NATIONALISME
Pour une reconnaissance de la nation canadienne-française par la loi 99
Chronique de Gilles Verrier
À l’occasion du 20è anniversaire de la loi sur l’exercice des droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l’État du Québec (loi 99, adoptée le 7 décembre 2000)
C’est un triste jour qui marque le 20è anniversaire de la loi 99 (2000). Au regard de la nation canadienne-française, cette loi achevait sa dépossession de l’État du Québec au profit d’un concept civique de peuple québécois formé de deux communautés d’expression, française et anglaise, cette dernière seule dotée de droits consacrés.
Le texte de la loi ne décrit pas une nation française issue de la Nouvelle-France, mais bien un peuple dit « majoritairement de langue française » témoignant d’une « continuité historique » et de « caractéristiques propres » non spécifiées, un peuple incluant de manière formelle une communauté d’expression anglaise protégée de droit.
CONSIDÉRANT que le peuple québécois, majoritairement de langue française, possède des caractéristiques propres et témoigne d’une continuité historique enracinée dans son territoire sur lequel il exerce ses droits par l’entremise d’un État national moderne doté d’un gouvernement, d’une assemblée nationale et de tribunaux indépendants et impartiaux
[…]
CONSIDÉRANT l’existence d’une communauté québécoise d’expression anglaise jouissant de droits consacrés.
Un constat de la situation sociolinguistique actuelle du Québec nous démontre qu’un tel concept de peuple constitué d’anglophones et de francophones favorise une anglicisation rapide. Un phénomène d’assimilation qui ne devrait surprendre personne puisque, pendant près d’un siècle, nos ancêtres ont subi une assimilation semblable en tentant de bâtir en vain un Canada binational.
Par ailleurs, ne formant plus que 60% de la population du Québec, l’indépendance n’est plus une option réaliste pour les Canadiens-Français. Il faudrait, pour gagner une majorité de la population, promouvoir l’indépendance d’un État encore plus bilingue et plus multiculturel, celle d’un petit Canada qui n’aurait guère de raison d’être. Il nous faut plutôt sortir de cette impasse au plus vite.
En l’état actuel, la poursuite de l’« expérience québécoise » mène ainsi à une totale assimilation. Il nous faut d’urgence exiger des changements statutaires majeurs. Au premier chef, obtenir une modification de la loi 99 (2000) de manière à ce que soit reconnue la nation canadienne-française, française de langue et de culture, et que lui soient accordés en conséquence droits, appuis et protection de la part de l’État du Québec.
Cette modification devrait prendre la forme d’un nouveau considérant :
CONSIDÉRANT l’existence de la nation canadienne-française, fondement du peuple québécois, nation de langue et de culture française, jouissant de droits consacrés issus du Canada de la Nouvelle-France, et notamment du droit d’aménager l’espace juridique, politique, institutionnel et public du Québec de manière à lui permettre de refléter son identité nationale, à pouvoir la transmettre et à la faire s’épanouir;
Ainsi seulement pourra-t-on asseoir l’appareillage législatif et réglementaire capable de justifier une protection efficiente de la langue française et du patrimoine canadien-français dans la société québécoise, de même que d’assurer une stabilité démographique de l’ethnie canadienne-française par un contrôle de l’immigration et l’encouragement de la natalité.
En clair, la reconnaissance de la nation canadienne-française par l’État du Québec permettra l’inversion du processus de déculturation et de mise en minorité que nous subissons sous l’effet conjugué du laïcisme et du multiculturalisme. En faisant réapparaître notre réalité nationale spécifique dans la sphère constitutionnelle et politique du Québec, nous serons en mesure d’exiger une prise en compte des enjeux propres à notre avenir, tant du point de vue politique, que démographique, économique, éducationnel ou culturel.
Que ceux qui en ont soupé des vœux pieux, des promesses de Grand Soir et du nationalisme territorial rejoignent la Fédération des Canadiens-Français. Nous entendons offrir, dans une première étape, un espace d’échanges et de mobilisation autour de l’idée de la reconnaissance statutaire de notre nation. Ce que nous voulons est précis et conséquent. Une telle reconnaissance, nous Canadiens-Français du Québec, sommes les seuls à pouvoir l’exiger, puisque c’est de notre survie qu’il s’agit.
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au 819 360-0024
Sur le même sujet, voir aussi :
La Fédération des Canadiens-Français proposera un amendement à la loi 99 (2000)
https://gilles-verrier.blogspot.com/2020/11/la-federation-des-canadiens-francais.html
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec