Le ministre responsable de la langue française, Simon Jolin-Barrette, a sollicité la signature du Parti québécois pour une lettre publiée dans les pages de ce journal avec des maires et différents acteurs de la société civile. Nous avons refusé de signer cette lettre, non pas parce que nous étions en désaccord sur le fond, mais parce que notre parti ne peut plus cautionner la campagne de marketing vide du gouvernement dans le dossier de la langue, sachant que la CAQ n’a pas posé un seul geste concret en deux ans dans ce dossier urgent.
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En effet, ce nouvel « éloge du français » représentait la 7e sortie publique du ministre soulignant l’importance du français, sans qu’aucune action concrète n’ait suivi ses belles paroles. Pire encore, les seules actions tangibles de ce gouvernement auront été d’aggraver la situation à travers d’inexplicables projets comme l’agrandissement du Collège Dawson et de l’Université McGill, au coût de 750 millions. Mentionnons également la part croissante de nouveaux arrivants qui ne maîtrisent pas le français à leur arrivée au Québec, la plus grande proportion jamais enregistrée de notre histoire.
Petits rappels au ministre
J’aimerais rappeler au ministre que ma première motion comme chef du Parti québécois visait à déclarer « l’urgence linguistique » à Montréal et à renforcer la loi 101, motion qui fut bloquée par le gouvernement. Peut-être est-ce un hasard, mais le ministre n’était pas présent en Chambre lorsque son parti a bloqué notre initiative.
J’aimerais également rappeler à monsieur Jolin-Barrette la motion déposée par le Parti québécois le 23 septembre dernier, adoptée à l’unanimité et envoyée au gouvernement fédéral, qui demandait exactement ce qu’il réclamait dans sa lettre d’hier, soit l’application de la loi 101 aux entreprises à charte fédérale. Il s’agissait donc d’un recyclage de matériel consensuel, dans le but de servir une nouvelle ronde de communications et de marketing gouvernemental sur la question de la langue.
Lorsque je regarde les initiatives du ministre, j’éprouve de la sympathie pour sa démarche, mais il me vient également à l’esprit qu’il n’est malheureusement pas dans le bon parti pour faire aboutir ses idées. Il y a quelque chose d’absurde à le voir faire appel aux autres partis et à tant d’autres acteurs pour tenter de convaincre son propre gouvernement et son chef qu’après deux ans d’inaction, c’est finalement le temps d’agir pour protéger le français.
La Coalition avenir Québec est un parti fédéraliste. Son adhésion au fédéralisme n’est pas différente de celle du Parti libéral du Québec. C’est donc au ministre, qui a choisi ce parti, de nous démontrer que son « nouveau projet fédéraliste » fonctionne et que le gouvernement fédéral n’est pas un obstacle à l’application de nos lois et à la défense du français au Québec. Pour nous indépendantistes, il est inconcevable et absurde de devoir quémander à une autre nation le droit de protéger adéquatement notre propre langue.
Résultats concrets ?
D’ailleurs, quels auront été les résultats concrets du quémandage du gouvernement caquiste auprès du fédéral ? Tant sur les pouvoirs en immigration, le rapport d’impôt unique, le rapatriement des budgets en culture, les transferts en santé et toutes les autres demandes, la réponse fut très claire : NON. Si la CAQ croit qu’il est normal de se mettre à genoux devant Justin Trudeau en espérant qu’il agisse un jour pour défendre le français, que le ministre assume ses choix politiques.
Comme dans plusieurs autres dossiers, le plus clair du temps et des efforts de la CAQ en matière de langue française aura été investi à préparer des stratégies de communication et à s’enliser dans des négociations futiles avec le fédéral. Le Parti québécois a trop à cœur l’avenir du français pour jouer dans ce mauvais film. Nous réclamons des actions concrètes.
Paul St-Pierre-Plamondon, Chef du Parti québécois
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