Soutien psychologique pour les étudiants de cégeps

L’auteur est président de la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ)

Souhaitant agir rapidement pour apporter un soutien psychologique aux étudiantes et aux étudiants du réseau de l’enseignement supérieur, la ministre Danielle McCann a émis une recommandation difficile à accepter pour les professionnelles et professionnels des cégeps.

En effet, dans une lettre datée du 23 novembre dernier adressée aux dirigeantes et dirigeants de cégeps, la ministre McCann rappelle que son gouvernement a réservé 10 millions de dollars pour l’enseignement supérieur devant servir à la prévention et à donner des services directs de soutien psychologique aux étudiantes et aux étudiants. Elle ajoute ensuite : « L’achat de services externes nous semble un des meilleurs moyens d’y arriver rapidement. »

 

Un désaveu malheureux et injustifié

Cette recommandation désolante représente une forme de désaveu pour les professionnelles et professionnels à l’emploi des collèges, qui interviennent déjà efficacement, chaque jour, auprès des étudiantes et des étudiants. Comment la ministre de l’Enseignement supérieur peut-elle les ignorer dans cette recherche de solutions?

Nous comprenons très bien et nous appuyons l’empressement de la ministre à vouloir répondre prestement à la crise liée aux besoins psychosociaux des étudiantes et étudiants des cégeps. Nous croyons nous aussi qu’il faut agir rapidement. Toutefois, elle fait fausse route en proposant de recourir à des ressources professionnelles du secteur privé sous prétexte qu’il faut aller vite.

 

Une expertise sans pareille

La ministre se doit de reconnaître la véritable force des professionnelles et des professionnels offrant les services psychosociaux dans les collèges : le caractère multidisciplinaire de leur expertise, leur connaissance du milieu et des caractéristiques des collégiennes et collégiens, ainsi que leurs liens étroits avec les équipes internes. Les ressources externes, quelles que soient leurs compétences, ne sont pas en mesure d’offrir des services comparables. Se peut-il que la ministre de l’Enseignement supérieur méconnaisse cette expertise unique offerte par le personnel professionnel de nos cégeps?

Si c’est le cas, cela s’explique peut-être par le manque de reconnaissance que le personnel professionnel subit depuis des années. Un manque que la ministre McCann perpétue une fois de plus à travers sa recommandation malheureuse aux directions d’établissements collégiaux.

Les professionnelles et les professionnels qui soutiennent les étudiantes et les étudiants sur le chemin de la réussite et contribuent à leur santé méritent mieux. Plutôt que de se tourner vers des ressources externes, la ministre de l’Enseignement supérieur devrait revoir sa position et encourager l’embauche de personnel professionnel régulier au sein même des cégeps.

 

Une ministre invitée à changer de direction

Depuis plusieurs années, les conditions de travail non concurrentielles offertes au personnel professionnel des collèges rendent difficile, pour les cégeps, voire parfois impossible, la tâche de recruter et de retenir des candidats possédant les qualifications recherchées. Ce n’est pas en conseillant aux directions d’établissements de se tourner vers le secteur privé que la ministre va régler le problème. Au contraire, elle va l’amplifier.

Si la ministre Danielle McCann est sincère, comme nous l’espérons, dans sa volonté de renforcer les services professionnels de soutien psychologique offerts aux étudiantes et aux étudiants, elle doit faire en sorte que nos cégeps redeviennent rapidement des employeurs de choix pour ces professionnelles et professionnels hautement qualifiés. Le personnel professionnel attend cela depuis des années. D’ailleurs, la négociation en cours est une occasion de leur offrir des conditions de travail qui correspondent à la valeur réelle de leurs emplois. Madame la Ministre, la balle est dans votre camp.

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