Par René Lamertume − Novembre 2020
Le mondialisme se présente comme une espèce de lien cordial et progressiste entre les pays, lien qui rendrait inutiles, les frontières, les modes de vie particuliers, etc.
Pour avancer dans les faits, il est nécessaire de poser quelques jalons. Il serait possible de discuter longuement des notions relatives de pays, peuples, États et finalement de nations. La proposition est de retenir, pour simplifier, que la Nation est le peuple, constitué en société grâce à une culture commune, installé durablement dans un pays, et qui établit un État pour assurer l’administration du pays et défendre l’intérêt public.
A un stade précoce, le mondialisme sépare les moyens de production et de création de richesses, du sol des pays développés en déplaçant les moyens de production à l’étranger. Sous couvert de modernité – permettre le développement de l’économie par exemple – les transferts financiers sont facilités entre pays. Il en résulte un effet d’aubaine par l’accroissement des marges, mais le but réel est plutôt d’enlever aux pays développés, une part toujours plus importante de leur capacité à créer des biens. Cela s’accompagne de transferts de fonds de plus en plus importants qui échappent à la maîtrise des pays de départ. Les impôts et taxes, basés sur la production de richesses, et qui servent au développement ou à la consolidation de la collectivité se tarissent. Les fortunes privées amassées se cachent dans les paradis fiscaux. Les grands groupes financiers acquièrent une puissance financière comparable voire supérieure à celles des états.
Fort de leur puissance financière, les intérêts privés qui se cachent derrière les groupes financiers peuvent orienter les politiques des états, au travers des institutions internationales, à l’abri du suffrage et du contrôle des peuples. Les intérêts privés agissent aussi au travers d’autres relais, par l’influence, sinon la corruption, qui repose sur un grand nombre de moyens. Le détournement du pouvoir fait que les responsables politiques des pays ne décident plus de l’essentiel. Ils sont dessaisis de leur pouvoir, peut-être avec soulagement car dans ce contexte, il subsiste un risque. Nombreux sont les responsables politiques qui se détournent de l’intérêt public et veulent croire qu’ils participent ainsi à un mouvement de modernisation des États. En fait, ils sont les relais de la désintégration des structures nationales. Les intérêts privés internationaux qui travaillent au dévoiement du pouvoir en leur faveur, se font des alliés chez les représentants de toute la classe politique, celle au pouvoir et celle qui se qualifie d’opposition, à quelques exceptions près. Tous ceux-là deviennent les complices silencieux de la trahison des peuples1. L’administration des pays est chargée de mettre en place les décisions qui sont prises ailleurs que dans le pays2. Les intérêts privés finissent par diriger les pays qui n’ont plus de politique autonome, pour l’essentiel. Cette situation est clairement en place dans les pays occidentaux, à des niveaux divers.
Lorsque le contrôle politique est suffisamment avancé, le détournement des institutions permet de travailler en profondeur sur la dissolution des sociétés. A ce stade, la culture est la cible. La culture repose au premier chef, semble-t-il sur deux piliers fondamentaux : la langue et la religion. Le travail de dé-cohésion des pays s’attaque d’abord à ces deux piliers. Par exemple, la langue se trouve remplacée petit à petit (l’anglo-américain est omniprésent) et la religion historique est mise à l’écart (comprenons bien qu’il ne s’agit pas ici seulement de foi, mais des fondations qui permettent ensuite à la société d’asseoir ses modes de vie, ses coutumes, ses comportements autorisés et ceux qui sont réprimés). Cela permet ensuite d’installer dans la société, des modes de vie et de pensée minoritaires qui prennent le pas sur les souhaits de la majorité, muselée de manière insidieuse. Ce qu’on entend par le terme de « mode » joue aussi un rôle important. Dans une société sans perspective à long terme, et tirée vers la superficialité la plus complète, chaque événement le plus insignifiant est présenté comme ayant une valeur. Mais tout cela devient totalement artificiel, puéril et parfois tragique3.
Il est clair que dans ce schéma, aucune forme de démocratie ne peut plus subsister, puisque tout le travail d’influence consiste à détourner, à modifier ou à interdire le débat démocratique et à le remplacer par des décisions politiques prises par des intérêts non identifiés, souvent à l’extérieur même du pays.
Ainsi, le développement du mondialisme se nourrit de la destruction des États-nations. Et cela parce que le mondialisme est au service des intérêts privés tandis que les États-nations sont au service des intérêts publics. Une lutte sournoise, qui fonctionne par le mensonge, permet d’installer le mondialisme à la place des États. L’UE est le relais du mondialisme pour les pays européens, et aucun de ses promoteurs n’est venu expliquer aux peuples les intentions et les conséquences profondes du mécanisme.
Il peut certes subsister des doutes quand au contenu des lignes qui précèdent car le discours de dissimulation est habile et récurrent. Mais quand on regarde sur une longue période, l’évolution de la société occidentale dans laquelle nous vivons, quand nous considérons la démolition continuelle et systématique de notre pays et d’autres pays occidentaux, nous devons bien en conclure que cela ne pourrait se faire sans un but durable. Et ce but seul permet d’expliquer ce qu’une analyse superficielle pourrait considérer comme une suite d’erreurs. La destruction de notre pays résulte d’une politique volontaire, menée depuis des décennies, accélérée depuis une vingtaine d’années. Le but est de remplacer l’État défenseur du bien public par un État répressif au service d’une oligarchie internationale4.
On peut ainsi concevoir que mondialisme et État-nation sont antagonistes. Le mondialisme ne peut s’installer et prospérer qu’en réalisant la destruction des État-Nations. A l’inverse, seul le patriotisme peut sauver les pays. Le patriotisme n’est pas un mode ringard de repliement sur soi, lui seul peut redonner un sens à la culture et assurer l’avenir des individus. Le patriotisme est le réflexe de survie des peuples qu’on cherche à mettre sous tutelle.
René Lamertume
Notes
Source: Lire l'article complet de Le Saker Francophone