Commentaire du Département de l’information et de la presse du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie sur l’assassinat du scientifique iranien Mohsen Fakhrizadeh, 30 novembre 2020.
Source : mid.ru
Traduction : lecridespeuples.fr
Nous condamnons fermement l’assassinat du scientisfique iranien Mohsen Fakhrizadeh le 27 novembre 2020. Nous sommes sérieusement préoccupés par le caractère provocateur de cette attaque terroriste, qui visait évidemment à déstabiliser la région et à exacerber son potentiel de conflit. Ceux qui ont organisé l’assassinat pour promouvoir leurs intérêts politiques doivent être tenus responsables et rendre des comptes.
La stabilité et la sécurité ont toujours été les priorités de la Russie au Moyen-Orient et dans le golfe Persique. Tel est le but de ses efforts et initiatives entrepris dans le cadre de l’ONU, dans d’autres instances internationales et dans les relations bilatérales avec les pays de la région. Nous appelons toutes les parties à s’abstenir de tout mouvement qui pourrait aggraver les tensions.
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L’UE couvre Israël après le meurtre d’un scientifique iranien
Par Ali Abunimah, le 30 novembre 2020
Source : Electronic Intifada
Traduction : lecridespeuples.fr
Une manifestante à Téhéran le 28 novembre montre les mots « Vengeance sévère » écrits sur sa main, le lendemain de l’assassinat du scientifique Mohsen Fakhrizadeh près de la capitale iranienne.
Le meurtre éhonté du scientifique iranien Mohsen Fakhrizadeh près de Téhéran vendredi est un test crucial pour savoir si l’Union européenne peut résister aux forces extrémistes du chaos et de la guerre en Israël et aux États-Unis et sauver l’accord nucléaire de 2015.
Jusqu’à présent, l’UE a lamentablement échoué.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, a rapidement évoqué « de sérieuses indications d’un rôle israélien » dans le meurtre de Fakhrizadeh.
« L’Iran appelle [la] communauté internationale —et en particulier l’UE— à mettre fin à leur deux poids deux mesures honteux et à condamner cet acte de terrorisme d’État », a tweeté Zarif vendredi 27.
L’Iran a de bonnes raisons de considérer Israël comme le principal suspect.
Yossi Melman, un analyste chevronné du renseignement israélien, a tweeté que Fakhrizadeh « était recherché depuis de nombreuses années par le Mossad ».
Mohsen Fakhrizadeh a été assassiné à Damavand, à l’est de Téhéran, selon des informations en Iran. Il était à la tête du programme militaire secret de l’Iran et il était recherché depuis de nombreuses années par le Mossad. Sa mort est un coup dur psychologique et professionnel majeur pour l’Iran.
Le meurtre de vendredi rappelait également les meurtres de quatre scientifiques iraniens entre 2010 et 2012.
Les éléments de preuves de ces crimes ont montré qu’Israël agissait en collusion avec le MEK, un groupe terroriste sectaire anciennement désigné par les États-Unis comme organisation terroriste, qui a dépensé de grosses sommes d’argent pour acheter le soutien de divers hauts responsables politiques américains, [et à qui la France a accordé l’asile politique].
Et en 2018, les médias israéliens ont affirmé qu’ « Israël a peut-être décidé de ne pas assassiner » Fakhrizadeh « parce qu’il préfère le garder en vie et regarder ce qu’il mijote ».
Israël laisse peut-être la vie sauve au responsable du programme nucléaire iranien pour surveiller ses activités (Times of Israel)
Netanyahou dicte sa loi à Biden
Israël craint que la nouvelle administration Biden ne rejoigne l’accord nucléaire de 2015 —connu sous le nom de JCPOA— qu’Israël s’est efforcé de saboter avant et après qu’il soit conclu.
Benjamin Netanyahou s’est personnellement félicité d’être celui qui a persuadé le Président Donald Trump de retirer les États-Unis de l’accord en 2018.
Maintenant, le Premier ministre israélien dicte sa loi pour le Président élu Joe Biden.
« Il ne peut y avoir de retour à l’accord nucléaire précédent », a déclaré Netanyahou quelques jours à peine avant l’assassinat de Fakhrizadeh.
Trump est tout à fait sur la même longueur d’onde. D’une part, il a retweeté le message de Yossi Melman sur le meurtre, très probablement en signe d’approbation [voire de revendication].
Au début du mois, le Président américain sortant aurait voulu lancer une attaque militaire pour détruire le programme d’énergie nucléaire de l’Iran au cours de ses dernières semaines au pouvoir, mais il a été dissuadé par de hauts responsables.
L’Iran n’a jamais eu de programme nucléaire militaire. Les médias occidentaux renforcent systématiquement et sciemment les faux récits fabriqués par leurs régimes pour justifier le meurtre et le terrorisme. Il n’y a aucune différence entre l’équipe Trump et l’équipe Biden en ce qui concerne le terrorisme et l’agression contre les Pays du Sud.
Pression intense
Trump a presque déclenché une guerre régionale en ordonnant le meurtre du Général iranien Qassem Soleimani en janvier.
Voir notre dossier sur l’assassinat de Soleimani
Mais même si une telle calamité a été évitée —sans doute en raison de la retenue de l’Iran—, le pays a été confronté à une guerre économique incessante sous la forme de sanctions américaines calculées pour causer le plus de tort possible à la population civile iranienne.
Pourtant, il y a peu de raisons de penser que Biden rejoindra simplement le JCPOA dès le premier jour —bien qu’il s’agisse de l’une des rares véritables réalisations de l’administration Obama dont il était vice-président.
Biden lui-même peut se prévaloir d’un engagement de toute une vie à fournir à Israël un soutien inconditionnel.
Il sera également soumis à une pression intense pour ne pas rejoindre le JCPOA, tant de la part du formidable lobby américain d’Israël que d’autres alliés israéliens comme l’Arabie saoudite.
Plus Biden retardera son retour au JCPOA, plus ces forces auront de temps et d’espace pour semer de nouveaux méfaits et sabotages.
Il faudra donc d’énormes efforts de la part de tiers, en particulier de l’UE, pour sauver l’accord nucléaire.
En décembre, l’UE présidera une réunion des autres parties à l’accord pour discuter de la manière de « préserver le JCPOA ».
Hé, Équipe Biden : Peut-être que si vous n’aviez pas fait vœu à plusieurs reprises de ne jamais conditionner l’aide américaine à Israël, quoi que fasse Israël, Bibi aurait peut-être réfléchi à deux fois avant de saluer votre élection en sabotant votre principale initiative de politique étrangère au Moyen-Orient ? (Twitter)
Surenchère des doubles standards
Alors, comment l’UE a-t-elle répondu au défi lancé par Zarif de mettre fin à ses doubles standards et de condamner le terrorisme d’État ?
Samedi, le bloc européen a qualifié le meurtre de Fakhrizadeh d’ « acte criminel » qui « va à l’encontre du principe de respect des droits de l’homme que défend l’UE ».
Il a également présenté ses condoléances à Fakhrizadeh et à son garde du corps, qui aurait également été tué.
Iran : le meurtre de Mohsen Fakhrizadeh et d’autres personnes est un acte criminel, il va à l’encontre du principe du respect des droits de l’homme que l’ défend. Il est plus important que jamais pour tous de rester calmes et de faire preuve d’un maximum de retenue afin d’éviter l’escalade. (Tweet du porte-parole de l’UE)
À première vue, ces mots peuvent sembler forts. Mais ce qui est encore plus significatif que ce qui est dans la déclaration de l’UE, c’est ce qui en est absent.
Premièrement, la déclaration elle-même, contrairement au tweet ci-dessus, ne nomme même pas Fakhrizadeh, un signe minimum de respect que l’UE n’a pas été capable de manifester.
Deuxièmement, elle ne désigne aucun suspect et, ce qui est le plus flagrant, ne demande aucune enquête.
Il n’est pas difficile de deviner pourquoi : l’UE est bien consciente qu’Israël est probablement le coupable et la dernière chose que souhaite Bruxelles, c’est que cela soit confirmé.
Voici le verbatim de la déclaration de l’UE : « Le 27 novembre 2020 à Absard, en Iran, un responsable du gouvernement iranien et, selon les informations, un de ses gardes du corps, ont été tués dans une série d’attaques violentes. Il s’agit d’un acte criminel et va à l’encontre du principe de respect des droits de l’homme que défend l’UE. Le Haut Représentant exprime ses condoléances aux membres de la famille des personnes qui ont été tuées, tout en souhaitant un prompt rétablissement à toute autre personne qui aurait pu être blessée. En ces temps d’incertitude, il est plus important que jamais pour toutes les parties de rester calmes et de faire preuve de la plus grande retenue afin d’éviter une escalade qui ne peut être dans l’intérêt de personne. »
Une comparaison instructive de cette réponse faible et de mauvaise foi est la réaction de l’UE à l’empoisonnement présumé du politicien russe xénophobe et nationaliste de droite Alexei Navalny en août dernier.
Voir Navalny, Skripal, Nemtsov… : l’absurde et incessante propagande antirusse
Navalny est sur le point de se remettre complètement de ce qui était censé être une attaque avec un agent neurotoxique mortel.
À l’époque, l’UE avait déclaré qu’elle « condamnait dans les termes les plus forts la tentative d’assassinat d’Alexei Navalny ».
Elle a également exigé que la Russie « coopère pleinement » à une enquête internationale.
L’UE a ensuite annoncé des sanctions contre six responsables russes bien qu’il n’y ait toujours aucune preuve de l’implication du gouvernement russe.
Voir Affaire Skripal : les incohérences de la version officielle, ou les ‘miracles’ de Salisbury
C’est un mode opératoire que nous avons déjà vu auparavant :
Cette attaque terroriste [contre l’Iran] était un acte de guerre. Lorsque l’agent double russe Sergueï Skripal a prétendument été empoisonné au Royaume-Uni, les régimes occidentaux ont expulsé 153 diplomates russes. Concernant le meurtre en Iran, les gouvernements occidentaux se sont abstenus d’utiliser même le mot « condamner » dans leurs déclarations. (Tweet de Mohammad Marandi)
Protéger Israël
Loin d’abandonner ses doubles standards, l’UE continue de protéger Israël contre les enquêtes et les comptes à rendre, même lorsque cela concerne une question comme l’accord avec l’Iran que Bruxelles considère comme étant dans son propre intérêt.
Cela n’est pas surprenant étant donné le soutien inconditionnel de l’UE à Israël et l’influence considérable à Bruxelles des groupes de pression israéliens comme l’Institut transatlantique de l’AJC, qui aspire ardemment à une guerre avec l’Iran.
Sous l’administration Trump, l’UE n’a pas fait grand-chose pour tenir ses promesses à l’Iran de respecter l’accord, qui aurait vu l’Iran accéder aux marchés internationaux en échange de la surveillance de ses installations nucléaires.
Voir Nucléaire iranien: Londres, Paris et Berlin cèdent au chantage de Trump et renient leurs engagements
Les dirigeants de l’UE sont maintenant tellement soulagés que Biden entre à la Maison Blanche – un dirigeant américain qui, ils l’espèrent, rétablira le consensus néolibéral transatlantique auquel ils aspirent – qu’ils ne sont pas susceptibles de s’opposer à lui.
« Paris, Londres et Berlin affirment avoir respecté leurs obligations en vertu du JCPOA.
Réalité :
– Zéro importation de pétrole iranien
– Embargo sur les banques iraniennes et déconnexion du système de paiement SWIFT
– Non-application de la loi de blocage (visant à empêcher l’application de sanctions américaines extraterritoriales)
– Exode des entreprises européennes en Iran
– Aucune vente à l’Iran des aliments & médicaments ‘exemptés’ de sanctions. »
Javad Zarif, Ministre des Affaires Etrangères de l’Iran.
Sur la base de son bilan, il n’y a donc guère de raisons d’espérer que l’UE se dressera contre Israël pour ses crimes contre l’Iran et ses efforts pour saboter le JCPOA, pas plus qu’elle ne le fait contre les crimes d’Israël contre les Palestiniens.
Voir notre dossier sur l’accord nucléaire iranien.
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