophonie. En 2017, les échanges annuels entre le Québec et la France correspondaient à trois jours d’échanges commerciaux avec les États-Unis! (IV) ;
- Financer les établissements d’enseignement supérieur anglophones à hauteur de leur poids démographique, c’est-à-dire moins de 10% du budget total consacré à l’éducation postsecondaire, et donc annuler les projets d’agrandissement de McGill et Dawson ;
- Hausser les frais de scolarité pour les étudiants fréquentant les établissements d’enseignement supérieur anglophones (au lieu d’en interdire l’accès à tel ou tel groupe) (V) ;
- Rapatrier les pouvoirs fédéraux en immigration, en culture et au niveau des télécommunications ;
- Utiliser uniquement le français pour toutes les communications entre l’État et les entreprises ;
- Abolir la TVQ sur les produits culturels locaux et exiger qu’Ottawa fasse de même avec la TPS ;
- Lancer un ultimatum aux entreprises et aux municipalités qui ne respectent pas la Charte de la langue française, sous peine de se voir couper les vivres. Le suicide subventionné a assez duré ;
- Donner la primauté à la version française des lois lorsqu’il y a divergence avec la version anglaise.
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(I) Plusieurs de ces mesures permettraient d’ailleurs à l’État de faire des économies. Or couper dans les dépenses, c’est toujours une bonne idée d’un point de vue libertarien. Surtout lorsque le budget est dans le rouge.
(II) L’urgence linguistique est d’abord une urgence démographique : la proportion de Montréalais d’expression française a chuté sous la barre des 50 % en 2006. En outre, un récent sondage révèle que 77% des Québécois seraient en faveur d’un moratoire sur l’immigration.
(III) Ex. : reconnaissance des acquis des travailleurs de la santé français. Cela aurait également pour avantage de désengorger le système et de faire baisser les salaires de nos médecins surpayés.
(IV) Et bien sûr, la langue du client détermine souvent la langue parlée au bureau. Idéalement, Montréal devrait profiter de l’ACEUM nouvellement renégocié pour devenir la tête de pont des entreprises françaises, belges ou suisses cherchant à s’établir en Amérique du Nord.
(V) L’étudiant québécois voulant faire ses études supérieures en anglais devrait alors débourser les mêmes droits et frais de scolarité qu’un étudiant étranger. Au collégial, on parle de $12 744 à $19 754 par année selon le programme.
Source: Lire l'article complet de Horizon Québec Actuel